Quand le rossignol
s’égosille
Nuit et jour près de sa compagne,
Je suis avec ma belle amie
Sous la fleur,
Jusqu’à ce que le guetteur crie,
De la tour : « Amants, levez-vous !
Car je vois l’aube et le jour clair. »
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Ensemble avec mon ami, Dans un bois près de Béthune, Nous fûmes jouer mardi, Toute la nuit sous la lune, Jusqu’au point du jour Où l’alouette chantait, Qui dit : « Mon ami, partons. » Et doucement il répondit : « Il ne fait pas jour, Charmeuse au corps joli : J’en atteste l’amour, L’alouette a menti. »
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Et de s’approcher de moi - Je ne fis pas grise mine ; Il m’embrassa bien trois fois Et moi de même plus d’une : Rien pour me fâcher ! Comme nous aurions aimé Que cette nuit dura cent nuits, Pourvu qu’il n’eût plus à
dire : « Il ne fait pas jour, Charmeuse au corps joli : J’en atteste l’amour, L’alouette a menti. »
Anonyme
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BERNARTMARTI
Je vais faire un
poème à l’air nouveau , Et veux m’en plaindre à tout le monde : Avec peine je trouve qui m’appelle Ou me fasse l’aumône d’un regard. On m’a trouvé nigaud, stupide : Je ne sais pas amasser
l‘argent.
Je n’en vois nul, si riche et beau soit-il, Dont le sort ne change du tout à tout Dés lors qu’il perd, trop jeune son soutien Par qui sa vie devrait être meilleure : On le plume plus qu’un oiseau Quand on le voit être tout seul.
Impossible de taire ma plainte : Je vois la folie prendre le dessus. Je ne trouve personne pour
me prendre avec lui, Me faire du bien ou vouloir m’aimer Me conseiller sur quoi que ce soit Ou m’enseigner comment agir.
Si je dors trop, nul ne me réveillera, Mais ils se mettront tous à me railler ; Et si je reste tout le jour au soleil, J’en trouverai peu pour me convier : Je ne veux pour ami nul
homme, S’il n’a pas le pouvoir de donner !
Difficile à quelqu’un d’être
remarqué S’il n’a que lui à commander. S’il est sage, il sera jugé fou Si on le voit désargenté. De tous il n’est que méprisé Celui qui doit guetter autrui.
Jamais ne sera preux ni soutenu Celui qui ne sait pas faire fortune : Aujourd’hui le droit
n’a plus cours ; La force est à qui sait voler le plus, Le pauvre est vaincu sans qu’on le frappe, Il ne peut se couvrir ni fuir.
Celui que ses amis abandonnent Serait bien inspiré de s’efforcer De ne pas rester toujours dans la boue, Mais plutôt voir s’il pourrait se lever : Sur un frère ou sur un neveu, Aucun ne doit se reposer.
Mais ce que l’homme détient , surtout Il faut le mener avec mesure. A ne pas le faire, à s’y refuser, Le bien d’autrui l’on poursuit et
pourchasse ; Avec cela, je suis comme la pierre Qui sans tailler aiguise le fer :
Ce dont je ne sais pas un mot, Prétendre l’enseigner à
autrui ?
CHANSON DE FEMME Pourquoi me bat mon
mari ? Pauvrette ! Nul mal je ne lui ai fait, Rien de mal ne lui ai dit Su ce n’est enlacer mon ami
Seulette.
Pourquoi me bat mon mari ?
Pauvrette !
S’il m’empêche de continuer Et de mener joyeuse vie, Je le ferai proclamer cocu De fait. Pourquoi me bat mon mari ?
Pauvrette !
Je sais ce que jeferai
, Comment je m’en vengerai : Avec mon ami je coucherai Nuette. Pourquoi me bat mon mari ?
Pauvrette !
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GUILLAUME IX
Je vais faire un poème sur le pur néant :
Ce ne sera pas sur moi ni sur d’autres gens,
Ce ne sera pas sur l’amour, sur la jeunesse,
Ni sur rien d’autre,
Il vient d’être trouvé tandis que je dormais
Sur mon cheval.
Je ne sais pas à quel heure je vins au jour :
Je ne suis ni allègre ni chagriné,
Je ne suis ni sauvage ni familier,
Et n’y puis rien :
Ainsi je fus de nuit doué par une fée
Sur un haut puy.
Je ne sais pas l’instant ou j’ai pris mon sommeil,
Ni l’instant ou je veille, à moins qu’on me le
dise.
Peu s’en faut si mon cœur n’est pas parti
D’un deuil cruel ;
Mais voilà qui m’importe autant qu’une souris,
Par saint Martial !
Je suis malade et tremble de mourir,
Et je sais seulement ce que j’en entends dire ;
Un médecin je chercherai à mon plaisir,
Je n’en sais de pareil .
On est bon médecin quand on sait me guérir,
Non, si j’ai mal .
Une amie, j’en ai une, et je ne sais qui elle est,
Jamais je ne la vis, je le dis par ma foi ;
Elle ne m’a rien fait qui me plaise ou me pèse,
Ca m’est égal,
Car jamais il n’y eut ni Normand ni Français
Dans ma maison.
Jamais je ne la vis, pourtant je l’aime fort,
Jamais elle ne me fit un tort, ni mon droit,
Quand je ne la vois pas, m’en porté-je plus mal ?
Qu’importe un coq !
Car j’en connais une plus aimable et plus belle,
Et qui vaut mieux .
Je ne sais pas l’endroit ou elle est établie,
Si c’est dans la montagne ou si c’est dans la plaine ;
Je n’ose pas dire le tort qu’elle m’a fait
Mais il m’importe,
Et je suis affecté qu’elle demeure ici
Quand je m’en vais.
Je l’ai fait ce poème, et je ne sais sur qui ;
Et je vais le faire parvenir à celui
Qui me le fera parvenir par autrui
Là vers l’Anjou,
Pour qu’il me fasse parvenir de son étui
La contre clé .
