LE COEUR

 

TON SOURIRE M'EST POIGNARD !

 

Toi qui si loin là bas

Aux confins de l'oubli

Cherche ce que j'ai moi

Sans avoir de soucis

 

Qui prends l'eau de ses larmes

Pour noyer son esprit

À genoux près de l'arme

Qui tue tes amis

 

Pars ! Je ne veux pas savoir !

 

Toi qui creuses le sol

Pour un bout de racine

Que l'on pend par le col

Pour te voir qui t'incline

 

Qui élève l'enfant

Au bruit sourd des mitrailles

Qui gémis lentement

En couvrant tes entrailles

 

Pars ! Je ne veux pas savoir !

 

Toi qui au sang d'aurores

Mêle celui des tiens

Sur les murs que décorent

Des impacts assassins

 

Toi qui cries dans l'ombre

Aux oreilles de sourds

Qui pétris les décombres

Dans l'espoir d'un retour

 

Pars ! Ton sourire m'est poignard !

 

11/12/2003

 

LA GRANDE SOLITUDE

Je me sens barrière, barrière de corail
Qui lentement s’effriter au champ de ses batailles
Morceau après morceau en copeaux de limaille
Je disparais dans l’eau j’y laisse mes entrailles

Oh ! Que cette vie me lasse de ses chants
Si cruels et méchants, où donc est la tendresse ?
En moi mon âme crie « Ôtez moi mes tourments ! »
Quel est le firmament qui sème les caresses ?

Je me sens nuage, nuage de dentelle
Qui se dissous au vent que draine les colères
Morceau après morceau tel un vol de pétrels
Se fondent dans le ciel me laissent les ornières

Oh ! Que cette vie me semble lassitude
Avec son sac trop lourd à mes épaules grêles
Ne reste que l’envie aux rives d’habitudes
De sortir des labours ces espoirs qui sont frêles

Je me sens tel feuille, feuille au corps blanchâtre
Qui fibre après fibre au soleil flamboyant
S’échappe d’un recueil et calcine dans l’âtre
Chaque mot qui vibre qui coule dans son sang

Oh ! Que cette vie me rende mon linceul
Où enfin au repos je gagnerai quiétude
Plutôt qu’infamie je préfère être seul
Et goûter les yeux clos la grande solitude

20/11/2003

 

LÉO

En écoutant un vieux Ferré
Dont les mots claquent sur les portes
Au verbe haïr au verbe aimer
J’ai senti battre mon aorte

Son air tragique ou rigolard
Savait pourfendre où il fallait
Plantant ses mots comme des dards
Parfois pour dire qu’il aimait

Le vieux Léo et ses chansons
Les trémolos de sa voix aigre
Sont dans mon cœur colimaçon
J’aurais voulu être son nègre

Bals musettes accordéons
Rien à jeter tout à entendre
Dans le silence ou violon
J’ai vu le vent venir surprendre 

15/07/2003

CŒUR ÉBOULIS

 

Aux murs lisse des solitudes

Mes pleurs glissent en servitude

Mon âme brûle aux blancs glacis

Qui tarentule en mes dépits

 

Je me sens vide et inutile

Corps insipide au bout de l’île

Sans un chemin aux bouts des doigts

Juste salin au vent d’effroi

 

Je me répands en gouttes grises

Dans l’océan de mes méprises

Et meurs un peu à chaque pas

Au malheureux son de mon glas

 

Aux champs brûlés de mes espoirs

Mon sang gelé chante le noir

Dans mes yeux vides rien ne vis

Mon cœur n’est plus qu’un éboulis

 

 

QUAND FINIRONT LES CRIS ?

Le visage cireux et les yeux affolés
Ils courent le cœur creux, en demandant pitié
Ils sentent dans leurs os, leurs chairs rouges de sang
La lourdeur de l’écho, du dernier tremblement

Ils sont des centaines, mais n’ont que solitude
Courbés dans la peine, leurs raisons qui titubent
Un peu partout on pleure, en creusant les débris
Ce n’est que de l’horreur, quand finiront les cris ?

Là, le corps d’un enfant, plus loin juste une main
D’un trou de bâtiment, s’entend la voix d’un chien
Aussitôt on accourt, l’espoir au bout des lèvres
Pour porter des secours, yeux emplis de fièvre

Au loin fumant encore une voiture noire
Cercueil d’acier qui mord tel un tombeau hachoir
Parmi les décombres les murs entiers détruits
Beaucoup d’âmes sombrent, quand finiront les cris ?

Ombres poussière, des hommes s’interpellent
En des mots de prière aux absents à l’appel
Creusant dans les gravats pour un frère une sœur
Aucun dieu ici bas où règne la terreur

Parents ou bien enfants, voisins ou inconnus
Mêlent ici leurs sangs leurs regards éperdus
Les mains sont comme chaîne au creux des éboulis
La mort s’y promène, quand finiront les cris ? 

(Il y a des victimes des tremblements de terre partout,
donc ce poème s'adresse à tous)

08/06/2003

 


 

Mots égarés

Un instant suspendu
Le mot au bout des doigts
Encore un peu trop nu
Ou cherchant son endroit

Pour se poser, aimer
Le corps de cette phrase
Peut-être l’enflammer
Le mener à l’extase

Un instant suspendu
Comme une vie à naître
Là ! sur ce papier nu
Naissance du mot être

Un monde à lui tout seul
Quelconque sans les autres
Parfois juste linceul
Pour lexie qui se vautre

Un instant suspendu
Pour mémoire gigogne
Un moment éperdu
Pour un mot qui se cogne

Seconde éternité
Pour un mot égaré

10/07/2002

 

 



MES AILES DE COLOMBE

 

J’ai vu l’enfance volée

Aux quatre coins de ce monde

Même parfois immolée

Pour rendre des poches rondes

 

J’ai vu des forêts rasées

Où des peuplades succombent

Des idoles saccagées

Par des prêtres aux yeux sombres

 

J’ai vu des lieux ravagés

Par les canons et les bombes

Le sang en nappe couler

Sous des prétextes immondes

 

J’ai vu des gens se noyer

Dans la boue qui inonde

D’autres ne plus exister

Sans être du tiers-monde

 

Mais !

 

J’ai vu une fleur pousser

Dans les pierres de tombes

Et le soleil se lever

Sur des champs de têtes blondes

 

J’ai vu l’amour se poser

Et grandir chaque seconde

Des amants chanter, danser

Sourires des lèvres rondes

 

Alors !

 

J’ai vu l’espoir se lever

Dans mon cœur en catacombe

Et l’avenir s’embraser

Sur mes ailes de colombe

 

 

 

 

   

FLAMME CHAGRIN

 

Je sens ma flamme qui vacille

Aux souffles de vents intérieurs

Qui balaye ma vie-brindille

Contre la porte de mes peurs

 

Celle des pourquoi, des comment

Où se fracassent les « je t’aime »

Où se meurent mes firmaments

Me laissant le cœur morne plaine

 

Je me sens désert, parfois jungle

Quand ton absence m’envahit

Ou tel papillon qu’on épingle

Et qui voit sa vie qui s’enfuit

 

Quand mon esprit devient volcan

À la lave de ma passion

Je sens revivre mes serments

Et les larmes de notre union

 

Aujourd’hui seuls peuvent mes yeux

De ta peau effleurer le grain

Si souvent parcourue à deux

Du temps où tu le voulais bien

 

Les jours ont semé leurs ivraies

Qui a envahi nos chemins

Laissant ce vide qui m’effraye

Étouffoir pour flamme chagrin

 

07/04/2002  

 

 


LES RIDULES DE NOS CHEMINS

Chanter une impossible trêve
Pour voir si au bout on en crève
Fixer le soleil dans les yeux
Pour pouvoir rejoindre les Dieux

Danser en rythme et démesure
Sans savoir l’amour des blessures
Mourir et ne pouvoir rien faire
Que vomir son lit de misère

Rire sans savoir le pourquoi
Des crépuscules sans l’émoi
Flétrir comme chante une fleur
À chaque petit coup de cœur

Parler sans entendre les mots
Mais voir la couleur des échos
Cueillir sans jamais se baisser
L’amour fou d’une nuit d’été

Brandir le flambeau de ses rêves
Marcher sur les nues en fièvre
Puis chérir l’éclat des étoiles
Quand le jour ouvre ses pétales

Suivre dans le creux de tes mains
Les ridules de nos chemins
Puis fuir caché par ta paupière
Et m’endormir à sa frontière 

 

 

PAPIER BRÛLÉ

Noir, oui, qu’y a t il de plus noir
Que les tréfonds du désespoir
Vous laissant tout seul et glacé
Au creux d’un rêve violé

Cette sensation laminoir
Pour chacun des jours de cafard
Menant à sa rive épuisée
Comme coquille évidée

Et ces poumons en étouffoirs
À l’espérance de la revoir
Regard par les larmes noyé
Au seuil de vous agenouiller

Noir, non vraiment rien de plus noir
Quand on sait qu’il ne faut plus croire
À cet amour si écorché
Brisé à en désespérer

Mais qui survit en son mouroir
Votre âme, votre cœur pressoir
Si gonflé, prêt à éclater
Si chaud, prêt à se consumer

Saccadant aux lueurs d’espoirs 
Mourant faute d’encore en voir
Aux lendemains enténébrés
De son amour papier brûlé

 

 

 

AQUARELLE

Quand les mots éclosent comme fleurs au soleil,
Que le papillon s’ose à l’orée du sommeil,
S’entend le vent qui souffle en bribes irisées
Des phrases escarboucles d’amours attisées

Et l’on sent courir sur l’eau en doux friselis 
Une caresse lyre au parfum sans oubli
Des notes de musique aux tréfonds de nos corps
Un chant séraphique pour un ange qui dort

Quand les mots s’ecchymosent aux coins de l’amour,
En pétales de roses qui fanent aux jours
Que la tempête cogne en espoirs lacérés,
Qui peu à peu rogne les regards attachés

Vient alors l’errance des reproches déçus
Dans les fragrances des souvenirs disparus
Où les mots explosent en larmes de soleil,
Le papillon se pose et meurt en aquarelle

 

 

 


DIS, TU PLEURES ?

Sous le chant des cigales
Je me laisse bercer
Face à la mer étale
Dans l’ombre d’un palmier

Mes pensées virevoltent
Tels papillons dolant
Au survol des récoltes
En épousant le vent

Je pense à elle surtout
Cet enfant disparu
Qui riait dans mon cou
En des temps révolu

Parti ce temps si doux
Où en jupette claire
Au bord de mes genoux
Elle sautait en l’air

Avalés, effacés
Ces instants de merveilles
Où sur mon cœur serré
Elle était éternelle

Il ne reste qu’une femme
Qui me parle tout bas
Et qui dit d’un ton calme
« Dis, tu pleures papa ? »

© Luc Rose                                 Tous droits réservés

 

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