PATRICIA GUENOT

Flambant carnaval

Soyeux paradis

Arc en ciel de nos caresses

La Photographie

Halte au TABAC

Couleurs du Bonheur

Couleurs Musicales

Visions Colorées

Couleurs Furieuses

Lit de nos mystères

Fêtes frénétiques

Guérisons sauvages

Obscure musique

Ignoble mistigri

Dérive intérieure

Visages Osseux Vertiges lascifs Briser mon calvaire Vampire assoiffé Voile de Silence
Figures géométriques Visage oblong Sœur Rêvée Consume ton chagrin Escadron ailé
Aux couleurs des envies Spectre de l'effroi La Bouteille à la mer Suite ...
Bouteille à la mer

Ma bouteille à la mer, ballottée par le vent,
Emporte l'amertume de mes furieux messages
Dont l'encre venimeuse annonce mon naufrage,
Vers le néant liquide, à l'abri des vivants.

Mon cauchemar lavé par les flots dissolvants
Déverse un lourd sirop qui souille le rivage
De l'île virginale où les oiseaux sauvages
Composent un ballet pour le soleil levant.

Mes mots vagues se noient dans le puits abyssal
Du désespoir vêtu d'un manteau hivernal
Dont la couleur grisâtre assombrit ma mémoire.

Quand mon âme blessée se disperse à vau-l'eau,
Un orage soudain jette mes idées noires
Dans l'étroit réservoir de mon précieux stylo.

 

Spectre de l'effroi

Mon âme se tapit dans l'abîme des rêves
Dont le berceau échappe au labyrinthe obscur
Où mes pensées blessées par l'ombre du futur
S'éteignent à l'orée de la nuit qui s'achève.

Le spectre de l'effroi menace de son glaive
Le timide soleil, accroché dans l'azur,
Qui s'effondre en dardant un dernier feu impur
Sur l'aube silencieuse offrant sa courte trêve.

Un cauchemar soudain étend son voile noir
Sur mon cœur esseulé qu'un pâle désespoir
Plonge dans le désert du futur monotone.

Les serres de la peur déchirent mon esprit,
Tandis qu'un cri lugubre éperdument résonne
Dans un froid tourbillon de souvenirs flétris.


 

Flambant carnaval

Un joyeux carrousel de masques tourbillonne
Sur la piste étoilée où les fringants danseurs
Profitent de l'écran qui voile leur pudeur
Pour épancher leur cour doux comme un soir d'automne.

Au rythme des chansons, les jeunes gens frissonnent
Dans la nuit déchirée par l'immense clameur
Des rires enflammés exhalant la candeur
Des couples inédits dont le bonheur rayonne.

Portés par la gaieté du flambant carnaval,
Les amoureux tournoient sous les lampions du bal,
Jusqu'à la douce ivresse exaltant leur tendresse.

Les masques déchirés aux heures du matin
Font place à l'émotion des lèvres qui se pressent,
Dans une symphonie de frémissants instincts.




Soyeux paradis

Un voile silencieux assombrit le regard
Du jeune homme effacé dont le destin austère
Se déroule en torrent de rêves solitaires
Où danse le reflet d'un possible départ.

Sur des sentiers obscurs, il avance au hasard,
Impatient de percer le funeste mystère
De l'avenir pavé de refus arbitraires
Qui enterrent l'espoir sous leurs brûlants remparts.

Les souvenirs cuisants qui tapissent son âme
Édifient un tombeau éclairé par les flammes
Des cauchemars amers que son chagrin ourdit.

Ballotté par le flot de ses peines sanglantes,
Il attend le signal du soyeux paradis
Pour jeter au néant les regrets qui le hantent.

 


 

Arc-en-ciel de nos caresses

 

 

Jaune chrome.

Crâneur accoudé au comptoir.

Jaune tabac,

Jaune incertain,

Foncé, café,

Jaune câlin.

 

Tourbillon de couleurs insipides.

Dans le café,

Sous la lumière avide,

Devant les buveurs assoiffés,

Je m'approche, timide.

 

Silence placide qui te blesse.

Je souris.

Je grimace.

J'efface

Tes doutes sagaces.

J'enlace ton corps embarrassé.

Étonnée,

Tu ris jaune.

 

Je souffle sur tes réticences

Qui m'agacent.

Je plonge dans les plis

De nos plaisirs fleuris.

Je bois les mots doux

De nos fugaces rendez-vous.

Je bois le vin

De tes défaillances.

Je sculpte le lit de notre ivresse

À l’aube du jour où s’embrase

L’arc-en-ciel de nos caresses.

 

 


   


La photographe

 

 

Plongée dans les replis de ses pensées moroses,

La photographe hésite à mettre son savoir

Au profit du modèle adossé au miroir,

Exhibant fièrement sa peau de satin rose.

 

Le défilé des corps que son métier impose

Se transforme en blessure au fond de ses yeux noirs,

Lassés de célébrer le mensonger pouvoir

De fragiles beautés alanguies dans leurs poses.

 

Quand les feux de son flash achèvent de pleuvoir

Sur la fille au regard tranchant comme un rasoir,

Un voile de torpeur doucement se dépose.

 

Les audacieux clichés qui jonchent ses tiroirs

Embaument la poussière enveloppant les choses

D’un silencieux linceul au parfum de nécrose.

 

 


 


Halte au tabac

 

 

Je serais partie en enfer

Pour un paquet de cigarettes.

Malgré mes maudits maux de tête,

Je fumais été comme hiver.

 

Bien avant la hausse des prix.,

J’ai décidé de renoncer

À ce qui me faisait tousser,

Un soir, lors d’un soudain pari.

 

Depuis ma sage décision,

Je cueille des bouquets de fleurs

Dont les délicieuses senteurs

Cicatrisent ma frustration.

 

Loin de mon tabac désolant,

Je goûte les baisers complices

De ma fée dont les yeux se plissent

Au seuil d’un plaisir insolent.

 

                                                                                                                 


 


Couleurs du bonheur

 

 

J’accorderai ton âme aux couleurs du bonheur,

Assemblées par ma main en taches éclatantes

Formant un arc-en-ciel à l’alchimie vibrante,

Qui versera sa joie dans le fond de ton cœur.

 

Je mêlerai le vert des marines fraîcheurs

Au rouge incandescent des laves jaillissantes

Qui masqueront le noir des cryptes effrayantes

Où le temps ravageur se livre à des horreurs.

 

J’ajouterai le bleu de l’insondable espace,

Impassible témoin des mortelles grimaces,

Au blanc immaculé des serments éternels.

 

J’achèverai mon œuvre en posant une touche

Du jaune de la lune illuminant le ciel

Sous le regard jaloux de planètes farouches.

 

 


 

Couleurs musicales

 

 

J’écris des mélodies aux couleurs de la gamme

Sur mon clavier subtil à la voix de cristal,

Qui cisèle des sons dont le flot triomphal

Exhale des accords brûlants comme des flammes.

 

Le Do jaune de l’or annonce le programme,

Suivi du Ré orange exaltant le moral.

Le Mi rouge accordé à la fureur des lames

S’unit au Fa violet du satin sépulcral.

 

Puis le Sol indigo d’une étendue marine

Se mélange au La bleu du ciel qui s’illumine

Sous les feux d’un soleil au parfum de printemps.

 

Le Si vert des forêts à la beauté placide

Forme la conclusion du cantique éclatant

Que je joue pour tromper le silence livide.

 

                                                                                                                 


 


Visions colorées

 

 

Sur la planète bleue,

De petits hommes verts

Tirent à boulets rouges

Sur les humains qui bougent

Pour éteindre l’enfer

Qui leur brûle les yeux.

 

Au cœur de mes nuits blanches

Tapissées d’idées noires,

Dans mes draps bleu pervenche,

Je rêve d’un désert

Pour composer des vers

Au pays de l’espoir.

 

Lassée de mes peurs bleues,

Je pars de but en blanc.

Je cours me mettre au vert,

Couler des jours heureux,

Loin de mon triste écran

Que je jette à la mer.

 

Près de mon cordon bleu,

Je vois la vie en rose

Même si je ris jaune

Devant les autochtones

Qui préfèrent la prose

À mes sonnets radieux.

 

 


 


Couleurs furieuses

 

 

Un tourbillon cinglant de profondes couleurs

S’étire violemment dans les plis de mon âme

Condamnée à subir un arc-en-ciel de flammes

Dont les langues rougies me calcinent le cœur.

 

Mes teintes préférées exaltent ma fureur.

Le bleu métal s’accorde à la froideur des lames

Qui sculptent dans mon corps des blessures infâmes

Vomissant des torrents de sanglantes douleurs.

 

Le jaune du citron déverse son acide

Dans mon esprit noirci dont la joie se dévide

Sur le rouet cruel de l’avenir glacé.

 

Le vert de moisissure étale sa poussière

Sur l’écheveau obscur de mes espoirs blessés

Qui meurent doucement au creux de mes paupières.

 

                                                                                                                   


 


Lit de nos mystères

 

 

Attends-moi dans tes envies obscures.

Déchire-moi dans les déliés de ton écriture.

 

Prends-moi dans ta littérature.

Abroge mes blessures.

 

Gratte mes voyelles et mes consonnes.

Joue des palpitations de ma personne.

 

Invente l’alphabet de nos vertiges.

Ris des carcans qui nous obligent

À nous trahir.

 

Danse au centre de mon plaisir.

Lèche les couleurs de nos joies.

Cueille les perles de désir

Qui colorent nos émois.

 

Chante la frénésie de nos corps

Fondus en un complice accord

Dans un déchaînement radieux

De regards silencieux,

Captifs de nos plaisirs avides,

Aux portes de l’aube livide,

Pavée de nos mots incendiaires,

Noyés dans le lit de nos mystères.

 

                                                                                                                    


 

Fête frénétique

 

 

Une chape de plomb posée sur l’horizon

Assombrit la cité aux habitants austères

Dont le flot se répand à portée de misère

Dans les crasseux faubourgs au parfum de prison.

 

Soudain le ciel vomit des éclairs à foison

Dont les sanglots cinglants enflamment les artères

De la ville engourdie dans un ennui polaire,

Dénoué en clameur ivre de déraison.

 

Un ouragan soudain déchire le silence

Qui fait place aux accords d’un chant de délivrance,

Dans un déferlement de plaisirs insolents.

 

Le matin se déroule en fête frénétique

Consacrée au bonheur, sous le regard brûlant

Du futur déversant sa soyeuse musique.

 

                                                                                                                    

 


Guérison sauvage

 

 

Dans ce violent froid de canard,

Puisque le bât blesse, je pars.

Tenaillée par ma faim de loup,

Je prends mes jambes à mon cou.

 

Loin de ta langue de vipère,

Lassée de la vache enragée

Que tu m’as souvent fait manger,

Je me ramasse à la cuillère.

 

Tu montais sur tes grands chevaux

Avec ta tête de cochon.

Vaincue, je faisais le dos rond

Dès que tu crachais des crapauds.

 

Je reprends du poil de la bête.

J’ai l’estomac dans les talons.

Désormais, gaie comme un pinson,

Je frétille comme une ablette.

 

                                                                                                                    

 


Obscure musique

 

 

Une obscure musique aux accords monotones

Répand dans mon oreille une austère torpeur

Dont les nappes glacées ternissent les couleurs

De mon rêve effrité en amertume aphone.

 

Guidée par la chanson dont les notes résonnent

Jusqu’au jardin désert d’où jaillissent mes pleurs,

J’arrache les chardons enfoncés dans mon cœur

Par la main de l’amie qui ce soir m’abandonne.

 

De ma blessure ouverte, un sang lourd et foncé

S’échappe en emportant mon espoir offensé

Vers le puits calciné où ma vie se défile.

 

Délivrée de moi-même, épuisée, je m’endors

Dans le berceau cruel du silence immobile

Tandis qu’un froid mortel s’empare de mon corps.

 

                                                                                                                    

 

Ignoble mistigri

 

 

J’exècre l’animal tapi dans ma cuisine

Qui, au lieu de chasser de fébriles souris,

Me surveille d’un œil débordant de mépris

Avant de chaparder mes exquises sardines.

 

Porté par l’âpreté de ses envies félines,

Il saccage gaiement mes objets favoris,

Jette sournoisement des paquets de poils gris

Sur les riches habits de mes bonnes copines.

 

Ses griffes acérées comme un froid bistouri

Menacent le bonheur de mes deux canaris,

Apeurés par le monstre à l’humeur assassine.

 

Lassée de supporter l’ignoble mistigri

Dont les taquineries ébranlent ma routine,

Je songe à le noyer dans l’eau de la piscine.

 

                                                                                                                    

 

Dérive intérieure

 

 

En dérive intérieure, adossée au hasard,

Je brûle mes clichés constellés de souffrances

Dans le brasier sanglant où mon âme s’élance,

Aux portes de l’ennui érigé en rempart.

 

Portée par l’âpreté d’un cinglant cauchemar

Qui creuse un puits cruel à la noirceur immense,

J’erre dans le désert de ma désespérance

Sous l’œil indifférent d’un vieux soleil blafard.

 

J’appelle l’avenir à briser le silence

Qui drape de pudeur mes sombres défaillances,

Afin de préparer mon funèbre départ.

 

Quand un amer crachin lave mes réticences,

J’offre mon corps déchu au palpitant poignard

Dont la lame glacée déchire le brouillard.

 

                                                                                                                    




 

Visage osseux

 

 

Pâleur crayeuse,

Constellée de rougeurs éparses,

Issues de grattages nonchalants.

 

Corps sec, tendu comme un arc

Sur les os épais, lourds et saillants.

 

Sur le visage osseux en lame de couteau,

Le lacis des veines apparaît sous la peau.

 

Le cheveu châtain, rebelle, se répand

En mèches incertaines

Sur le front droit, lisse et austère.

Le nez arbore fièrement sur son arête

Une bosse incongrue,

Stigmate d’un accident lointain.

 

Les sourcils dociles

S’allongent calmement

Sur les paupières fines,

Ornées de cils veloutés et habiles

Qui dansent un ballet délicat

Sur les lacs étales des yeux noisette.

 

La bouche étire ses lèvres pulpeuses, vermeilles,

Aux contours volontaires et gourmands,

Jusqu’aux commissures discrètement plissées

En un rictus amer.

 

La mâchoire grince, se crispe,

Ancrée sur le menton oblong,

Contractée sur un refus préconçu, tranchant,

Démenti par la finesse gracieuse du cou

Qui se dresse doucement

Pour cueillir une caresse timide,

Un baiser rapide.

 

                                                                                                                   

 



Vertiges lascifs

 

 

Impatiente,

J’attends,

Le cœur radieux

Comme le printemps.

 

Je lècherai le lait

De tes blessures.

Je délierai les chaînes

De tes réticences secrètes.

Je lirai le récit de tes cicatrices amères.

Je déchirerai le voile obscur

De ta pudeur sibylline.

Je percerai tes peurs silencieuses.

 

J’inventerai l’alchimie soyeuse

De nos vertiges lascifs.

Je creuserai des puits de joie

Sur ta peau incendiée,

Tendue vers l’infini de tes plaisirs.

Mes lèvres affamées

Cueilleront les perles de sueur

De ton ventre incandescent.

Ma langue avide dansera

Le ballet frénétique

De nos désirs mêlés

Sur ton corps enflammé,

Jusqu’au jaillissement fertile

De tes soupirs extatiques.

 

                                                                                                                    

 



Briser mon calvaire

 

 

J’avance à pas menus sur le chemin sévère

De ma vie constellée de tourments vigoureux

Qui jouent à mon oreille un hymne ténébreux

Dont les notes glacées exaltent ma misère.

 

Depuis que je suis née, les jours crépusculaires

Défilent sans répit dans mon cœur malheureux,

Accordé à l’ennui que les faubourgs ombreux

Déversent jusqu’au fond de mon corps solitaire.

 

Dans le désert obscur de mon sort désastreux,

L’ombre de l’avenir au visage cireux

Se répand en sanglots de tristesse polaire.

 

Puisque ma destinée joue mon esprit peureux

Aux dés du désespoir où meurent mes chimères,

J’exhorte le néant à briser mon calvaire.

 

                                                                                                                  


 


Vampire assoiffé

 

 

Sorti de son caveau dans un bruit de métal,

Le vampire assoiffé, armé de lourdes chaînes,

Drapé dans son manteau de cruauté obscène,

Harcèle les passants à l’orée du canal.

 

Précédé par l’éclat de son rire infernal,

Porté par son désir de viande fraîche humaine,

Il traque un vagabond dont l’odeur de gangrène

Déclenche dans son être un dégoût viscéral.

 

Guidé par la fureur de sa faim souveraine,

Il hante la cité dont l’horrible oxygène

Menace la vigueur de son corps sépulcral.

 

Quand un froid ténébreux s’infiltre dans ses veines,

Il mord à pleines dents un touriste banal

Avant d’aller danser au royaume du mal.

 

                                        
                                                                            

 

Voile de silence

 

 

Le voile de silence entourant tes secrets

Attise mon désir à tel point que j’exhorte

Mon sourire à ouvrir de ton âme la porte

Au battant plus épais qu’une immense forêt.

 

Prise dans les filets de tes nobles attraits,

Je sculpte un puits de joie dans tes illusions mortes.

Je cultive un jardin dont la beauté conforte

Ton esprit dévasté, obscur comme un marais.

 

Je compose un refrain dont les notes subtiles

Abattent les remparts de ton âme fébrile

Dans une frénésie de bonheur insolent.

 

Quand l’étang de tes yeux accroche mon visage,

J’offre à ton cœur meurtri mes sentiments brûlants

Afin de te guider vers mon radieux rivage.

 

                                                                                                                    

 


Figures géométriques

 

 

Géométrie, déploie tes joyeuses figures.

Cercle, roi de l’ennui, au terme indéfini,

Tes points, jumeaux serrés, définissent le nid

Où ton centre s’inscrit, loin de ta quadrature.

 

Triangle, étire-toi, allonge ta stature.

Du haut de ton sommet qui donne le tournis,

Étends tes traits pentus vers tes angles unis

Par ta base où s’élève ardemment ta structure.

 

Rectangle, deux à deux s’alignent tes côtés

Comme ceux d’un carré que des calculs ratés

Forceraient à former une étendue rebelle.

 

Droite, tranche gaiement l’espace traversé

En deux mondes disjoints dont ta ligne cruelle

Contraindra l’harmonie à s’écrire au passé.

 

                                                                                                                       





Visage oblong

 

 

Sur son visage oblong qu’un soleil monotone

Éclaire doucement d’un rayon langoureux,

J’aperçois un rivage au sable chaleureux

Que caresse un zéphyr aux portes de l’automne.

 

Je devine un pays où des chansons résonnent,

Accordées à la joie des jeunes amoureux

Échangeant à mi-voix des serments liquoreux

Sous des arbres charmants dont les branchent frissonnent.

 

Plongée dans les reflets du lac de son regard,

Je me mêle au ballet des fleurs de nénuphar

Assemblées en tableau aux couleurs éclatantes.

 

Guidée par son parfum attisant mon désir,

Je cueille des baisers sur sa lèvre tremblante

Dont le tendre velours embrase l’avenir.

 

                                                                                                                  

 

Sœur rêvée

 

 

Le désir silencieux et poignant d’une sœur

Qui saurait m’apaiser par son gracieux sourire,

M’apprendrait patiemment à lire et à écrire,

Palpite chaque jour dans le fond de mon cœur.

 

Elle m’inventerait un monde de douceur,

M’emmènerait le soir sur son précieux navire

Découvrir les secrets d’un merveilleux empire

Constellé de jardins aux chatoyantes fleurs.

 

Elle me bercerait pour éteindre mes peines,

Poserait sur ma joue sa main de porcelaine

Afin de m’entraîner vers un calme sommeil.

 

Lorsque j’aurais lesté mon âme de sagesse,

J’écrirais un sonnet invitant le soleil

À darder sur ma sœur ses rayons de tendresse.

 

                                                                                                                    


 

Consume ton chagrin

 

 

N’espère pas qu’un homme apparaisse à ta porte

Afin de fracturer le verrou de ton cœur.

Saisis dès à présent les rênes du bonheur

Au lieu de t’écrouler comme une feuille morte.

 

Écoute les conseils de l’ami qui t’exhorte

À cueillir aujourd’hui les perles de douceur

Qu’il t’offre tendrement pour effacer tes pleurs

Pendant que son regard calmement te conforte.

 

Dans l’écrin chaleureux de ton radieux jardin,

Laisse-toi envahir par le plaisir soudain

Q’un parfum enivrant insuffle dans ton âme.

 

Pour retrouver bientôt ta confiance d’enfant,

Consume ton chagrin dans les joyeuses flammes

Que darde sur ta peau un soleil triomphant.



 

                                                                                                                       

Escadron ailé

 

 

Ayant bu des barils ce matin, je chancelle

Jusqu’au banc poussiéreux du tranquille jardin

Où je vais m’assoupir dans le petit matin

Avant qu’un gai soleil sur ma peau n’étincelle.

 

Je regarde un pigeon, perché sur la tonnelle,

Lâcher ses excréments sur la chaise en rotin

Qu’occupe un garçonnet dont le rire argentin

Agace un vieux braillant sa soif sempiternelle.

 

Bruyamment précédé par ses cris énervants,

Un bataillon d’oiseaux s’agite dans le vent,

Dans une frénésie de danses saugrenues.

 

Quand l’escadron ailé lâche ses fiers soldats

Sur les trottoirs bondés de la grande avenue,

Je cours participer à cette corrida.

 

                                                                                                                    

 

Aux couleurs de tes envies

 

 

Un jour de déraison,

Elle croisera ta route.

Vos cœurs à l’unisson

Vibreront goutte à goutte.

Elle abrogera tes doutes.

 

Ancrée au centre exact

De tes rêves secrets,

Elle hante tes pensées,

S’invite dans ton avenir,

Condamne ta vie

Vide sans elle.

 

Elle écoute ton silence.

Elle sait le poids de ta solitude.

Elle lèche le poison

De tes insomnies.

Elle peint l’horizon

Aux couleurs de tes envies.


 

 

 

 

 

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