DEUX MINUTES ENCORE
Attends
Deux minutes encore
Écoute
Un air de jazz imaginaire
Qui me surprend aussi
On se détend
On soublie
Des fois des bateaux passent
Des fois des ombres glissent
Entends les yeux fermés
Les bruits qui sévaporent
Étends ton corps bercé
Laisse-moi tout lui faire
Te plaire
Attends
Deux minutes encore
Des fois des gens sembrassent
Des fois des enfants glissent
Pour entourer nos corps
Le sable a sa manière
Sans y toucher vraiment
Que sa chaleur quon sent
Et sa douceur, infiniment...
Bientôt le soir
Mais reste encore
Le chant des oiseaux rares
Des oiseaux de la mer
Cest vrai quil se fait tard
Quil va falloir rentrer
Donne-moi ton regard
Mes yeux vont sy noyer
Continuons lhistoire
Laissons-nous tournoyer
ATTENTION AU VENT
Attention au vent
Attention les filles
Voyez-les devant
Qui vous déshabillent
Attention le vent
Lève vos jupettes
Voyez, ils sapprêtent
A aimer le vent
Pour un moment dinattention
Quelques secondes de bonheur
Et un instant de déraison
Pour un moment sans importance
Ces deux secondes dimpudeur
Et la beauté de vos silences
Attention, le vent
Ça les fait rêver
Ça les fait attendre
De vous voir danser
Et puis vous reprendre
Encore à moitié
Rougies par le vent
De vous voir si jolies, perdues
Votre visage un peu ému
Cest un bonheur qui les surprend
Quelques secondes seulement
Un peu de vous en un éclair
La beauté de votre tourment
Et votre regard qui se perd
Et vous rapides qui partez
Loin de leurs yeux, de leurs pensées...
Attention le vent
Lève vos jupettes
Voyez, ils sinquiètent...
Continue, le vent...
TOURNÉES GALÈRES
Avant-hier à Cherbourg
Et demain du côté de Strasbourg
Entre-temps, les hôtels miteux
Les robinets qui fuient
Les lits inconfortables
Les brasseries minables
Bar-hôtel de la gare
Dans le coin cest le mieux
Pour les soirs de concert
Ca reste ouvert très tard
Les serveuses se ressemblent
Dans ces lieux de passage elles se sont résignées
Et leurs yeux vides semblent aller quelque part
Dans des coins inconnus aux passants trop pressés
Elles sont déjà perdues, déjà
abandonnées
Aux courants dairs, aux bruits, aux volutes de
fumées
Une heure du matin, quelques paumés
En prennent un dernier
Et puis recommencent
Après Strasbourg il faut rouler
Strasbourg-Marseille dans la journée
Après, Toulon
Lille, Brest, Toulouse, Clermont
Et puis la banlieue parisienne
Lausanne la semaine prochaine
Dormir derrière, chauffeur crevé
Whisky, coca, café
Des petites salles de débutants
Ne pas savoir
Jusquà quand la galère
Peut-être encore longtemps
Parfois, le soir
Penser à penser à sa vie
Que ça suffit tous ces concerts
La vie la nuit
Les filles, ici
Ce nest jamais vous quelles regardent
Cest une image
Cest leur image
La vie normale
Cest pour quand ?
VOILÀ QUON LAPPELLE MADAME
Voilà quon lappelle Madame
Moi je lui dis encore « petite »
Et je la suis de loin
De trop loin, je trouve
Mais elle est bien
Au téléphone elle parle dun air enjoué
Elle me demande si ça va, je lui réponds «
Ça va »
On se regarde, sa mère et moi
Elle a grandi trop vite
On lappelle Madame
Voilà quon lappelle Madame
Quelle parle de son mari
Et il me parle aussi
Il aime ma petite
Je crois quil en prend soin
Elle laime, il laime, cest bien
Souvent il y a des silences dans la maison
Des souvenirs dans chaque pièce
Encore un objet dans ma veste
Quelle mavait donné enfant
Quand elle avait dix ans
Cest fou, le temps
Je le garde précieusement
Cest ma vie, mon diamant
Cest elle à tout moment
Je ne lui ai rien dit
Cest sûr, elle aurait ri
Elle aurait ri de moi, de ces manies bizarres
Je pense à elle tous les soirs
Elle moublie certainement, surtout le soir
Moi cest là quelle maccompagne
Cest arrivé quelle me présente
Moi jétais fier dêtre son père
Et puis je restais en retrait, la regarder me suffisait
Tout ces gens autour delle
Ma fille, et moi son père
Moi qui me sens partir, mécarter doucement
Mais je men vais pour elle, je lui ai tout donné
Je vis en elle maintenant
Voilà quon lappelle Madame
Je suis ému, je laime
Cest ma fille, une femme
Cest ma fille et je laime
PLEURER
Je dirai à loiseau de se poser sur toi
Et puis aux papillons de venir tentourer
Je leur dirai tout ça
Je te promets
Je dirai au soleil de venir téclairer
Je dirai aux oiseaux de jouer avec toi
Mais je ten prie, ne pleure pas
Tu as le temps pour ça
Jordonnerai au vent, le soir, de te bercer
Et je dirai aux fleurs de sentir bon pour toi
Tu ne penseras plus à pleurer
Et moi je serai là, tout près
MANIF
Regarde
La ville est belle
Ca sent un peu les fumigènes
Regarde
Dans leurs regards cest aussi la couleur du ciel
On voit passer des vents rebelles
Écoute
Les chansons qui nous font marcher
Écoute
On va gagner
Ça navance pas vite mais le pas décidé
Ça a un charme étrange, se sentir dans le flot
Des enfants révoltés
Regarde les couleurs, elle est belle la rue
Tu les vois aux balcons, les gens nous applaudissent
Et nous, la liberté
On se regarde, on se sourit
On discute de temps en temps
On a des idées, des principes
On serait là dans dix-mille ans
Regarde
Si on nous écrase, on résiste
On se défend
Même pour un dernier tour de piste
La dignité, cest grand
On navance pas vite, ça a un charme étrange
Si ça dérange... on reviendra
RESTEZ FIDÈLES À VOS UTOPIES
Ne laissez pas vos utopies
Noubliez pas
Et gardez-en comme un parfum
Et le vent salé de la mer
Et devant vos espoirs défunts
Nen prenez pas un goût amer
Restez fidèles
Noubliez pas
Aucun espoir nest ridicule
Et sils étaient votre jeunesse
Essayez de vous ressembler
Sils vous délaissent
Rattrapez les
Et sils vous rendaient impatients
Impétueux, impertinents
Tâchez de lêtre encore un peu
Soyez partants
A tout jamais
Ne laissez pas vos utopies
Piétinées, salies et moquées
Gardez lenvie
Défendez les
SATTACHER...
On ne devrait pas sattacher aux gens
La mélancolie, cest beau dans les livres
Et le temps qui passe et quon sent passer...
On ne devrait pas sattacher
Quand on commence à aimer bien...
Quand on commence à sinquiéter pour pas grand
chose
Pour une pâleur, des yeux cernés
Pour un visage un peu fermé
Cest lévidence qui simpose
Elle a lallure de lamitié
Et tous ces jours passés pour rien
Le temps perdu à rattraper
On ne devrait pas sattacher aux gens
Mais cest tout ça qui nous fait vivre
Tous ces frissons, ces prévenances
Tous ces océans dindulgence
Quon redécouvre à tout moment
On sourit, on parle, on dérive...
On ne devrait pas sattacher aux gens
Et cesser dêtre sentimental
Davoir sa tête dans les étoiles
Et le cur pris par peu de choses
On ne devrait pas sattacher
Trop souvent on se décompose
Et lon sinquiète pour presque rien
A quoi on donne tant dimportance
Que ça fatigue daimer bien
Mais on aime tous les hasards
Que parfois on a provoqués
Il fait chaud dans certains regards
Et cest bon de sen approcher
Et lon sattachera encore
On vibrera pour presque rien
On en repassera sûrement
De ces heures à ne rien se dire
A navoir jamais terminé
Et puis on recommencera
Et lon pourra sans prétentions
A chaque fois se découvrir
On devrait pouvoir sattacher
Laisser parler ses sentiments
Pour comprendre finalement
Ce quest la vie
ON DIT QUELLE NE FAIT PAS SON ÂGE
Elle aime brûler sans attendre
Elle aime être jeune et vibrer
Si vous croyez quon peut comprendre
Après nos vingt ans ses pensées...
Elle aime se sentir en osmose
Avec son âge et ses envies
Elle aime la couleur de la nuit
Il faut bien vivre quelque chose
On dit quelle ne fait pas son âge
Elle le gardera plus longtemps
Elle répond ça de temps en temps
Elle en sourit, ça la soulage
Elle aime entendre par moments
Les gens stoppant à son passage
On dit quelle ne fait pas son âge
Elle sen amuse, en joue souvent
Si la vie lattend au passage
Elle prendra garde de léviter
Bien aussi longtemps que son âge
La dispensera dy penser
Demain, demain
Elle nattend pas demain
Elle a parfois des rêves
Qui la distraient de rien
Cest dans ces moments là
Quelle se fait du chagrin
Elle ne croit pas grand chose
Cest bon de temps en temps
Dêtre hors de ce quon pose
En principes évidents
Demain, demain
Elle ny croit pas, demain
Elle sen ira peut-être
Lassée davoir vieilli
Voyager pour quelquun
Quelle croisera peut-être
Demain nexiste pas
Elle aime loublier
Souvent en sifflotant
Elle regarde passer
Lorsquelle claque des doigts
Des futurs improbables
Quelle ne sera jamais
ON NA PAS DE STYLE
On est mauvais, mon vieux
On na pas de style
On a beau griffonner
On est des imbéciles
Je savais bien écrire
Et puis tourner mes phrases
Jen avais de lemphase
Aujourdhui jen souris
Moi jy croyais, mon vieux
Jai compris qui jétais
Je croyais être un peu
Écrivain mais si peu
Il y a des fontaines
Il y a des maisons
Il y a des sirènes
Il y a des chansons
On est mauvais, mon vieux
On na pas de style
On na jamais compris
On est des imbéciles
On est mauvais, mon vieux
On ne fait que des phrases
On a noirci des feuilles
Mais elles nous découragent
Si on sen aperçoit juste un peu
On est mauvais, mon vieux
On nest pas écrivains
Juste un peu malheureux
On avait cru savoir
On écrivait des choses
Même on écrivait bien
On nous disait des choses...
On aurait pu rester
Écrire encore un peu
On est mauvais, mon vieux
On sarrête mon vieux
Jen ai assez pleuré
Il y a des amoureux
Il y a des marins
Il y a des chimères
Il y a des putains
Il y a des couleurs
Des lacs et des fougères
Quelquefois des odeurs
Mais pas une atmosphère
On a bien de lardeur
Et un peu dambition
On le sent dans le cur
On na pas de talent
Il y a des oiseaux
Et des arbres magiques
Il y a des chevaux
Des cavaliers tragiques
On est mauvais mon vieux
On na pas de style
On a juste des mots
Des riens, des peccadilles
On na pas le talent
On est des imbéciles
On sarrête mon vieux
Moi jy ai assez cru
On est mauvais mon vieux
Je nen peux déjà plus
Il y a plein de choses
On se donne du mal
Et parfois quand on lose
On se sent si banal
On a bien des envies
Et des idées en tête
Il faut que lon sarrête
On na jamais écrit...
JAI PAS SOMMEIL
Jai pas sommeil
Jai encore trop de soleil dans les yeux
Jai des étoiles qui y pétillent
Jai mes sandales qui se maquillent
Dun peu de sable et de coquilles
Qui me chatouillent les orteils
Jai fait des tours sur les manèges
Ma tête tourne un peu mais cest normal
Jai du noir sur le beige de mon futal
Je suis tombé par terre quand je construisais ma cabane
Cest encore la faute aux Indiens
Et jai pas faim
Jai fumé des cigares au chocolat
Jai encore le goût dans ma bouche
Et jai mangé quelques bonbons
Je vais aller prendre ma douche
Je jouerai avec mon avion
Jai descendu des toboggans
Et puis jai déchiré un peu mes gants
Mais cest normal quand on veut attraper le ciel
Et quon retombe dans le réel
Moi jétais monté sur un mur qui englobait le
firmament
Jai joué sur des balançoires
Jai balancé des arrosoirs
Jai aussi fait quelques bêtises
Mais tas pas besoin de savoir...
PARFOIS LENFANCE...
Ce poème a été publié en mars 2000 dans
le numéro 21
de la revue Poésie 1 / Vagabondages (Le Cherche Midi
éditeur)
consacré à la nouvelle poésie
française
Des rêves enfouis
Et des silences
Et des absences
Et des non dits
Quelques dessins
Aux traits brusqués
Quelques dessins
Vite déchirés
Cest du silence
Parfois lenfance
Des rêves enfouis
Et des absences
Des rêves enfouis
De moins en moins
Des impatiences
Et des questions
Des impatiences
Et puis plus rien
Des coups qui claquent
Et lhabitude
Qui se décalque
En solitude
Cest des outrances
Parfois lenfance
Des insomnies
À faire le guet
À chaque nuit
Habitué
Des sentiments
Des déchirures
Des sentiments
Et la torture
Des sentiments
Et des questions
Des sentiments...
Et puis plus rien
Cest linconscience
Souvent l'enfance...
LE TESTAMENT DU VIEIL HOMME
Jai entrouvert une porte bête
Qui ne menait sur rien du tout
Je lai laissée, je tai laissée
Dans des mirages vite estompés
Je ne sais plus ce quil en reste
De ces images que jai laissées
De ces visages que jai aimés
Bien plus que moi, bien plus parfois
Que ces bêtises quon trouve à dire
Quand on repart à demi-nu
Assassiné de ces sourires
Javais aimé avant peut-être
Je ne men souvenais plus bien
Mais à présent quest-ce quil en reste ?
Linanité du quotidien
Je me souviens, je nai plus lâge
Quand je les vois passer devant
Elle avait presque son visage
Je me souviens, je my surprends
Il ne me reste quun sourire
Je crois quelle se souviendrait
Maintenant quy a-t-il à dire
Quand je suis là, seul à présent
Si inutile à regarder
Des souvenirs et des silences
Qui ne ressemblent quà moitié
À des images, que des images
Des regards où se raccrocher
Je me souviens, je nai plus lâge
Mais je suis là, je me souviens
Jai trop dimages qui me rappellent
Que je ne suis quun survivant
Jai trop de peurs qui me reviennent
Je me sens tellement enfant
Je ne sais si la vie est belle
Quand on a quatre-vingt-quinze ans
La vie ne me concerne plus
Pourtant je lai aimée avant
Jen avais fait des conjectures
Jen avais eu des ambitions
Je ne serai plus quune ordure
Qui nourrira les asticots
Je nai plus longtemps à attendre
Quand chaque heure nest quun sursis
On me disait des choses tendres
Lorsque jétais encore en vie
Et moi au milieu de ces jeunes
Je crois que je ne suis quune ombre
Mais pourquoi moi, dans le surnombre ?
Moi je suis seul, et je mennuie
Après est-ce que lon se rencontre
Ou plonge-t-on dans le néant ?
Lorsque je regarde ma montre
Je sens un vide assourdissant
Je naime plus, je ne sais plus
Je rêve peu, je ne peux plus
Je pose ma canne et mon chapeau
Je regarde quelques photos
Mais après moi, ils brûleront
Mes souvenirs et puis ma vie
Et tout ce à quoi je tenais
Pendant que je ne serai plus
Pourtant je verserais des larmes
Si je pouvais encore un peu
Car ce sont eux qui me tueront
Je crois que je serai heureux
De ne pas voir ma vie jetée
Par des gens que jaimais un peu
Je serai mort, et eux avides
Ils reliront mon testament
Où ils ne se trouveront pas
Ils me maudiront et, stupides
Ils rediront du mal de moi
Juste car ils enviaient ma table
Et mon armoire, et mon cartable
Que je ne leur léguerai pas
Ils se jalouseront entre eux
Seulement ça me rend heureux
Moi jaimais mon imperméable
Mes photos, mon livre sur les trains
Mon petit tableau tout en sable
Mon jouet de quand jétais gamin
Ils jetteront négligemment
Ces choses qui étaient ma vie
Ils vendront mon appartement
Et mes objets, et mes tapis
Ah sil métait resté mon chien
Il aurait été triste aussi
Et il aurait pleuré peut-être
En regardant la porte ouverte
Et mes affaires sur le trottoir
Eux ne connaissent pas mon histoire
Je nai plus rien à faire ici
Jaurai vécu pour des crétins
A REGARDER LE CIEL...
Cest venu doucement
Comme un vieux film en noir et blanc
Quon se projette en souriant
Mais qui nous tient de plus en plus
Puis dont on rêve en sendormant
Limage ne le quittait pas
Dans chaque geste elle était là
Toujours plus belle
À regarder le ciel et entrevoir sa main
Il avait cru pour elle des délires de gamin
Il avait vu la mer souvent en sendormant
Mais toujours avec elle et si sereinement
Que les vagues alors le rappelaient au monde
Il avait vu plus beau que la vie et le ciel
À regarder le ciel et entrevoir ses yeux
Il avait tant rêvé quils étaient tous les
deux
Quil le croyait aussi
À entrevoir le monde souvent par son regard
Il avait espéré quelle saurait, plus tard
Répondre tendrement et lui donner sa main
Quelle y croirait aussi, et puis quils seraient beaux
Comme au ciel les oiseaux
Ils senvoleraient seuls
Loin des cris des enfants
Loin du bruit des voitures
Loin de leur vie denfant
Et de leurs impostures
À regarder le ciel il na vu que le ciel
Et il sy est perdu
UNE FEMME À SAINT-PÉTERSBOURG
Un enfant à Saint-Pétersbourg
Et une femme jeune et belle
Il la voyait dans tous ses rêves
Et souvent il la dessinait
Les yeux aussi bleus que le ciel
De la banquise un jour dété
Elle était au bas de lhôtel
Et peut-être bien quil laimait
Mais bien sûr quil navait pas lâge
Pourtant il aurait bien aimé
Elle était belle et élégante
Elle disparaissait parfois
Il ne comprenait pas pourquoi
Lui si petit, elle trop grande
Elle partait peut-être à la plage
Elle devait aimer voyager
Seule elle était Saint-Pétersbourg
Cest elle qui lilluminait
Il na compris que bien plus tard
Ce quétait sa réalité
Elle fut son premier amour
Son premier rêve inavoué
Il na compris que bien plus tard...
Mais il continue den douter
DÉJÀ PARTI
Moi jai passé ma vie à défier des
fantômes
A caresser des illusions avec les yeux dun môme
Et maintenant
Jai le regard qui va souvent
Se perdre
Et qui remonte
Tout ce que jai pu faire
En un instant
Moi je me suis toujours battu contre des ombres
Avec un enthousiasme me distinguant du nombre
Et maintenant
Jai des sourires qui laissent aller
Et vont se perdre où rien nest jamais important
Là où sont les désabusés
Cest vrai je ne sors plus, cest vrai je ne dis rien
Mais le temps ma vaincu et je nattends plus rien
Jai déserté la scène, on dit que je
lai fuie
Cest vrai jai déserté, cest vrai je
ny crois plus
A ces motivations qui font que jai vécu
Jai brandi des drapeaux, lancé des anathèmes
Cétait trop je le sais
Je nai fait que jeter quelques tartes à la
crème
A tous ces gens pour qui je nai pas existé
Mais moi jétais sincère, javais les yeux
trop grands
Je croyais en tous ceux qui mont laissé devant
Je veux les oublier, ils ne mont pas connu
Je vais me perdre encore
A dire nimporte quoi
Jai détesté si fort
Que je men veux parfois
Je suis déjà parti, je ne vais rien laisser
HIER...
On ne devrait pas sattacher aux gens
La mélancolie, cest beau dans les livres
Et le temps qui passe et quon sent passer...
On ne devrait pas sattacher
Quand on commence à aimer bien...
Quand on commence à sinquiéter pour pas grand
chose
Pour une pâleur, des yeux cernés
Pour un visage un peu fermé
Cest lévidence qui simpose
Elle a lallure de lamitié
Et tous ces jours passés pour rien
Le temps perdu à rattraper
On ne devrait pas sattacher aux gens
Mais cest tout ça qui nous fait vivre
Tous ces frissons, ces prévenances
Tous ces océans dindulgence
Quon redécouvre à tout moment
On sourit, on parle, on dérive...
On ne devrait pas sattacher aux gens
Et cesser dêtre sentimental
Davoir sa tête dans les étoiles
Et le cur pris par peu de choses
On ne devrait pas sattacher
Trop souvent on se décompose
Et lon sinquiète pour presque rien
A quoi on donne tant dimportance
Que ça fatigue daimer bien
Mais on aime tous les hasards
Que parfois on a provoqués
Il fait chaud dans certains regards
Et cest bon de sen approcher
Et lon sattachera encore
On vibrera pour presque rien
On en repassera sûrement
De ces heures à ne rien se dire
A navoir jamais terminé
Et puis on recommencera
Et lon pourra sans prétentions
A chaque fois se découvrir
On devrait pouvoir sattacher
Laisser parler ses sentiments
Pour comprendre finalement
Ce quest la vie
©Matthias Vincenot |
Je vous informe de la sortie imminente de son nouveau livre (d'ici moins d'un mois), A un océan, préfacé par Geneviève Moll, de France 2. Il s'agit d'un choix de ses poèmes issus des cinq recueils publiés aux éditions Lettres du Monde.
Mesure
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