Je me souviens encor des jours où mon grand-père,
Venait nous visiter, et séjourner chez nous,
C’était un grand monsieur, d’allure militaire,
Je me sentais tout fier, assis sur ses genoux.
Il était presque chauve, une grande moustache,
Cachait son beau sourire, et ses yeux pétillants,
Exhalaient sa bonté, avec un grand panache ;
Malgré l’âge, il avait des traits bien attrayants.
Il me parlait, souvent, du temps de son grand-père,
Témoignant d’une Europe en ébullition,
De la chute des rois, de l’empire éphémère,
De l’aigle qu’éleva la révolution.
Depuis ces temps lointains, le monde a vu des guerres,
L’essor de grands états, des bouleversements,
Colonisations par conflits sanguinaires,
De peuples subjugués par des détroussements.
Ce vieillard vit surgir de grands nouveaux empires,
Le faste des vainqueurs, leur pouvoir absolu,
L’abjecte pauvreté de ces peuples martyres,
Qui subirent le joug de tout peuple vaincu.
Il avait un amour intense pour l’histoire,
Qu’il me contait souvent avec précision,
J’admirai ces récits et sa grande mémoire,
Pour les crimes de guerre et de l’oppression.
Je crois que ces récits contre les injustices,
Ont façonné mon cœur, mon âme et mon esprit,
Car je déteste encor l’extrême préjudice,
Qui, jusqu’à ces jours-ci nous saigne et nous meurtrit.
Mon grand-père, vraiment, était un très grand homme,
Il m’a légué l ‘amour pour tous les opprimés,
Pour tous ces gens traités comme bêtes de somme,
Pour tous ces yeux hagards et ces corps consumés.
Dans mes rêves, souvent il revient pour me dire,
Qu’il faut passer la torche à mes petits enfants,
Mais ces petits enfants n’ont qu’un seul point de-mire,
Ordinateur, télé, sont leurs seuls enseignants.
Qu’a-t-elle, donc, subi cette culture humaine,
Qui transmettait, jadis, aux générations,
Les valeurs du passé, de la loi souveraine,
Qu’il faut apprendre d’hier, les futurs des nations.
Adieu mon vieux grand-père, en gardant ta sagesse,
J’ai vécu mon parcours avec ton talisman ;
Après moi, le déluge arrive avec vitesse,
Pour enterrer l’histoire dans son sombre caban.
13 Juillet 2003
Si tu
savais…
Si tu savais ce que je veux,
Je veux la paix et l’espérance,
Je veux nous voir devenir vieux,
Je ne veux plus voir la souffrance.
Si tu savais ce que je veux,
Je veux exclure la vengeance,
Avant d’aller fermer mes yeux,
Je veux voir une heureuse enfance.
Si tu savais ce que je veux,
Je veux banir la pestilence,
Je veux que tous ces pauvres gueux,
Puissent jouir leur existence.
Si tu savais ce que je veux,
Je veux combattre l’indigeance,
Je veux des chefs plus généreux,
Ouvrir leurs coeurs à l’abondance.
Si tu savais ce que je veux,
Je ne veux plus de la démence,
Qui rend les peuples beliqueux,
Et met les freins à la croissance.
Si tu savais ce que je veux…
Mais c’est vraiment sans importance,
Car je radote comme un vieux,
Au bord de sa deuxième enfance.
Tu sais très bien ce que je veux,
Car tu me sers de consience ;
Je dois classer ces songes-creux,
Dans l’oubliette du silence.
1er Juillet 2003
Adieu à
lEgypte
Je te quitte bientôt, ma vallée
féconde,
Je men vais loin, très loin, à
lautre bout du monde,
Jétais heureux; jadis tu memplissais
despoirs,
Jaimais tes jours brillants et tes paisibles
soirs.
Jaimais ton ciel tout bleu, ton soleil, tes
nuages,
Jaimais lair qui chantait en frôlant tes
feuillages,
Jaimais londe du Nil, nourrice aux seins
séveux
Qui donne à tes feddans son limon
généreux.
Jaimais tes grands palmiers qui me prêtaient
leur ombre,
Jaimais ta pleine lune ornant ton dôme
sombre,
Tes étoiles dargent qui me clignaient de l’œil,
Et quenfant je comptais une à une à mon
seuil.
Jaimais les vieux fellahs, au regard mi-farouche,
Jadmirais le koftan de soie et le tarbouche,
Jaimais tes monuments, Pyramides ,tombeaux,
Tes vallées des Rois, tes musées si beaux,
Jaimais, le soir venu, me plonger dans mes
rêves,
Et regretter, hélas, les minutes si brèves,
Quand tu mavais serré sur ton cœur chaleureux,
Mais que jai dû quitter pour toujours,
malheureux!
Je te dois mon enfance et mon adolescence,
Je te dois les plaisirs de mes ans dinnocence,
Je te dois ma jeunesse et mon éducation,
Je te dois tous les dons de ma génération.
Mais jai dû te quitter, mes yeux rouges de
larmes,
Quand tu mabandonnas, tu me remplis
dalarmes,
Tu tuas mes espoirs et mes ambitions,
Quand tu légiféras tes injustes sanctions.
Je te fis mes adieux en gardant dans mon âme,
Un triste souvenir, un souvenir sans blâme,
Car tu fus ma nourrice et me donna le jour,
Et souvent je revois mon si lointain
séjour.
Je viens de dépasser lautomne de mon
âge,
Et jaimerai toucher les traits de ton visage,
Revoir Héliopolis, parcourir Kasr El Nil,
Et pour un court moment, oublier mon exil.
Heureuse enfance
Sur les épaules de mon père,
Je me sentais roi des géants,
J’étais l’Hercule de la terre,
Le pourfendeur des mécréants.
Je m’en allais à l’aventure,
Un sabre, en bois, à deux tranchants,
Deux pistolets dans ma ceinture,
Et des regards effarouchants.
Papa, mon grand cheval de selle,
Était mon brave destrier,
Et le couvercle de poubelle,
Mon invincible bouclier.
J’étais ce brave légionnaire,
Qui galopait comme un spahi,
Sur son cheval imaginaire,
Mettant en fuite l’ennemi.
A près des heures de bataille,
Museau fumant, mon vieux coursier,
Cheveux en l’air, barbe en broussaille
S’affaissait chez le pâtissier.
Il dégustait sa bière blonde,
Pour moi, c’était un grand éclair,
Nous savourions chaque seconde,
Chaque moment nous était cher.
Après ces longs jours de bataille,
Me paradant comme un titan,
Je retrouvais ma propre taille,
Sur les genoux de ma maman.
Ô, ses caresses, ses étreintes,
Ses doux baisers si consolants,
Qui soulageaient toutes mes craintes ;
Je n’étais plus que son enfant.
Ô, souvenirs si doux et tendres,
Des jours heureux de mes printemps,
Ils sont enfouis dans les méandres,
De mon passé, des beaux vieux temps.
J’arrive aux jours de mon automne,
Je ne suis plus roi des géants,
Ma vie est calme et monotone,
Pépère, à mes petits enfants.
04/12/02
Ingratitude
Nos grands parents, jadis, fuyant la pauvreté
De leur pays natal, et cherchant laventure,
En passant par lEgypte, pays
dantiquité,
Reconnurent lendroit pour leur
progéniture.
Ils vécurent heureux, et nos parents aussi;
Mais nous, les jeunes fleurs de ces souches anciennes,
Par la rigueur du sort, navons pas réussi
A nous faire accepter par les aborigènes.
Tous ces vaillants aïeux, de leur contribution,
Donnèrent au pays une nouvelle aurore,
Mettant tout leur savoir, à sa transformation.
Ils firent de lEgypte, le bijou de lOrient,
Mais ouvrirent aussi, la boîte de Pandore,
Qui nous force à quitter, tout en nous humiliant.
L’amitié
On ressent l’amitié du plus profond du cœur,
C’est un beau sentiment qu’on donne avec candeur,
Il pointe et nous ravit, comme une rose fraîche,
Mais, si vite, souvent, la rose se dessèche.
L’amitié se chérit comme les tendres fleurs,
Que cultive le cœur, pour ses mille couleurs,
C’est un très beau bouquet, si plein d’exubérance,
Qui répand, dans nos cœurs, une douce fragrance.
Pour garder l’amitié, pour la faire fleurir,
Il lui faut du respect, qui la fera mûrir,
Il faut la ménager, parce qu’elle est fragile,
Même avec les amis, qui ont des pieds d’argile.
Nous choisissons l’ami, pour pouvoir partager
Nos secrets, nos loisirs, et pour nous entraider,
S’il a quelques défauts, laissons passer les choses,
Les épines sont là pour protéger les roses.
L’amitié se cultive avec beaucoup de soins,
Dans un fertile sol, qui reçoit les pépins,
Et, pour l’épanouir, seule la confiance,
Lui donne cet élan que nourrit l’espérance.
Quand on perd un ami, l’âme se met en deuil,
L’amitié se répand, en débris, sur l’écueil,
La déchirure saigne, et puis se putréfie;
La suppuration dure toute la vie.
1er Janvier
2003
L’enfant
(Sonnet)
L’enfant dort, comme un ange,
Dans son petit lit blanc,
Il étreint, sur son flanc,
Son petit ours, orange.
Personne ne dérange,
Le moment, si charmant,
De ce poupon dormant,
Emmailloté d’un lange.
Son grand papa l’admire,
Quand il baille, et soupire,
En se frottant les yeux.
C’est ma progéniture,
Et pour pis, ou pour mieux,
Mon immortel future.
Juillet 2002
Le seul ami
Papier, mon seul ami, soit mon dépositaire,
Je t’ouvre tout mon cœur, mon âme et mes secrets,
De tous mes pleurs versés, soit le seul secrétaire,
A toi seul je transmets, mes espoirs, mes regrets.
Je ne veux plus confier, à cet ignoble monde,
Une amitié détruite à grands coups de poignards ;
Papier, tu m’es fidèle, et tu n’es pas immonde ;
J’ai trop souvent souffert d’être criblé de dards.
Souffrir est une loi, qui seule à nous, nous livre,
Sur d’autres, s’épancher ne sert jamais à rien,
On ne doit pas compter sur d’amis pour survivre.
Les seuls, les vrais amis qui consolent nos âmes
Sont ces feuilles qui sont notre secret soutien,
Nous leurs ouvrons nos cœurs, sans recevoir de blâmes.
1948-2001
Ma
vie
Je
pense à mon enfance, avec grande tendresse,
Je lai passée au Caire, ainsi que ma
jeunesse,
Jai
beaucoup daffection pour le peuple
Égyptien,
Avec eux, jai vécu délève
à collégien.
Le
pays ma donné le bonheur, labondance,
Jai traversé, mes jours, jusqua
ladolescence,
A vivre sans soucis ; mes tous premiers amours,
Mes tous premiers baisers, resteront, pour
toujours,
Dans lécrin de mon cur, qui depuis
ensorcellent,
Mon âme de poète, aux rythmes qui
ruissellent,
De souvenirs dantan, rallumant mes désirs,
Quand la muse, à son grès, maccorde ses
plaisirs.
Tout
sécroula, soudain, de gros et noirs nuages,
Assombrirent mes jours, par de violents orages,
Jai dû quitter, hélas, mon vieil ami, le
Nil,
Pour tenter de me faire un futur, en
exil.
Jai
débarqué, craintif, au vieux port de
Melbourne,
Et depuis cinquante ans, cest là que je
séjourne;
Jai fondé ma famille, et crée un
foyer,
Jai fait belle carrière, et je veux
memployer,
A bénir, pour toujours, cette terre
dasile,
Qui, généreusement, moffrit un
domicile.
Je ne regrette pas, mon long exil forcé,
Car je me sens chez moi, non plus un
déplacé.
Jai
parcouru le monde et fait de beaux voyages,
Jai séjourné partout, dans villes et
villages,
Émerveillé, jai vu, des levers de
soleil,
Épandre sur le sable, un manteau de vermeil;
En Norvège, jai vu, des vagues
congelées,
Sériger, se figer, comme des
mausolées.
Jai suivi des déserts en Afrique du Nord,
Et senti les frissons du Geirangerfjord.
Jai
visité beaucoup de beaux pays du monde,
Mon Vade-mecum fut ma vieille mappemonde,
Jai vécu en Afrique, en Italie, en France,
Jai fait quelques séjours, à Milan,
à Florence,
Javais un pied à terre, au centre de
Menton,
Où je passait trois mois, à faire le
glouton.
Jai
séjourné quatre ans à savourer
Athènes,
Le souvlaki, louzo, mémoires si lointaines,
A Washington, jai fait, un des plus beaux
séjours,
Cest là quenfin mon âge,
arrêta mes labours.
Je
vois à lhorizon, le soleil qui recule,
Dans les flots, annonçant lheure du
crépuscule,
Jai vécu ce soleil, à la pointe du
jour,
Quand le coq a lancé, son cri pour son retour,
Ce beau matin brillant fut mon adolescence,
Qui me fit, à midi, perdre mon innocence,
Mon jour sest écoulé, je rejoins le
soleil,
Pour sombrer, avec lui, dans locéan
vermeil.
Je
suis assis, ici, pour faire ce
poème,
Suis-je,
peut-être, vain, de parler de
moi-même,
De
ma longue odyssée, de ce banal
portrait,
Qui
ne susciterait, que très peu d'intérêt
?
9
Janvier 2003.
Mes premiers feux
Je n’avais que seize ans, nous étions en vacances,
J’étais encor puceau, démuni d’expériences,
Mon père avait loué la villa de sa soeur,
Où nous passions deux mois, chaque ans avec douceur.
Diane, une belle blonde, était notre voisine,
Elle avait dix-huit ans, l’âge de ma cousine,
Toutes deux, fréquentaient le collège des sœurs,
Pour la première fois j’aperçus ses rondeurs.
La sève du printemps alluma cette flamme,
Qui mit un feu brûlant aux fibres de mon âme,
Les battements de cœur, les douleurs dans mes reins,
Réveillèrent mes sens, et lâchèrent les freins.
Angèle, ma cousine ouvrit un nouveau monde,
Elle invita chez nous Diane, la belle blonde,
J’étais un grand niais, gauche et balbutiant,
Ce tout premier contact, fut très mortifiant.
Ma cousine me dit que Diane était flirteuse,
Ce qui mit dans mes reins une fougue orageuse,
Je ne pus fermer l’œil de toute cette nuit,
En pensant à comment cueillir ce juteux fruit.
Le lendemain matin, je fus plein de bravade,
Je vins lui demander de faire une balade,
Je fus très étonné de son empressement,
Et je lui pris sa main, avec ravissement.
Diane me pris le bras, avec un petit rire,
De son corps émanait une aura pour séduire,
Je voulu la serrer contre moi, la saisir,
Pour lui communiquer l’ardeur de mon désir.
Nous marchâmes ainsi sans peur et sans reproche,
J’avais ce qui restait de mon argent de poche,
On fit, dans un kiosque, un frûgal déjeûner,
J’étais plein de courage et prêt à butiner.
Nous rentrâmes chez moi, la maison était vide,
Ma mère était sortie, et Diane était languide,
Dans un enlacement débordant de désirs,
Nous fondîmes, tous deux, en capiteux plaisirs.
Sans conter les détails, elle m’ouvrit la page,
Du livre qui m’apprit l’art du dépucelage,
Elle sut me donner des ailes de condor,
Pour aller conquérir sa belle toison d’or.
23 Avril 2003.
Mon parcours
Il neige dans les champs, il neige dans mon cœur,
Mon âme est froide et triste, et pleine de rancœur ;
C’est l’hiver de mes jours, la fin de mes voyages,
Il est temps d’arrêter mes labeurs, mes ouvrages.
La fatigue, a faibli les forces, de mon corps,
Qui jadis, survolait les antres des condors.
J’ai traversé des monts, j’ai parcouru la terre,
Mais je n’ai pas atteint le sommet légendaire
Que je m’étais promis, au printemps de mes jours,
Quand je faisais mes plans pour mes futurs séjours.
La pente fut trop raide, avec beaucoup d’obstacles,
Et mon pied trébucha, tout près des hauts pinacles.
En tombant, mon esprit, recouvert de haillons,
Vacilla, mais bravant les vents, les tourbillons,
Je courus, étourdi, vers mon sort fatidique,
Pour reconnaître, enfin, qu’il fallait que j’abdique,
Car je n’allais jamais atteindre les hauteurs,
Dont j’aspirai, jadis, dans mes rêves flatteurs.
Après ce long parcours, je dois fermer la porte,
Et me laisser flotter, comme une feuille morte ;
Lorsque le temps viendra, pour faire mes adieux,
J’irais, très calmement, rejoindre mes aïeux.
La neige est froide et lourde, et la feuille succombe,
Au vent, froid, de l’hiver, qui vient de l’outre-tombe.
1992-2002
Réminiscence.
Mon
amour a vécu, somnolant dans mon âme,
Il est, là, quelque part, dans un tiède
cocon,
Seul, un doux souvenir, reste de cette flamme,
Ce fol amour flambant, nest plus quun
lumignon.
Je
tai chéri jadis, comme on chéri la
rose,
Mes jours étaient remplis des feux de ton ardeur,
Ma faiblesse a laissé mon cur, pour quil
sexpose
A tes dards épineux, qui saignèrent mon
cur.
La
toile daraignée étale sa dentelle,
Sur tous ces souvenirs, lointains et poussiéreux,
Mais jentends, quelquefois, comme une ritournelle,
Les mots quon se disait, quand nous étions
heureux.
Je
garderai, toujours, dans mon cur, ces
délices,
Vestiges du grand feu qui bouillonnait mon sang,
Je me souviens, aussi, de ces mille supplices,
Quand ton cruel adieu, me laissa
gémissant.
Mes
yeux ont traversé des océans de larmes,
Quand tu mabandonnas, tout seul, sur mon chemin,
Pourtant, javais besoin du support de tes
charmes,
Pour nous donner lespoir dun heureux
lendemain.
Je
suis parti, tout seul, en léchant ma blessure,
Je questionne souvent, lautre cours de mon sort,
Si tu maurais suivi, dans ma folle aventure,
Pour me donner, enfin, ton cur et ton
support.
Je
garderai, toujours, cette image lavée,
Dans mon cur, qui ressent de petits pincements,
Chaque fois que je pense à la belle
vallée,
Quand le Nil arrosait nos
entrelacements.
27 Janvier 2003.
Rétrospective
Je crois le temps venu de faire un long voyage,
Dans mon très long passé, plutôt congestionné,
Pour essayer de voir ce qui m’a façonné
Les grands événements, depuis que je suis né;
Je veux que ce trajet soit un pèlerinage.
En retraçant mes pas, je suis sans épouvante,
Je revois les jalons plantés sur mon chemin;
La hâte de grandir, de ce petit gamin,
Qui plein d’ambitions, plongea vers son destin,
Sans peur de parcourir sa route turbulente.
J’ai très souvent péché, par manque de sagesse,
J’ai confronté bonheur, subi déceptions,
J’ai parcouru des jours pleins d’excitations,
Des jours de désespoir et de privations,
Mais suis sorti vainqueur, grâce à ma hardiesse.
En traversant la piste au fond de ma mémoire,
Je vois que j’ai reçu la clémence des dieux,
Ils ont pour la plupart, exaucé tous mes vœux,
Après ce long parcours, une chose je veux,
C’est de laisser au monde, un tout petit pour-boire.
Éventuellement, quand je rendrai mon âme,
J’irai, très calmement, rejoindre mes aïeux,
Et quand la nuit viendra, pour éteindre mes yeux,
J’élèverai mon cœur, pour remercier les cieux,
De m’avoir tant donné de leur céleste flamme.
Disposez sobrement de cette vieille écale,
Avec ces quelques mots « Ci-gît un bon-viveur,
Il naquit, il vécu, puis il mourut, sans peur.»
J’espère que ma foi , d’éternel voyageur
M’ouvrira le chemin de ma prochaine escale.
12 Avril 2003.
Sans Regrets.
Lorsque je pense à ces années
Que j’ai laissé derrière moi,
Pendant mes folles randonnées,
Mes yeux s’humectent, pleins d’émoi.
J’ai traversé toute une vie,
Des aventures, des amours,
Des beaux voyages, des séjours,
Ma grande soif est assouvie.
Les ans ont affaibli mes yeux,
Et mon éparse chevelure,
Fait apparaître sa tonsure;
Je suis en vie, et suis heureux.
Je n’aime pas l’alternative,
Car être vieux est tout d’abord,
Une victoire sur la mort,
Qui, pour mon âge, est bien tardive.
J’aime revoir ces lointains jours,
Ces souvenirs de ma jeunesse,
Et je ressens avec tendresse
Les pincements de mes amours.
Souvent, le soir, quand tout sommeille,
Je vois des ombres m’envahir,
Elle sont là, pour m’assoupir
Et susurrer dans mon oreille.
Et je m’endors ne sachant pas,
Si mon amas de feuilles mortes,
Viendra, demain, m’ouvrir les portes,
D’un autre jour où du trépas.
Pas de regrets, pas de tristesse,
J’ai survécu beaucoup d’amis,
Et s’ils sont tous au paradis,
Ils me préparent la kermesse.
31 Janvier 2003.
A un ami d'enfance
Séparation.
Adieu mon bon ami, qui dans mes heures tristes,
Consola mes chagrins, et pacifia mon cœur,
En ingrat que je suis, je délaisse les pistes,
Que nous suivîmes, seuls, avec tant de ferveur.
Nous fûmes très unis, le destin nous sépare,
Comment ne pas souffrir, d’être si loin de toi,
Car c’est en Australie, où mon sort me prépare,
A m’exiler d’ici; je suis en désarroi.
En y pensant, les pleurs sillonnent mon visage,
Et ma gorge se serre, étouffant mes sanglots,
Je ne veux pas partir, ni faire ce voyage ;
Mon pays m’a trahi, par d’injustes complots.
Est-ce au revoir , adieu ? je suis plein d’espérances,
Qu’un jour, pas trop lointain, tu viendras me trouver ;
On maintiendra nos liens, par nos correspondances,
Et qui sait? si le sort, voudrait nous regrouper.
Bientôt, je m’en irais, et toute ma famille
Quittera ces logis, qui nous ont tous bercés,
Car c’est vers l’inconnu, que le sort éparpille,
Tous ceux qui, maintenant, se sentent déclassés.
Il n’y a plus d’avenir, pour toute la jeunesse
Qui pensait qu’elle allait travailler librement,
Qu’elle allait partager le respect, la largesse,
Qu’eurent tous nos aïeux, si généreusement.
Hélas, mon cher ami, je dois quitter Le Caire,
Ma ville de naissance, et berceau de mon cœur ;
Je n’ai jamais pensé qu’un avenir précaire,
Me forcerait à fuir, pour trouver mon bonheur.
Tu devras, aussi toi, tirer ta révérence,
Pour poursuivre tes cours, à l’université,
Viendras-tu à Melbourne, ou iras-tu en France?
Ton choix sera dicté, par la nécessité.
Je suis certain qu’un jour nous pourrons nous rejoindre,
Et préparer, tous deux, de très beaux avenirs,
Ce jour sera béni , car je pourrais t’étreindre,
Et renflouer, ensemble, un tas de souvenirs.
1947-2001
Souvenirs
Je voyage, souvent, parmi mes souvenirs,
Ils ont accumulé soixante quinze années,
Hélas, ils sont plus longs que tous mes
avenirs;
A
travers le brouillard, des images fanées,
Traversent mon sommeil, de plus en plus souvent,
Je me vois retournant aux temps de mon enfance,
Comme une feuille morte, emporté par le vent,
Et dère en ère jerre, avec
incohérence.
La
mémoire na plus la flexibilité,
De garder lordre exact des lointaines
séquences,
Elle ternit souvent un peu la vérité,
Et mélange les faits, les dates, les
fréquences.
Je me vois, jeune enfant, accroupi, somnolent,
Quand ma douce maman, me chantait des berceuses,
Je revois mon papa, qui dun ton consolant,
Allégeait mes bobos, pendant mes nuits
fiévreuses.
Je
revois mon cartable, et mon noir tablier,
Je me souviens damis que javais à
lécole,
Étroitement liés à mes jours
décolier,
Maintenant, ils ne sont quune simple bricole.
Je me sens un peu triste, quand je pense à ces
jours,
Quand les copains étaient des copains pour la
vie,
On
change, on évolue, on traverse toujours,
La ligne du passé, qui reste
inassouvie.
Et
pêle-mêle en un instant,
Les souvenirs dantan reviennent,
Pour éveiller lesprit latent,
A petits pas, en hésitant,
Et recevoir ce quils contiennent.
Je
revisite les parcours,
De mes tous premiers pas dadulte,
Quand je découvre les mamours,
Les jolis mots, les beaux discours,
Lexaltation et le tumulte.
Je pense
à mes deux grands amours,
Blonde Aglaé et brune Huguette,
Toutes les deux sont pour toujours,
Les grands élans de mon parcours,
Dans le domaine du
poète.
La
grande profusion de songes récurrents,
Qui de mon inconscient, chatouillent la mémoire,
Sopposent lun à lautre, en immenses
torrents,
Et font de mon esprit, un mystérieux grimoire.
Mais il faut sadonner à la
résurrection
Des songes, que loubli, recouvre de
poussière,
Et séparer le vrai, des faits que la fiction,
Brouille nos souvenirs, quand on fait marche
arrière.
Je
me souviens des jours heureux,
De Coeur-vaillant, au patronage,
Du Père Gaignoux, si généreux,
Un saint mentor, très chaleureux,
Qui me forma, dès mon jeune
âge.
Mon
cur ressent le grand tourment
Quon a souffert après la guerre,
Quand, tout à coup, brutalement,
Tout sécroula péniblement,
Quand on a dû quitter Le Caire.
On a subi
le grand exil,
Entreprenant un long voyage;
On a quitté le bord du Nil,
Ce triste, triste mois davril,
Quand nous avons tourné la
page.
LEurope,
après la guerre, était sans avenir,
Cétait le Nouveau Monde, aux promesses
brillantes,
Qui nous offrait le choix de pouvoir parvenir
A faire du chemin, sans secousses violentes.
Il fût dur le début, pour nous, les
immigrants,
Cétait un autre monde, étrange, angloceltique;
Nous étions des latins, nous étions
différents;
Pour mon père, le choc fut mortel et
tragique.
Mais
le temps a prouvé mon choix, très
judicieux,
Ma carrière a fleuri, malgré quelques
déboires,
Je ne sais pas quailleurs jaurais fait beaucoup
mieux,
Et je suis satisfait de toutes mes victoires.
Je mattarde souvent, remuant les tisons,
Du jour de ma rencontre avec ma chère femme,
Elle apaisa mon cur, pointant des horizons,
Qui me firent ouvrir, les portes de
Sésame.
Cest
déjà cinquante ans quon scella nos
serments,
Nous formâmes ensemble un heureux domicile;
Nous subîmes des hauts et des bas, par moments;
Le chemin ne fût pas, en somme, difficile.
Mais les nuds de nos liens ont toujours tenu bon,
Malgré quelques sursauts qui nous ont fait
apprendre
Que seuls les compromis, dun mutuel pardon,
Auraient pu nous garder, nous aimer, nous
entendre.
Les
souvenirs les plus précieux,
Sont octroyés à la naissance,
De nos enfants qui tous les deux,
Sont les prunelles de nos yeux,
Notre fierté, par excellence.
Ils ont
grandi si différents,
Leur affection est réciproque,
Ils ont toujours, pour leurs parents,
Étés polis et déférents,
Nous les aimons, sans équivoque.
Ils ont,
tous deux, fait leur chemin;
Mon grand est universitaire;
Je souffre pour mon benjamin,
Son avenir est incertain;
Car la musique est sa carrière.
Maintenant
tous deux seuls; les garçons ont grandi,
Ils ont fait leur chemin, chacun à sa
manière,
Notre paisible vie avance au ralenti,
Et nous avons à nous, la maison toute
entière.
Mes fréquents compagnons; les souvenirs faiblis,
Apportent à mes jours un torrent qui
saffronte,
Je voudrais ranimer les faits bien accomplis,
Et renvoyer les faits pénibles, de la
honte.
Chaque
âge a ses plaisirs, maintenant cest le tour
De mes petits enfants, dont la voix
réverbère,
Dans toute la maison, avec leur bon humour,
Qui comble mon destin et mon cur de
grand-père.
Le temps est arrivé de faire le bilan
Dune existence riche en succès et
déboires,
En bref, je suis content que lesprit somnolent,
A pu récupérer ce grand tas de
mémoires.
Jai
très peu de regrets après avoir
classé,
Les divers souvenirs dune existence pleine,
Davoir analysé les actes du passé;
Et maintenant je suis quelque peu hors dhaleine.
Je veux jouir ce jour, cette aube, ce matin,
Avec tous ceux que jaime, et surtout ma compagne,
Je veux le célébrer avec un grand festin,
Car soixante-quinze ans, se fêtent au
champagne.
Testament
Je suis aux derniers jours de ma vie d’automne,
L’hiver sonne à ma porte, et me force à l'ouvrir,
Mais déjà, je ressens que mon âme frissonne,
Le rythme de mon coeur commence à s’engourdir.
J’ai vécu des printemps pleins de fleurs et d’ivresse,
Le soleil de l’été rechauffa mon parcours,
Il fut très généreux, aux temps de ma jeunesse,
Il me prit par la main et bénit mes labours.
Quand l’automne arriva j’ai dû tourner la page,
J’ai dû m’habituer avec sérénité,
De faire ce que font les gens d’un certain âge,
Et gérer de mon mieux, mes ans de retraité.
L’hiver s’est engouffré dans les creux de mon être,
La neige appesantit l’allure de mes pas,
C’est beau, ce tapis blanc, au bord de ma fenêtre,
Qui s’avance sans hâte annonçant le trépas.
Car tout ce qui verdit quand le printemps commence,
Donne la vie aux fleurs, et aux petits oiseaux,
Mais son parcours finit dans l’éternel silence,
Avec une couronne ornant quelques tombeaux.
Quand l’hiver finira j’irais joindre mes pères,
Car je ne suis ici qu’un simple voyageur;
Ecrivez sur ma tombe, en petits caractères,
« Il naquit, il vécu, puis il mourut, sans peur. »