Ecrire par dessus tout

 

 

A mon coin

Je ne sais pas où conduit ce chemin
Journée sombre
Journée rebelle,
Est-il une ombre,
Une poubelle
Dans ce coin ?

Je ne sais pas le bruit de mon destin,
Matins larvés
Soirées nerveuses,
Peut-on rêver
Des nuits heureuses
Dans ce coin ?

Je ne sais vraiment pas là où s'éteint,
Musique au cour
Étroit silence,
Le coup des heures
Et qui avancent
Dans ce coin !

Je ne sais, je ne sais qui me retient,
Fragile ou grave
Inhabité,
Qu'elle est l'entrave
Aux libertés
Dans ce coin ?

Alors, magique ou magicien,
Humeur de trêve
Colère-sévices
Je vais mon rêve
Quoique l'on glisse
Dans mon coin.


 

Lorsque les horizons

L'horizon se souvient des lueurs éphémères
glissées à l'infini de quelques jours amers ;
les rougeoiements exquis des heures éprouvantes
plissent les yeux du monde où tout l'amour s'évente ;

et l'arbre, où balbutiait les fleurs de la fiction,
incline sur l'histoir' l'ombre de l'injonction,
l'on cueillait, ça et là, des bouquets de printemps
mais le chemin d'hier a plongé dans l'étang,

et lorsqu'à regarder la nature où les hommes
ont voulu renommer partout ce que nous sommes,
même le vent surgit et combat l'irraison
qui conduisit cet Homme à construir' des prisons ;

tout autour des faiblesses nous sommes contraints
à n'entrouvrir la vie sans plus le moindre instinct
et nous nous contentons d'espérer que s'arrête
la machine infernale et tout ce qu'elle apprête ;

Il y aura demain et puis demain encore,
saurons-nous les blessures gravées à nos corps
lorsque les horizons, éblouissant nos rêves
de lumières en feu, s'éteindront sur la grève ?




Les dents du lion

J'ai mis la mort au clou de mes dés habitudes,
désinvesti les lieux de mes compromissions,
ébranlé de partout l'immense solitude...
S'en est fini de taire ainsi mes soumissions !

Et je lève bien haut le poing de ma révolte,
et mon cri sur le monde étend sa rébellion,
j'ai branché mon compteur à plus de cent mil volts,
j'ouvre ma gueule ainsi qu'on voit les dents du lion !

Depuis l'homme en ses peurs aux souillures du temps
j'ai regardé en face et le deuil et l'errance,
les peuples insoumis éteints - et tant, et tant -
qui ont gravé en moi d'innombrables souffrances.

Alors, regardez bien par vos fenêtres closes
l'insoumis qui renaît de toutes ses ferveurs,
il porte, au fond des yeux, la plaie de toute chose
qu'en votre monde on voit et que l'on nomme : « erreur » !

Regardez cette mort au clou qui se balance,
n'est-elle votre vive négation de paix ?
Regardez, regardez là haut d'où je m'élance
il se peut que mon corps est votre propre aspect !

Et dans le plus fébrile instant de ne plus être
je retombe au grand jour sur le monde infernal,
j'éclate la laideur qui bruine à vos fenêtres
quand l'homme d'aujourd'hui n'est qu'ombre féodale.



La pluie de mes secrets

Dans le doux crépuscule en abandon, secret,
lorsque aux teintes pourprées l'horizon en regret
échappe, ici et là, quelques bribes des cieux
comme des feux follets qu'auraient allumés Dieu,

lorsque implore, à genoux, la nature, sa lumière,
qu'à peine l'entendant, en sa beauté première,
du ciel, en son abri, Dieu fait lever le jour,
il semble que la vie soit colorée d'amour.

Et par delà le rêve, et par delà l'oubli,
devant l'immensité des cieux que tout supplie
de garder à la terre ces poudreuses couleurs
je ne sais retenir, à mes yeux, quelques pleurs.

Je vais aller là-bas m'asseoir sur un nuage,
à l'autre bout du temps où la vie est sans âge,
et dans l'éternité des matins qui se lèvent
respirer, respirer, de l'amour, toutes sèves.

Si vous sentez, à l'heure des métamorphoses,
quelques perles de joie aux corolles des roses
un matin plus qu'un autre, en vos jardins discrets,
se seront, de mes cieux, la pluie de mes secrets.

 

L'aigle ou sa proie

Autrement qu'au-delà d'improbables exils
où je ne fus jamais que le bouffon du roi,
parmi les maigres lieux de mes maigres périls
suis-je l'aigle ou sa proie ?

Je badine en des mots de séjours éphémères,
à braver l'entendu je ne sais plus mes droits
parmi l'ombre des jours ou la nuit en lumière
suis-je l'aigle ou sa proie ?

Et dans l'insignifiant de mon obscure éthique,
lorsque à me regarder je ne sais ce que croit
l'imaginaire exquis de mon coeur chimérique,
suis-je l'aigle ou sa proie ?

J'indivise mon jour à ceux-là révolus
quand la pensée n'effleure que ce qui poudroie
comme la neige en feu autant qu'il le lui plut,
suis-je l'aigle ou sa proie ?

Et demain en l'histoire évoquée d'impostures,
dans le flou des brouillards mêlés des désarrois,
au bout des bras tendus, au gré de la nature,
seront l'aigle et sa proie.


Le 24 / 1 / 1

J'ai fini les fonds de bouteilles,
Je savais bien  qu'il le faudrait
Et qu'après ce serait pareil,
Le goût de vivre et ses regrets.

Je voulais rejoindre ma route
Où ma guitare oublie ses doutes
Et mes pas, meurtris davantage,
Oublient mon âge ...

Des heures, des heures sans lieu
A longer l'infernale histoire,
A ne croiser les moindres yeux,
Aucun regard ;

J'éconduisais l'irréprochable
Et sur les sentiers de l'oubli
Le verre inquiet, là, sur la table
Et moi pour lui ...

On se regardait sans mot dire,
Lequel des d'eux allait pourrir
Le goût de l'autre
Là où se vautre
Les soupirs ?

De l'autre côté de la rue
Dormait la ville
Mais je n'y crus
... C'était facile ;

La fenêtre ordonnait l'étage
Et son miroir absent, mes rages,
Je crachais par-dessus les siècles
Et les siècles les plus abjects ;

L'on croit de l'homme ce qu'on voit,
L'on ne sait, de sa vie, ses peines
Il n'empêche qu'il est par là
Des fonds de bouteilles qui traînent.

 

 

L'extase des galères

Allez, allez l'extase est parmi vos galères
et le médiocre endroit de vos « Tous » vogue en l'air
des préjugés blafards et des songes succins,
vos vies riment de peu, d'impossibles desseins !

Et la blessure étrange où vous baissez les yeux
devant l'entre-deux jours à négocier les cieux,
la blessure est la mienne et miennes vos souffrances,
la blessure est sans nom et sans nom l'ignorance.

Vous blessez les trottoirs de vos pas immobiles,
avancez d'un regard en ce monde débile
où, dans l'obscurité de vos incertitudes,
l'on ne voit rien de mieux qu'un gré de servitude.

Vous êtes singuliers, mutilés, décadents,
le monde se déjoue de vos « vous » en dedans,
de l'autre-mensongé que président vos rêves
et qui ne fleuriront jamais d'aucune trêve.

Car, en ces vagues seuils où vos portes sont closent,
l'éperdu de la vie jamais ne se dépose,
et vous allez, allez l'extase des galères
et le médiocre endroit de vos « Tous » vogue en l'air,

le voilà retombant sans nulle extravagance
parmi les détritus de tout ce qui offense
l'homme, en sa rébellion, meurtri de l'impouvoir,
le voilà retombant sur vos propres savoirs !





N'est-ce pas, là, assez ?


Je vais des vents de songe ... 
Ecarlate ma nuit ... 
Quand au monde se ronge 
L'Homme de tant de bruit; 

Eclate l'imposture 
Sur des tours de Babel 
Bien que, dans la nature, 
Toutes les fleurs soient belles! 

Je vais ... quand la bouch'rie 
Décuple le racisme, 
Oui je vais ... oui je ris 
Quoique tout soit cynisme! 

Je ne célèbre plus 
L'ogre ou l'Autre effacé, 
Sur les deux il a plu, 
N'est-ce pas, là, assez? 

Les Hommes mendiaient 
Aux temps moyenâgeux 
Et l'épée les niait 
Coupe-gorge, vieux-jeu. 

Les Hommes vont l'extase 
De leurs propres vouloirs, 
Je ne sais pas la phrase 
Qui tairait cette gloire ... 

Cette gloire qu'ils inventent 
Sur des murs de labeur ... 
Même les bombes mentent 
Là où l'homme se meurt. 




Et je ferai de lui...


Insouciant des contraintes partout infligées
de l'homme à l'homme en proie à ses propres manières,
oubliant, ça et là, ce monde négligé
je cherche en mes secrets, au fond de ma tanière,

le verbe en ses passés, son pronom en ces jours
dont la conjugaison effacerait les deuils,
les morbides aveux aux écrans des toujours
lorsqu'à les regarder l'homme n'aura plus d'oeil.

En l'écrit, la musique effleure des espoirs
chaque fois qu'au dessin de mes mots elle rime,
je crois avoir trouvé mais à mon désespoir
se couchent sur mes vers l'ombre d'un nouveau crime !

Et je dis, et je vois et dénonce l'injure,
la plaie du coeur, le sang sur le sang desséché,
j'écris par tous les temps et par ces temps me jure
de trouver, ce mot-là, dussé-je le chercher

parmi tous les linceuls, sous les ruines des villes,
aux livres effrangés - rocher sous l'alluvion - 
qu'on oublie volontiers quand s'enfuient les civiles
sur des chemins brûlés par la pluie des avions !

Il n'est là, en ces vers, il flotte en mes souffrances,
au profond de ma vie, au songe de mes maux,
je ne l'ai pas trouvé mais je sais son errance
et je ferai de lui... de lui... mon dernier mot.



Et l'arbre, en ses demeures.


Je me suis parsemé, étrange et silencieux,
au gré du vent pourpré des prémices des cieux
dont les chemins toujours sautent ici et là,
c'est ainsi qu'a poussé un deuil en l'au-delà.

Je vis dans la froideur des arbres brûlés vifs
par la neige des vies... Sur ma branche, pensif,
je décline à l'hiver mes interrogations,
aux jours plus chauds fleurit, parfois, une passion.

Dans le sursaut des vents si vous me rencontrez,
vous qui passez par-là, au bord de mes contrées,
regardez le silence étoilé du ciel bleu,
il est un peu de moi, morcelé, ténébreux.

Et j'ai poussé mon âme plus loin, plus encor
ainsi qu'auprès de tout je ne sois qu'un décor,
un machinal instinct balbutié de tempêtes
comme au vent des folies toutes choses sont faites.

Et dans cet irréel, et dans cet éconduit
je suis demain, hier... Je serai aujourd'hui
quand le vent tombera et l'arbre, en ses demeures,
blottira, en son bois, la vie, en moi, qui meurt.




Le vent froid de l'hiver

Le vent emporte au loin mon coeur désabusé
de cette vie sans nom qui m'aurait trop usé
et de volutes bleues et de mirages sourds
... le vent froid de l'hiver souffle sur mes doigts gourds !

J'ai lu, à l'insomnie, les pensées dérisoires
qui dansent sur les murs aux ombres illusoires,
blotti dans le secret des absences trop rudes
dont chaque fois le coeur, un peu plus, se dénude.

J'étais allé, là-bas, parmi des Êtres chers
et puis j'appris, par eux, que j'étais en jachère,
qu'aux sillons du visage l'on ne sème plus
et plus le temps les creuse et plus c'est l'absolu...

ce probable équivoque entre l'aube incertaine
et ces clartés de vie de plus en plus lointaines,
ce geste médusé de n'avoir pas compris
que ce qu'il a donné, en fait, on le lui prit

dés sa moindre existence, au tendre et au serviable,
à ces choses enfin qui n'ont rien d'insatiable,
et qu'au gré des douceurs, en des yeux familiers,
le chêne qu'il était en roseau s'est... plié !

Le vent emporte au loin ma pensée doucereuse
et je songe à la vie que tout prétend heureuse
de ces Êtres si chers dont mon coeur est si lourd
... le vent froid de l'hiver souffle sur mes doigts gourds !



Sans Eux

Là même où mes enfants ont écrit mon histoire
de rires en défaites, du rêve en victoires
à l'autre bout du vide où me voilà plus tard
un peu comme gisant
je cherche mon présent.

Des millions de soleils ont parsemé la vie,
en leurs yeux je savais l'aube de mes envies,
tout était radieux, simple et doux et ravi
et je suis là gisant
à chercher mon présent.

Ils ont pris des chemins aux couleurs singulières
dont je n'ai, aujourd'hui, que le parfum d'hier,
ces choses dans mon cœur toujours plus familières
bien que je sois gisant
à chercher mon présent.

Je les sais au-delà de tous mes crépuscules,
en leurs lointains secrets, leurs propres majuscules
à des mots dont les miens, en cet instant, reculent
lorsque je suis gisant
à chercher mon présent.

J'ai mis mon cœur au pied des souvenirs d'antan
et par quelques miracles en quelques instants,
au plus profond de moi, ainsi je les entends
bien que je sois gisant
sans Eux, en mon présent.


 

Pour ta Vie (à mon Père)

Je ne sais plus me taire au silence où tu dors
et tes maux épelés à tous mes mots encore
où nulle part, nulle aube n'en saura l'effet
que je les aie brandis aux verves des reflets

là-même sous la terre épuisée du regard
que j'ai posé sur toi et que la vie égare
lorsqu'à t'offrir la mienne je sais cette envie
possible d'échanger ta vie contre ma vie ;

J'ai terré de probables façons d'exister,
à tant te voir souffrir je n'ai su protester
et dans le soir des morts où l'on convient de peu
je sens, aux mots détruits, tout ce que je ne peux,

dans l'immense irraison de te rendre la vie,
porter à la lumière de ma sombre envie
l'endroit de ton silence où me voilà contraint
à allumer des mots pour ta Vie que j'étreins.

(c'est pour lui que j'écris)




Je brandis toutes servitudes. 

Je pense à Ceux qui n'ont jamais 
goûté la vie à pleines dents 
pour quelques raisons, des « oui mais » 
Ceux dont la vie est en dedans. 

Ils regardent, ne disent rien... 
Leur aventure est nulle part ! 
Comment sauraient-ils le bien, 
le mal, quand la vie est à part ? 

Comment, comment vivre ses rêves 
lorsque tout est hors de portée ? 
La clef du coffre est sous la grève 
et l'autre grève est déportée ! 

Chacun regarde à sa fenêtre 
la vie qui promet ses faveurs... 
Sais-tu l'enfant qui vient de naître 
et qui n'aura nulle ferveur 

aux jours prescrits de son histoire 
parmi les pions de l'échiquier ? 
Serait-il blanc, serait-il noir 
que déjà le voilà nié ! 

L'on n'improvise pas l'amour 
pour ses semblables, peu s'en faut, 
il est des fenêtres aux tours 
comme empilés quelques cachots ! 

Alors dans l'inexactitude 
de ma pauvre pensée morose 
je brandis toutes servitudes 
contre les philos d'eau de rose ! 


J'entends, j'entends sous ma fenêtre

Je ne saurai jamais survivre
à ce malencontreux destin
dont l'homme écrit partout le livre
un peu plus faux chaque matin !

Jamais, au parfum de vos roses,
sentir mon rêve s'enivrer,
l'homme en ses voeux, par mille proses,
n'a su qu'un autre homme livrer !

J'entends Dieu pleurer quelque part
de vos perfides vocations,
entonnant le chant du départ
de guerres en révolutions ;

J'entends, j'entends sous ma fenêtre
les enfants jouer à la guerre,
qui donc la leurs à fait connaître
aux quatre coins de l'univers ?

Ils ne sauront jamais survivre
à ce malencontreux destin
dont vous avez écrit le livre,
les enfants tendent l'arme - instinct -

vers quelque autre gosse des rues
dont le père sait bien encor
commémorer - qui l'aurait cru ? -
le jour glorieux - milliers de corps

écharpés, mutilés, pourris
dans les tranchées de vos victoires -
le père et le grand-père inscrits
au grand tableau de votre histoire !

Vous ne pourrez longtemps survivre
de ce pas de tueur probable
qui écrasent les autres livres
vous montrant du doigt - vous - coupable

d'avoir incendié, mis à mort,
au nom de tous les idéaux,
détruit, sans le moindre remord
des lieux pour planter des drapeaux !

Elle est finie votre rengaine
à nous faire croire en vos mots...
et si les miens ont quelque haine
ce n'est là que pour touts les Maux!


Oh non...

Et laisse à l'or le nullement
de ses éclats trompeurs, dupés,
tout ce qui brille a ses moments
éteints comme les dés pipés ;

Je viens de l'autrefois du jour
lorsqu'il ne se lève qu'en deuil,
ami de mon ombre où toujours
la vie me voit d'un mauvais oeil ;

Je viens de mes adversités
après le travers des contraintes...
de l'or le soleil incité
m'a brûlé le coeur des étreintes

toutes éclaboussées de fièvre
entre les murs de l'illusoire,
il est des gerçures aux lèvres
comme les rides des espoirs.

Le ciel scande, en ses couleurs vives,
l'amour doucereux, singuliers...
l'amour aux éclats des dérives
où le coeur a les poings liés.

Laisse à l'or ses feux, sa lumière
je viens des sombres pluies, du vent
où, furtives, sont mes prières
en pleur d'étoiles si souvent.

Le point du jour, en ses secrets,
m'entend balbutier mes poèmes,
l'or n'a d'éclat là où je crée...
Oh non... ne me dis plus : « je t'aime. »

 

Comme un incognito

Je n'irai pas voler demain pour aujourd'hui
en ce monde éreinté qui retient, qui déduit
aux âmes envolées leurs possibles errances,
le temps a beau passer tout demeure en souffrance !

Il est des impostures souillées d'hécatombes
et de ce pas blessé, l'homme en marchant qui tombe,
et puis, là, quelque part, comme ignoré de tout,
un Être pleure au loin, mi-assis, mi-debout !

Où est la main tendue pendant que vous songez
à toutes vos folies et que rien n'a bougé
depuis vos grands discours à nous leurrer sans cesse,
qui montrera du doigt tout ce que l'homme blesse ?

Il vous importe peu la faim et la misère
et les maux de la vie dont tant de cœurs se serrent,
vous qui, dans l'infernal de tous vos gigantismes,
faites rimer l'amour avec des mots en « ismes »

Moi, j'irai dégueuler jusque dans vos poubelles
tous les mots qu'on m'apprit et qui m'ont fait rebelle,
jamais, oh non jamais je ne veux négocier
l'amour de l'Être humain qu'en l'humain vous sciez !

Je ne veux rien savoir... vous faites nos destins
au bon gré de l'humeur de vos profits latins,
en langue mensongère, en propos virulents
je ne veux rien savoir... Vous êtes des truands !

Et quand il suffira, aux yeux de milliers d'hommes,
de taire leurs douleurs, de détourner la tête,
par les rues dépavées... il restera en somme
- comme un incognito - la rime d'un poète.



Aux galbes de l'instinct

Et la vie chante en moi aux rêves de tes gestes
des tourbillons sans fin aux musiques célestes ...
envolés, envolés à l'aube de l'amour
sur des nuages-feux nos corps en demi-jour

... je balbutie l'ivresse et ma lèvre à ton sein
étoile des frissons aux galbes de l'instinct...
ma main glisse à tes doigts et tes yeux enivrés
sur mon corps vont l'amour où ma peau enfiévrée

à ta peau s'étourdit de chaleur amoureuse
et ton ventre à l'envie de caresses s'étoile...
je rêve l'infinie, l'immense et délicieuse
étroite retenue qui partout nous dévoile...

nous ne somm's en ce monde... et nos bouches s'appellent...
à ta rivière exquise se noie l'arc en ciel
dont l'ivresse éblouie de nos sens essaimés
éclate sous l'orage et dans l'éclair... s'aimer.

à Frédérique (ma fille)

Ce fut toujours le vid'lorsque tu t'en allas
Ou que je ne vins pas toujours au bon moment ...
Aujourd'hui je ne sais plus très bien tout cela,
La mémoire à ses ombres chagrines d'antan.

Je te regarde et songe à la vie qui dessine,
Sur des routes bleutées, ton chemin, malgré moi ;
C'est à la fois la pluie qu'un soleil assassine,
La lumière assombrie d'un nuage, à la fois.

Un jour, un soir, un peu, une douce semaine,
O jamais, non, vois-tu, cela ne suffira
A éloigner le temps où tu soignais ma peine
En étant simplement, simplement près de moi.

Je n'ai jamais trop su les mots qu'il fallait dire,
D'ailleurs, en était-il ? Je ne me souviens pas ;
Tout cela s'est passé ... nous savions en sourire,
Aujourd'hui je ne peux, tout seul ... j'ai un peu froid.

Mais qu'importe ... partout où tu vas et voyages,
Je faufile mon rêve dans le creux de ta main
Je sais qu'il y fait doux et quand j'avais ton âge
C'est le tien qu'on tenait en se donnant la main.

...........

Aux sons de ma guitare.

L'illusion violacée des amours éprouvants
Pour des femmes de rien, toutes plus éphémères,
L'illusion, l'illusion, l'illusion vole au vent
De chemins mensongers dont je suis tout ... amer.

                     Terrez, terrez vos jeux
                     A l'insipide lieu
                     De vos appâts fébriles
                     De l'âge qui défile.

Lorsque vous n'aurez plus que le cœur pour comprendre,
Il sera bien trop tard, trop tard pour mesurer
Cet être qui, de vous, n'avait su que s'éprendre
Et dont vous n'avez su que simplement jouer.

                     Vous confondez le songe
                     Et les gestes d'amour
                     Parmi tous vos mensonges
                     Et vos certains détours.

Ni d'aubes médiéval's, ni de nuits millénaires
Pour vos lieux interdits, ou du moins, proposés,
Si j'avais votre corps j'essaierais de me taire
Qu'on put, au moins en paix, doucement l'admirer.

                     Vous êtes négations,
                     Mélanges de rituels,
                     A moi fut l'émotion
                     Quand vous fûtes cruelles.

Ne vous y trompez pas, je ne suis pas déçu,
La vie m'a, ça et là, offert bien des voyages,
Seuls vos cœurs épurés ont brûlé le reçu
Et je vais, les yeux fous, de vos petites cages.

                     Sur le vent médusé
                     S'est assis mon histoire,
                     De vous je suis usé
                     Mais pas de ma guitare,

Ses formes sont les vôtres et son bois votre peau,
Mes doigts tout doucement la caresse, l'effleure,
Elle est entre mes bras, heureuse, peu s'en faut,
De n'offrir à personn' ses sons comme mes fleurs.

...........

La statue

La statue fatiguée de mes luttes anciennes
sur les places publiques de mes pauvretés
où tout aube-souffrance perce à mes persiennes
de médiocres échos à toute liberté ;

la statue n'a qu'un bras et puis sa tête penche
et son ombre, brûlée à l'histoire en effroi,
tourne à mes pieds, aux pas, qui, par là, se retranchent
à l'abri des beaux jours dont l'homme sait le froid ;

J'ai recouvert d'un drap les blessures certaines
à porter des drapeaux qu'aurait déteint la vie,
leurs couleurs, ici bas, n'offrent plus à la haine
que l'illusion d'avoir espéré des envies.

Au beau milieu du jour exhalé d'un ciel clair,
sur le monde souillé de verves fascisantes,
de luttes réprimées, de trop mornes colères
la statue de ma vie est toute agonisante.

Prière

Et j'ai cherché la paix en ma guerre intérieure,
et tous les mots meurtris de mes blessures-rages
en mon âme nouée de piètre rimailleur
tant et tant qu'aujourd'hui je doute de mon âge.

Et la fébrilité de mes extravagances,
ébouriffée de fièvres partout déjà vues,
de ces endroits mi-clos, ne sait plus l'imprudence
qui fut en d'autres jours toujours la bien venue ;

Ainsi à ce mortuaire est ma propre hécatombe
et l'outrage à ma vie n'est qu'un sombre néant,
Qui saura donc fermer cette maudite tombe,
là où je suis assis ... là ... dans ce trou béant ?

Éteignez, je vous prie, l'immensité du jour,
mes yeux sont fatigués, fatiguée l'espérance
en ces « encor » noués à bien trop de « toujours »,
éteignez le soleil qui brûle mon errance !

 « Je voudrais ... mourir debout au soleil
non dans un lit aux draps froissés
entre la nuit et la journée,
la bouche pleine de groseilles,
de groseilles ... »
Jean FERRAT

...........

De pauvres grimoires


Le temps d'avoir envie de vivre ou de renaître 
le soir pose insidieux son ombre sur la vie, 
l'on pousse cette porte, entrouvre une fenêtre 
et déjà l'on ne sait de ce qu'on crut connaître 
le probable hésitant d'un goût inassouvi. 

Les murs étaient si hauts, si petites les chances 
de poser le bon pied toujours au bon endroit 
qu'à force d'hésiter à ce chemin d'errance 
l'on reste seul au soir de ses in importances 
dont on voyait, au loin, le chemin bien plus droit. 

Comme à cette blessure se fige un destin, 
comme cette autre nuit qui perdit la mémoire, 
comme, comme l'oubli plus grand chaque matin 
et son reflet nerveux dans le calme lointain 
l'on n'écrit plus de soi que de pauvres grimoires. 

Ainsi tout embrumé de sa vielle éloquence 
l'on perdure à des mots quelque peu fatigués, 
le temps d'avoir envie de vivre ... c'est l'errance 
qui prend le pas des jours à des jours de souffrance 
dont jamais, non jamais l'on ne trouva le gué. 

...........


L'Arbre
d'après le tableau de Natacha

En ce ciel infesté de contrastes obscurs
là comme un arc-en-ciel éclaté de souffrances
nulle ombre n'a de lieu qui put dire où vécurent
les frères de celui qui meurt en son errance.

Et la terre endeuillée de cette longue attente,
elle seule sachant le retenir debout,
se meurt à l'horizon dont l'aurore s'absente
un peu plus chaque fois que s'éteint, dans la boue,

cet Être dénudé, tordu de solitude
au bout de ce chemin que la vie a changé,
ce vieil arbre, en son oeil percé de lassitude,
ne regarde plus rien que des riens ravagés.

Et dans le sombre en feu des tourbillons du ciel,
impuissant à mourir il reste là tout droit,
l'attente quelque part serait providentielle
comme l'homme en sa fin n'ayant prévu l'endroit.

............

Lorsque vous sortez...


Il est étroit mon chemin creux
aux pieds de géantes montagnes,
étroit, ainsi que ténébreux,
j'ai goûté, de la vie, le bagne.

Il s'en fallut de trois fois rien
- l'hiver était rude et précis -
des hommes, qui savaient le bien,
me dirent que j'étais ici

pour avoir, en des jours anciens,
détourné l'ordre respectable
- bien sûr le leur n'était le mien - 
mais je devais plaider ... coupable.

Le bruit des clefs, les longs couloirs,
des portes closes sur des vies,
on entre ... on n'a rien à vouloir ...
on se tait ... et l'on vous dévie

du chemin creux, loin des regards,
où vous alliez comme étonné
que la liberté ne s'égare
entre vos mains, elle ... ânonnée.

Le ciel si clair du froid du temps,
entre les barreaux, se divise,
l'on compte l'ombre des instants
mais les instants n'ont plus la mise ...

Le chemin creux n'a pas changé,
seule, en des reflets, la saison
a, quelque peu, tout mélangé
lorsque vous sortez ... de prison.

...........

Ce monde est trop âgé


C'est partout, qu'en veillant à transformer le monde,
j'ai laissé s'accrocher des haillons de ma vie
à tous ces barbelés pour d'impossibles frondes,
d'impossibles regards griffés d'inassouvi.

Au bord de l'imposture où tout est effrayant
lorsque plus rien ne peut réinventer l'espoir,
l'on regarde passer le bien le mal veillant
sous la fenêtre close de ses illusoires.

Un homme - il me souvient - dessinait des soleils
sur les trottoirs des villes grises et blafardes
et cet autre chantait au coin des rues... pareils
ils ne portaient tous deux, comme moi, que des hardes.

Les pavés de Paris ont été bitumés
et les faubourgs anciens murés de grands miroirs,
en aucun d'eux jamais l'on ne se voit s'aimer
l'homme des grands destins destiné à son noir ...

Noire sa féerie, noire son éloquence,
mornes, mornes et deuils les desseins de sa vie
à aller et venir de cette vieille danse
aux pas dont on n'entend la musicale envie.

C'est partout, qu'en veillant à transformer le monde,
j'ai appris à me taire, à ne plus partager ...
Les ruisseaux ont séché et l'on n'entend plus l'onde
murmurer dans les bois... Ce monde est trop âgé.

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Mon Grand-Père


Mon grand-père cet homme que je n'ai connu
A dû être gazé en des lieux méconnus,
Mon pèr' cet homme rude aux douleurs préfacées
Porta les armes, là, où vous l'aviez poussé ;

Toutes générations confondues dans l'histoire
Ont subi les délais des pouvoirs infectés
Et les plaies des raisons savent qu'il est trop tard
Pour remettre à l'endroit ce monde meurtrier.

A quel autre combat mènerez-vous les hommes,
Qu'elle est cette bouch'rie d'où ne revientpersonne
Et pour quelle victoir' détruirez-vous les vôtres,
Quel est donc ce drapeau que vous voulez fair'nôtre ?

Vos armes sont toujours plus précises, plus justes
Mais vos coeurs indomptés ne savent pas la paix,
Ils énoncent partout, tout ce qui est injuste
Et n'en savent tirer que violence et regrets.

La mort guide vos pas sur des routes sans gloire,
Vous gouvernez des peuples et des insoumis,
Le mélange à présent se fait enfin valoir,
L'équilibre ne tient qu'à deux ball's et demie.

Ne vous y trompez pas les hommes des pénombres
Ont des pères couchés sous vos propres décombres,
Ils n'oublieront jamais la couleur des linceuls
Avant d'aller, pour vous, se fair'casser la gueule.

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Aux Femmes

Aux pâleurs, la fièvre étoilée,
Du jour naissant de l’éphémère,
Le corps fragile des lumières,
Échevelée,

Possible errance d’avenir
Dormant d’un geste délaissé
A ce présent déjà passé…
Pour revenir,

Évoquant, de courbes fébriles
Au lit défait de cet accueil,
Le secret qui depuis s’effeuille
A cet exil

Où l’amour égratigne tout
Et les silences s’apprivoisent
Et les regards ici se croisent
Et là… partout

Le parfum mouillé des pénombres
Qui mit le feu au froid de l’âme
Lorsque transparaissait la femme
Parmi les ombres

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Le feu à l’âtre

Et j’écoute le bruit du feu
qui brûle à l’âtre et qui apaise
de ses flammes rouges ou bleues
dans l’orangé-blanc de ses braises ;

Crépite l’ici ou l’ailleurs
mon silence lui appartient
la flamme n’est jamais en pleur
et tisse des ombres d’un rien ;

Il réchauffe le songe enfoui
de trop bruyantes vies autour,
le feu à l’âtre s’épanouit …
et moi … j’aime son alentours.

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De mon rêve…

Je t’écris de mon rêve où neigent des colombes
Depuis le doux secret où, de toi, je succombe
Et l’aube, l’aube encore évoque ton parfum
Posé contre ma joue comme un geste sans fin ;

Nos folles pluies d’amour éperdues de douceur
S’entrelacent ici où se joignent nos cœurs
Et dans le crépuscule étoilé de ton corps
Je sens naître la vie et la vie plus encore ;

Les petites façons de nos regards immenses,
Aux bleutés de l’amour ici et là commencent
A dessiner l’exquise et délicieuse vie
Dont je m’éprend de toi… de toi qui me ravie ;

Le ciel exhale l’or des plus douces pensées
Celles que je t’avoue et celles insensées,
A mes yeux, pour te dire infiniment quand même
Combien, combien de toi toute chose me sème ;

Et je vais mon regard épris de nos ivresses
Lorsqu’à tout évoquer je m’ouvre à ta jeunesse,
Celle qui dans ton cœur éclabousse le temps
Ainsi, que toi et moi, aimions le même instant ;

Je vais, je vais, je vais ton cœur à mon histoire
Résonnant de ces sons qu’évoque ma guitare
Lorsqu’ infailliblement à mes moindres poèmes
La musique, entre nous, murmure : Moi… Je t’aime.

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Assis, là …

Je me suis assis là
effrangé mon silence
à quelques piètres glas
quelques inimportances

le jour dessert la vie
à chacun de ses pas
et la nuit que j’envie
vraiment ne s’en vient pas

j’aime le vent sur l’eau
qui esquisse des ombres
le bruissement des flots
au loin de mes décombres

et les ors esquivées
de fleurs inentrouvertes
que l’insecte a trouvé
dessous les feuilles vertes

et la nature épelle
aux branches des refuges
quelques battements d’aile
mais le monde en préjuge

et je suis assis là
au vide de l’errance …
à savoir l’au-delà
l’on n’entend sa présence …

tout se délie, s’emmêle
à l’esprit, d’ombres, las
et dans cet irréel
moi je reste assis là.

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Et les vents rouges…

Et les échos de tous les vents
dénient le monde majuscule
ce lieu, qu’à l’homme, bien souvent,
la vie ne donne aucun recul,

et le dérisoire élabore
et l’éphémère s’y résigne
à méconnaître ainsi l’abord
d’un piètre regard ou d’un signe,

l’homme s’invente des discours
aux balbutiements millénaires
dont on entend au fond des cours
le passé révolutionnaire ;

Il est des restes aux bas-fond
de l’inadmissible misère,
à s’y résoudre, là, profond,
certains nourrissent des colères,

Et les vents rouges d’autrefois,
au ciel bleuté de tous les maux,
soufflent, soufflent ainsi, parfois,
quand il ne reste que les mots

pour élucider des vouloirs,
inventer l’aube majuscule
où l’homme se mettrait en gloire
rien que pour l’un – là – qui fabule…

mais sur l’ivresse des besoins
lorsque la faim gagne le monde
celui-là - unique témoin - 
offre sa chemise à la ronde.

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à tous ceux qui ignorent … même leur propre voisin

Et je pointais le canon froid de l’arme sombre
Vers tout ce que la vie déposa sur mon ombre,
Il était temps d’agir et d’aller de l’avant,
Tout m’y poussait le ciel, les hommes loin devant ;

Ma main tremblait des jours où j’avais vieilli seul
Et mes yeux dans le vide voyaient leur linceul,
Au bord de mes pénombres naissait l’agonie
De tout ce qui brima les élans de ma vie ;

Le temps passait sa route et rien ne le croisait,
Il avait jusque là, pourtant… vraiment tout fait
Pour qu’aux fraîches douceurs des affections fragiles
Je reçus et donnais l’amour le plus agile ;

Mais ce ne fut assez, ce ne fut suffisant,
Le temps compte à rebours le passage des ans
Et le canon si froid face à tout ce qui bouge
Déjà donnait au ciel quelques teintes bleues-rouges.

Alors comme impossible et pourtant là, pourtant
Mon doigt sur la détente retenait le temps,
Ces quelques petits lieux qui défil’nt à tout va
Lorsqu’on a devant soi la vie, là, qui s’en va ;

Mon doigt n’agissait pas et l’arme sur le sol
D’un bruit sec et meurtri tombait … plus de parole,
Mes lèvres se gerçaient au froid de mon absence
Et ma main, qui tremblait, méconnut tous mes sens.

C’est ainsi, singulier, que je suis là encore
A regarder le jour étreindre ses laideurs,
A trimbaler partout chaque maux de mon corps,
Chaque jour accroché aux bruits sombres des heures.

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Il n'y a pas lieu de pleurer

Il n'y a pas lieu de pleurer 
Le petit jour a ses lueurs 
Où la rosée, là, sur les fleurs 
Pose des chagrins murmurés ; 

Ainsi la nature s'étend 
Où l'être endeuille ses chemins 
Lorsque lui manque cette main 
A la sienne, là, qui l'attend ; 

Les rêveries, les grandes choses 
Et les amours d'outre raison 
Ne sèchent en rien les saisons 
Où pleurent quelquefois les roses ; 

Et dans l'autre vie des silences 
Lorsque le coeur est abîmé 
L'on ne sait plus que mal aimer ... 
L'on a le coeur, là, qui nous lance ... 

Il est ainsi comme emmuré 
L'amour exquis de l'irraison 
Lui qui ne sait rien des saisons ... 
Car il n'y a lieu de pleurer. 

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Là-bas... 

Quand la tristesse ainsi d'un jour juste ânonné 
se pose sur mon cœur un instant étonné 
dans le soir qui éteint les ombres sur les toits 
tout seul, je pense à Toi ; 

j'ai feuilleté le livre aux grandes émotions 
que la vie nous confie - le livre des passions - 
mais je n'y ai trouvé le bonheur qui voyage 
car tu en as la page ; 

et dans ce grand silence où j'ai mis ton sourire 
juste au bord de mes yeux comme un parfum-saphir 
je respire le temps de t'aimer en ce monde 
ma barque sur ton onde ; 

à ces autres matins qui nous accueilleront 
dans le dessin d'un jour où, tous-deux, nous irons 
j'ai déjà déposé les fleurs de l'avenir 
parfumées de ton rire ; 

et là-bas les oiseaux fredonnent nos secrets 
et là-bas, et là-bas où tu iras... j'irai 
et là-bas, dans mon cœur comme une douce joie, 
c'est de penser à Toi. 

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L'on ne nous a pas dit...

L'on ne nous a pas dit 
que la mort fait sa route, 
qu'être aimé ou maudit 
ne change rien au doute, 

ni même à l'impuissance 
où demeurent nos gestes 
quand la mort au silence 
condamne ce qu'il reste 

à vivre dans l'obscur 
et l'incompréhensible 
là où d'autres vécurent 
la mort comme impossible ; 

L'on ne nous a pas dit 
qu'aux pas de l'épouvante 
l'être aimé ou maudit 
en quelque lieu s'évente 

et les ombres défaites 
au mirage défunt 
jamais plus ne reflètent 
que leur probable fin. 

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Pour avoir rencontré...

Sous le ciel insidieux de nos vieilles blessures 
Lorsque, plus ici bas, plus rien ne nous rassure, 
Nous étonnons la vie d'errances singulières 
Pour quelques mots d'amour, comme, à ces murs, le lierre 
Accroche son feuillage au rythme des saisons, 
Nous déposons nos cœurs au pied de l'horizon. 

Et s'il est, là, quelqu'un, quelque ombre à nous attendre, 
Si l'on devine l'aube doucement plus tendre, 
Toute chose s'efface et se tait la douleur 
Comme furent les pas dont nous ne sûmes l'heure, 
Et le ciel irradié d'un sourire qui sème 
Au fond de nous l'amour, a pour écho : " je t'aime ". 

Aussi sur l'autre rive où la vie va, naissante, 
Nous prenons un chemin, un lieu-dit, une sente 
Et, sous l'immensité des nouvelles saisons 
Où les fleurs empourprées ont d'autres floraisons, 
Nous regardons le jour de pensées inconnues 
Pour avoir rencontré l'Autre ... qui était nu. 



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