Vagues de tendresse | ||||
La
vieille solitaire, assise sous le chêne,
Épanche
sa tristesse au bord de la fontaine.
À
l’orée du mensonge aussi noir qu’un corbeau,
Elle
implore sans cri la bouche du tombeau.
Le
long ruisseau des jours écoule ses souffrances,
Son
esprit amnésique habite le silence.
Les
flaques de la nuit ramassent son sommeil
Dans
l’espace aboli qui traque le soleil.
Un
rêve se blottit sous ses paupières closes,
Fragile espoir jailli de la cendre des choses.
J’aime la grande brasserie
Où le café et l’infusion
Côtoient la bière à la pression
Dans un joyeux charivari.
J’aime ses tabourets hautains
Fleuris d’incroyables fêtards
Alternant Chimay et pinard
Jusqu’aux lumières du matin.
Je souris aux vieux baroudeurs.
Le nez plongé dans la Guinness,
Ils parlent d’amours de jeunesse
Avec un pincement au cœur.
J’apprécie ce mélange intime
De littérature et d’alcool.
Entre deux demis sans faux-col,
Je me livre au plaisir des rimes.
D’un repas insipide, inodore et frugal,
Sorti directement d’une boîte en métal
Portant l’indication« cuisine de régime ».
Il aimait préparer des tartines sublimes,
Il tranchait le rosbif d’un geste triomphal
Et la viande bien dure aiguisait son moral
Tandis que la bouillie d’aujourd’hui le déprime.
Il s’activait gaiement du matin jusqu’au soir
Au lieu de réserver son tranchant de rasoir
À des morceaux choisis pour ménager sa lame.
Il s’exhorte à l’effort, retient ses haut-le-corps,
Il partage sans bruit ce déjeuner infâme
Mais cherche le moyen de se donner la mort.
Déversent sur le sol un voile de fraîcheur,
Des diamants frémissants qui caressent les fleurs
Avant de s’écouler en aimables ravines.
Un tiède concerto se joue dans la bassine
Qui lape avidement les bulles de douceur
Offertes par le ciel pour laver notre cœur
Et chasser de nos yeux des images chagrines.
Un parfum vaporeux embaume le terroir,
La vigne se rengorge, arbore ses grains noirs,
La campagne promet des moissons abondantes.
Le murmure soyeux de la pluie s’affaiblit,
La terre s’assoupit, rassasiée et contente,
Le village s’endort, le labeur accompli.
Son foulard à carreaux
Froid comme une aube de décembre
Emmêle ses cheveux dissipés.
La brise brutale la laisse de glace.
Au coin de son œil,
Un souvenir se prélasse.
En été, en hiver, elle attend.
À l’heure où la neige salie souille la ville,
Elle promène sa patience immaculée
De bar en banc,
De comptoir en trottoir.
Elle écoute en silence
Des voix aux accents de tendresse.
Elle déambule sur le fil du hasard.
Elle pose son regard
Sur les ombres inaccessibles
Au bord de son existence.
Elle s’endort dans sa solitude givrée,
Figée dans l’absence insoutenable
Qui brise son espérance.
Destin domino je vis au hasard
Vertige de saltimbanque
Échecs assurés
Noir passe impair et manque.
Double zéro
Mon cœur muet s’absente
Au bord du chaos
Une ombre m’épouvante.
Au fil d’un vent léger
J’oublie mes idées noires
Je construis mon histoire
En jaillissant du néant égorgé.
Le double six
Feu d’artifice
Je décapite mon humeur chagrine
Mon regard s’illumine.
Je fracture l’avenir silencieux
En chantant le cantique du jeu.
J’ai grandi tiraillée
Entre fureur et confitures
Enroulée dans mes rêves secrets.
J’ai grandi en vitesse
Pressée de déchirer mon innocence
Au lieu de pleurer je serrais les mâchoires.
J’ai grandi à voix basse
Pour ne pas figer mon sang
J’apprenais les mots de lumière.
J’ai grandi en improvisant
À côté des adultes écartelés
Entre mensonge et cours de la bourse.
J’ai grandi en apprenant à sourire
Pour étouffer mes souffrances
Dans le désert de la décence.
J’ai grandi sous un ciel inquiétant
J’élaguais ma froide candeur
Sacrifiée à mes châteaux en Espagne.
J’ai grandi maladroitement
De flânerie en course folle
J’ai épuisé mon enfance.
J’ai grandi à l’étroit dans la fureur des villes
Où le béton compose un tableau de rancœurs
En graffitis sanglants aux messages vengeurs,
La poésie urbaine éclate en mots hostiles.
J’ai appris à marcher près des automobiles,
Ornements citadins qui remplacent les fleurs.
Les bourdonnants rubans de taches de couleurs
Défilaient sous mes yeux, sournois comme un reptile.
J’ai connu la violence et les tristes leçons
Que donnent dans la rue les bandes de garçons,
De menace en affront, j’ai forgé mon armure.
Mon esprit solitaire oubliait les parpaings,
Ma vie imaginaire embaumait la nature,
Je rêvais de jardins, de torrents, de sapins.
J’ai grandi parmi la verdure
Entre des jardins et des prés,
Une rivière et des fourrés,
Bercée par la douce nature.
J’ai connu l’aurore câline,
Le parfum des bottes de foin
Et la bonne gelée de coings
Qui venait fleurir mes tartines.
J’ai appris le respect des plantes,
Des vignes de notre terroir.
L’odeur de l’herbe dans le soir
Lançait ses notes flamboyantes.
J’ai vécu près des mirabelles
Dans un village haut en couleurs
Entre la tendresse des fleurs
Et la chanson des hirondelles.
Tu
es la braise de ma glace.
De
baiser en caresse,
Le
chaud et le froid s’effacent.
Dans
l’abri de tes bras, je brûle avec toi.
Sur
ta peau je caracole.
Une
faim nouvelle me colle
À
chaque atome de ton corps
Je
t’écoute chanter le cantique du feu.
L’océan
de nos désirs
S’abreuve
aux vagues de notre tendresse.
J’habite
notre fusion.
Je
te dédie mes frissons.
Je m’ouvre à ton extase,
Sésame de nos joies.
Transmue
ma pudeur.
Distille
mon impatience
Dans le chaos de nos douces folies.
Je distille le temps en illusions blessées
Ma prison de salive mélange les phrases
Je me mens par intermittence
Je me prends au lasso
D’un piège d’ombre vide
Pour étrangler le silence.
J’ai joué ma raison
Sous un soleil de cendres
Je creuse ma solitude
Sursis en filigrane
Garde-fou provisoire
Au bord de la démence.
J’extorque des syllabes
Au néant de mes jours
Les lettres que j’assemble
Transmuées en plaies brûlantes
Dissolvent mes pensées
Et gomment mes envies.
Les mots détournés m’assassinent.
Ma vie se dilapide
En fièvre que j’entérine.
Une tiède atmosphère enveloppe la ville,
Musiciens et jardins accordent leur douceur
En concerto de joie qui fait danser les cœurs,
Un bonheur égrené en notes volatiles.
Le ciel lâche soudain d’humides projectiles,
Un rideau de chagrin, message de terreur.
Aujourd’hui, le destin, pointant son doigt vengeur,
Punit l’humanité de ses actions hostiles.
Dans l’argile du temps s’efface notre orgueil.
L’avenir nous envoie un liquide cercueil,
Notre vie se disperse en gouttes dérisoires.
La lessive s’achève en mortel océan,
Un abîme insondable où se noie notre histoire,
La terre se transforme en sanglots de néant.
Le vieux chêne à cinq troncs
Offre sa chevelure frémissante
À la tiède brise du soir.
Il retient tendrement
Les derniers rayons du soleil.
Il étend son ombre immense
Sur la rivière assoupie.
Les pieds chaussés de mousse,
Il veille sur la prairie et ses habitants.
L’écureuil, le pigeon, le coquelicot,
S’endorment en paix.
Dans la nuit silencieuse,
Sa peau ridée s’assombrit.
Il se souvient des jeunes amants
Qui venaient s’enlacer
Sous son feuillage complice.
Le murmure du vent apporte
L’écho de leurs soupirs.
L’horizon rougeoyant reflète
La beauté de leurs visages en feu.
Gorgé de l’espoir distillé
Par sa sève attentive,
Le vieux chêne les attend.
Je livre aux mots une lutte acharnée
Vide de tout autre désir
Que celui de transcrire
Avec exactitude
La nausée métallique
Tapie dans mes tripes.
Les mots se vautrent
Dans la glaise de mes incertitudes
À l’angle étroit de l’indicible
Ils annihilent à la gomme mes pensées
Ils bousculent le sens à coups de dés
Et me livrent au hasard
Déracinée au centre de moi-même.
Entre ma conscience et la page
La vie s’éloigne impatiente
Le poème se joue de ma maladresse
La parole réduit à néant la clarté de mes idées
Le papier noirci éclate de rire
Je rêve de devenir caillou ou table
Pour dire mon existence limpide.
Un voile de regret obscurcit son regard,
Il garde au fond du cœur, tranchant comme une lame,
Un sentiment brûlant qui tourmente son âme,
Désir inassouvi parfumé de départ.
Il promène sa peine en marchant au hasard
Dans les jardins déserts et les rues de Paname.
Le sifflement d’un train, le rire d’une femme,
Déchirent son espoir comme un secret poignard.
Dans ses sombres pensées, cet homme solitaire
S’enterre lentement, figé sur son mystère,
Au lieu d’abandonner ses tremblants souvenirs.
Il vit à la lueur d’une illusion étrange,
S’ennuie dans le présent, invente l’avenir,
Efface du passé les mots qui le dérangent.
Ennui fracturé
Le silence agonise au bord de notre histoire
En lambeaux d'illusions que le temps brisera
Comme un éclat de rire au cours d'un opéra
Qui blesse le chanteur mais ravit l'auditoire.
La journée se prolonge en nuit blanche si noire
Que le sable du temps s'immisce dans les draps.
Je me désiste en moi au seuil du Sahara,
Vacante de nos joies, brûlées dans ma mémoire.
Je rêve d'effacer ton sourire poli
À l'encre crucifiée de l'espoir aboli,
Rongé par l'impatience et les mots qui se taisent.
Le temps dilapidé creuse le quiproquo,
Le matin se déplie en heures qui me pèsent,
Je fracture l'ennui en fuyant illico.
Sur la ville endormie veille une douce aurore
Qui élargit son aile et repousse la nuit.
Derrière les yeux clos se repose l’ennui.
Voyageurs impatients, les rêves s’évaporent.
Devant les rideaux noirs, le jour hésite encore
À briser le sommeil en agitant ses bruits.
Quand sonnent les réveils, le silence s’enfuit,
Dans la cité s’active une foule sonore.
Les heures du matin s’égrènent lentement,
Gorgées du souvenir des caresses d’amants.
La journée se consume en douloureuse absence.
Le soir étend sa joie dans la coupe du ciel,
Il met son voile sombre et invite à la danse
Les tendres amoureux au sourire de miel.
Le souffle du passé s’empare de ton âme
En gouttes de regret qui t’éloignent de moi.
Te voici dans le fleuve aux portes de l’effroi
Dans la main du futur auréolé de flammes.
Mon cœur digne et blessé m’entraîne vers la lame
Qui me libérera des griffes de ta voix.
Comme un ancien soleil s’éteignant dans le froid,
Je fuis dans le néant les aveux que tu trames.
Écoute tes désirs, oublie tes préjugés,
Tant va la cruche à l’eau qu’elle apprend à nager,
De blessure en échec, façonne ton histoire.
Dans la lente agonie de mes espoirs flétris,
J’insuffle ma tendresse au fond de ta mémoire
Loin
du désert glacé de mes sanglants débris.
Galop d’espoir
De rendez-vous manqué en mensonge facile,
Le désert s’agrandit, inonde les trottoirs
D’un océan de pleurs et de papillons noirs.
Un brouillard menaçant enveloppe la ville.
Comme un vase brisé, ton sourire d’argile
Me mord dans un reproche en lame de rasoir.
L’ombre de mes regrets danse dans le miroir
À l’angle du possible où mes rêves défilent.
Un brûlant labyrinthe illumine les cieux,
Jeu de hasard moqueur précédant nos adieux.
Solitaire et blessée, mon âme se désole.
Dans mon cœur dévasté monte un espoir puissant,
Sur ce coursier fougueux, vers toi je caracole,
Un élixir de joie me réchauffe le sang.
Avenir déchiré
Sur le rouet du temps
L’ennui mâche les jours
Dans une calme agonie.
Le néant s’effiloche
En gouttes d’illusions décentes
Qui font sourire les astres.
Des mythes de bonheur
Amusent les enfants
Entre algèbre et dissection.
Des pleurs poussés trop vite
Au lit de l’abandon
Déchirent l’avenir.
L’espace éberlué
Par nos vaines souffrances
Rétrécit l’horizon.
La nuit de solitude
Lèche nos rêves tremblants
Et fige nos cris d’effroi.
Visions poétiques
Des bouquets d’illusions composent mes poèmes,
S’invitent malgré moi dans mes alexandrins.
À ces mots menaçants, l’espace se restreint.
Mon sommeil disparaît au fil de mes dilemmes.
Je tremble en écrivant, ma plume devient folle,
La bouche d’un ravin entonne un chant cruel,
Une lune écorchée lâche un venin mortel,
La nuit mange le jour et les heures s’envolent.
La vérité blessée libère une spirale
De larmes de cristal qui troublent ma raison,
Un souffle d’arc-en-ciel bouscule l’horizon,
Le monde oscille et perd son épine dorsale.
Dans la gelée nocturne, une planète explose
En fragments de chagrin piquants comme des roses.
Horizon amnésique
À l’aube de la conscience
La vache impassible
Mâche les heures grasses d’ennui.
La nuit déracinée
Endeuille le hasard corrompu
Aux portes d’un oubli séculaire.
Au bord de l’illusion
Le ciel scellé sur l’absence
Glisse dans le sommeil.
L’horizon amnésique
Déchire les certitudes
En lambeaux d’amour aboli.
Dans la main de l’absurde
Une lune vengeresse
Mélange les saisons.
La lessive du temps
Dilue les cendres du souvenir
Dans le sable de l’amertume.
Cinglants carillons
Les cloches du village assombrissent mon âme
Au milieu d’une nuit où le ciel comme un fou
Tempête violemment pour marquer son courroux
Et lâche sur la terre une averse de flammes.
Les cinglants carillons, messagers de ce drame,
Poussent des cris blessants comme une corde au cou
Qui jettent les humains atterrés à genoux,
Ainsi qu’un animal que le chasseur condamne.
Dans mon esprit brisé résonne le tocsin
D’un avenir brûlant aux lugubres desseins,
J’écoute sa chanson dont les accents me glacent.
Au matin cotonneux monte un silence pur,
De la terre apeurée s’éloigne la menace
Qui laisse son empreinte aux portes du futur.
Sous les néons tremblants, je me mets à courir
Au hasard des couloirs, direction la misère.
J’accélère le pas près d’un clochard à terre
Qui depuis des années fait semblant de mourir.
Station ici ou là, je me force à sortir
Pour échapper au bruit, aux hommes qui me serrent.
Un voyou sur le quai, drapé d’un air austère,
Exhibe sous mes yeux son bâton de désir.
Au bord du non-retour, mes illusions m’égarent,
Je rêve de m’enfuir en larguant les amarres
Quand un brouillard glacé étouffe mon esprit.
Place de la Nation, la faune me bouscule,
Adroit caméléon, je me fonds dans le gris,
J’enferme dans mon cœur la fureur qui me brûle
Mesure
d'audience et statistiques
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