L'ARBRE

poèmes à partir de l'œuvre picturale de NATACHA PENEAU

 

 

 

L'arbre

 Au loin dans la plaine inconnue
Un arbre gît, un arbre fut
Il médite sur son jeune age
Dressé vers le ciel plein de nuages
 
Il songe à la plaine hostile
Elle fit de lui arbre stérile
Cependant dans son jeune age
Ses branches étaient chargées de feuillage

L'hiver sur la plaine est venu
L'arbre n'a pas survécu
L'oiseau a quitté le branchage
L'arbre n'en entend plus  le ramage

Au loin dans la plaine inconnue
Un arbre gît, un arbre fut
Son tronc présenté au sciage
Finira dans l'âtre comme chauffage !

Véronique Higelin

 

 

NOUS VOICI ARBRES SECS


Nous voici arbres secs et bientôt arbres morts
Mais nos bourgeons s’affûtent dans l’ailleurs,
Il faut ouvrir la porte, abandonner ce corps
Qui en quatre saisons, du pire et du meilleur

A connu les délices, affronté les douleurs.
Nous voici arbres secs et bientôt arbres morts
Au bout des espérances, au  bout du leurre,
Nos désirs assouvis dans l’âme et dans le corps

Aux croisées du destin ont la même valeur
Que nos espoirs déçus. Ni les uns ni les autres
N’ont dévoilés la voie. La vie qui était nôtre,

L’avons-nous donc vécue ? Etions nous maraudeurs
D’amour et de bonheur ou d’histoires inventées ?
Nous voici arbres secs, au feu des vérités.

L’iconoclaste 22/10/02


Mon Arbre 

Je n'ai rien oublié de ces instants heureux, 
Quand j'unissais mes bras à ton tronc vigoureux. 
Au pied de tes racines, à l'ombre de ton corps, 
Je m'allongeais souvent, puisant du réconfort. 

Je n'ai rien oublié de ces tristes dimanches, 
Quand j'écoutais le vent s'engouffrer dans tes branches. 
J'écrasais mes deux joues contre ta tendre écorce 
Et je m'abandonnais, malheureuse et sans force. 

Je n'ai rien oublié... Aujourd'hui je caresse 
La mousse de ton pied, par le temps piétinée, 
Je sens tout ton amour, ton infinie tendresse 
Mon chêne merveilleux, à l'humble destinée. 

Et malgré les tempêtes au souffle rugissant 
Sur des cieux assombris, hostiles et menaçants, 
Tu restes invulnérable et ton squelette sombre, 
aux griffes dénudées, déchire la pénombre. 

Quand le printemps salut la nature assoupie 
Quand deux ou trois oiseaux, sur les rameaux, s'épient, 
Ton feuillage émeraude irradie de lumière, 
Je t'appelle à jamais, mon arbre centenaire. 

Marie-Sambre - 18.03.2003 


IL ME SOUVIENT

Il me souvient d'un arbre
Et de ces rets d'ombres
Entre ses bras sombres
Dans le vase noyé
D'un horizon borné
En longs tracés de cendre
où l'espoir croît gris tendre

Il me souvient d'un arbre
Dans le noir qui se lève 
Sous le vent plat qui crève
Vieille lune en exil
Sans violon ni avril
Lambeau de saison vive
Où mes rêves dérivent

Il me souvient d'un arbre

Angèle Lux 

L'Arbre

En ce ciel infesté de contrastes obscurs
là comme un arc-en-ciel éclaté de souffrances
nulle ombre n'a de lieu qui put dire où vécurent
les frères de celui qui meurt en son errance.

Et la terre endeuillée de cette longue attente,
elle seule sachant le retenir debout,
se meurt à l'horizon dont l'aurore s'absente
un peu plus chaque fois que s'éteint, dans la boue,

cet Être dénudé, tordu de solitude
au bout de ce chemin que la vie a changé,
ce vieil arbre, en son oeil percé de lassitude,
ne regarde plus rien que des riens ravagés.

Et dans le sombre en feu des tourbillons du ciel,
impuissant à mourir il reste là tout droit,
l'attente quelque part serait providentielle
comme l'homme en sa fin n'ayant prévu l'endroit.

Alain Girard



L’arbre

Ce vieux marronnier est l’arbre de ma jeunesse,
Ensemble nous avons vécu bien des ivresses.
Dans les soirs d’été il connut tous les orages
Vraiment mon arbre ne montrait pas son grand âge.

Au printemps il chantait l’amour au bel oiseau,
Dans sa ramure se posaient les passereaux.
Tandis que l’hiver l’emprisonnait dans sa glace,
Tel un chêne parmi les rois était sa place.

Au sourd cadran du temps ont tourné les aiguilles,
Sous la ramée jaunie dansent encor les filles.
A ses genoux poussiéreux se nourrit un lierre,
Maintenant mon arbre mordoré dit sa prière.

Demain, l’aube le verra mort, cadavérique
Des couleurs ocres en son tronc déjà s’imbriquent.
Ô toi ! mon arbre tu es mon beau souvenir
Ce soir, à tes pieds, verrai-je mon avenir ?

Pourtant ton âme vers le sol fleuri se penche 
Ton éternité sera faite de branches !
De là haut que vois-tu sur notre belle terre?
Entends-tu le bruit creux des bottes, celui de nos guerres ?

Adieu mon arbre, tu emportes avec toi 
Un éclat de tendresse et un peu de ma joie.
Déjà un frêle cerisier m’ouvre son cœur,
Je vois au lointain pousser un nouveau bonheur...

Marine
21/03/2003


Son arbre

L'arbre se dressait seul, le pied cerné par l'herbe,
Géant massif et calme aux flancs d'écaille brune,
Haussait ses fiers sourcils de toute sa superbe
Vers les vagues du ciel, cime aguichant la lune.

Il portait des sabots mais il était agile,
Point n'est besoin d'échelle aux degrés du bonheur,
Chaque jour il grimpait d'un mouvement habile,
Dans les feuilles, là-haut, de l'arbre, son sauveur.

De son mât de misaine, il surveillait ses bêtes
Qui broutaient dans le pré, tandis que lui chantait
Des airs de moussaillon bravant toutes tempêtes,
Sur l'océan du vent, quand la branche tanguait.

Le Mal restait en bas, il oubliait sa peine,
A l'école du Vrai, gagnait le premier rang,
Il parlait aux oiseaux, au loin filait la plaine,
Les rêves de départ faisaient bouillir son sang.

Un soir de fin juillet, lové dans la ramure,
Un livre entre les mains, aubaine à dévorer,
Le temps n'existant plus, tout à sa nourriture,
Ne vit ni n'entendit l'orage menacer.

Rassembler son troupeau, vite, coûte que coûte !
Sous des sabres de pluie, il courut, il courut...
Pourtant il fallut bien constater la déroute,
Une bête manquait, elle avait disparu !

Sur son dos s'abattit une rouste sévère,
Qu'il subit sans un cri, sa fierté regimbait,
Il n'avait pas dix ans, enfant de la misère,
C'était "le p'tit vacher", mon père deviendrait.

L'arbre aujourd'hui n'est plus que squelette sans âge,
Spectre aux membres tordus, calciné, comme mort,
Mais si vous l'approchez, par quelque soir d'orage,
Vous l'entendrez rêver... c'est un enfant qui dort...

Nicole Hérault
18/03/2003


L’arbre

Cet arbre solitaire est un très vieux géant, 
Les siècles ont creusés ce très grand trou, béant,
Sur son tronc couronné d’un luxuriant feuillage,
Qui pourrait succomber sous l’approchant orage.

Le sort l’a laissé là pour pouvoir témoigner,
De ce que cette plaine a subi pour saigner,
Tous ces pauvres soldats fauchés par les mitrailles,
Qui sont morts à ses pieds, dégorgeant leurs entrailles.

Un obus a creusé ce grand trou sur son tronc,
Ses flancs sont alourdis par les pluies de plomb,
La bataille a duré de l’aube au crépuscule,
Personne n’est vivant au pied du monticule.

Les canons se sont tus, les morts ensevelis,
L’arbre reste debout, ses membres affaiblis,
Il a vu s’évanouir l’âge de l’innocence,
C’est son temps d’accueillir l’ouragan qui s’avance.

Christian Cally
18 mars 2003 



Bois décédé

Brrrrrr ! J’ai froid ! Cet arbre ne porte plus la croix
Offerte à sa naissance, aube d’un soleil confiant !
Solitude est venue à sa porte, a débarrassé ce roi
Végétal de ses compagnons par orages épuisants,
De foudre l’on frappé, abattu, électrocuté cette proie !

Cet arbre s’est défait de son voile, de son âme !
Sa sève a séché sur la terre de ses ancêtres,
Empalés par les requiem souillures oriflammes
Des humains industrieux, les infernaux maîtres
Du progrès que le ciel noir pamphlet, blâme !

Arbre, sein nourricier des poumons de la vie !
Bourgeon, aspiré comme le lait maternel, miel
De l’abeille, il est sec dans ses fibres bleuies,
Mort assurée, figée, dévitalisée, son arc-en-ciel
De feuilles l’a quitté pour nourrir les étoiles d’ici !

Arbre débout ! Arbre, tes racines t’appellent
A ton enterrement total, jusqu’à ta cime brûlée !
Allonge-toi ! Couvre-toi d’une vitrification fidèle,
Tu deviendras une momie ! Tu seras dissimulé
Et un jour découvert, magnifique, tu naîtras stèle !

©Max-Louis MARCETTEAU 2003


Ô MON ARBRE !

Ô mon arbre !

Quand je regarde ton grand corps noirci
Tendu vers le ciel comme en prière
Je me souviens des longs après-midi
Où le vent dansait dans ta crinière

J’écoutais cette chanson chuchotis
Qui nourrie de mes rêves d’enfant
Devenait guerre d’ombres sans répit
Bataille où j’étais Prince des géants

Ô mon arbre !

Quand je vois ton écorce craquelée
Toi dont l’odeur m’enivrais si souvent
Mélange de sève, de feuilles, emmêlées
Tu n’es plus qu’un tronc, dressé au néant

Et mon cœur saigne de te voir ainsi
Toi mon ami, confident des amours
Tous mes rêves en sont comme meurtris
Amputés pour le restant de mes jours

Luc Rose 12/03/2003


Comme un arbre sec

Où il y avait une forêt luxuriante,
Ne reste qu'un bois mort à l'allure effrayante.
Le temps, sans pitié, a ravagé la beauté
Des abords d'un chemin si souvent emprunté.
C'est un décor qui convient à mes idées noires,
Avec un ciel lourd qui m'interdit tout espoir,
Car mon cœur est désormais comme l'arbre sec
Ou tel l'oiseau blessé, la mort au bout du bec.
Mais qu'importe que la sève ait voulu me fuir,
Pendu à une branche il me faut en finir... 

Kévisa



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