AIMER

 

Il y a tant d'années que nous sommes ensemble
Que le temps qui s'écoule est comme une habitude,
Cela m'effraie parfois à tel point que j'en tremble
Craignant que tu n'éprouves un rien de lassitude.

Aux temps des premiers jours l'amour était tout neuf
Brillant comme un métal qui eut été poli,
Il attirait vraiment comme attire un sous neuf,
La patine du temps ne l'a-t-elle assombri ?

Les saisons qui passèrent amenèrent leur lot
De joie et de bonheur, mais aussi de souffrance,
Nous restâmes unis emportés dans le flot
Pour ne pas transgresser le vou de notre alliance.

Les sillons, uns à uns, marquèrent nos visages,
Tandis que notre peau mollissait doucement,
Et quand, de nos vingts ans, nous voyons les images
Il me semble te voir soupirer tristement.

C'est pourquoi mon esprit se pose une question
Car si mon cour pour toi brûle d'un même feu,
Il aimerait savoir dans quelle proportion
Bat le tien, dis-le moi : m'aimes-tu donc un peu ?

Extrait de "Poèmes épars" 
- 2003

Viens vite pour t'étendre
Près de moi sur la couche
Que je puisse enfin prendre
Et tes lèvres, et ta bouche.

Viens vite t'allonger
Sur le blanc de nos draps,
J'ai besoin de t'aimer,
Te serrer en mes bras.

Viens reposer ton corps
Sur le duvet soyeux
Que je puise aux trésors
Qui sont si merveilleux.

Viens me donner cela
Que je goûte à l'amour
Car très bientôt, déjà,
Va se lever le jour.




Il est ainsi des soirs où penché sur la table,
Ma tête entre les mains, je reste à méditer ;
Dans une position souvent inconfortable
Le sommeil, quelquefois, parvient à me gagner.

De ce brouillard diffus où s'échappe mon âme
Le rêve se précise d'abord lentement
Mais, bientôt, de l'action se dévoile la trame
Lorsqu'un sursaut subit m'éveille brusquement.

Je replonge à nouveau dans mes pensées lointaines
M'efforçant à comprendre un peu mieux les humains,
Cherchant à m'expliquer les forces souveraines
Qui guident les esprits sous leurs grands airs hautains.




Il se pourrait qu'un jour mon âme se repose
Dans un autre univers, sous des cieux plus cléments,
Mais je ne voudrais pas, ami, que cette chose
Te cause de la peine, ou bien plus, du tourment.

Car il en est ainsi. C'est notre destinée,
Cette Terre se perd pour un autre horizon,
Notre vie, ici-bas, est une cheminée
Par laquelle s'enfuit l'âme prête au pardon.

Je n'aurai, en ces jours, joué qu'un petit rôle,
Passant inaperçu parmi ce monde austère,
L'enveloppe du corps n'est autre qu'un geôle
Où l'âme se nourrit mais, après, se libère.

Dès que l'heure a sonné de quitter le cocon,
Que notre moi charnel retourne à la poussière,
Ami, ne crois-tu pas que ce moment est bon
Puisqu'il ouvre les portes à une autre lumière ?



Fidélité

 

Si j’ai bien mérité ce châtiment suprême

Reconnaissez, Madame, toutefois, que vous-même

Vous étiez seule en cause à ce tourment profond

Qui agita mon âme en ce fou tourbillon.

Mais oublions cela. Pensons à l’avenir,

A ces heures, ces jours qui nous verront vieillir.

Que serai-je pour vous, Madame, lorsque les ans

L’un à l’autre passés au sablier du temps

Déposeront les rides abîmant le visage,

Et que vos mains osseuses, déformées par leur âge,

S’agripperont encore aux bras du vieux fauteuil

Dans lequel, jadis, où, empreinte d’orgueil,

Vous m’aviez rédigé l’impudente missive

Qui me plaça soudain devant l’alternative.

Je n’avais plus le choix : renier mon amour,

Ce désir était ordre et sans voie de retour.

Ne plus songer à vous, oublier à jamais,

De mon âme effacer tout, même vos portraits;

Il me fallait bannir du profond de mon cœur

Notre amour, notre vie, objets de mon bonheur.

Je ne pouvais m’astreindre à vous renier, Madame,

Car agissant ainsi j’aurais vendu mon âme

Puis, tous ces sentiments qui animaient mon être

Ne pouvaient s’effacer par une simple lettre

Même émanant de vous. Qu’auriez-vous donc pensé

Si, suivant votre vœu, je m’étais empressé

D’obéir à vos ordres, ainsi, tout bonnement ?

Refuser ce parjure et rester votre amant

Je préférais ce choix plus digne à mon honneur

Qu’un reniement honteux qui m’aurait fait horreur,

Je devais préserver en moi le souvenir

De ces années vécues et, pour y parvenir,

Gardant jalousement, tel un précieux trésor,

Cette image chérie toute auréolée d’or,

Reflet de ce visage qui me fut, tour à tour,

Emblème de la vie, de la joie, de l’amour.

Certains pourront penser qu’il fut un substitut

Qu’importe, en vérité, j’aurais atteint mon but

Car si votre abandon fut, pour moi, très cruel

Vous m’avez immolé sur un bien bel autel.

A présent que j’arrive au déclin de ma vie

Je me prends, quelquefois, à dire : "Ma chérie".

 

 

 

 

 

 

 

 

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