VERONIQUE HIGELIN

 

Le Miroir
Le vieil homme
et l'oiseau
Les amants du
firmament

L'ombre de
moi-même
   

La foule  Le Bedeau
bedonnant
Ali Blabla et les 40
Violeuses
 

 

Le miroir

Dulcinée se réveille après de longs jours de sommeil. Elle s'étire dans son lit de plumes et se décide a sortir de la grotte des fées. Le soleil brille de tout les feux, les neiges des hauteurs scintillent sous ses rayons dorés. Dulcinée cligne des yeux car elle est éblouie par les rayons de lumière qui lui rétractent les pupilles, elle se frotte les paupières pour y voir plus clair car sa première occupation est d'inspecter son royaume pour voir si tout est en ordre. Rien de changé depuis son dernier réveil, le lac est toujours là, les cimes aussi mais le phénix a disparu, cela ne l'émeut pas car il passe son temps à renaître de ses cendres. Son regard se dirige vers la forêt qui est aussi en place mais un objet brillant attire son attention. Elle essaye de le distinguer pour voir de quoi il s'agit mais il est trop flamboyant pour pourvoir que Dulcinée puisse l'identifier de si loin.

Dulcinée ne peut plus détacher son regard de l'objet en question, elle se sent attirée vers lui. Elle part dans sa direction afin de savoir ce que cette chose fait dans son univers. Elle ne fait pas partie du décor habituel. Elle distingue maintenant l'objet inconnu et s'en approche lentement mais plus elle s'avance plus elle est charmée au point de ne pas pouvoir résister à cette attraction. Il s'agit en fait d'un grand miroir ! "Que fait un miroir dans mon royaume ?" se demande Dulcinée. Elle ne se souvient pas avoir emmené un quelconque bagage au "pays de nulle part ailleurs" C'était donc que quelqu'un l'avait placé là, mais pourquoi ? La jeune femme ne peut continuer le fil de ses interrogations car le reflet que le miroir lui envoie la fascine, elle ne peut détacher son regard de l'image qu'il reflète.

Cet objet est spécial, il ne réfléchit pas l'image du corps de Dulcinée ni les herbes aux alentours mais son corps subtil, elle ne comprends rien à tout cela mais se trouve comme hypnotisée face à cette vison qu'elle n'identifie d'ailleurs pas. Plus elle scrute son image plus elle en est obnubilée au point de ne plus pouvoir bouger. Quand l'image change et devient plus sombre au point de ne plus exister, elle en est malade. Dulcinée sans s'en rendre compte est tombée amoureuse de sa propre image tout comme Narcisse en d'autres lieux. Elle en oublie de se nourrir et même de dormir au point de faire des rêves éveillés portant comme sujet sa propre personne mais ce miroir magique a d'autres propriétés car ce n'est pas une image féminine qu'il renvoie mais bien une représentation masculine de la propre conscience de la jeune femme. 

Au bout de peu de temps, elle en oublie de savoir d'ou venait cette chose, ce piège dans lequel elle était tombée se referme lentement sur elle….et elle se mire inlassablement dans cette psyché sans tain, car elle n'a pas remarqué que derrière le miroir se trouvent des lutins malins qui sans y avoir été invité avaient pénétré dans sa petite sphère intime. Elle ne remarque pas non plus le moment où une cloche de verre se pose sur la pairie l'enfermant avec sa propre image, elle en est d'ailleurs tellement absorbée que ce qui se passe aux alentours ne l'intéresse guère. 

Les jours et les lunes passent et Dulcinée vit au rythme du bonheur de voir son image et pleure quand celle-ci disparaît ! Tout ce qui avait de l'intérêt pour elle auparavant a disparu, elle ne pense plus a son prince charmant et encore moins à ses amis du "pays de nulle part ailleurs". La seule chose qui la fascine, c'est son miroir. La voilà seule avec elle même dans son dôme de verre… 

Puis un jour ayant une fois de plus perdu son image, elle regarde autour d'elle et voit d'autres dômes comme le sien. Ses yeux s'écarquillent quand elle constate que d'autres jeunes femmes sont dans la même situation qu'elle. Le tableau est simple: une prairie et des femmes sous des cloches en verre se regardant dans un miroir. Dulcinée ouvre encore plus les yeux et remarque une jeune femme qui se tord de douleur, Dulcinée en comprend vite la raison car elle constate que le miroir  de la jeune femme en question n'a plus d'image mais un écran noir total. La jeune femme dans l'autre dôme est malheureuse parce qu'elle a perdu ce qui lui était le plus cher au monde : son propre reflet. Dulcinée comprend sa peine et compatit au point de rejoindre celle qui pleure et de vouloir la libérer de sa prison. Elle traverse le dôme qui l'emprisonne sans encombre et rejoint la jeune femme en larmes, elle la console et lui dit que tout cela n'était qu'une illusion qu'elle n'était pas amoureuse de son prince charmant mais d'elle même. La jeune femme en pleurs se calme et part vers le monde des vivants. 

Dulcinée revient vers sa prison et constate que lors de sa sortie, la paroi du dôme s'est brisée en mille morceaux mais trop amoureuse de l'image du miroir, elle reste figée tête-à-tête avec…. en gardant toutefois un minimum de lucidité, la magie venait de se rompre. De temps en temps elle regarde autour d'elle et constate que les autres dômes avaient disparu comme par enchantement, il ne reste plus que son miroir et elle-même face à son énigme. Mais sans qu'elle ne le désire son reflet disparaît à nouveau et loin de s'en émouvoir Dulcinée qui commence à fatiguer retourne à la grotte des fées pour y faire un somme. 

Durant son sommeil un homme en armure d'or s'approche d'elle. Il lui pose un baiser sur son front, sur son nez, sur ses deux joues et pour finir sur ses lèvres. La jeune femme se réveille en sursaut et se demande qui est cet intrus éblouissant de lumière, elle vérifie pour savoir si son image ne se reflète à nouveau dans cette armure d'or, elle a déjà donné ! Le chevalier est en règle et sa première réaction est d'amener son compagnon vers le miroir pour lui en faire partager les effets. Le chevalier la suit sans rechigner et face au miroir ne se réfléchit pas, seule l'image de Dulcinée persiste. L'armure d'or le protège de tout miroitement indésirable car elle est comme un réflecteur. Dulcinée n'a aucune protection, ce n'est pas sa robe blanche et son diadème offerts par la licorne qui vont la protéger des rayons meurtriers. 

Pendant que Dulcinée se mire dans son image, le chevalier en profite pour aller voir de l'autre côté du miroir sans tain mais n'en dit rien à la jeune femme qui continue à être hypnotisée par la chose mise à son insu dans son petit royaume. Le chevalier lui demande de quitter les lieux, Dulcinée refuse et lui dit qu'elle se moque pas mal de lui….. Dans un premier temps, il ne réagit pas et laisse faire pour voir jusqu'au la supercherie est allée. De toute manière, il ne peut détruire le miroir, c'est à Dulcinée de le faire et puis elle ne se laisse pas faire par le chevalier.

 Pendant de longs jours le chevalier reste près de Dulcinée et la laisse raconter ses histoires de miroir qui n'en finissent pas, puis un jour le chevalier se met hors de lui et décide de détruire la jeune femme ne pouvant détruire l'objet du désir qui la fascine tant. La jeune femme de ce fait apprend à se protéger mais voyant cette colère de la part de son compagnon si doux et aimable d'accoutumé, elle comprend ce qui se passe, elle comprend l'illusion dont elle avait été victime car le miroir n'avait jamais été jaloux d'elle et donc ne l'aimait pas. Elle se jette dans les bras de son compagnon qui la serre joyeusement.

 Dulcinée se met a réfléchir et se demande comment cet homme près d'elle a pu arriver dans son royaume, elle lui demande si  lui aussi a subi des épreuves et lui confirme que c'était bien le cas, il lui propose de l'emmener dans son royaume afin d'y vivre heureux tous les deux mais auparavant elle devrais détruire le miroir dont les effets restent nocifs et de très longue portée. Elle promet au chevalier en or de nettoyer son petit univers et de le protéger mais lui demande de l'aide, le chevalier accepte de bon cœur et décide de lui tenir compagnie en attendant que tout soit en ordre et d'aviser plus tard.

 Voyant la bonté de cœur de son ami, Dulcinée en tombera doucement amoureuse car sans la savoir elle viens de rencontrer son prince charmant. 

Véronique

 

Le vieil homme et l'oiseau

 L'histoire se passait dans une ville de notre planète. 

Un oiseau se trouvait là cherchant une épaule sur laquelle se poser. Il avait quitté sa verte campagne car c'était l'hiver et qu'il ne trouvait plus rien à manger. Ainsi donc notre oiseau était allé en ville pour hiberner espérant au printemps suivant retourner vers ses vertes prairies.

 La ville était triste et morne, sans couleurs et fade et quand notre oiseau se posait sur les épaules des passants ceux-ci d'un geste de la main le chassaient. L'oiseau erra ainsi pendant des lunes et désespéré ne chanta plus, c'est à peine s'il arrivait encore à voler, épuisé qu'il était.

 Un jour, il vit un vieil assit par terre qui ne demandait rien à la foule, il l'observait simplement. L'oiseau se posa sur l'épaule du vieil homme et celui-ci ne le repoussa pas. Bien au contraire, il lui donna à manger, mais la nourriture du vieil homme ne convenait guère à l'oiseau qui avait faim et accepta tout de même. Le vieil voyait bien que son nouveau compagnon n'était pas bien car il ne chantait pas, alors il prit l'oiseau et le posa sur son cœur. L'oiseau en entendant les battements du cœur du vieil homme se mit à chanter sur ce tempo. Ils restèrent tous deux ainsi pendant un long moment… 

Puis un jour, les battements du cœur de l'homme cessèrent, l'oiseau ne comprit pas pourquoi… ayant perdu son tempo ne chanta plus. Ils plongèrent tous deux dans la tristesse et finirent par se quitter. 

L'oiseau continua un temps son errance dans la ville inconnue mais finit par ne plus savoir voler. Un jeune homme qui passait par là vit l'oiseau et le ramassa, il en tomba amoureux, le posa sur son cœur. L'oiseau en entendant les battements du cœur du jeune homme se mit à chanter une douce complainte, un chant triste et mélancolique, c'était le chant que le vieil lui avait apprit. Le jeune en entendant ce chant langoureux en fut tout ému et ramena l'oiseau à son maître. 

Au chant mélancolique de l'oiseau, le cœur du vieil se remit à battre, des battements imperceptibles au départ mais suffisamment forts pour que l'oiseau puisse les entendre. Le jeune homme posa l'oiseau sur le cœur du vieil ami et l'oiseau se remit à chanter comme autrefois. 

Depuis ce jour le trio ne se sépare plus et l'oiseau qui a réapprit à voler passe de l'épaule du vieil homme à celle du jeune homme sans s'arrêter de chanter et quand les passants les regardent tous trois, ils se demandent quel est cet oiseau qui chante si joliment.

 

Les amants du firmament

Je suis fatiguée mais j'ai envie d'écrire, d'écrire ce que je ne sais pas. De dire encore des mots morts, des mots à perdre le Nord. Je chevauche les monts dorés cherchant quelqu'un à apprivoiser. Rien ne m'émeut, rien ne m'étonne, je voudrais pourtant pourvoir m'envoler. M'envoler comme un albatros sur les flots écumeux qui font la fête aux bans des baleines dans un coin de l'arctique bleu. Je voudrais voir des aurores boréales, pluies d'étoiles sous un ciel de cristal. Un ciel de cristal si fragile que les poussières d'étoiles le brisent en minuscules cristaux de glace.

 Miroir d'un lac au fond duquel naissent des rêves éternels, si purs que les anges du ciel n'en crois pas leur yeux. Les iris pers des amants d'émeraude se fixent et se bercent sans une parole de honte, et si la pudeur existe c'est pour mieux cacher leur bonheur. Leur bonheur si fragile que le soleil fait fondre car les ombres de la nuit ne sont que les esprits de la vie. Chimène au pays des oublis part vers l'inconnu, celui d'un firmament qui mène aux nues.

 Cette histoire du fond des ages m'est parvenue, c'est la pleine lune qui me l'a contée pour un jour vous la narrer.  A la vision de cette dame, je me suis pâmée et lui ai dit :

" O ma douce lune que me veux-tu ?"

Elle m'a répondu

"Je vais te raconter l'histoire des amants inconnus, celle dont personne n'a cru"

Alors elle me conta leurs histoires et leur voyages dans l'espace et le temps, elle me parla des amants du firmament qui défièrent le temps et l'éternité et me dit leur songes portés par le vent remuant pour eux l'écume du temps.

J'en fus émerveillée et dans mon sommeil moi aussi j'ai rencontrer les amants du firmament ! Depuis, j'en rêve énormément !

Et leur souffle doucement
De doux mots d'amour
Dont les amants du firmament
S'enivrent sans aucun détour 

Il est des nuits sans temps
Laissant un parfum d'éternité
Ou se réjouissent les amants
De monter aux douces félicités 

Boire calice du désir
Des caresses sans pudeur
Se livrer, se laisser jouir
Et aller droit au bonheur

 

Véronique
 

L'ombre de moi-même 

Depuis un mois, je fais un rêve étrange, il revient toujours à la charge sans que je puisse m'en débarrasser. Je vais donc le consigner.

Tout commence par un tableau et s'est toujours le même. Un bord de mer au crépuscule, un endroit désert ou presque….un ciel de pénombre où le soleil imprime ses derniers reflets rougeâtres sur une mer d'écume. Au centre du tableau, un étalon d'une blancheur ivoirienne sur lequel est montée une femme entièrement dévêtue…….moi ! L'animal n'est pas sellé par peur de l'entraver seul le mors et les rênes permettent de le guider. Sous les sabots du cheval la plage de sable fin à perte de vue.

Seule sur mon destrier, je me lance à l'assaut des vagues mais celui-ci refuse obstinément de se mouiller, alors de guerre lasse, je le laisse parcourir la plage, tantôt au galop, tantôt au pas. Lui et moi ne faisons qu'une personne, de temps en temps, je me penche pour lui dire des mots doux à son oreille, il me répond par un hennissement d'approbation. Le vent que provoque notre chevauchée me caresse doucement l'épaule et nous allons ainsi crinières au vent.

Au loin, une ombre attire mon attention, elle est assise et regarde fixement la mer. Son regard sombre contemple l'horizon à la recherche d'une attente assidue. Rien ne se passe….. et stoïquement, elle reste là ! Lentement, je m'approche d'elle, seul le bruit des sabots de l'étalon viennent troubler ce curieux silence. Je descends de ma monture et m'approche encore plus près. Je voudrais lui parler mais aucun son ne sort de ma bouche. Finalement, je lui adresse un bonjour, un ça-va ! Elle ne répond pas, la seule chose qu'elle fait s'est scruter l'horizon regardant la chute de l'astre du jour dans sa châsse vermeil.

L'ombre se lève, je la suis, lui adresse quelques mots. Elle m'ignore. Déjà quelques étoiles scintille dans le ciel qui a pris des tons marine, nous sommes seules, l'ombre, mon destrier et moi-même dans un curieux huis clos……Je la connais cette ombre, elle est voûtée par les épreuves et l'age, elle erre à la recherche d'un autre age. Je la connais, je sais qui elle est…. Elle part sans me voir, droit devant le regard fixé sur les vagues qui font naufrage sur cette plage d'Atlantique.

Je remonte sur mon étalon blanc et décide de la suivre, ceci après quelques tentatives d'approche, j'ai voulu la toucher mais rien n'y a fait, elle ne s'est même pas retournée. Alors, je la suis du regard, puis lentement elle disparaît se confond dans le paysage. Je la cherche mais ne la vois plus, et continue ma course éperdue…….nue, sur cette plage déserte ou je n'ai trouvé que l'ombre de moi-même !

Véronique

La foule 

Je suis allée faire mes courses dans un grand magasin ce soir, il y avait foule. La veille d'un jour de congé c'est toujours ainsi. Je regardais cette foule en spectatrice de ce monde, je rêvais, je pensais pendant que tu écrivais.

La foule se pressait sur les rayons ou mille victuailles les attendaient prêtes à être dévalisées ; les yeux hagards, j’observais cette masse humaine qui consommait pour exister. Car de nos jours l’existentialisme est de posséder je ne sais combien d’objet pour avoir la sensation de vivre. Non, je ne voulais pas faire partie de cette masse sans consistance, alors je pensais, je pensais qu’il était bon de vivre sans rien sans attache matérialiste. Les marchandises sur les rayons ne me faisaient pas envie, de toute manière je n’étais pas rentré dans cette grande surface pour consommer, remplir un caddie, je n’en ai guère les moyens et qui plus est comme je suis seule, j’ai besoin de peu pour vivre. Il me fallait simplement du liquide frein pour mon véhicule qui a une fuite au système hydraulique.

Je me suis attardée au rayon librairie et j’y ai cherché un livre, un titre qui me plaise. Je n’ai rien trouvé, rien qui ne m’inspire, je suis allée aux livres de poche et j’ai fait les titres et encore rien ne m’a plu. En fait, je cherchais juste un titre qui dise :
Je t’aime
 
Et a l’intérieur plein de mots d’amour ou simplement 180 pages blanches et comme premier chapitre ;
Je t’aime 
Puis des pages blanches à l’infini pour y écrire une histoire d’amour sans fin.

Je n’ai pas trouvé mon livre dans cette grande surface ou l’on trouve pourtant tout pour satisfaire les plaisirs et nécessités humaines et je suis repartie sans regret avec un regard triste sur cette foule qui ne sait pas que les invendus seront donnés à foison aux nécessiteux au point de les jeter, car pour eux consommer ne signifie pas exister.

Véronique

 

Un bedeau bedonnant

Un bedeau bedonnant parcourait béatement les rues du bourg. Les bougainvilliers bourgeonnaient, le bouvreuil bécotait ! Bécassine bougonnait en allant bravement vers le beffroi de l'abbaye st Benoît ! Notre bedeau à la grosse bedaine devait bientôt y débarquer  pour activer le balancement du bourdon dans le but d'avertir la bourgade de la mise en bière du boulanger, mais il fit une bourde: notre compère bon buveur avait abusé du beaujolais, il se perdit dans le bois de bouleaux. Un baladin qui badinait, le balada de bosquets en buissons, notre ami imbibé de boisson blaguait avec le bouffon bandit et bafoua le boulanger, le boucher, le bourrelier et même le baladin, il baptisa tout ce monde de bouseux, de bousilleurs, de boursicoteurs. Le bedeau se trouvait dans un sale bourbier !

Il rentra au bercail et mit sa bedaine dans la baignoire afin de bannir les brumes éthyliques et s'exhiba ainsi au beffroi, sans habits ! Le voyant dans un tel acabit, des bigotes belliqueuses s'armèrent de bâtons. Le baladin avait bonnement tout balancé, il estimait avoir fait une B.A ! Notre bonhomme bourré à la vue des badaudes blasphéma, raconta des balivernes puis blêmit toujours imbu de boisson. La bande batailleuse brandissait les boudins de bois pour bastonner le bipède impudique. Il parvint à décamper du lieu en dérobant la bicyclette du bistrotier mais il se prit une boule de billard sur les bajoues et buta contre la balustrade du presbytère. Une ambulance le conduisit à l'asile..  
Bizarrement dans le bourg, personne depuis ce jour n'entendit parler du bedeau à la grosse bedaine et quand Bécassine en baguenaudant, narrait la bévue du bedeau aux bambins babillards du bourg tous se bidonnaient de bon cœur, notre bedeau avait le béguin pour Bécassine !      

 

 

Ali Blabla et les quarante violeuses

 Ali Blabla était un honorable marchand de perroquets, c'est d'ailleurs pour cela que les autres commerçants du souk l'avaient nommé ainsi. Ali était amoureux de la fille du sultan mais n'osait guère demander la main de sa bien-aimée car il ne possédait aucun argument pour satisfaire à ses désirs. Ali n'était pas seulement pauvre, mais, en plus à l'age de quarante ans, il était encore puceau ! Sa ziggourat à force de ne pas servir était devenue une ziggounette, c'est d'ailleurs de là qu'est venue l'expression : "avoir la ziggounette raplapla"! Mais, Ali souffrait d'un autre mal encore plus incurable : il était d'une timidité maladive et parlait peu, c'est pour cela qu'il avait dressé ses perroquets à dire bonjour aux clients et à leur raconter des histoires à dormir debout pendant mille et une nuit.

 

Le sultan pour marier sa fille avait posé des conditions, il fallait que le prétendant soit non seulement riche mais aussi qu'il assure à sa fille les joies nécessaires à son épanouissement, en résumé, il fallait que le futur époux soit un baiseur de première classe et qu'il puisse satisfaire à tous les caprices et phantasmes de la princesse. Des prétendants étaient venus de tous les royaumes alentours, riches, parés de cadeaux pour la princesse, aussi beaux les uns que les autres mais au moment de montrer leur virtuosité au lit aucun n'arriva à combler la demoiselle qui se morfondait dans son coin. La belle en avait assez de ces machos peu inventifs et avec le temps, elle devenait de plus en plus exigeante. Il fallait entendre les princes quand ils discutaient entre eux, à savoir qui avait la plus longue queue de tous les royaumes alentour, à savoir lequel faisait les plus belles minettes, il y en avait même qui se pavanaient dans le jardin la tête en l'air et leur organe sexuel dans la même posture en attendant leur tour. Lorsque cela arrivait la princesse suppliait son père de ne pas passer "à la casserole" mais la demande avait été diffusée de la sorte que sa fille ne put refuser à aucun des postulants sa candidature, alors elle poussait un long soupir de lassitude.

 

Ali savait que sa bien-aimée voulait un génie dans son lit. Il désespérait de pouvoir l'épouser d'autant plus qu'il s'était promis d'arriver vierge au mariage mais dans ses conditions comme pouvait-il apprendre à baiser comme un dieu, sans expérience ? Il fallait avant tout qu'il trouva une fortune bien plus grande que celle des princes venus pour avoir la main de la princesse. Peut-être que celle-ci en voyant toutes les richesses qu'il aurait pu accumuler se laisserait attendrir et qu'elle ne ferait pas cas de sa "ziggounette raplapla" ? Ali n'y croyait pas trop mais il était prêt à tout, même à prendre le risque que sa femme le trompe après le mariage.

 

Dans la région sévissait un groupe de femmes au nombre de quarante. Elles séduisaient les hommes, les emmenaient dans un endroit secret, les torturaient abominablement avec leurs sexes, les volaient et les laissaient repartir nus de leur repère. Ali avait entendu dire que les princes postulants aux noces avec la fille du sultan avaient presque tous été violés et détroussés par ces femelles sans vergogne. C'était la solution toute trouvée pour rendre Ali riche à souhait, voler le butin de ces tigresses. Il décida de se renseigner pour savoir où les femmes cachaient leur trésor de guerre. Comme il n'avait aucune idée pour connaître l'endroit où se situait le repère des voleuses, il dressa un de ses perroquets à questionner les clients pour savoir où se cachait de l'or, à cette demande les clients riaient de bon cœur, répliquaient qu'ils n'en avaient point et répondaient indubitablement qu'ils fallait se faire violer par quarante femmes. Au bout de six mois, Ali malgré le blabla de son perroquet n'obtint aucun résultat : personne dans le souk ne savait où se trouvait l'or des "amazones", d'ailleurs tous les hommes avaient une peur bleue de tomber entre leurs mains, car,  en plus elles étaient accusées de châtrer les mâles qui croisaient leur chemin.

 

Dame Fortune sourit toujours aux audacieux et six mois après avoir dressé le perroquet, Ali aperçut au loin dans le marché, une belle femme montée sur un cheval blanc, personne ne la connaissait mais à la vue des armes qu'elle portait sur elle, tous se doutèrent qu'elle était l'une des "amazones" et se poussaient sur son chemin. Quand elle arriva à la hauteur d'Ali, elle voulut faire l'acquisition du perroquet qui réclamait de l'or aux clients. Les commerçants du souk voyant la scène retenaient leur souffle ne sachant pas comment le pauvre Ali allait se débrouiller avec cette étrange acheteuse qui exhibait une bourse pleine d'or en vue de sa future emplette. Ali accepta la transaction et décida de suivre la dame pour savoir qui elle était, si jamais elle remarquerait sa présence, il pourrait toujours rétorquer qu'il voulait savoir si la bête était bien soignée.

 

Ali se mit donc en route mais perdit la Dame de vue derrière les dunes du désert tout proche, il ne lui restait plus qu'à suivre les traces laissées par le cheval dans le sable. Il alla ainsi tout en suivant les empreintes de l'animal jusqu'à la tombée de la nuit et fut tout étonné en voyant les traces s'arrêter au niveau d'un grand rocher, il tourna plusieurs fois autour de la endroit et constata à son effarement que le repère des brigandes était bien là. Il eut juste le temps de se cacher quand il entendit des bruits de sabots martelant le sol au loin. La première des femmes arriva et fit signe aux autres de stopper, placée devant le rocher, elle se mit à hurler "sésame ouvre-toi " et le rocher se scinda en deux afin de laisser passer la bande des "amazones". Quand il en vit le nombre, Ali transi de peur voulut rebrousser chemin, mais son amour pour sa belle lui donna force et courage pour rester. Il se convint de passer la nuit près de la caverne et d'attendre le lendemain pour aviser de sa stratégie, car il voulait savoir si l'or était bien dans cette cachette et pas dans une autre. Ali s'allongea sur le sable et s'endormit sous le ciel étoilé en rêvant aux bijoux et palais qu'il pourrait offrir à sa bien-aimée.

 

Quand Ali se réveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel et voyant le sable remué de toute part au pied du rocher, il jugeât bon d'aller visiter l'intérieur du site. Il se mit face à l'entrée comme il avait vu faire la veille la meneuse des cavalières et hurla "sésame

ouvre-toi ", comme la veille, le rocher se scinda en deux. A la vue de ce qui se passait à l'intérieur du repaire, Ali poussa un cri d'effroi…..elles étaient là ! Très vite, il se trouva nez à nez avec une dizaine de femmes plus belles les unes que les autres qui le cernèrent et le poussèrent vers un grand lit, l'attachèrent couché sur le dos, chevilles et poignets écartés. Elles déchirèrent la pauvre tunique d'Ali qui faillit s'évanouir de peur. Il était nu devant ces femelles en furie. Il eut beau les supplier de le laisser partir et leur promettre qu'il ne dirait rien de le du lieu de leur repère, elles continuaient de plus belle à le tâter à la manière d'un esclave, elles vérifièrent même ses dents et ses ongles. Ali pensait qu'il s'en tirerait à bon compte, s'il était vendu au marché aux esclaves de la ville !

 

La caverne bien que creusée dans le rocher était vaste et spacieuse mais ne comportait qu'un seul lit. Dans cet antre, sacs, amphores, malles et paniers jonchaient le sol à divers endroits, l'éclairage était combiné à la fois de lampes à pétrole et de torches accrochées aux murs. Les murs étaient peints en blanc, délavés par le temps, Ali y distingua une série considérable de phallus posés le gland retroussé sur des étagères bancales. Ali à la vue de ces horreurs ferma les yeux, son regard chaste ne pouvait pas supporter ces visions. Il hurla comme un forcené, se débattit mais rien n'y fit. Il venait de réaliser en quoi consistait les objets mis sur les étagères. C'était les bites des malheureux princes que ces femelles avaient scalpées puis empaillées la peau bien tendue afin de les faire bander au maximum avec les testicules collés dessus puis exhibés sur les étagères en guise de trophée. Ali dans son affolement ne s'était pas rendu compte que les femmes avaient désertées le lieu et qu'il était seul à présent. Il appela à l'aide mais seul le perroquet lui répondait en écho qu'il cherchait de l'or. Les "amazones " qui avaient fort à faire le laissèrent ainsi jusqu'au jour suivant, Ali en pensant qu'il allait se faire scalper le sexe ne dormit pas de la nuit, c'était vrai que sa ziggourat n'était pas bien grande et qu'elle n'avait jamais servit mais il tenait tout de même à ses "bijoux de famille". Il promit à Allah si celui-ci le sortait de ce mauvais pas, de jouir journellement des bienfaits de ce membre que la nature lui avait donné. Mais vu sa posture, Ali se voyait transformé en eunuque et se présenter ainsi comme garde du harem du sultan.

 

"Sésame" s'ouvrit le lendemain de bonne heure et laissa apparaître dans l'entrée la femme qui avait acheté le perroquet. Ali geignit pour qu'elle le libère mais elle lui répondit, qu'elle et ses compagnes voulaient un peu jouer avec lui avant de décider de son sort. Tout en lui expliquant le déroulement des opération la femme qui faisant une danse du ventre accompagnée par cinq de ses acolytes musiciennes s'approchait de plus en plus du lit où était allongé Ali qui ne pouvait toujours pas bouger. Elle était belle et sensuelle, ses gestes étaient plus qu'équivoques, elle excitait l'homme à sa merci d'un regard de braise. Ali ayant peur pour sa virilité ne réagit pas, cette pensée lui coupait tous les effets et la femme eut beau chauffer l'ambiance, elle n'obtint pas le résultat escompté. Ali ne voulant pas faire cadeau d'un nouveau trophée aux "amazones" ferma les yeux pour ne plus être tenté, voyant cela la femme se posa des questions sans la nature profonde de son hôte et se demanda s'il ne faisait pas partie des mignons du royaume. Elle appela une de ses compagnes experte en turlute mais celle-ci eut beau lécher, sucer, aspirer rien n'y fit et la "ziggounette"resta raplapla. Elles se mirent à trois, à quatre, à dix à le séduire, le caresser mais rien ne se passa, Ali restait de marbre obsédé par la pensée de se faire châtrer.

 

De guerre lasse, les quarante femmes se réunirent dans un coin de la caverne et se questionnèrent pour savoir quoi faire de leur prisonnier. Certaines voulaient le relâcher tout nu pour lui donner une bonne leçon, d'autres le vendre comme esclave, le conciliabule se transforma en cacophonie quand leur chef eût une idée de génie. Elle fit appeler la femme de ménage prénommé Arthur pour qu'il tranche la question. Arthur se pressa de venir en aide à sa maîtresse et se dirigea rapidement vers Ali en tortillant des fesses et lui demanda d'une voix aiguë ce qui lui plaisait dans les relations entre hommes. La "maîtresse" sous les yeux des ses compagnes intéressées au plus haut niveau par la scène, chercha un des phallus sur une des étagères qu'Arthur de mit à sucer goulûment. Ali ne put s'empêcher de traiter Arthur de vendu, de salaud et d'autres ignominies plus atroces. A ces mots peu aimables, Arthur vit son flageolet doubler, voir quadrupler de volume, les femmes en profitèrent pour s'empaler les unes après les autres dessus, celles qui ne reçurent rien, car Arthur était plus enclin à aller vers les hommes, prirent les trophées sur les étagères et se satisfirent avec. La caverne raisonnait des cris de jouissance de ces femelles en rut, la queue d'Ali grimpa sans même qu'il ne s'en rende compte et au même moment, il poussa un cri d'effroi ne sachant comment masquer la chose. Il supplia pour ne pas être châtrer et promis aux femmes de leur faire tout ce qu'elles voulaient. La chef des "amazones" lui délia un poignet et lui fit tâter un phallus. Ali hésita mais comme il avait promis de faire tout ce que ces fichues femelles voulaient, il tâta et remarqua la rigidité de l'objet en question, il le sentit même vibrer dans sa main. Les femmes lui expliquèrent que c'était du latex et que ces objets à plaisir venaient d'Europe, que c'était en fait des faux sexes et que cela s'appelait des godemichés, qu'elles s'en servaient quand elles ne pouvaient satisfaire leur désirs sexuels autrement. Elles détachèrent Ali et le traitèrent comme un vrai sultan, c'est ainsi qu'au milieu des quarante violeuses Ali apprit à contenter les caprices de ces dames, il devint rapidement expert en la matière au point que pour le récompenser, elles lui firent cadeau d'une grande partie de leurs richesses.

 

Quand "Sésame" s'ouvrit à nouveau pour rendre la liberté à Ali et que celui-ci retourna au souk monté sur un cheval blanc, les commerçants lui demandèrent d'où lui venaient toutes ses richesses. Ali leur narra son aventure mais personne ne le crut, tout le monde lui disait qu'il racontait des blabla mais celui-ci se moquait pas mal du "qu'en dira-t-on" car il savait qu'il allait épouser la princesse chère à son cœur. Il se rendit au palais et demanda la main de la fille du sultan, il passa toute les épreuves avec succès au point que la future sultane confia à son père quelle n'avait jamais vu une aussi grosse et belle ziggourat !

 

Véronique Higelin

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