PATRICIA GUENOT

Fausse note

 Le Printemps

Mon Album de Photo

Les Portes de la Nuit

Départ Joyeux

Tumulte

Flânerie matinale

Photos d'autrefois

Départ Solitaire

La Maison de mon Enfance

Apparition Féerique

Dérive

Rêveries Nocturnes

Réconfort Nocturne

Regrets

Pierres

Voyage Céleste

Jardin de rêves

Promenade Céleste

Nuages

Perles de Bonheur

Déceptions

Bohémienne

Prémices

Volutes

Le Néant

Sagesse

Plaisirs Futurs

Dernier Souffle

Contrastes

L'Empreinte des Rêves

Terre blessante

Vengeance Funeste

Avenir Flamboyant

SUITE


 

Avenir flamboyant

Blottie dans mes secrets, j'écoute le silence
Résonner sur les murs pelés par le soleil.
Une voix inconnue murmure des conseils
Doux comme un souvenir surgi de mon enfance.

Au bord de l'inconnu, prudemment je m'avance.
Ma conscience glacée assiste à mon éveil.
Dans le soir revêtu de son voile vermeil,
Je découvre un sentier tapissé d'espérance.

La prison de cristal qui me glaçait d'ennui
Se brise sur le fil du rasoir de la nuit.
Un tourbillon de fleurs ensevelit mes doutes.

La flamme de mon rêve embrase l'avenir,
Des lambeaux de chagrin sanglotent sur la route,
Mon corps blessé renaît, frémissant de désir.





Terre blessante

La terre a déroulé son linceul de tristesse
Qui plonge ses enfants au fond d’un gouffre noir
Dans la région d’Alger transformée en mouroir.
De macabres photos fleurissent dans la presse.

Pour soigner les blessés, des sauveteurs s’empressent.
Ils surmontent leurs peurs pour donner de l’espoir
Aux inconnus mourants qui jonchent les trottoirs.
Ils taisent leur colère et offrent leur tendresse.

Sous le regard cruel de projecteurs puissants
S’embrase un paysage aux effluves de sang,
Un flambeau d’innocence assoiffé de justice.

Notre monde s’indigne et se répand en pleurs
Quand la main du destin dans nos foyers s’immisce
Et jette des humains dans un puits de douleur.

(Sur le tremblement de terre en Algérie 24/05/2003)


Vengeance funeste

Imbu de son pouvoir, l'homme sème la mort.
Nos combats byzantins déchaînent la colère
De l'univers déçu par nos coupables guerres.
Aux cartes du hasard, il lègue notre sort.

Les orgues du destin plaquent de noirs accords
Sur les régions choisies pour apaiser la terre.
Dans son écrin sanglant, l'Algérie désespère,
De puissantes nations promettent du renfort.

Arlequins du néant, nous creusons notre tombe,
Nos oiseaux en acier insultent les colombes,
Notre main homicide assombrit le printemps.

Blessée par nos poignards, la planète se venge,
Jette son voile noir sur l'homme impénitent.
Nous jurons d'adopter la tendresse des anges

(Sur le tremblement de terre en Algérie 24/05/2003)



Fausse note


Libre et le regard droit, il marche au bord de l’eau.
Sourire ou humour noir, la vie lui semble fade.
L’oiseau qui s’envolait en a pris pour son grade,
Tant pis pour sa chanson sur un air de fado.

Dans l’air frais du printemps, il revient du boulot.
Pauvre chanteur de charme, il est resté en rade.
Des notes répétées, quelle sacrée salade,
Voix changée, éraillée, il a perdu ses mots.

Une calme fumée, fleur d’écume, s’envole.
Il ramasse une plume et l’arche dégringole
Dans la boucle infinie de ses désillusions.

Cœur à vif, arraché, déjà son sang s’égoutte.
Toute sa vie s’efface, il paye l’addition.
Il reste un œuf de lump sur le bord de la route.


Votez pour Patricia à l'Anthologie, merci !


Tumulte


La tribu menaçante aux guenilles pendantes
Vient de se mettre en train, comptez vos abattis.
Le chef de l’escadron, un gaillard bien bâti,
Joue avec un couteau à la lame luisante.

Ces voyous font frémir une dame innocente
Qui marche dans le parc en berçant son petit.
Ce tableau ravissant excite l’appétit
De ces garçons bruyants que le désir tourmente.

Leurs sifflements, leurs cris, contrarient Apollon
Qui accroche des nues sous le soleil de plomb.
Des oiseaux étonnés tremblent sous la froidure.

Un tonnerre soudain donne un violent concert,
Glace les estivants comme au cœur de l’hiver.
Les garnements inquiets s’en vont à vive allure.



Apparition féerique


De tes doigts ravissants tu effeuilles des roses,
Souvenir du passé à la teinte outremer.
Mais mon âme est l’objet d’une métamorphose.
Ce matin, j’ai noyé tes mots doux dans la mer.

Tu as brûlé mon cœur par l’ardeur de ta flamme.
De nos émois passés, je suis le naufragé,
Violemment ballotté, emporté par les lames.
Étonné, je découvre un rivage étranger.

Surgie près d’un rocher, une déesse nue
Pose sa blanche main sur mon front et mes yeux,
Chasse de mon esprit joie et déconvenues.

Ému par sa beauté, ses longs cheveux soyeux,
Son regard si brillant qu’il défie les comètes,
Je souris à la fée, la reine de mes fêtes.



Pierres


Cailloux de nos jardins, refuge des vipères,
Demeure des fourmis ou compagnons des fleurs,
Gris, de teinte marron ou d’une autre couleur,
Vous n’avez à nos yeux qu’un attrait secondaire.

Temples de pharaons aux destins exemplaires,
Pyramides dressées affrontant la chaleur,
Vous êtes respectées par nombre d’amateurs,
De notre humanité, vous chantez les mystères.

Soigneusement taillées, de Paris à Moscou,
Dans les maisons de Dieu, vous blessez nos genoux.
Votre calme fraîcheur adoucit notre peine.

Tapies au fond de l’eau, vous défiez les courants.
Les pierres provenant de planètes lointaines
Regrettent la splendeur de leurs précieux parents.



Le printemps

Quand l’azur met son voile rose,
Le chant des oiseaux monte au ciel,
Le blé prend la couleur du miel
Et les étoiles se reposent.

Pour les enfants aux cheveux d’ange,
Le soleil aime s’enflammer.
Dans leur esprit tout embrumé
Dansent des images étranges.

Sous l’aile bleutée du printemps,
Des fleurs au parfum envoûtant
Ouvrent leurs précieuses corolles.

Les feux du muguet, du jasmin,
Les hirondelles qui s’envolent,
Enchantent forêts et chemins.



Flânerie matinale


Je flâne dans les rues, l’esprit dans les nuages.
L’horizon obscurci chante mon désespoir.
Une fille perdue pleure dans son mouchoir.
Ses rêves sont brisés, s’achève son voyage.

Demi et café noir, je varie les breuvages,
Le patron me sourit derrière son comptoir.
J’ai pourtant l’air hagard dans son odieux miroir
Comme si je sortais d’un précieux sarcophage.

J’égrène mon malheur, mon temps n’est pas compté.
D’autres vont travailler, vendre leur liberté.
Pour les encourager, Apollon se réveille.

Pour meubler ma journée, j’achète le journal
Que j’envoie sans tarder au fond de ma corbeille.
Chaque article m’ennuie, le monde est si banal !



Dérive


Vogue galère et vague à l’âme,
J’ai brûlé le Christ et ma foi.
Plus de larmes, vive les flammes,
Je suis un concentré d’effroi.

Au diable la littérature,
Les vers que je n’ai pas appris.
Un ver c’est mieux dans la nature
Que dans un sonnet à Paris.

C’est l’heure d’aller boire un verre,
De fuir les donneurs de leçons.
Pendant que monte ma colère,
Mon regard part vers l’horizon.


Voyage céleste

J'ai voulu aller sur la lune.
La belle étoile était trop loin
Et mes petits pas minuscules.
Je me suis perdue en chemin.

J'ai rencontré une mésange,
Me suis accrochée à son cou.
Là-haut, j'ai caressé un ange,
Il m'a remerciée d'un bisou.

Je suis partie sans ma valise,
Je pensais revenir ce soir.
Une jolie fée m'a conquise,
Je me passerai de peignoir.

Votez pour Patricia à l'Anthologie, merci !


Mon album de photos


Dans mon cher album de photos,
De la joie brille à chaque page.
Un lutin joue de son flûteau
Avec un oiseau de passage.

Tant de souvenirs délicieux,
L’odeur des gâteaux de ma mère,
La tendresse au fond de ses yeux
Le jour de mon anniversaire.

J’ai d’autres bijoux ravissants,
Une jolie boîte à musique,
Un arc-en-ciel incandescent,
Deux vieilles formules magiques.

Quand je le laisse jusqu’au soir,
Mon album esseulé s’attriste.
Son teint coloré vire au noir,
Il montre des vues pour touristes.



Photos d’autrefois

Dans l’album de photos sorti de mon tiroir,
Un parfum de bonheur embaume chaque page.
Le passage du temps a jauni les visages
Sans troubler la gaieté des yeux remplis d’espoir.

Les clichés d’autrefois, portraits en blanc et noir
Apaisent mes tourments, me convient au voyage.
Libérée du présent, de ma vie triste et sage,
Je pars dans le passé avec joie tous les soirs.

Un garçon me faisait de tendres confidences,
Ces serments de papier me redonnent confiance.
Je souris à ma mère, à mes doux souvenirs.

Les enfants étaient fiers sur les photos de classe.
Nos regards décidés, nos rêves de partir,
Sont devenus chimère ornée de dédicaces.



Jardin de rêve


Je passe mes journées devant un triste écran.
J’attends impatiemment le début des vacances.
Je rêve d’inconnu, d’un paysage immense,
De rivages peuplés de joyeux cormorans.

Le soleil a brûlé le fardeau encombrant
Du travail quotidien et mon esprit s’élance
Vers de douces soirées, de mystérieuses danses,
Un parfum d’autrefois au rythme différent.

Je me laisse entraîner au gré de ces images
Dans un vaste jardin, terme de mon voyage.
Il vient à mon esprit quand je ferme les yeux.

Dans mon vert paradis, je flâne et me repose.
Ma peau est caressée par les grands doigts soyeux
D’un vent tiède et chargé de pétales de roses.


Rêveries nocturnes


Dans le fond de mon cœur poussent de tendres roses.
Leur parfum délicat, subtil et enivrant
Me donne l’énergie d’affronter les courants
Du fleuve des chagrins en rameur virtuose.

Mon esprit impatient ne connaît pas de pause.
Il me fait retrouver mes défunts grands-parents,
Me montre un paradis sur un mythique écran
Et me ramène au temps de mes leçons de choses.

Mon imagination aime aussi le futur
Et m’emmène le soir à l’assaut de l’azur
Sur l’aile d’un oiseau, vers un croissant de lune.

Je passe un grand moment sur l’astre de la nuit
Avant de revenir vers une vie commune.
Ma rêverie nocturne a chassé mes ennuis.



Les portes de la nuit


Un espace infini, un labyrinthe noir,
Me tiennent compagnie quand le sommeil s’approche.
Le silence est troublé par de lointaines cloches.
Mon corps devenu lourd ne peut plus se mouvoir.

La clarté de la lune égaye mon miroir,
Caresse mon visage, illumine ma broche.
Mon chat fixe sa proie, ma précieuse sacoche,
Ce félin s’enhardit à la tombée du soir.

Je commence à sombrer, ma volonté s’efface.
Au réveil, ma gaieté retrouvera sa place,
Mes ennuis exilés sur l’aile d’un zéphyr.

Dès que je m’assoupis, paraissent des images.
Je n’en garde jamais le moindre souvenir,
Mon rêve disparaît comme un oiseau sauvage.



Départ solitaire


Je ne crains pas la faux ni son aile brillante.
J’attends les yeux ouverts que m’emporte la mort.
Le vide en mon esprit, la lourdeur de mon corps,
Annoncent mon départ, la fin de ma tourmente.

L’épreuve est terminée, commence ma descente.
J’ai vécu solitaire et m’en vais sans remords.
Je sombre lentement dans l’oubli sans effort.
Cette vie m’ennuyait et le néant m’enchante.

Dans ce monde brutal, je ne crois pas en Dieu.
Il n‘aurait pas permis des attentats odieux
Qui tuent des innocents et brisent des familles.

Avant de m’enfoncer, une blessure au cœur
Me rappelle un amour, une charmante fille.
Depuis qu’elle est partie, je pleure sa douceur.



Réconfort naturel


Je suis seule aujourd’hui pour mon anniversaire.
Je n’ai que mon reflet dans mon triste miroir.
Ma vie est devenue un lugubre couloir.
Mon corps tremble de froid dans ce climat polaire.

Au lieu de ruminer ce qui me désespère,
Je contemple le ciel et me laisse émouvoir
Par la mort d’un nuage achevant de pleuvoir
En perles de douceur que le soleil éclaire.

Les jardins et les bois enchantent mon esprit.
L’ombre de la forêt offre un précieux abri,
Les animaux craintifs lentement se dévoilent.

Dans ce monde secret, j’aime me prélasser.
Quand Apollon s’enfuit, s’allument des étoiles,
L’astre de nuit rayonne et m’invite à danser.



Promenade céleste


Pour lutter contre la tristesse,
J’appelle un ami magicien.
Il m’offre une jolie déesse,
Un bouquet de fleurs et un chien.

D’un coup de baguette magique,
Il nous emmène dans les cieux.
Le vent nous chante sa musique
Au rythme entraînant et joyeux.

Le crépuscule étend ses voiles,
Le berceau des oiseaux de nuit.
Je danse au milieu des étoiles
Avec tous mes nouveaux amis.



Départ joyeux


Je ne supporte plus le vacarme violent
Qui s’empare de moi et tourmente mon âme.
Je rêve d’un étang dont les ondes s’étament,
De marcher au hasard de mes pas nonchalants.

J’aimerais m’envoler sur un nuage blanc,
Caresser le soleil, me nourrir de ses flammes,
De mon bonheur passé retrouver le sésame,
Oublier le chagrin qui brise mon élan.

Je suis un funambule et le vide m’attire.
Dans ce monde brutal, j’ai perdu le sourire.
Je ne résiste plus à l’appel de la mort.

Je glisse lentement sur une douce pente.
Je découvre ce soir un merveilleux décor,
Un au-delà troublant dont les bijoux m’enchantent.



La maison de mon enfance


J’ai voulu m’abreuver au ruisseau de l’enfance,
Retourner au pays des souvenirs joyeux.
Je garde au fond du cœur l’image de ces lieux
Comme un porte-bonheur éloignant la souffrance.

J’ai revu le jardin, le peuplier qui lance
Son feuillage agité et taquine les cieux.
Entrer dans la maison a fait briller mes yeux,
J’ai senti près de moi une tendre présence.

Le mobilier rustique et des parfums légers
Évoquaient mes parents, nos repas partagés,
Les parties de tarot chaque soir en famille.

Avant de m’éloigner, j’ai repris mes esprits.
J’ai cueilli dans la cour un bouquet de jonquilles,
Un rayon de soleil emporté à Paris.



Regrets


Je n’ai pas profité de son amour sincère.
Je ne lui consacrais que de furtifs instants.
Mon travail quotidien était si important
Que même mes parents devenaient secondaires.

J’admirais sa douceur, son joyeux caractère.
Elle m’a dévoilé les charmes du printemps,
M’a parlé des oiseaux, des forêts, des étangs,
De la vie d’ici-bas, précieuse et éphémère.

Je suis seule à présent, livrée à mon chagrin.
Je pleure sur le quai en attendant le train.
Je ne verrai ce soir qu’un visage immobile.

Sa peau de parchemin me déchire le cœur.
Elle s’est envolée vers un monde tranquille.
Ma mère est enterrée pour mon plus grand malheur.



Nuages


En toutes les saisons, ils passent dans les cieux.
Pourchassés par le vent, ils fuient à tire-d’aile.
Sous le soleil brûlant, leur blancheur étincelle.
Nuages de coton, vous enchantez les dieux.

Quand Apollon s’en va briller pour d’autres yeux,
Ils rougeoient dans l’azur, de leurs cris ils appellent
La lune et sa clarté pour que la nuit soit belle,
Spectateurs silencieux, ils ondulent joyeux.

Certains meurent chez nous en perles minuscules,
Caresses sur la peau les jours de canicule
Ou froids bijoux poudreux en plein cœur de l’hiver.

Courageux voyageurs venus du bout du monde,
Ensemble ou isolés, vous parcourez l’éther,
Mais pleurez bruyamment dès que la foudre gronde.



Perles de bonheur

Pour les jours où je broie du noir,
Je garde chez moi des richesses
Qui me dispensent de mouchoir,
Cadeaux d’une jolie déesse.

Des fleurs au parfum enivrant,
Un éclat d’étoile polaire,
Une chanson à quatre temps,
Font partie de mon inventaire.

J’ai un animal fabuleux,
Quatre samedis par semaine,
Un pinceau qui fait le ciel bleu,
Des larmes d’une mer lointaine.



Déceptions

Je me croyais promise à un futur radieux.
J’espérais voyager, découvrir la planète,
Transformer chaque jour en éclatante fête,
Oublier à jamais mon passé ennuyeux.

J’ai vogué sur les mers et traversé les cieux.
Dans de lointains pays, j’ai croisé des prophètes,
Des musiciens connus jouant de la trompette.
Toutes ces nouveautés émerveillaient mes yeux.

Parcourir l’univers m’a enrichi l’esprit.
Quand je suis revenue dans mon pays fleuri,
Mes parents fatigués m’ont reçue en silence.

J’ai revu le ruisseau, la forêt, les chemins.
Je pensais retrouver mes compagnons d’enfance.
Au lieu de m’embrasser, ils m’ont serré la main.



Bohémienne


J’allais au gré du vent pour chasser mes pensées,
Mes rêves d’autrefois, mon désespoir banal.
J’errais sur les trottoirs dans ce quartier brutal.
Ciel ! Quelle tentation, ces fées bien balancées !

Je marchais dans la nuit sans crainte des voyous,
Certaine de pouvoir les semer à la course.
Fille de vignerons, je fuyais l’eau de source.
J’aurais vendu mon âme afin de boire un coup.

Assise dans un bar, j’assassinais mes doutes.
Aux sentiments d’amour, je ne comprenais goutte,
Les hommes dans ma vie passaient en visiteurs.

Nos ébats vigoureux avaient goût de plastique.
Ils s’endormaient heureux de leurs exploits physiques,
M’enlaçant fermement dans leurs bras de vainqueurs.



Prémices


Ton regard ténébreux et ta voix de cristal
Ont vaincu ma raison, timide, je t’invite
Par un billet discret, quatre lignes écrites,
À venir avec moi marcher près du canal.

Mes émotions cachées dans un coffre en métal,
Moi, fier adolescent que déjà tout irrite,
Je dois te conquérir, te prouver mon mérite,
T’approcher doucement comme un jeune animal.

Aimons-nous maintenant. Non, ce n’est pas trop vite
Pour mon corps animé d’un élan infernal.
Je déchiffre tes yeux, ils me jugent brutal.

Du manège amoureux, étranges sont les rites.
Pour charmer mon amie, je serai donc banal,
Je n’épargnerai pas les serments hypocrites.


Volutes


Je vis assis chez moi, dans un sombre quartier,
La peau grise et marbrée d’innombrables brûlures.
Les cendres de ma vie finissent dans l’évier.
J’ai toujours un mégot près de la commissure.

Comme l’envol joyeux de jeunes éperviers,
La fumée que j’inhale apaise mes blessures.
L’instant suivant, roi mat sur un triste échiquier,
Je rêve de m’enfuir par un trou de serrure.

Quand le bout de mes doigts prend la couleur du foin,
Que mon corps épuisé menace de syncope,
J’en allume encore une et la fume avec soin.

Tant pis si mes poumons font peur au stéthoscope,
Sur un nuage bleu, je partirai très loin.
Pourvu que l’au-delà autorise les clopes !



Le néant


Mon corps est léger, une plume, une pure douleur, une abstraction en bordure du néant.
Pourtant, il laisse son empreinte dans mon lit, alors que mon lit, qui a plus d’existence que moi, devrait s’imprimer sur ma peau.
Je n’ai pas d’épaisseur. Je me lève, je bois un verre d’eau pour peser au moins le poids du liquide que j’absorbe, mais c’est peine perdue, l’eau ingérée perd toute réalité, engloutie dans ma vacuité, et le verre a plus de poids que moi.
Je ne suis que la conscience de mon absence, le vide absolu, le néant, rien.



Sagesse


Maintenant je pardonne à la funeste erreur
Qui m’a fait tant pleurer quand j’écrivais ces pages.
Cette vaine obsession m’a valu des outrages.
Je ne comprenais pas qu’on raille mon labeur.

Désormais apaisée, je lis avec douceur
Les sonnets composés depuis mon plus jeune âge
Avant de m’envoler pour mon dernier voyage.
La compagnie des mots éloigne les docteurs.

Mes vers n’ont pas connu les faveurs de la presse,
Mais ils seront demain mon bâton de vieillesse,
Mes perles de bonheur, ma douce floraison.

S’ils me firent lutter contre des gens hostiles,
Ils sauront enchanter mon triste domicile,
Ils mettront de la joie dans ma froide raison.


Plaisirs futurs


Lorsque je sourirai, apaisée et heureuse,
Au lieu de composer du matin jusqu’au soir,
Lorsque je laisserai mon écran dans le noir,
Oubliant le mépris, les âmes querelleuses,

Quand les mots quitteront mes pages paresseuses,
Que je verrai s’enfuir mes perles de savoir,
Quand le fleuve du temps noiera mon désespoir,
Que je n’écrirai plus ces lignes malheureuses,

Mon calme surprenant réjouira mes amis
(Ravis que mes sonnets soient exclus de nos fêtes),
Nous jouerons au tarot, au poker, au rami.

Ils diront : « A quoi sert d’écrire des sornettes
Au lieu de profiter de la vie sans effort,
Le plaisir immédiat n’est-il pas le plus fort ? »

 

Dernier souffle


Ayez pitié de moi, pardonnez mon absence.
Ci-gît mon désespoir, mes rêves incertains.
Le berceau de mes peurs s'est jeté ce matin
Au fond d'un puits profond pour noyer mes souffrances.

Comme un oiseau blessé, je pleure et je m'élance
Vers l'azur chagriné sur l'aile du destin.
L'haleine du printemps, un murmure lointain,
M'éloignent du pays des souvenirs d'enfance.

La noirceur de mon âme épuise le soleil.
Attristé, il revêt son habit de vermeil.
Dans ce fragile écrin, vaincue, je m'abandonne.

Mon esprit s'évapore en me baignant les yeux.
L'abîme d'un tombeau à face de Gorgone
Enveloppe mon corps dans un tissu soyeux.

 

Contrastes

 Schizophrénie,
Les images devant moi se dédoublent,
Tranchées net par la guillotine de mes doutes.
Harmonie d’un village de pierre,
Hommage silencieux aux ombres du passé,
Perle de sagesse
Dans un écrin de calme beauté champêtre.
Impudeur d’un désespoir brutal,
Des cadavres de pneus allongés
Dans un pré,
Des guenilles offertes au vent,
Lambeaux d’une improbable lessive de misère.

Au fil de mes errances
S’écrivent mes poèmes,
Une pincée d’espoir,
Un soupçon de cafard,
Palette d’émotions
Qui nourrissent mon cœur.
Amnésique de la joie,
Je sculpte mon effroi.
L’autopsie de mon âme
Libère un bouquet de flammes
Qui réchauffent ma plume
Et font danser mes phrases.

 

L’empreinte des rêves

  Le reflet de mon âme assombrit le miroir
Comme un voile funèbre imposant le silence.
Frénétique et tremblant, un souvenir d’enfance
Forme une image bleue plus glacée qu’un rasoir. 

Un visage oublié s’éclaire dans le soir.
Devant mes yeux mouillés, impatient, il s’avance.
Mon destin reconnaît l’empreinte de la chance,
Un bouquet de désirs illuminés d’espoir. 

De mon cœur enflammé monte une joie profonde.
Mon sang déferle en moi comme une mer qui gronde,
Un étalon fougueux caressant l’horizon.

Légers et cristallins, mes rêves se prolongent.
Passé et avenir mélangent leurs saisons,
Je bâtis mon bonheur en habitant mes songes.


Plaisir du vin

 Un élixir vermeil, maître de mes voyages,
Allume dans mes yeux d’éclatantes couleurs.
Il délasse mon corps et réchauffe mon cœur.
Mon tendre ami, le vin, illumine mes pages. 

De mon précieux flacon, le soleil mis en cage,
Se déferle un ruisseau en larmes de bonheur,
Soyeux velours sanglant qui inonde mes pleurs,
Efface mes chagrins et m’exhorte au courage.

Le parfum d’une fleur, la douceur d’un regard,
Des photos du passé retrouvées par hasard,
Se noient dans mon esprit à l’aube de l’ivresse.

Ce nectar me pénètre et coule sous ma peau.
Il m’apporte la joie, détruit ce qui m’oppresse,
Dans son divin berceau, je trouve le repos.

 

Monologue

 Au pays de l’oubli, mes souvenirs s’effacent,
Vers le ciel dépouillé s’envolent mes remords.
Je berce mon chagrin sur la grève du port,
Dans le miroir liquide, un ange me pourchasse.

L’avenir s’évanouit comme un rêve fugace.
Sous les yeux de la nuit s’adoucit le décor.
En ce factice écrin, mon désespoir s’endort.
Rassurée, je souris au silence de glace.

La brume échevelée déroule son linceul.
Dans la ville engourdie, mon esprit danse seul
Au rythme lancinant de ceux que rien ne presse.

Un éclair intérieur déchire mon regard.
Un abîme infini me chante ses promesses,
Soliloque tremblant de mots pris au hasard.

 

Dernier souffle 

Ayez pitié de moi, pardonnez mon absence.
Ci-gît mon désespoir, mes rêves incertains.
Le berceau de mes peurs s’est jeté ce matin
Au fond d’un puits profond pour noyer mes souffrances. 

Comme un oiseau blessé, je pleure et je m’élance
Vers l’azur chagriné sur l’aile du destin.
L’haleine du printemps, un murmure lointain,
M’éloignent du pays des souvenirs d’enfance. 

La noirceur de mon âme épuise le soleil.
Attristé, il revêt son habit de vermeil.
Dans ce fragile écrin, vaincue, je m’abandonne. 

Mon esprit s’évapore en me baignant les yeux.
L’abîme d’un tombeau à face de Gorgone
Enveloppe mon corps dans un tissu soyeux.

 

Apocalypse

Au fond d’un ciel chargé de tristesse opaline,
Ivre de solitude, un nuage grandit,
Palpite en déroulant son subtil organdi
Sous l’éclat d’une lune esseulée et chagrine. 

Un silence d’onyx dans la nuit cristalline,
Regrettant la douceur d’un ancien paradis,
S’égoutte sans plaisir dans les esprits maudits,
Efface chaque mot de sa main assassine. 

L’horizon se dissout au centre du hasard
Dans un dernier rictus plus glacé plus poignard.
Le jardin étonné se révèle une tombe.

Dans les corps désertés se déchire le temps
Aux arêtes du mal et l’avenir succombe,
L’espace s’abandonne au néant qui l’attend.



La fuite du temps
 

Le temps se meurt d’ennui dans l’urgence des villes,
Le désespoir des jours envahit les trottoirs.
Des larmes de lumière éclosent chaque soir
Dans les yeux silencieux des mornes domiciles.

Un bouquet d’illusions dans un vase d’argile
Se fane tristement sur le fil du savoir.
L’empreinte des regrets revêt son habit noir
Avant de s’effondrer, sinistre et inutile.

Au puits de la folie s’abreuvent les esprits.
Loin du destin brisé, le hasard se nourrit
De ténébreux désirs et de rêves étranges.

L’ombre des souvenirs se déchire en sanglots,
Tremblant ruisseau soyeux comme une plume d’ange
Sur l’horizon sanglant qui s’éloigne au galop.

 

Chemin funeste 

Mon âme épouvantée au fond de mon vieux corps
Se consume en sanglots dans sa froide cellule,
Brûle son désespoir dans l’or du crépuscule.
Mon avenir déçu s’apitoie sur mon sort.

J’accroche mon malheur au centre du décor
Brouillé par l’ironie des doigts de la pendule
Qui place mon destin sur un fil minuscule,
Un chemin irritant jusqu’au seuil de la mort. 

Un océan de nuit ensevelit mes doutes.
Des éclats cristallins illuminent ma route,
Guident mon sang tremblant vers un lointain mystère.

Le reflet du passé efface ses couleurs.
La main de l’infini m’emporte dans ses serres
Vers l’horizon cruel où se glacent mes pleurs.


Le jardin de l’espoir 

Le jardin de l’espoir darde ses tendres flammes.
Son manteau chatoyant décoré de vermeil
Caresse les regards et réchauffe les âmes.
Dans cet écrin soyeux s’évanouissent les drames,

Les cauchemars brûlants qui blessent le sommeil,
Les sombres souvenirs surgis dès le réveil.
Le glaive de la peur s’égorge avec sa lame. 

Au cœur de ce cristal, le doute s’abolit.
Les visages sourient sur les portraits pâlis,
Des images d’enfance inondent les mémoires. 

Ce berceau s’aventure au seuil de l’éternel.
Un voile de douceur orne son territoire,
Promesse d’harmonie loin du passé cruel.


Désarroi poétique 

Dieu, l’état, les poètes
C’est la même mascarade,
L’indécence d’une beauté de façade.
Au fil des années,
L’homme courbe la tête
Et rêve plus petit
Mais c’est toujours trop haut,
Inaccessible.

Je collectionne les mots
Et les ruses pour m’en servir
Mais je n’ai plus envie de dire
L’indicible. 

Le vide m’étouffe de l’intérieur
Sur le lit des larmes
Qui coulent dans mon cœur.
Plus légère que l’ombre d’une aile,
Je succombe, épuisée par le vacarme
Du cristal de désespoir éternel,
Cette boule de calme tristesse
Poussée dans mon ventre, à l’abri,
En cachette.
Ce crabe grandit
Et m’oppresse
Jusqu’à épouser
L’intérieur de ma silhouette
Pour me faire éclater
En lambeaux de poésie
Lancés vers l’infini.

Chant d’espoir 

Au pays de l’amer, le bonheur s’assombrit.
Du firmament descend un messager lunaire,
L’ange du désespoir à l’allure sévère.
Son visage glacé s’éclaire de mépris.
   
Sous la main du hasard, le quotidien s’écrit,
Les cartes retournées, persiste le mystère.
Le silence aboli par un bruit de tonnerre
Éclate violemment en ineffables cris.

Le spectre du futur aux aiguilles d’ivoire
Tricote les récits qui composent l’histoire
Au bord d’un ciel blessé, rouge à faire pleurer. 

Un espoir inconnu débordant de promesses
Chante pour le destin son désir libéré
Sous le soleil dardant ses premières caresses.

 

Patricia Guenot

guenot-patricia@wanadoo.fr


 

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