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Mon bel
automne
De toutes les saisons qui sculptent la nature,
Chacune, à sa façon, impose son allure,
Sa luminosité et son tempérament,
Inséparables surs, silhouettes du temps.
Mais de l'automne seul, les charmes me fascinent,
Dans l'ocre de ses yeux, je plonge et m'enracine.
Je pose, avec douceur, à ses pieds flamboyants
Les chaudes rêveries de mon corps rayonnant.
Dans ma main, quelques feuilles aux nervures
abîmées,
Par des passants absents aux foulées assassines,
S'éparpillent tranquilles en bouquets
sublimés.
Dans la chaleur feutrée des forêts
clandestines,
Je pénètre en mon fort comme une eau dans sa
source,
Puiser, à l'intérieur, de nouvelles
ressources.
La
Cicatrice
Au fond de mon esprit sommeille un vieux grisou
Héritage violent d'une enfance accroupie
A compter des cailloux plutôt que des bisous.
J'ai cru qu'il était mort ou peut être
assoupi.
Mais depuis quelque temps, le vieux malin
s'éveille,
Éparpillant ses cendres, résurgences
cruelles
Des cris ensevelis dans mes terres nouvelles,
Tel un fier combattant qui vient chercher querelle.
Compagne des tristes jours, la peur frappe à la
porte.
Dans mon cour balafré, la colère
s'engouffre,
Déchire les cicatrices et mon âme s'emporte
Pour combattre à nouveau cette
pérennité
D'un mal si récurrent dont il faut que je souffre
Pour payer le tribut de ma
sérénité.
Le Moulin des
Amoureux
Dans ce moulin glacé, c'est en fermant les yeux
Que je les ais vus, là, enlacés tous les
deux,
Apaisés et heureux, leurs frêles mains
serrées
Qu'elles en étaient bleutées et presque
écrasées
Sous les ailes impassibles qui comptent chaque jour
Ils vivent leur amour sans plus aucun détour.
Deux arbres assombris estompent leur présence
Tandis qu'ils se rejoignent au milieu des silences
Sur la route blanchie qui rejoint le moulin
Ils sèment des cailloux pour trouver le chemin
Qui les ramènera à la
réalité
Quand rassasiés d'amour, ils se seront
quittés.
Et les couleurs du ciel, de l'amour alchimies
Uniront leurs langueurs violettes et bleuies,
Composant doucement l'indicible harmonie
Du petit moulin bleu aux secrets infinis.
VARIATION POUR UN COEUR
Il est des curs usés par d'ultimes
vieillesses
Qui continuent d'aimer en dépit des faiblesses
En écoutant cogner dans leurs veines
gonflées
Les désirs incessants de leur sang
essoufflé.
Il est des curs grandis en vraies fleurs
hivernales
En dépit des brouillards et des sombres rafales
Qui traquent le soleil blotti sous les tristesses
Et sous ses chauds rayons retrouvent leur jeunesse.
Il est des curs tout neufs handicapés
d'amour
Brisés par la douleur des silences trop lourds
Qui n'espèrent de la vie plus aucun lendemain
Tant leur âme est transie du froid qui les
étreint.
Il est des curs flétris, ignorants de
bonté
Qui n'ont jamais saisi de l'amour la beauté
Pétris des frustrations d'une âme sans
envies
Ils traquent le malheur, comme d'autres la vie.
Qu'il soit très jeune ou vieux, un cur est si
fragile
Cristallin merveilleux de toutes nos espérances
Qu'il s'embellit du pur et s'épuise du vil
Tandis que fuit le temps loin de nos survivances.
- 12/09/2002
INTIMITE
Jai refermé, sans bruit, les portes du
silence
Et dans lobscurité de nos corps en
partance,
Jai réchauffé ton âme pour
quelle me susurre
Les lunes éblouies aux contours qui murmurent
Fais-moi encor rêver aux matins clairsemés
De songes délicats, quand ta main tant
aimée
Glissant dans mes cheveux, effeuille mes pensées,
Ce fragile dédale aux idées
insensées
Quand nos peaux dénudées doucement
sapprivoisent
Quand nos regards rivés intensément se
toisent
Quand nos lèvres rougies impatiemment se prennent
Il nest plus aucun bruit que nos corps qui
sétreignent
Nous nous abandonnons à ce moment de grâce
Je te saisis la main, et dans un face à face,
Je plonge dans tes yeux, infinies étendues
Pour saisir, tremblante, les mots tant attendus.
- 24/07/02
Adresse de l'auteure
: MarieRomi@aol.com
RENAISSANCE
De ce bruissement d'ailes s'échappe enfin sans
trève,
Les incessants désirs qui coloraient ses
rêves,
Sortilèges amoureux longtemps dissimulés
Souffrances silencieuses d'une âme
désolée
Dans ces camaïeux bleus, aquarelles d'un
temps
éclatant et nouveau, s'estompent les instants
d'un passé malheureux tandis que dans ses yeux
S'évadent en étincelles les prémisses
amoureux
De leurs corps réunis. Trop longtemps invalide
dans ses chairs crispées, la frêle
chrysalide,
s'ouvre à l'éternité en s'entendant
hurler
ses premiers mots d'amour, exquises
mélopées.
Et dans le jaillissement des plaisirs impérieux
Brille soudain la lueur des lendemains heureux
- 14/09/2002
LETTRE AUX HOMMES
Aux Hommes de tout temps, solides et fragiles
Colosses valeureux parés de pieds dargile
Vous êtes à peine nés que
déjà des ballets
De femmes éblouies dansent a votre chevet.
Elles vous bercent sans fin, collés contre leurs
seins.
Vous chuchotant naïves leurs secrets les plus vains
Murmurant, susurrant au creux de votre cou
Demblée persuadées que vous comprendrez
tout
Vos pères stimulants vous inculquent
leffort,
La maîtrise de soi, parfois
lindifférence.
Auprès de vos mères, vous trouvez
réconfort
Et dans leurs bras tendus, vous puisez
lespérance.
Quand vient le temps béni des premières
amours,
Vous partez cur léger tel un fier
troubadour,
Inconscients bienheureux de vos fragilités,
Impatients déprouver de lamour les
beautés.
Des femmes, vous aimez souvent la variété.
Les attraits physiques sont loin de vous déplaire
Puisquils sont si souvent votre premier
critère
Lorsque vous contemplez notre diversité.
Quand votre choix est fait, vous devenez tenace,
Vos discours conquérants rivalisent
daudace.
Vous êtes prêt à tout pour gagner les
faveurs
Dun cur compatissant même pour quelques
heures
Puisquil est bien connu depuis des
millénaires
Que damour vous parlez quà de rares
moments,
Lui préférant souvent les plaisirs de la
Chair
Apeurés peut être par dautres
sentiments.
Le jour où vous trouvez la femme qui vous plait,
Celle qui de lamour détient tous les
secrets,
Vous vous abandonnez, serein et soulagé
De pouvoir déposer votre masque
fêlé.
Vous resterez toujours charmeurs impénitents,
Désireux de croiser dans un regard rebelle,
Le reflet de vos yeux, rieurs et captivants,
Gage de séduction a nul autre pareil.
Dans vos contradictions dinscrit votre richesse,
Votre fragilité appelle notre tendresse.
Entre vos bras solides, nous aimons nous blottir
Sous vos mains agiles, nous désirons mourir
Et votre nuque nue, nous aide à pardonner
Tous les menus détails qui vous sont
reprochés.
O Hommes de toujours, haïs et
désirés,
Encensés, Rejetés, Adorés,
Mutilés
Entre deux vers, je vous le livre en mille
Des Femmes, vous êtes, le fier Talon
dAchille
- juin 2002
MUSIQUE
Musique d'un moment, débordant
d'allégresse,
Aux accords harmonieux, sensuelles caresses
Du bonheur enchanteur qui te souffle à l'oreille
La douce mélodie des matins qui
s'éveillent
Musique d'un moment, pétrifié de chagrin
Aux accords dissonants, insondables refrains
D'un désespoir violent qui te siffle a la
tête
des images douloureuses, souvenirs de défaite.
Musique fidèle, compagne éternelle,
Tu sais cristalliser dans le flot de tes notes
Les sentiments mêlés des Homme qui te
portent
Et dans le quotidien de nos vies si réelles,
Tu donnes du plaisir aux Hommes qui t'écoutent
En devenant l'écho de leurs joies, de leurs
doutes.
- juin 2002
JUSQUAU BOUT
Aux crépuscules lourds des ciels qui s'effondrent
Je marcherai, courbée, pour retrouver ton ombre.
J'irai sur les chemins que nous prenions à deux
Saisir à pleines mains l'odeur des jours heureux
Aux éphémères matins teintes de
solitude,
J'implorerai les dieux de leur sollicitude.
J'écrirai ton prénom sur des nuages
blancs,
Scintillant au lointain, tels d'étranges
diamants.
J'irai sur ma jetée, au bout du précipice
Je fermerai les yeux pour tracer ton esquisse
Sur la toile tendue de mes derniers sommeils
Et quand le jour froisse étirera ses ailes,
Je marcherai vers toi, dénuée d'artifice
Pour t'offrir mon corps, ultime sacrifice.
- avril 2002
LOMBRE
Tel un chant lancinant qui jamais ne
ségare,
Lombre de ton image, sinsérant en ma
chair,
Berce inlassablement de ses refrains blafards,
Le roulis tourmenté de mes sommeils si clairs.
Profonde, elle pénètre tout mon
être.
Lumineuse, elle jaillit, sévade en
étincelles.
Elle est la buée grise qui cerne ma
fenêtre,
Elle est lodeur dhier qui chaque soir me
veille.
Le velours de pourpre qui étouffe ses notes,
Tremble sous la musique des mots quelle
transporte.
Musique silencieuse, elle coule par mon sang
En contournant, agile, les vieux recoins du temps.
Lascive comme un serpent, noueuse comme une algue,
Elle reviendra toujours se lover tendrement
Au creux de mon épaule, attendant patiemment,
Que vienne sur ton rivage mourir la dernière
vague.
DIALECTIQUE
Dans la tourmente de mes pensées démentes,
Jaillissent à tout hasard des étincelles
opaques.
Elles ségarent, apeurées par mes envies
absentes,
Pour errer, affolées, dans le ru dune
flaque.
Cest toujours quand ton indifférence
paraît
Que surgit face à toi lintérêt
tant souhaité.
Cest toujours quand séteint ce sentiment
inquiet
Que renaissent les passions des cendres
désertées.
Pourquoi faut-il haïr pour pouvoir adorer ?
Pourquoi faut-il partir pour te voir revenir ?
Pour quoi deux harmonies ne peuvent-elles sunir
Sans combattre longtemps les affres du passé ?
Cest lorsque mon amour, bercé de solitude,
Part sexiler perdu sur des aires
désertées,
Quil revit de sa mort pour vaincre lhabitude
Et raviver ton coeur qui sétait
oublié.
LITINERAIRE DU CONDAMNE
Dans le ruisseau amer dun parterre de pierres,
Coulent des eaux sans fond aux éclats de diamant.
Lascives, elles sont, telles des vipères
Somnolant au soleil, les méandres du tourment.
Au creux de leur flot lent, flottent des fleurs
violées,
Dans lombre de leurs cours, gisent des prisonniers
Et sous la lumière blanche, fragiles et
solitaires,
Elles chantent en silence une mélodie
austère.
Qui se perd dans leurs lits ne se relève plus.
Elles détiennent le secret de la passion
meurtrie,
Celui-même qui sculpte la rondeur de leurs flux,
Celui que nous portons dans nos âmes
flétries.
Qui se noie dans lopale renaît dans la
douceur,
Morphée berce ses pleurs et calme sa douleur
Et dans un halo bleu de mystères futiles,
La splendeur du sommeil porte sa mort subtile.
IVRESSE
Lamour est un vin dont le goût me fascine,
De ses sombres parfums, jaime à
menivrer,
De son souffle acide, jaime à me griser,
Le reflet de ma vie dans ses flots sillumine.
De baumes envoûtants aux senteurs orientales,
Il imprègne mon corps et mincite au
délire.
De ses feux mystérieux, il mouvre son
empire,
Minvite à ces plaisirs ignorés des
vestales.
Il moffre, telle une fleur menacée par la
mort,
Létourdissant vertige de ses pétales
frêles,
Dans lextase dun désir dont les envies
rebelles
Me poursuivaient déjà et possédaient
mon corps.
Lamour est un vin dont livresse me ruine.
Quand il mabandonne au seuil de ma souffrance,
Me laissant sur le corps un goût de
délivrance,
Il imprègne mon coeur des splendeurs du Spleen.
CLAIR-OBSCUR
Une ombre sans dessins sétale sur ma vie.
Des crépuscules lourds aux aurores
éphémères,
Elle enserre mes mains dans un étau maudit,
Cherche à memprisonner dans un dédale
amer.
Elle gravit lentement lescalier de mon cur,
Laissant sur chaque marche son parfum de rancur,
Celui-même qui abreuve les détours de ma
vie
Et dont le seul sillage est la mélancolie.
Arrivée au sommet, sans gêne, elle
sétend
de tout son être lent, qui jamais ne se rend.
Son voile transparent encense mes pensées
Tandis quelle sinstalle telle une
majesté.
Obscurci par son règne, mon avenir sefface,
Se noyant doucement dans un temps sans futur
Où les limbes du passé nont
laissé nulle trace
Tel est puissant le joug de celle qui me
torture.
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