Douzième siècle
RICHARD I er
Cœur de Lion
(1157 –1199)
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Deuxième fils d’Henri II Plantagenêt et
d’Aliénor d’Aquitaine, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine à partir de 1169,
roi d’Angleterre et duc de Normandie par voie héréditaire en 1189. Richard I Cœur de Lion prit part à la troisième croisade. |
Jamais nul prisonnier ne tiendra son propos Adroitement, si ce n’est comme un homme affligé ; Pour consolation, il peut faire une chanson… J’ai de nombreux amis, mais pauvres sont les dons : La hante leur viendra, si faute de rançon Je suis deux hivers prisonnier ! Ils ne l’ignorent pas, mes hommes ,mes barons, Les Anglais et Normands, Poitevins et Gascons, Que je n’avais nul compagnon, si pauvre soit-il, Que j’eusse abandonné, faute d’avoir, en prison : Je ne le dis pas en manière de reproche, Mais je suis encore prisonnier ! Maintenant, à mes yeux, c’est vrai certainement Qu’un mort ni prisonnier n’ont ami ni parent, Quand on m’abandonne pour de l’or ou de l’argent. J’en suis soucieux pour moi, pour mes gens plus encore, Parce qu’après ma mort, grand sera leur opprobre Si je suis longtemps prisonnier. Il n’est pas étonnant si j’ai le cœur dolent, Dés lors que mon seigneur tient ma terre en tourment. S’il lui revenait à l’esprit notre serment, Que nous jurâmes tous deux mutuellement, J’en suis persuadé, en ce lieu longuement Je ne serai pas prisonnier ! Ils le savent, ceux d ‘Anjou, ceux de la Touraine, Ces jeunes à présent riches et bien portants, Que je suis détenu, loin d’eux, aux mains d’autrui. Ils m’aimaient fort, mais à présent ne m’aiment pas. De beaux exploits les plaines sont maintenant vides, Parce que je suis prisonnier ! Mes compagnons - je les aimais et je les aime -, Ceux de Caen comme ceux du pays percheron, Dis-leur pour moi, chanson, combien ils sont peu sûrs, Que mon cœur envers eux jamais n’eut de bassesse ; Ils sont, s’ils me guerroient, on ne peut plus vilain, Tant que je serai prisonnier. Qu’il sauve et protège votre valeur souveraine, Comtesse ma sœur, Celui à qui je me plains Et pour qui je suis prisonnier. Je n’évoque pas celle du pays chartrain, La mère de Louis °°°°°°°°°°°
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CHRESTIEN de TROYES YVAIN OU LE CHEVALIER DU LION
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JAUFRE RUDEL Ne sais chanter qui ne dit rien °°°°°°°°°°°
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MARIE de FRANCE (XII e siècle) Née à Compiègne elle vécut en Angleterre. Elle a traduit des fables du latin, mais c'est surtout les " Douze Lais Bretons " dédiés à Henry II Pantagenet qui la révélèrent. Ils sont au départ de autres contes de fées. D 'eux deux il en était ainsi |
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LA COMTESSE DE DIE.
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Gace
Brulé Chevalier
de petite noblesse, résident probablement, dans la Brie Champenoise, au
sud de Meaux. Gace Brulé fut
l’un de nos premiers trouvères, chanteur professionnel, il s’est
produit parfois loin de chez lui. Il a entretenu de bonnes relations avec
les trouvères de son époque. Sur 108 pièces que lui attribuent les
copistes médiévaux, 69 au moins sont authentiques, dont 67 chansons
d’amour, ce qui constitue l’œuvre la plus importante laissé par un
trouvère – avec celle de Thibaut de Champagne. Gace Brulé représente
la conception classique de la fine amor en poésie. A la douceur de
la belle saison,
*** Quand
je vois le temps bel et clair Elle
me sait inapte à changer :
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C'était naguère - en un autre pays : |
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HELINANT DE FROIDMONT (vers 1160 – après 1229) Trouvère renommé, très jeune, à la cour du roi Philippe Auguste, Hélinant, vers l’age de vingt ans, se convertit à la vie monastique. Entre 1194 et 1197, il compose les Couplets de la mort . Renouant avec la tradition prophétique, Hélinant interpelle ou évoque la mort. La forme strophique probablement neuve, le maniement adroit de la rhétorique et la multiplication des images saisissantes servent un doubler dessein : fustiger le matérialisme du siècle et pousser à se croiser ceux qui tardent à en accomplir le vœu. |
LES COUPLETS DE LA MORT Mort subite est la bien nommée Quand la vie n’est pas ordonnée Avant que l’âme quitte le corps ; Pour l’âme en allée de la sorte, Il vaudrait mieux n’être pas née, Tant lui coûte le temps dehors. Aussi n’est il plus grand trésor Que la peur de Dieu par bonne mœurs Dans un jeune cœur enracinée, Le corps, quel qu’il soit, blanc ou brun, Retient volontiers la saveur De ce dont l’âme eut la primeur. Que vaut ce que ce monde fait ? Mort en une heure tout défait, Sans s’amuser à le refaire. Que vaut ce qu’avarice attire ? Mort en une heure tout retire, Jamais perdante à mal jouer. Mort fait taire le plus disert, Redoubler de cris les rieurs, Mort rend toujours le beau temps laid : Mort fait valoir et sac et haire Autant que pourpre et robe vaire ; Mort contre tous plaide en procès. Que vaut beauté, que vaut richesse, Que vaut honneur, que vaut grandeur, Dès lors que Mort tout à sa guise, Nous envoie pluie et sécheresse, Qu’elle tient tout en sa puissance, Ce qu’on méprise et ce qu’on prise ? Qui maîtrise la peur de Mort Par là même la Mort attise, Et c’est lui d’abord qu ‘elle vise. Corps bien nourri, chair délicate Font de vers et de feu chemise : Qui vit au mieux se blesse le plus. Mort prouve, et pour moi, pas de doute Que peu équivaut à beaucoup Pour tout ce qui meurt ce dessèche. Mort prouve que tout est néant, Tout ce qu’avale gloutonnerie, Tout ce que lècherie léche. Mort fait que l’homme saint ne pèche Parce que rien ne l’intéresse Où elle put porter un coup. Mort n’a qu’un prix pour grange et crèche, Pour vin et eau, saumon et seiche, Mort dit à tout bien être : « Pfuit. » Mort est la main qui tout agrippe, Mort est le rets qui tout attrape, Lui reste tout ce qu’elle saisit. Mort à tous fait une brune chape, Et de simple terre une nappe, Mort à tous fait service égal. Mort tout secret met au grand jour, Mort fait d’un homme franc un serf, Mort asservit et roi et pape, Mort sert chacun comme il mérite, Mort rend au pauvre ce qu’il perd, Mort ôte au riche ce qu’il happe. Mort assigne à chacun son droit, Mort fait à tous juste mesure, Mort fait à tous le juste poids ; Mort venge à chacun l’offense, Mort met l’orgueil en pourriture, Mort fait perdre la guerre aux rois ; Mort fait garder décrets et lois, Mort fait cesser usure et gain, Mort change douce vie en dure ; Mort aux porées et aux pois Donne saveur de bons craspoix Aux cloîtres où l’on craint la luxure. Mort apaise les chicaniers, Mort amadoue les dissipés, Mort finit toutes les batailles ; Mort met en croix tout faux croisé, Mort fait droit à tous les dupés, Met fin justement à tout procès ; Mort distingue rose et épine, Paille et grain, orge et farine, Les vins purs et les armoisés ; Mort sait voir sous voile et courtine, Mort seulement sait et devine Combien il faut chacun priser. |
GUILHEM
DE CABESTANY .
Ce troubadour du Roussillon, qui écrivit entre 1180 et 1215 , était chevalier.
Sa dame était Saurimonda, la femme de Ramon, seigneur de Château-Roussillon.
La légende veut que cet amour se soit soldé tragiquement, par la vengeance du mari jaloux, faisant manger à son épouse infidèle le cœur de son amant .
***
Le jour ou je vous vis, dame, pour la première fois,
Quand il vous plut de me permettre de vous voir,
Je séparai mon cœur de toute autre pensée
Et toutes mes volontés s’ancrèrent en vous :
Ainsi vous m’avez mis, dame, au cœur le désir
Avec un doux sourire et un simple regard,
Et vous m’avez fait oublier tout ce qui existe .
La grande beauté, le divertissement agréable,
Et le propos courtois et l’amoureux accueil
Que vous sûtes me faire ont volé ma raison
Que depuis lors, dame, je n’ai pu retrouver :
Je vous l’accorde, vous que supplie mon cœur fidèle,
Pour exalter votre valeur et l’honorer
Plus parfaitement que dans aucun amour humain.
C’est que je vous aime, dame, si parfaitement
Que d’en aimer une autre est hors de mon pouvoir ;
Si je viens sagement en courtiser une autre,
Je crois s’éloigner de moi cette intense douleur ;
Mais quand je pense à vous que la valeur salue,
J’oublie et je délaisse tout autre amour :
Avec vous, en mon cœur la plus chère, je demeure.
Et souvenez vous, s’il vous plait, du bon accord
Qu’à la séparation vous m’avez fait savoir
J’en eus, dame, le cœur au comble de la joie
Pour l’espérance où vous m’avez commandé de rester :
J’en fus radieux, quoique aujourd’hui le mal s’aggrave :
Quel bien j’aurai, à votre gré, une autre fois,
Belle dame, car je m’en tiens à espérer !
Quel mauvais traitement pourrait m’effrayer,
Pour peu que je pense obtenir en ma vie,
Dame, de vous, petite ou grande jouissance ?
Les peines me sont toutes joie et plaisir
Seulement parce que, je sais, Amour m’accorde
Qu’un fidèle amant doit pardonner un grand tort
Et sagement supporter de la peine pour gagner.
Ah ! quand viendra, dame, l’heure où je pourrai voir
Que, par pitié, vous voudriez m’honorer
Au point de daigner seulement m’appeler ami !
Bertrand de Born (1150 - 1215 ?). - Impétueux troubadour politique, en querelle continuelle contre ses voisins du Périgord, il paraît n’aimer, par-dessus tout, que les guerres et les batailles. I1 n'y participe pas toujours, mais les narre mieux que personne. Poète «engagé », « condottière lyrique », Dante l’inscrivit dans l’Enfer, et Aragon dans « Les yeux d’Elsa ».
SIRVENTE
Royaumes sont, mais plus de rois
Et comtés, sans barons ni comtes
Les marches sont, mais sans marquis
Puissants châteaux, belles demeures
Mais plus n'y sont les châtelains,
Et jamais il n'y eut autant
De provisions, mais peu on mange
Par la faute d'un mauvais riche.
Belles personnes, beaux équipages
Peut-on voir et peut-on trouver,
Mais où sont Ogier le Danois,
Bérard, Beauduin sont nulle part.
On
en voit de poils bien lustrés
Les
dents polies, la barbe aux joues
Mais
quels sont ceux sachant aimer,
Tenir
la cour, galants, prodigues ?
Petites
gens ! Où sont ceux‑là
Qui
savent châteaux assiéger
Qui
des semaines et des mois
Savent
maintenir une cour
Et
qui donnent de riches dons
Et
qui font bien d'autres largesses
Aux
soldats, aussi aux jongleurs
Je
n'en vois pas un seul qui compte.
& & & & &
Bernard de Ventadour ( ? – vers fib
1200 ) Fils de boulanger, il fut au XIIe siècle, le protégé du vicomte Eble
de Ventadour et de sa femme. Aliénor d'Aquitaine et le comte de Toulouse
Raymond V s'intéressèrent à lui. II est peut.étre le plus aimable des
troubadours : l'amour courtois fut son unique inspiration.
Ce n'est merveille si je chante
Mieux
que nul autre troubadour
Le
coeur est ouvert à l'amour
Et
mieux suis s'il me commande
Coeur
et corps et savoir et sens
Force
et pouvoir en lui j'ai mis
Ce
qui me tire vers l'amour
Fait
que rien d'autre ne m'atteint.
Il est bien mort qui ne
sent pas
D'amour au coeur la
saveur douce
Et que vaut la vie sans
l'amour
Ne sert qu'à ennuyer
les gens!
Ah, je prie Dieu qu'il
m'aime tant
Que ni jour ni mois je
ne vive
Si j'ennuie ou s'il
m'arrive
D'oublier
d'amour le talent
LE TEMPS VA ET VIENT ET VIRE
Le temps va et vient et vire
Par jours, par mois et par ans,
Et moi, las ! ne sais que dire,
Toujours même est mon désir,
Toujours même sans changer,
J'aime celle que j'aimais
Dont jamais je n'eus plaisir.
Elle n'en perd point le rire,
A moi revient dol et dam,
A ce jeu qu'elle m'inspire PuI
Deux fois serai le perdant,
Il est bien perdu, l'amour,
Qui se donne à l'insensible,
Sil ne touche à sa cible.
Plus jamais ne chanterai,
Je n'écouterai plus Ebbe
Mes chants ne me valent rien,
Ni mes couplets ni mes airs,
Rien que je fasse ou que dise,
Je le sais, ne m'est profit,
Et rie vois pas de remède.
Si la joie m'est au visage,
Moult ai dans le coeur tristesse.
Vit‑on jamais pénitence
Faire avant que de pécher ?
Plus je la prie, plus m'est dure;
Si sous peu elle ne change,
En viendrai au départir
Las, bon amour convoité,
Corps bien fait, si tendre et
lisse,
Visage aux fraîches couleurs
Que Dieu de ses mains créa !
Toujours vous ai désirée
Aucune autre ne m'agrée,
D'un autre amour ne veut pas !
Douce femme bien apprise,
Que Celui qui vous forma,
Si gente, m'envoie la joie!
& & & & &
Dernière mise à jour : mercredi 04 juin 2003
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