MARCEK

 

Amour d'automne  

Allongée devant moi,
Déshabillée de soie
Doucement parfumée,
Et alanguie déjà,
En ta pure beauté
Tu me parles d'hiver
De neige et de frimas,
Pourquoi ? Dans ton cœur enroulé
Je vois déjà la mort.
Tu m'offres ta beauté,
Les senteurs du dehors
Où le vent si léger
De cet automne doux
A caressé ton sein
Et effleuré ta joue...
Mais j'imagine en toi
La brièveté des jours,
Je devine, à te voir,
Qu'elles me sont comptées
Ces heures délicates
Où je puis t'admirer,
O rose parfumée
Que je viens de cueillir
Dans le jardin mouillé
Où tu allais mourir !

 24 novembre 2002

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A une jeune fille

Elle était douce, elle était tendre,
Elle donnait du pain aux oiseaux.
Ah vraiment, je ne peux comprendre 
Pourquoi elle est partie si tôt !

En passant devant la prairie
Où elle allait se promener,
Je vois des fleurs, et suis surpris
Que le printemps l'ait oubliée…

Car je voudrais que la nature
Prenne le deuil, en son honneur,
Et dédie à son âme pure
L'hiver glacé en son linceul.

Mieux vaudrait que l'humble mésange
Perdre ses cris à tout jamais :
Je trouve tous les chants étranges
Depuis qu'elle s'en est allée !

13 novembre 2002

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L'Autan 


Il s'époumone, crie et revient à la charge !
Il hurle, ce dément, et sur nous, il décharge
Des tombereaux de feuilles et des branches coupées,
Quelques plumes d'oiseau, à un nid arrachées.

Il imite le bruit des marées déferlantes.
Une meute de loups, soudain vous épouvante :
Mais non, ce n'est que lui, vrai gibier aux abois
Qui hurle à votre porte et vous met en émoi.

Est-ce, du Gévaudan, la Bête ressuscitée,
Ou la Tarasque folle, de Provence échappée ?
Il effraie les enfants bien blottis dans leurs lits,
Et il les fait trembler au milieu de la nuit !

Il s'entête le jour, et poursuit les nuages
Qui fuient, ou noirs ou blancs, menés au pas de charge,
Ébouriffe les chênes, ploie les saules dorés,
Les prive de leurs feuilles qu'il nous lance à poignées.

Les enfants, agités, s'emballent et cabriolent
Et, aux récréations, s'envolent en courses folles.
Il emporte les lettres du facteur, mécontent,
Ébranle les volets qui battent tout le temps.

Mais quel est ce démon, qui se complait à Castres,
Albi ou Puylaurens, provoquant des désastres
Quand revient l'équinoxe, en automne, chez nous :
C'est l'Autan, notre vent, le reconnaissez-vous ?

20 Octobre 2002

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Clin d'oeil

Ne cherchez pas le Tamanoir,
Mon bureau est un vrai foutoir !
Il s'y entasse des papiers
Des dictionnaires, des cahiers
Et la machine à imprimer.
Et moi, poétesse fébrile,
J'écris, loin du bruit de la ville,
Dans mon antre, bien protégée,
Entourée de tous mes papiers.
Et dans le parfum de mes livres
Mon âme pour vous se délivre,
Le temps a suspendu son vol :
Je m'élance et prend mon envol.
-Mais où est passé le Tamanoir ?
Vous ne le verrez pas ce soir !


7 novembre 2002

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Le moulin amoureux 

Un beau petit moulin, ancré dans sa prairie
Attendait patiemment, par une belle nuit
Que le ciel s'entrouvrit, pour voir enfin la lune.
Il voulait, en effet aller tenter fortune
Auprès de l'astre clair qu'il voyait si souvent
Venir dans la beauté de ses voiles élégants.
IL tomba amoureux de sa Muse lointaine
Un jour qu'elle s'avisa d'aller bleuir ses ailes
Et de le transformer en prince étincelant,
Lui, toujours malmené par les ardeurs du vent
Et trimant tout le jour dans la blanche poussière
Des graines écrasées par la pesante pierre.
Ses ailes gémissaient sous les assauts du vent,
Le meunier ronchonnait, n'était jamais content,
Et le pauvre moulin aspirait à la paix
De ces nuits si tranquilles où Séléné venait..
Ce soir, c'est décidé, il va dire à sa belle
Tout l'amour, la passion, même, qu'il a pour elle.
Elle sera séduite, il le sent, il le sait!
Et dans la nuit bleutée, il attend, oppressé.
Soudain, très lentement, les nuages s'entrouvrent
Et le petit moulin, ému, tremblant, découvre
Sa belle qui l'espère et qui lui tend les bras!
Osera-t-il enfin la rejoindre la-bas?
Mais il ne peut, hélas, s'arracher à la terre.
Il a beau s'allonger et étirer ses ailes,
Sa princesse lointaine est toujours hors d'atteinte
Ils doivent renoncer à la sublime étreinte!
La lune, désolée, lui lance ses rayons
De ses ailes, il essaie d'atteindre les plus longs:
Hélas, la nuit s'achève, et l'astre disparait...
L'amant abandonné demeure dans son pré!
Si vous passez un soir dans la belle prairie
Où le petit moulin poursuit sa triste vie,
Cachez-vous dans le bois, pour voir les deux amants
Etendre l'un vers l'autre, leurs bras, si tendrement ! 

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Obsession

Je ne suis pas d'une nature compliquée,
Mais je dois, pour être heureuse, être obsédée
Être obsédée par ton regard d'un vert changeant
Où je suis à la recherche des sentiments

De ton âme qui m'échappe, mon doux tourment
Comme un beau poisson qui glisse dans son étang...
Être obsédée par la page qui me retient
Le soir, et m'attire encore dès le matin,

Écritures vagabondes au fond de moi,
Qui m'obsèdent me harcèlent, même en tes bras
Où je plonge te retrouver dans cet étang
Pour me noyer dans tes yeux verts, ô mon amant... 

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S'accepter

Depuis que je ne fais plus ces régimes idiots,
Qui sapaient mon moral et décharnaient mes os,
Mon cerveau, rassuré, ne craignant plus disette
Me comble de bonheur et fait des galipettes!

La joie est revenue, et, malgré les douleurs
DE l'arthrose tenace, je respire le bonheur:
Mon teint est rose et frais, pas de rides suspectes,
Mais le rayonnement d'un corps que l'on respecte.

L'ai-je martyrisée, cette pauvre enveloppe 
Corporelle! Non, je ne parle pas de clopes!
(Je n'ai jamais fumé de ma vie), mais de régimes
Vains, et déséquilibrés un véritable crime!

Je perdis des kilos, en regagnai autant...
Ah! On peut en parler de ces beaux charlatans
Qui vous laissent entrevoir des lendemains chantants
Et vous laissent tomber, ayant pris votre argent!

Il faut, pour s'accepter, un long cheminement,
Mais au bout du chemin, on est toujours content.
On met du quarante-six, du quarante-huit, même,
On n'en fait pas mystère: il suffit que l'on s'aime.

Se culpabiliser pour un verre de vin,
Se refuser toujours quelque aimable festin,
Si on est invité, se serrer la ceinture,
Toujours se réprimer, quelle belle imposture!

Car le corps, trop privé, se venge à la fin
Il ne supporte plus cette terrible faim,
Le cerveau, mécontent, se grippe et se détraque
Et, à la fin du compte, on est toujours patraque.

Sans vouloir s'empiffrer, il faut se contenter,
Et ne pas s'affoler pour quelques bourrelets
Devenus, pour les hommes, belles poignées d'amour
Mais qui nous brident à nous, en nos plus beaux atours!

Défendre son image, c'est aussi un combat:
Car le regard des autres, ne se décide pas 
Toujours à vous prendre telle que vous êtes.
Tant pis, il faut choisir : ou "être" ou "paraître ! »

La vie n'est que combats, j'en ai menés souvent
Mais ne me parlez plus de régimes à présent.
Je veux vivre sainement, sans me martyriser,
J'ai jeté mes dépouilles, une autre femme est née!

Et si mon bel époux louche sur des gazelles
Qu'il ne s'avise pas d'aimer quelque donzelle:
Je sais veiller au grain, et de près ou de loin, 
IL paiera chèrement l'entaille au parchemin... 

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Solitude habitée

Je suis là, comme en veuvage,
Sans mon bel ange aux yeux verts
Mais je suis toujours très sage,
Vivant dans son univers

Qui m'atteint, chaque seconde
Me traverse et me libère
Comme barque sur les ondes
Emportée par les flots clairs.

Et le feu de ses prunelles
Vit en moi, le jour, la nuit
Apporté à tire d'ailes 
Par l'Amour qui nous unit... 

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Amoureux de la lune 

Joli moulin, posté en attente du jour,
Tu contemples le ciel et ses nuages lourds
Où Séléné la belle a mis une clarté
Qui coule sur tes pierres, en voiles éthérés.

Tu somnoles, on dirait, fatigué du labeur,
Et la lune enchantée, t'entoure de douceur
Elle vient saupoudrer tes flancs de sa lumière,
Elle bleuit tes murs et caresse tes ailes…

Deux arbres silencieux se tiennent près de toi,
Ils craignent cet envol que, peut-être ils prévoient.
Pourraient-ils t'arrêter, si par divin mystère
Tu montais jusqu'aux cieux, t'arrachant à la terre ?

Oui, tu voudrais partir, mais elles te retiennent
Ces ailes crucifiées qui refusent l'envol
Alors que tu voudrais te libérer des chaînes
De ce cruel destin qui t'a cloué au sol.

Le vent soufflera fort, demain sur la prairie,
On entendra la meule écraser avec bruit
Les grains de beau froment, les graines aussi dorées 
Que le visage doux de ta lointaine aimée…

5 novembre 2002

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Grenouille sans chaleur =Grenouille sans voix ! 


Une belle grenouille, exilée en Ariège
Et venue de Gaillac, où régnait le soleil,
Se trouva tout soudain, et privée de sa voix
Et privée de l'amour, comme vous l'allez voir.

Cette grenouille verte a décidé un jour,
De surseoir à ses chants de joyeux troubadour
Trouvant que, en Ariège, il faisait trop mauvais
Que son lit était froid, au-dessous des noyers !

Elle aurait bien voulu un endroit plus propice,
Épanouir sa vie sous de meilleurs auspices,
Mais elle ne put trouver sous ces arbres épais
Le moindre petit coin de mare ensoleillé.

Où est, de mon Gaillac, le bassin murmurant
Où de joyeux marmots appréciaient tous mes chants ?
Disparus, son climat et ses vignes empourprées
Par les doigts de l'automne, et de raisins parées !

La grenouille, on le voit, était bien nostalgique
Et malgré son ardent amour pour la musique,
Chaque jour qui passait, la voyait dépérir,
(Sans cependant aller jusqu'à vouloir mourir !)


Elle avait beau, le soir, tricoter des écharpes,
S'entraîner, le matin, à jouer de la harpe,
Taper sur des tambours, souffler dans des roseaux,
Elle ne put tiédir les immobiles eaux

De la mare trop froide où elle vivait tranquille,
Loin de l'agitation et des bruits de la ville…
Elle décida un jour de ne plus se donner
A son ardent époux, et de se résigner

A sécher, à flétrir, à devenir stérile,
De mettre un point final à leur ardente idylle.
En effet, elle pensait aux futurs rejetons,
Qui, presque aussitôt nés, deviendraient des glaçons !

Donc, ne tourmentez plus cette future mère :
Rendez-lui et ses chants , et sa gaieté première !
Étêtez donc ces arbres et coupez ces roseaux
Afin que, dans la mare, il fasse un peu plus chaud !

29 Octobre 2002

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Hymne à la Poésie

Combien libérateur est cet acte d'écrire,
Et qui nous pousse là en un joyeux délire
Laissant de notre plume échapper tous les mots
Que l'on n'avait jamais osé dire tout haut !

Sans cesse des lambeaux de phrase, dans ma tête
Tourbillonnent et me font une joyeuse fête ,
Jusqu'à ce que je prenne une plume, un stylo,
Que je les fasse naître, en maîtrisant leur flot… 

O ma Muse enchantée qui me guide aujourd'hui,
Qui m'a fait émerger d'une profonde nuit,
Tu es le phare aimé des poètes heureux :
Le monde s'offre enfin à nous sous d'autres yeux.

On vivait, enfermés dans une vie austère :
Tu arrives, divine, et ta main nous libère.
Entre alors dans nos cœurs, éclairant notre vie,
Le sublime et ardent flambeau de " Poésie ".

4 novembre 2002

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Rêves de Poète

Le poète nourrit son imagination
Au nuage qui passe, à l'aile d'un papillon
Il est toujours humble et attentif, le poète,
Il marche bien souvent en relevant la tête,

Regarde les étoiles, converse avec les anges
Écoute le doux chant de la belle mésange.
Il ressent des frissons et des frôlements d'ailes…
A l'écoute du monde, il trouve la vie belle !

Il ne s'inquiète pas trop de son compte en banque
Préférant les beaux rêves, aux espèces sonnantes,
Allant boire à la source ombragée par le pin,
Écoutant les cigales en émiettant son pain.

Puis, il se met à l'ombre et, repliant sa veste
Y repose sa tête pour une longue sieste,
Nourrissant son esprit à la source des rêves,
Bercé par le bruit sourd des vagues sur la grève…

Quand arrive le soir et que tout s'adoucit,
Que les étoiles d'or brillent à l'infini,
Il rentre enfin chez lui, s'incline sous la lampe
Et, sous sa plume, naissent des rimes éblouissantes !

17 Octobre 2002



© Marcek    Ecrire à l'auteur : marcek@wanadoo.fr


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