A grand'mère
Grand'mère, toi qui naguère
Était si fière d'un petit-fils,
Toi qui fus la première,
Après ma mère, douce et jolie,
A bercer ma jeunesse
D'une tendresse sans nostalgie,
Grand'mère, tu m'es si chère
Que ma prière te sanctifie.
Grand'mère, sans partenaire,
Si solitaire dans tes vieux jours,
Tu portes la lumière
Dans tes yeux clairs remplis d'amour.
Tu exhales à la ronde
Ce que le monde oublie souvent :
Tu es la messagère
Qui nous rattache au bon vieux temps.
Grand'mère tu es partie
Bien loin d'ici, au Paradis,
Pour y chercher grand-père
Ton vieux compère, ton favori.
Là-haut, dans le silence,
T'auras la chance d'y retrouver
Ceux qui par conséquence
De leur absence t'ont tant manquée.
Grand'mère, une prière
Simple et sincère j'ai adressée
A celui qui, au ciel,
D'un grand coup d'aile t'a enlevée.
Qu'importe que ta tombe
Par les herbes soit étouffée
Si dans mon cour peut vivre
Ton souvenir pur et sacré.
Les saisons
(Fox-trot)
Paroles et musique Jack Harris
C'est une petite fleur
Trouvée au bord d'un fossé
Qu'un beau jour, qu'un beau jour
J'ai ramassée,
Et cette petite fleur
Qui était abandonnée
Se serra sur mon cour
Sur mon cour un soir d'été.
Ah! Quelle est belle la vie
Qui est faite de chansons
Quelle est belle mon ami
Quand vient le temps des moissons,
Que le soleil est si chaud
Qu'on doit pour le supporter
Rechercher les ruisseaux
Ou l'ombrage d'un fourré.
Elle est d'venue plus jolie
Car elle s'est épanouie
La p'tite fleur que mon cour
Un jour avait recueillie,
Pourtant au fil du temps
Je compris qu'avant longtemps
Elle devrait me quitter
Sans que je puisse l'empêcher.
Ah! Comme l'automne est doux
Quand les arbres sont tout roux,
Quand on éprouve des vents
La fraîcheur du moment,
Puis c'est l'instant des tempêtes
Qui fait croire à la défaite
C'est le départ des oiseaux
Sous des cieux un peu plus chauds.
Par un soir de grand malheur
Je l'ai retrouvée fanée
Cette fleur, cette fleur,
Cette fleur qui m'a comblée
En m'apportant de la joie,
Du bonheur, de la gaieté,
Je l'ai retrouvée, ma foi,
Complètement desséchée.
Comme elle est triste la vie
Lorsque nous n'avons plus rien,
Quand la neige de l'hiver
Vient recouvrir les chemins,
Quand souffle le vent glacé
Nous nous sentons prisonniers
Autour de la cheminée
Assis pour nous réchauffer.
Mais il reviendra l'espoir,
Il viendra un beau matin
Repoussant dans nos mémoires
Nos ennuis et nos chagrins,
Fini le temps des rigueurs
Et des moments d'oppression,
Chacun doit laisser son cour
Vivre au rythme des saisons.
Ah! Quelle est belle la vie
Quant apparaît le printemps,
C'est la fleur qui s'épanouit
C'est la chanson du torrent,
C'est la nature qui s'éveille,
La complainte de l'oiseau,
Et c'est l'instant sans pareil
De l'homme près du berceau.
L'amour et l'enfant
Paroles et musique Jack Harris
L'homme
Tu vois, ma petite enfant,
Pour ton papa et ta maman
Tu es comme un soleil qui brille,
Qui réchauffe notre famille,
Tu es la chaleur et l'amour
Qui illuminent tous nos jours
Chassant nos chagrins, nos souffrances
Tu es la fleur de l'espérance.
Mais quand je songe qu'il faudra
Que tu échappes à nos bras
Je sens mon cour se briser
Et j'ai bien envie de pleurer.
L'enfant
Ô toi, papa ! Ô toi, maman !
C'est vrai, je ne suis qu'une enfant
Et ne comprends pas cette peine
Dans laquelle je vous entraîne,
Parfois je ne suis pas très sage
Cela est permis à mon âge,
Il ne faut pas trop m'en vouloir
Je ne veux pas vous décevoir
Vous m'avez toujours protégée
Et vous m'êtes si dévoués
Si je suis pour vous un problème
Soyez certains que je vous aime.
L'homme
Nous ne doutons pas de cela
Mais nous savons qu'un jour viendra
Où tu quitteras la maison
Partant pour un autre horizon,
Sans toi nous verrons s'installer
Pour finir nos pauvres années
L'ingrate et triste solitude
Qui deviendra une habitude
Car c'est le cycle de la vie
Toi-même, ainsi que ton mari,
Lorsque vous aurez des enfants
Vous les perdrez, devenus grands.
L'enfant
Puisque cela doit arriver
Je veux encore plus vous aimer
Avant qu'arrive l'échéance
Qui causera votre souffrance
Mais il n'y faut plus y penser
Et entièrement profiter
Du temps qu'il nous reste, ô papa!
Serre-moi très fort dans tes bras.
Épitaphe
Me sera-t-il donné de recevoir un jour
La consécration de mes nombreux efforts ?
Puis-je oser espérer que ma foi, mon amour,
Connaîtront le succès avant le Champ des Morts ?
Qu’importe les malheurs que j’eus dans ma jeunesse
Si je peux croire encore à cette unique chance,
La gloire qui viendra me comblera d’ivresse
Mais ne livrera point mon cœur à la vengeance.
J’aspire que ma vie soit faite de bonté,
Qu’il n’y ait pas en moi la moindre cruauté,
Qu’en mon âme ne soit ni haine, ni violence
Pour venir entacher tant soit peu mon esprit,
Je veux que sur ma tombe, enfin, puisse être inscrit :
"Ici gît un poète, respectez son silence."
Le dernier
verre
C’était un
prisonnier,
Un condamné à mort,
Il était condamné
A un bien triste sort
Pour avoir trucidé
Son ivrogne de femme
Lui ayant refusé
En le traitant d’infâme
Un verre, le dernier,
Tout en lui prétextant
Qu’il n’avait qu’à siffler
Un verre de dissolvant.
C’était un prisonnier,
Un condamné à mort,
On vint lui apporter
Un peu de réconfort
Car l’heure était venue
D’accomplir la sentence,
L’avocat tout ému
Avoua que par chance
Il était assuré
Après l’absolution,
Qu’il lui serait donnée
Une compensation.
C’était un prisonnier,
Un condamné à mort,
Et l’on vint le chercher
Le matin de sa mort.
Mais avant de mourir
On exauça son vœu
Celui de lui servir
Un verre de vin mousseux.
Mais gonflé par les bulles
Soudain il s’envola,
Le bourreau ridicule
Resté seul en pleura.
Quand je serai fantôme
Quand je serai fantôme je m’en viendrai la nuit
Surveiller ton sommeil. Auprès de notre lit
Je pourrai m’installer dans le large fauteuil
Ou simplement rester, debout, devant le seuil.
Quand je serai fantôme, je viendrai pour savoir
Si ton cœur est joyeux ou plein de désespoir;
Si tu m’as oublié ou si, toujours fidèle,
Tu refuses l’idée qu’un amant t’ensorcelle.
Quand je serai fantôme, je laisserai mes mains
Courir sur ton corps chaud tandis que toi, soudain,
Tu t’offriras ardente aux caresses lascives
T’imaginant la proie de pensées suggestives.
Quand je serai fantôme, je viendrai te parler
Mais tu reposeras sur ton grand oreiller
Et, pour ne pas troubler ton besoin de quiétude,
Je devrai m’efforcer de changer d’attitude.
Quand je serai fantôme je reviendrai le soir ;
Si dans l’obscurité tu parviens à me voir
Ne t’effraie surtout pas, profite de l’aubaine,
Car, quoique plus ici, tu sauras que je t’aime.
Le ver de terre
C’était un pauvre ver
Car il était tout nu,
Il allait ventre à terre
Ainsi, vers l’inconnu,
Pour découvrir le monde
Qu’il ne connaissait pas
Car pour qui vagabonde
Le temps ne compte pas
Tandis que prisonnier
Dans un trou sous la terre
Y a de quoi déprimer
Quand on est ver de terre.
" Le monde est si joli "
Pensait-il en glissant
Sur les gouttes de pluie
Qui tombaient doucement.
Croisant une limace
Il dut faire un détour
" Il en faut de la place
A ces affreux poids lourds!..."
Se dit-il en rasant
De très près une pierre,
Puis frôlant l’incident
Vers une fourmilière
Il visita dès lors
Le premier trou venu
Jusqu’à ce qu’un long corps,
Lui aussi dévêtu
S’apprêtant à sortir
Pour visiter le monde
Préféra s’alanguir
D’une manière féconde.
C’est ainsi que le ver
Qui était solitaire
Croisant un autre ver
En devint solidaire.
Indécence
Il arrive, le soir,
Quand tu te déshabilles,
Que, devant ton miroir,
Nue, tu te démaquilles,
Je me prends à penser
A regretter ce temps
Où quand, jeune mariée,
Derrière le paravent
Tu abritais ton corps
Comme un bijou sacré.
Je faisais mille efforts
Afin de t’amener
A supprimer l’objet
Cachant ma convoitise.
Mais, toi, d’un quolibet,
Tu restais insoumise
Me laissant impatient
A te prendre en mes bras
Et, comme un mendiant,
Je t’implorais tout bas.
Aujourd’hui, tu n’as plus
Cette belle décence
De ces jours disparus.
Je sens l’indifférence
Que tu portes à ton corps
Et c’est bien regrettable,
Car j’éprouve un remords
Dont je suis responsable.
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