MAX-LOUIS MARCETTEAU

Adresse de l'auteur : MAXLOUIS22@wanadoo.fr

 

 

Iréné

Sublime

Enfants

Chaos

Résumé
dévastateur

Un lever de corps

   

 

 

 

Irénée

 

 

Pour Irénée, je rigole doucement sous ma barbe de huit jours. Ce soi-disant martyr qui a écrit un Traité de l'hérésie ( ou un truc similaire), d'une érudition à faire pâlir nos théologiens ( ou gens ( sic )  - savants - comparables) s'égare en compagnie de Rhodope, une bien curieuse courtisane. Ce jour-là, son encre aurait dû rougir et s'enflammer, marquer ses iris, le destituer de ses pensées. Il a l'orgueil insolent, de volcaniser Aphrodite et hélas, même lui simple mortel a succombé à son calice ! N'aurait-il pas couru quelques Hélène dans ses longs voyages ?

L'Irénée en question, secouant ses os et son aura, me répond :

" - Infâme passager de la Terre, homme de peu de foi, les mots sont mystères dans ton esprit!

Surpris d'un tel élan, d'une voix d'outre-néant, je m'interpose en quelques mots :

 - Fricoter platoniquement de la sorte est illicite pour votre ministère, homme d'une foi incertaine !

Mais il ne se laisse pas mener par le ton, il reprend :

- J'ai courbé l'échine, enduré les esprits des Hommes ! Courageux pèlerin, j'ai  transcrit de mon sang la  jonction de l'Orient et de l'Occident! Tu es la graine de ta  propre souffrance, le démon de ta propre bêtise!  Vade retro , Satana !

( Je consulte rapidement mon dictionnaire, feuilles roses, j'entrevois la lueur d'une ombre: Hadès.)

J’informe :

«  - Ton temps est dans ces mots ! Et ces mots sont tes envies, tes tares. Ils rongent les parcelles éphémères de ta foi, de ta religion ! Tu es le contraire d’une  âme vive et pure, tu es sans nul doute un simple déguisement pour induire en erreur l’humain dans sa terreur d’un au-delà infernal ! »

Ma radio s’abaisse à ne plus l’entendre, ma lumière clignote et s’éteint ! Je perçois très loin un souffle et une odeur âcre !

L’Irénée, expire :

«  - Floraison des mots courtois incompris sur ton champ d’abjectes pensées à mon endroit, tu es insolent, invivable dans ta demeure. Rien en toi n’écoute le chant mélodieux, d’une vie  remplie d’un Amour de Dieu, d’une vague de douceur, qui caresse l’âme en son tréfonds ! Tu es un mauvais traducteur, une marionnette  de mots indécents »

Je découvrais à ces instants, une tiédeur inconnue s'infiltrer dans les fibres de mon corps !  Je sentais l’Irénée dans le périmètre de mon bureau.

Je traînais le nouvel arrivant dans ces mots :

 « - Prends garde de ne pas déranger une âme en vie ! Elle est capable de souffler ta bougie d’éternité, la lueur de ta Rédemption! Ne gaspille pas ton temps, tes heures d’éternité avec moi. La traduction des âmes est certainement la plus difficile et je me suis joué de toi pour ta réaction ! Mon opinion de toi est faite. »

Mon système pileux parcouru d’un frisson, interpella mon envie de partir prestement de ma place ! Cependant, courageux par nature, j’attendis une réponse qui ne tarda pas !

«  - Sutor, ne supra crepidam »

( Je consulte rapidement mon dictionnaire, feuilles roses, j'entrevois la lueur d'une lumière : La Vérité )

Et de ce jour, si j’ai appris que les mots étaient mystères, l’âme est sans commune mesure à la hauteur de sa réputation !

 

©M-L MARCETTEAU 2002


Sublime


Août, il pleut. Le ciel est gris bleu. La voiture arrêtée au bord d'un sentier, la musique à fond, il ne reste plus qu'à attendre l'heure fatidique. Depuis cette veillée, je fais des rêves sans fond où je me laisse prendre dans un univers fantastique. Vision de l'espace, je te vois, hallucinante. Je suis un terrestre dans une impasse, celle de la longueur du temps. Dans cet insensé, je marche prêt de toi.
La cigarette aux lèvres, j’embrume mon angoisse.
La main caresse, la main tue, demain, reviendras-tu main de sagesse ?
La fontaine coule comme le sang de la vie que je te porte. Ma vie n'a plus de sens. 
Un briquet s'allume, une cigarette se consume, ainsi va le monde, à petit feu, il redevient cendre.

1996

©M-L MARCETTEAU 2002

Enfant

Je suis toujours vivant dans les décombres de mes mots zébrés, engloutis d'une écume noire. L’été de mon jeune temps est glacial. La nuit est un fantôme qui m'accompagne de son omniprésence, de son linceul, elle me couvre obstinément.
Je suis immobile. Plaie béante, invisible au monde, je me déracine à chaque inspiration.
Je perçois des cris dans cette nuit, où la Lune s’est cachée pour ne pas voir les écorchures, les entailles, les griffures, les meurtrissures, les blessures d’humains en conflits de pensées. La pluie ne lave plus mes larmes d’enfant dans cette nuit qui se pourrit lentement sur les murs de ma chambre. La prière ne sert à rien. J’ai prié tous les jours. Mes petits genoux sur le carrelage de la cuisine, dans un coin, près de la panière à pain, se rappellent mes longues tirades pour réconcilier papa, maman ! La nuit est toujours trop noire pour les yeux d’un enfant qui est seul dans son cœur. 
Pas à pas, je franchis les ruines d’un lointain passé qui m’explose dans les tréfonds de mes lignes aux corps de liane. Elles sont tordues mais vivantes. Elles sont déchirées mais saines. Elles sont les liens de ma respiration actuelle.

©M-L MARCETTEAU 2002

Chaos

Le soleil de l’écriture mortelle s’est figée sur la stèle. Un sourire se fige sur la pierre. Des yeux vivants se posent sur ses yeux vides de vie. Une détresse s’échappe du survivant. Un tremblement général secoue cet humain. Un séisme où les sanglots se plongent dans un barrage aux millions de mètres cubes d’émotions. Les yeux lisent les symboles du passé. Les yeux sont dans les souvenirs gravés au de-là de ses lettres. La pensée est submergée dans l’incandescent peuple des dessins sous titrés de phrases passagères statufiées dans un éternel rembobinage des bouleversements. La prière est absente comme l’être aimé. Une partie de son sang a séché comme une lave qui a formé une terre sacrée dans son monde luxuriant.

Il s’agenouille. Mains entrecroisées, il frappe la terre. Il frappe le destin. Il frappe sa chair. Il frappe son désarroi

Il fouille la terre au pied de la stèle impassible. Il creuse à la recherche de son passé.

Il creuse, creuse et s’enterre vivant.

©M-L MARCETTEAU 2002

Résumé dévastateur  

Le prologue annonce une atmosphère brumeuse, un paysage odorant aux visqueuses images d'effrois.

 Calé dans mon fauteuil favori, usagé par les longues nuits de lectures et d’insomnies, je m’enfonce dans le premier chapitre d’un livre aux pages angoissantes ! Une graine de répulsion prend forme, transperce quelque-unes de mes fibres sensibles. Sa tige épineuse, gluante, s’allonge lentement dans le corps de mon esprit. Elle bourgeonne, s’amplifie, et souffle un printemps de terreur. Cette sève printanière nourrit les phrases délirantes une à une sans répit.

 Le terreau est d’une consistance sablonneuse au second chapitre. Il  s’active sur des moribonds qui se déchaînent de leur coupable ironie d’être incrustés sur ces lignes d’un auteur au bord du puits de la déchéance primaire. Ma respiration se fait courte. Elle prend le pas sur le point virgule d’un mot outrageant, sur le mot inavouable, sur la ponctuation précipitée après un acte de panique, sur l’exclamation d’un point de rupture, sur la parabole d’une offusquante découverte, sur un pont de phrases déchirées ! J’entends ce cœur combattre le stress de ce chapitre monstrueux !

 La graine est devenue arbrisseau au troisième chapitre. Les paragraphes aux structures fantastiques s’étirent comme des hydres et prennent possession des lieux incontournables de l’histoire qui se vit en direct dans la peau du personnage principal qui déambule laborieusement de rebondissement en rebondissement, prêt à tous les instants à succomber dans le lierre cannibale des agissements de l’auteur.

 Mes yeux frissonnent au quatrième chapitre. Une mutation vient de se produire. Elle est un poil au-dessus de l’intenable. Elle est inquiétante et veille à me tenir dans mon état second pour que je ne perde pas la trame de la vérité première de cette histoire.  Elle est décoratrice d’un environnement nouveau. Mon subconscient est percuté de plein fouet. Il est tétanisé. Les matériaux sont sophistiqués, cloutés à chaque action, à chaque détour d’un personnage. Mutation d’une impalpable énergie qui navigue sous les vents de la crainte.

 La perfection se lit au cinquième chapitre. Le chaud équatorial et le froid polaire effectuent une étrange farandole. Un couple aux extrêmes passionnels qui renversent la vapeur de l’atrocité sur la figure de mon esprit paralysé par la tournure extravagante des situations qui s’accouplent aux hurlements d’une nuit noir ébène !

Je suis au-devant d’un arbre gigantesque, aux branches qui frappent durement le sol satin d’une douce herbe qui saigne des pleurs de sa souffrance insoutenable.

 Ma peau est une sueur d’immondices au sixième chapitre. L’effroyable s’allie à la finesse, aux détails extravagants et ingénieux des contours des phrases embaumées dans la folie des heures intolérables. Les personnages sont emmurés par un ciment  de mots, pétrifiant ainsi leur vie dans des actions à jamais répétitives.

 Mes maxillaires se sont resserrés au septième chapitre, sur l’horrifiante terminaison d’un verbe à l’infinitif en ire. Les dernières lignes me poursuivent dans une étreinte infernale à l’allure subsonique de mes vaisseaux dilatés par le bouleversement de cette histoire effrayante.   

Le mystère de cette ténébreuse affaire vient d’être découvert, in extremis, sur un épilogue paré d’une dorure démoniaque !

 Je lance le livre au loin. Je suis épuisé. Ma vie est un Livre de mots désarticulés

 



Un lever de corps


I

Se décroître dans la nuit ! S’étaler sur l’ombre d’un fleuve étoilé dépérissant ! S’extasie, à l’œil glacé, sur le dessin flétri d’une eau devenue trouble aux expériences pourrissantes des humains coiffés du pouvoir de séduire à tout prix.

Ne pas reconnaître le Temps de vie. S’enraciner dans l’erreur. Reconnaître sa faute et périr à l’intérieur d’elle comme un ver empoisonné dans son fruit qu’il avait crû bon, savoureux. Déraciner ses mots, les jeter sur les lignes brisées, tranchées par la hache de l’incompréhension. Déboutonner sa vie ! L’éventrer sur le parvis d’une existence qui s’éteint et crie sa rage de plus respirer sa vérité. Décapiter sa réalité, s’enfoncer dans un rêve qui côtoie le C maître de l’avant-poste de la Mort, qui s’octroie des entrées fuguasses dans l’esprit toujours vaillant d’être plus fort. S’étrangler à la vue de son être pêché à l’instant et qui ne comprend pas que sa fin est à cet instant, entrailles éjectées à l’air libre du poison de l’oxygène des humains carnivores de toutes les espèces terrestres, subterrestres et extraterrestres. S’effilocher les doigts sur la longueur d’un corps, froid de passion, s’engourdir à la caresse qui prend feu et calcine la seule preuve d’Amour qui pouvait exister à ce tactile, aujourd’hui souffreteux ! Déverrouiller son âme à la passion de mourir une seule et unique fois dans les bras de son existence imparfaite qui se croit imputrescible à l’éternité riante du trop d’importance qu’on lui octroie comme si elle était cette impératrice, cette dictactrice de l’immortalité humaine.

S’enquiller dans le sable, ne plus bouger ! S’emmurer dans ce château sableux vitrifié au regard morbide d’une mer criante de noire, hurlant les beaux-forts même par ce beau temps de soleil. Enlacer dans l’infernal poudrière des mots qui s’explosent aux creux des lettre, la Tempête s’éclate dans l’esprit dérouté un matin de printemps au bord d’un plage, vide et immense. Chevaucher sa peu, la cabrer sur le lit d’une eau translucide, épousant sa valeur d’être supérieure à toutes les pensées négatives, la brûler dans le puits des déchets récalcitrants de sa vie, la guillotiner le ventre tendu de douleur et avancer sur ses lambeaux en criant sa victoire. 

Ne pas s’imposer à la vie, la vie s’impose à vous ! Ne pas s’émouvoir à la passion, la passion s’émeut pour vous.


II


Se fondre dans la couverture glacée des heures cannibales qui s’étendent sur vous comme malaise à la vue d’humains déchiquetés d’amertumes. Dépouiller son trop plein d’émotions, le séquestrer dans la fortification de votre lit, la nuit d’une pleine Lune et pleurer des larmes d’outre-tombe sur l’oreiller de vos sueurs putrides. S’entailler les ongles par le travers, les tremper dans l’encre jaune du pue des jouvencelles, obsessions indomptables. Les inscrire sur
les remparts immondes de la vue galvaudeuse des voyeurs inconditionnels de l’extravagant morbide. Les couronner d’épines, les crucifier mille fois pour les anéantir dans la mémoire collective. S’épancher sur elles, les regretter comme des sœurs indispensables à sa vie. Reconstruire d’autres semblables, les vénérer à l’extrême et produire l’illumination religieuse, Foi impénétrable qui vous fait vivre. Dégoupiller ses peurs ! Les embarquer à fond de cale ! Les ratiser à tous les instants, les scorbutiser nuit et jour. Les damner dans l’eau salée de la compréhension. Dévaler les escaliers de l’insaisissable et se disloquer sur le palier de l’insatiable. S’égorger à ses mots, mourir au souffle de sa peur, s’inhiber dans le néant !
Je me regarde dans la glace. Mon esprit est ce ventre entortillé de douleur. La glace se brise. Les éclats me perforent de part en part. Vivant, je rampe à la baignoire. Tourne le robinet d’eau froide. M’enfonce dans ce liquide, qui monte lentement à sa vitesse, tel un sablier qui ne sait pas qu’il est le représentant du Temps. Je me noie à l’ébullition de mes mots savonnés de ma consistance humainement instable, décadente par définition, perméable à ses pensées, inconvenante à sa vie et indispensable à son esprit.





©M-L MARCETTEAU 2002

Adresse de l'auteur : MAXLOUIS22@wanadoo.fr

 

 

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