Poésies de Pierrot

de Pierre Fetzer



A fleur de plante

Pour bien assurer sa relève,
Elle s'était transformée en fleur.
Le temps pressait, la vie est brève,
Elle ne devait pas perdre une heure.

De l'enveloppe protectrice,
Couleurs et parfum de corolle,
Le pistil jaillit du calice,
Et du bourdon attend le vol.

Posé sur ce jardin d'Eden,
Il donne avec délicatesse,
Son plein d'amour et de pollen,
A cette fleur de la tendresse. 




Rêverie en lotus (Narcisse) 


Auprès des Nénuphars,
Narcisse l'a perçue, 
Dominant son miroir, 
Cannelle est apparue. 

Il joue du ricochet
Avec un(e) plate pierre, 
pour se fair(e) remarquer! 
La belle est bien trop fière

Et fait min(e) de passer... 
Sans même tourner la tête,
Fidèle à ses pensées
Pour aller à la fête....

Ricochets... saute-minet, 
Sur l'eau la belle ondule, 
La vie dans ses cheveux 
Et le bleu de ses yeux! 

Le vent l'a emportée. 
La mare n'est plus très claire.
Les années ont passé....
Cela s'est passé hier! 

Moralité : Une pierre dans l'eau ne casse pas le miroir!!!


Retour d'absence 

Après un long trajet d'absence,
A l'instant même de ton retour,
Je retrouve mes joies d'enfance,
Je suis à nouveau fou d'amour.

Tu es ma goutte de rosée.
Le clair filet de ta fontaine
Apaise mes lèvres séchées,
Me lave de nostalgie lointaine.

Tes mains, tes yeux, ton doux parfum 
Me font rêver comme un printemps,
quand la mer vague ses embruns
Et nous poursuit par tous les temps.

Notre course, main dans la main,
Ecarte un moment les nuages.
Aujourd'hui, oublions demain.
Buvons notre élixir "hors d'âge".
Précieux aphrodisiaque,
Potion d'herbes des champs,
Liqueur paradisiaque
Distillée à ton feu de camp.

Ton retour grandi par l'absence
A porté notre amour très haut.
Mémorisons-nous cette chance,
Dans notre aquarelle ce rehaut.

Le temps ensable notre plage.
Les amants se sont endormis,
Les ailes alourdies par l'âge,
Mais le rêve n'a jamais vieilli...

Le Rêve est fils de Mélodie !



Transmutation philosophale 

Tout feu, tout flamme, 
Volcan de femme !

A ton passage, mon paysage
Se liquéfie, se "lave", rougit,
Me roule, me saoule, me déménage.
Tu étincelles toutes mes nuits. 

Tout feu, tout flamme, 
Volcan de femme !

Mais si je meurs à ta chaleur,
C'est pour renaître de tes cendres,
Connaître la force de tes ardeurs,
Crier d'Amour pour mieux t'entendre

Tout feu , tout flamme, 
Volcan de femme !

Tous peuvent croire mon âme perdue,
Mais c'est en toi que je découvre
La joie de ton bain de fondue,
Les trésors secrets de mon "Louvre". 

Tout feu, tout flamme 
Volcan de femme !

Sur tes flancs riches ma vigne pousse
Un vin nouveau grisé de toi,
Raisins d'ivresse, boisson de mousse,
Je me sens au-dessus des lois.

Tout feu, tout flamme 
Volcan de femme !

Tu es l'Enfer, je suis Vulcain.
Tu es le foyer de ma forge,
Ton corps est pour moi massepain,
Ton nid d'amour est rouge-gorge.

Tout feu, tout flamme, 
Volcan de femme.



Le voyage

D'où vient-il, ce pêcheur dans la barque qui rentre au port ?

Je connais cet attachement qui nous ramène 
sans cesse à la terre de nos racines.
Cette terre qui parfois se voile d'un crépuscule
enveloppé d'un ciel en nuages où le noir domine peu à peu.

Celle qui nous donne la vie a revêtu, pour la circonstance,
un tulle vaporeux, éthéré.
Il est l'heure de rentrer en son sein pour s'y ressourcer. 

C'est à ce moment que le rêve me saisit
avant l'endormissement nocturne. 

Me voici déjà reparti pour une nouvelle aurore. 
Ma barque fait face à la belle endormie.
Je la trouve belle comme une espérance.
Je suis déjà parti pour le grand large. 

L'important n'est pas le départ ou l'arrivée,
la naissance ou la mort,
mais la VIE : le VOYAGE.

S'ouvrir au monde sans s'y perdre. 
Au large, l'Ineffable cohabite mieux avec l'horizon sans fin.


Embryon d'éternité 

Créature de rêve,
Gonflée, ventrue d'espoir,
Parturiente trop brêve
Fruit du couchant d'un soir.

Me voici, j'arrive !
J'étais si bien chez toi,
Sans souci des dérives,
Embryon de moi.
Ebloui de lumière,
Agressé par le temps,
J'en ferme les paupières,
Je me dessèche au vent.
La vie me crie merveille,
Mon cri est différent,
Et quand je me réveille,
Tout est incohérent.

Joies de l'enfance,
Petits moments,
Adolescence,
Furieux torrent.
Les interdits,
Le coeur à nu,
Tous les non-dits
De l'inconnu ...

J'ai tout appris dans cette vie,
Et m'aperçois que ne sais rien.
Heureusement la poésie
Reste pour moi un grand soutien.
.... J'étais si bien chez toi,
Sans souci des dérives.
Devenu enfin moi,
J'ai dû changer de rives.

La destinée
Suit son chemin.
La vie est née
Et déjà fin.

Aimer pour mieux agir,
Agir par la pensée
Et un jour devenir
Parole d'éternité !



Le monde des vampires 

Les fantômes de nos manoirs 
Habillent notre rêve quotidien,
Du plus récent au plus ancien.
On les aime qu'ils soient blancs ou noirs !

Les vampires n'ont pas de couleur.
Fourbes, amis, galants, pythons, 
Ils envahissent notre coeur. 
Chapelles, clubs, races ou nations,
Ils nous font perdre la raison. 
Doux chantages et compromissions 
Vampires savent donner pour mieux prendre,
A l'affût de nos émotions
Incapables de nous défendre.

Les fantômes ne sont pas à craindre,
Ils sont nos rêves apparentés.
Les vampires savent mieux nous atteindre
Jusqu'en nos âmes épouvantées.
L'horreur, compagne de l'épouvante,
Fait fuir le monde à son approche.
Les vampires marivaudent et chantent
Et leur tendresse nous accroche. 

Leur langage se fait idéal,
Comme une mante religieuse. 
La manipulation mentale 
Devient une arme délicieuse.

Leurs victimes donnent souvent naissance
A de gentils petits humains, 
Ce sont des vampires en puissance,
Prêts à exploiter leur prochain.

Il faut louer les jardiniers 
Qui remettent en question ce monde,
Arrachent et jettent ces immondes:
Les liserons de nos sentiers, 
Les coucous dans le nid des autres,
Les parasites qui s'y vautrent. 

Les petits vampires sont très proches.
Ils sont là, sans cesse aux aguets,
Toujours prêts à vider nos poches,
Comme le font les pickpockets. 
De leur olympe les grands vampires
Nous paraissent à mille lieux;
Pourtant on peut craindre le pire,
Ils nous manipulent comme des dieux !



Credo

Je crois que mes frères humains
Ont fait très souvent fausse route
En bâtissant, hautes, de leurs mains
Des tours de "foi" remplies de doutes !

On me l'avait dit tout puissant,
Seigneur des mondes et des armées,
Providence et juge bienfaisant,
en charge de tous les mal aimés.

Ineffable et imprévisible,
Il ne change pas l'ordre établi
Et laisse aux humains les mains libres
Et leurs codes d'Hammourabi.

Je crois pourtant à ces prophètes,
A ceux qui nous sont envoyé,
Aux temps de peine, aux temps de fête,
Quand nous nous sommes fourvoyés.. 

Comment peut-on les reconnaître,
Parmi fourbes et illuminés ?
Si le pouvoir les a fait naître,
Nous devons les éliminer.

Je crois au pouvoir de l'amour,
Et pas à l'amour du pouvoir.
Les conquérants sont des vautours,
Les aimants notre seul espoir.

"Le pouvoir de l'Amour doit remplacer l'amour du pouvoir!"



Fantasmagorie

Le temps s'en est allé à grandes enjambées,
RÊ soleil a fondu les ailes de géant,
Icare et Albatros à terre sont tombés,
Le monde est devenu crépuscule du néant.

Rien ne sert de mourir
En épuisant ses forces
A garder souvenir
De nos vieilles écorces.

L'irréel recréé en fantasmagorie
Transporte nos amours comme des cavaliers
Venus, à vive allure, jambes endolories,
Apporter dans leurs rêves des perles de joailliers.

Un flou radial emporte
Ce couple d'amants mythiques.
Mon rêve les transporte...
Allégorie mystique !

Pourquoi rêver la nuit et pourquoi pas le jour ?
La conscience est plus forte et permet de mieux vivre.
Est-ce le temps libéré qui brûle, mon amour
Eclaire mes pensées quand de toi je suis ivre !


Ainsi passe le temps, un temps d'apesanteur.
Il permet de rêver sans arrêter de vivre,
Goûter la volupté de vivre les senteurs,
Voler jusqu'à l'azur, pour être un peu plus libre.
Chevaucher l'impossible sur la réalité
Et ouvrir une brèche près de l'éternité !


Le rêve est notre apesanteur.

Ecrire à l'auteur : pierfetz@wanadoo.fr

 

Site perso :
http://perso.wanadoo.fr/arciel88/bibpoesiespierrot/arciel88-poesie.htm


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