LOQUINET

 

L'OMBRE DU VENT

Sur la page si blanche les paroles n'ont pas d'age.
Elles s'exclament à rebours vers des cieux imparfaits.
Où le moindre soleil, où le moindre nuage.
Change l'or en poussière et aggrave nos méfaits.

Cette absurde conquête vers les anges déchus.
Cette étrange requête à nos dieux oubliés.
C'est un appel au secours par les âmes qui ont chu.
C'est une seconde réponse à nos langues liées.

J'ai donné à l'épreuve un cliché éphémère.
Je suis seul et la preuve est dans l'ombre du vent.
J'ai pardonné mon père et pleuré sur ma mère.
Car je sais que vieillir est un cap décevant.

Je fournis l'hypothèse à vos arrières pensées.
Ce texte est difficile mais faut-il le comprendre ?
Il est l'œuvre sincère d'un poète avancé.
Vers le courant serein qui bientôt va le prendre.

Sans stylo et sans style, c'est la voix qui murmure.
Ces passages insensés où les diables s'amusent.
Clarifié mon message est pour moi comme un mur.
Mais je sais que partout je suis compris des muses.

Car la vie est un règne pour peu qu'on le désire.
Et mon trône est d'un bois que l'on sait éternel.
Je suis sage et demande pour mes sens du plaisir.
Et pour l'autre moi-même, un regard, deux prunelles.

Je suis partout le même et partout différent.
A vos pieds je dépose une fleur incomprise.
Vous me trouverez partout dans la bible, le coran.
Je suis évanescent léger comme une brise.

Je ne suis que silence ou vacarme d'enfer.
Je suis à vos cotés quand vous pleurez de joie.
Je suis Satan et Dieu ou un simple homme d'affaire.
Je suis le rire du pauvre ou la larme des bourgeois.

Comment dire autrement je suis l'être interné.
Dans ces asiles sans noms, parce que trop dérangeant.
Je suis l'enfance du pire, je suis l'homme bien né.
Je suis un peu de l'âme et du rêve des gens.

Lorsque vous me lisez vous regardez le monde.
Vous effleurez de l'œil les pages sombres de l'Histoire.
Vous y voyez l'Amour et les guerres immondes.
Les femmes des magazines, celles qui font le trottoir.

Je suis un peu partout sans que vous le sachiez.
Le poète est soluble dans l'espace et le temps.
Je vous insulte un peu sans que vous vous fâchiez.
Et la seconde qui suis je vous offre le printemps.

Je suis dans la victoire et dans toutes les défaites.
Le poète est l'orgueil des bienfaits annoncés.
Je suis dans la tristesse de vos plus belles fêtes.
Et dans toutes vos valeurs chaque jour offensées.

Je suis enfin des vôtres quand vous pensez à moi.
Et redeviens moi-même quand vous rompez le charme.
J'ai mis la mort en doute et le monde en émoi.
Dans chacun de mes rêves où je combats sans armes.

 

ETAT D’ESPOIR.

Je n’erre plus, je souffre en vain.
La page blanche m’assassine.
Vers quel désir glisse ma main
De mon stylo vers ta poitrine ?

Je m’interroge sur la liaison
Entre l’amour et l’écriture.
J’assouvirai ma déraison
A devenir ton aventure.

Combien de temps doit-on donner ?
Combien d’effort pour être meilleur ?
Mordre les mots, te caresser,
Faire exploser mon pauvre cœur.

Il manque de l’air à mes pensées.
La solution est dans l’avenir.
Laisse moi t’aimer sans me presser.
Je dois capter tous tes soupirs.

Donne moi ta main et prends mon âme.
Plus tu m’étonnes et moins je sens.
Que ton amour est une flamme.
Mais un désert, un océan.

On peut s’y perdre ou en revenir.
Comme en lisant ces quelques mots.
Jouir à l’extase ou s’endormir.
Mais ne jamais crier bravo.

Je suis une plume au gré du vent.
En mon avenir on ne croit guère,
Car j’ai tellement changé avant,
De devenir cet homme fier.

Moi, qui pense trop à mes blessures.
Je tiens à toi pour les panser.
Mais j’en oublie que le futur.
C’est un amour à dépenser.

Je t’aime.

EXPEDITION SENSUELLE. 

J’ai vu la lumière pendant nos lentes caresses. 
Un signe du destin, mes doigts tendus sur tes fesses. 
Combien de batailles perdues dans ce lit défait. 
Ou à refaire le monde sur notre canapé. 

Mes mains hasardeuses aux frontières de la passion. 
Ont donné à ton corps une drôle d’expression. 
Tes reins se cabrent et en s’envolant vers les nues. 
Ta poitrine rebelle me souhaite la bienvenue. 

Je m’enfouis en tes jambes, respirant à la source. 
Comme s’enfonce dans le miel, le museau de l’ours. 
Parcourant les forêts, affamé, l’animal. 
Recueille de sa langue ce qui calme sa fringale. 

Laisse moi découvrir dans tes zones érogènes. 
Les replis délicieux qui parfument mon haleine. 
Je perdrais volontiers mes esprits en ces lieux. 
Pour y recevoir la bénédiction des dieux. 

Insoumise et sauvage, ta corolle m’éblouit. 
La chaleur de sa gorge m’ouvre encore l’appétit. 
Mais la fragilité du plaisir est Mystère. 
Quand l’extase est passée, nos pieds retouchent la terre. 

Et il faut sur le champ repartir à l’assaut. 
Quand l’animal blessé ne veux plus faire le beau. 
Tes phalanges expertes redonnent de la vigueur. 
Et revoilà enfin les instants de bonheur. 


INUTILES VICTOIRES. 

L’homme enfant regardait du haut de la colline. 
L’inusable saleté de la ville cauchemardesque. 
D’escalier en béton en ces tours assassines. 
Cinémas où le mal s’insinue dans la fresque. 
Est-ce que l’homme est un fou sorti des immondices ? 
Distrayant de ces gestes d’inutiles valeurs. 
L’heure est grave et le temps résolu est complice. 
Plissant même nos visages vers d’ultimes malheurs. 
« L’heure est grave » se dit-il et je suis sûr de moi. 
Moitié homme moitié loup, je partage ma chair. 
Chères moitiés inutiles vous maintiennent en émoi. 
Et moi pauvre foutaise, virgule dans cette enchère. 
Chers amis je m’envole, laisse le vent me porter. 
Terrible et inutile le grand saut dans l’espace. 
Passe le temps et voilà revenue la gaieté. 
Tétanisant l’esprit et nous couvrant de glace. 
Glas effraie de nos luttes font des guerres sans douleur. 
Leurres sans gènes pour nous autres à nos écrans scotchés. 
Chez les pauvres où la gloire ressemble aux footballeurs. 
Leurs mémoires sont faillibles, la raison débranchée. 
Chez les uns c’est l’esprit qui souvent démissionne. 
Si honnis soit la guerre, elle est bien acceptée. 
Théorie dépassée, les missiles détonnent. 
Tonnes de fer, pluies d’acier sur notre liberté. 
Taisons-nous les enfants, les adultes se détestent. 
Tests grandeur nature pour assouvir le monde. 
Mon départ pour le ciel est un signe pour le reste. 
Reste aux armes innocentes de nous refaire un monde. 
On dirait que le vent n’a pas voulu de moi. 
Moi qui seul et serein attendait le départ. 
Par mes lèvres cousues de dégoût et d’effroi. 
Froidement et sans haine à vous autres je déclare. 
L’arme ment et sans but tous les jours nous menace. 
N’assassine que les mômes quand la terre agonise. 
N’isolant comme ennemi que la misère qui se fâche. 
Fascisant par-là même sombrant dans la bêtise. 


LA CONFIANCE. 

Elle paraissait perdue au milieu des tempêtes. 
Pétrifiée de terreur et pourtant toujours là. 
La confiance n’est qu’un luxe pour toutes les âmes bêtes. 

Bêtement, on l’ignore malgré tout c’est celle là. 
La vertueuse amazone qui décime les doutes. 
Doux terrains si propices au vacarme du glas. 

Gladiateurs ou martyrs, elle éclaire les routes. 
Routinières ou secrètes des valeureux messies. 
Si peureux car sans elle la vie bien peu leurs coûte. 

Coutumière d’abandon, elle revient adoucie. 
Si pour elle, à ses pieds, son destin on dépose. 
Positive, elle devient notre orgueil sans soucie. 

Si elle garde ses épines, la confiance est une rose. 


LA LETTRINE. 

La lettrine frémissait sous les nombreux regards. 
Véritable ambitieuse car son enluminure. 
Comme un paon magnifique tombé là par hasard. 
Couvrait le parchemin comme une chevelure. 

Elle illustre les mots qui la suivront tranquilles. 
Bousculés par l'éclat de leur voyante voisine. 
Ils sont le corps du texte mais se sentent inutiles. 
Tant la belle majuscule accapare nos rétines. 

Elle est la préférée, la douce muse de l'artiste. 
Avec elle, tout commence et ne prend jamais fin. 
Quand elle est réussie, il ne peut être triste. 
Car il sait qu'elle est l'âme qui éclaire son chemin. 


LA TOURNANTE. 

C’est là qu’ils m’ont laissée, humiliée et cassée. 
Dans cette cave humide qui pue l’urine de chat. 
C’est là qu’ils m’ont forcé, c’est là qu’ils m’ont violé 
C‘est là qu’ils m’ont laissé recouverte de crachats. 

Je ne leur avais rien fait, à peine regardé. 
Ils m’ont tourné autour avec leurs mobs bruyantes. 
Moi j’ai voulu courir, voulu leur échapper. 
Déjà sur leurs bécanes commençait la tournante. 

Il y a des gens qui ont vu et qui ont laissé faire. 
Je sentais leurs regards derrière les fenêtres. 
Il y en a qui les ont vus, la peur est un enfer. 
Ce n’était que des gamins, quinze ou seize ans peut-être. 

Le couteau sous la gorge, ils m’ont emmené ici. 
Ils ont gardé leur casque mais je les connais tous. 
Ils savaient qui je suis que je vis seule aussi. 
Ce ne sont que des gamins, Mon Dieu qu’est ce qui les poussent ? 

Je voudrais me débattre mais j’ai peur de mourir. 
Cette lame sur mon cou, c’est elle que je redoute. 
Je suis paralysée, impossible de m’enfuir. 
Il faut que je me débatte que je crie coûte que coûte. 

Mais aucun mots ne sort, ma gorge est en fusion. 
Ils ont enlevé ma jupe, déchiré ma culotte. 
Le premier me pénètre sans prendre de précaution. 
Je me débats mais prends deux ou trois coups de botte. 

Les quatre ont essayé mais deux sont parvenu. 
Ce n’était que des gamins dans cette banlieue de Nantes. 
Ce soir s’ils m’ont souillé, s’ils m’ont craché dessus. 
Je suis une des victimes de ces maudites tournantes. 

Je voudrais bien savoir ce que ça leur procure. 
Je n’ai vu aucun plaisir dans leur regard d’enfant. 
Connaîtront -ils l’amour plus tard, rien n’est moins sûre. 
Lorsque l’on a été un violeur à seize ans. 


LE LIBRE PENSEUR.

Toi le militaire qui croyait en la guerre,
Qui choisit les armes pour calmer ta colère,
On t’a dit des années que l’ennemi est Rouge.
Maintenant ça change, il est bronzé et bouge.

On t’a pris pour un con.
Ce n’est pas mes oignons.
Mais faut rester humain,
Libre penseur serein.

Toi le jeune employeur qui veut bouffer des parts
De marché, de gâteaux, ta fringale est un art.
N’oublie pas qu’à coté, y’en a qui meurent de faim.
Et dans ton beau quartier, viennent et tendent la main.

Toi qui aimait tes frères encore plus que toi même,
Qui croyait que l’état réduirait les problèmes.
Tu as juste oublié une grande vérité.
La première soif de l’Homme on la nomme Liberté.

Sans être moraliste, présomptueux, dictateur,
Mais ces simples constats viennent direct du cœur.
Si tu n’es pas touché, si tu n’veux pas y croire.
Vois que dans ton placard tu renfermes l’espoir.


A MA FEMME.

Sur le chemin perdu.
J’ai pensé à toi.
Et au milieu des rues.
J’ai pensé à toi.

J’ai gardé sous mon bras.
La caresse du vent.
Je deviens le soldat.
Qui fuit bien trop souvent.

Je suis las de t’attendre.
Quand tu es près de moi.
Je préfèrerais me vendre.
Que cacher mon émoi.

Oui je t’aime oh ma femme.
Malgré toutes mes faiblesses.
Je suis près de ton âme.
Quand la rancœur me blesse.

Je ne suis pas un menteur.
Mais j’ai peur de te dire.
Je me ferais voleur.
Pour garder ton sourire.

Il y a des gens qui râlent.
Tout au long des journées.
Moi je suis trop banal.
Je suis fait pour t’aimer.

Si tu éloignes de moi.
Les charmeuses anonymes.
Au trop joli minois.
Je n’en suis pas victimes.

Car tu soignes mon cœur.
En les chassant du bec.
Mon oiseau, mon âme sœur.
Oh ma vénus grecque.




LES BOUQUETS DE MOTS.

Je vous offre des mots.
Bouquets de mots.
Des pétales de syllabes.
Des pistils de sens.
Pour poser sur la table.
Respirer leur essence.
Je vous offre des mots.
Bouquets de mots.
Brassées de synonymes.
En corolles de messages.
Chuchotis anonymes.
Pour oreilles trop sages.
Je vous offre des mots.
Bouquets de mots.
Des soleils éclatants.
Aux rayons parfumés.
Locutions de printemps.
Aux paroles colorées.
Je vous offre des mots.
Bouquets de mots.
De timides silences.
Entrecoupés de fleurs.
Où les papillons lancent.
Des phrasées de mots cœurs.
Je vous offre des mots.
Bouquets de mots.
Qui font venir souvent.
Le sourire à vos lèvres.
Comme l’effluve sous le vent.
D’une rose de fièvre.


Les émois de nos corps

C’est ton corps mon amour.
qui me met en émois. 
Où les diables d'alentour. 
Me jalousent, me foudroient. 
Tu es l'âme irréelle.
Qui, des quatre saisons. 
A choisit la plus belle.
Pour faire briller ton nom. 
Tu es ma libertine.
et ma prison de cœur.
Mon abeille qui butine.
mes instants de bonheur. 
Mille caresses assouvies.
Sur ta peau délicate. 
Chaque baiser, une envie
.Que ma "victoire" éclate. 
Car je suis ton amant.
Par ton corps attiré. 
Et je sais que le temps
.Ne pourra qu'attiser. 
Cette flamme ignorée.
Par tous les imbéciles. 
Sans vergogne profanes.
Qui pensent que c'est une île. 
La jouissance diaphane.
Si je connais l'amour. 
Bien plus que la raison.
C'est grâce au doux velours. 
Qui te sers de toison.
Et je suis en émois. 
Car ton corps est ma voie. 


LES NOUVELLES FEMMES. 

Les femmes se penchent – Désireuses d’être libres. 
Et par leurs coups de hanches – Elles nous déséquilibrent. 
Les femmes ont leur orgueil – Et maintenant leur but. 
Ont leur portefeuille – Et acceptent la lutte. 
Le pouvoir de séduire – et de cacher les larmes. 
Elles nous tannent le cuir – Et nous volent nos armes. 
Les femmes ont des enfants – Mais chassent les maris. 
Et pensent qu’il est grand temps – De monter vers Paris. 
Non pas comme Marianne – Gavée de république. 
Ni comme cette Jeanne – Cette sainte unique. 
Elles se libèreront – A coups de magazines. 
Sur les plages, les balcons – Montreront leurs poitrines. 
Déjà ambitieuses – Deviennent députés. 
Elles oublient les berceuses – Qui endorment les bébés. 
Et bien je dis tant pis – Si elle ont tant changé. 
Nous voilà bien punis- De les avoir bluffées. 
Les femmes revendiquent – Et les femmes refusent. 
Elles veulent leurs parts de fric – Leur voiture et leur Suze. 
Elles marchent dans les rues – Portent les « bande-roles ». 
Pour leur « monter dessus » - Faut laver les « casse-roles ». 
Et les femmes ont changé – Elle portent l’uniforme. 
Elles n’ont rien à gagner – Mais le font pour la forme. 
Les femmes se dévêtissent – Devant les caméras. 
Maintenant voir une cuisse – Ca n’excite que Papa. 
Nous prîmes sur la figure – La culotte Madonna. 
Aujourd’hui ça carbure – Aux seins de Loanna. 
Les nouvelles femmes sont folles – de judo ou d’escrime. 
Nous doublent dans des bagnoles – Achetées grâce à leurs « primes ». 
Et si les femmes un jour – Se calment un petit peu. 
Je jure que mon amour – Se sentira bien mieux. 



MES COMPAGNONS D’INFORTUNE. 

Il fait froid aujourd’hui. 
J’ai peur de recevoir. 
Si je trouve un abri. 
Un appel du désespoir. 
Alors je passe livide 
Dans ce jardin d’ « hiver ». 
Où les arbres solides. 
Me font croire à l’enfer. 
Je continue ma course ; 
Ma folle et lente marche. 
Sous l’œil de la Grande Ourse. 
Protégé par son arche. 
Mais je ne suis pas seul. 
Car je suis une foule. 
Sans un mot, ils s’engueulent. 
Sans un mot, il me saoulent. 
Il y a le petit prince. 
C’est le plus vieux d ‘entre eux. 
Ce marmot qui en pince. 
Pour tous les miséreux. 
A coté un mendiant. 
Veux lui vendre sa mémoire. 
Et lui vole en passant. 
La fin de son histoire. 
Tiens, voilà le poète. 
Lui, a perdu sa rime. 
Tire sur une cigarette. 
Elle sera sa victime. 
A coté, le chanteur. 
Dans l’alcool il se noie. 
De sa voix, il a peur. 
C’est elle qui fait la loi. 
Et prenez garde à vous. 
Si la tristesse vous guette. 
Elle vous pousse vers nous. 
Vous nous suivrez peut-être. 


PAPILLON DANS LA BRUME.

A l’épreuve des coups sur nos trottoirs hideux.
L’étrangère affolée ne voulait qu’être libre.
Mais le sort est injuste, quelques fois dangereux.
Pour les âmes sans défense, tout en déséquilibre.

Elle paraissait fragile, perdue dans sa galère.
Au milieux des voyeurs, des imbéciles, des fous.
Elle souriait toujours, ruminant sa colère.
Pourtant je la trouvais admirable, je l’avoue.

Quelques passes par jours et des jours où tout sombre.
Faisait d’elle un récif où s’échouent l’amertume.
Les aigreurs et la honte des clients tristes et sombres.
Elle était papillon, prisonnière de la brume.

Elle fut trouvée un soir sous la pluie hivernale.
Dans un coma profond où nul ne la dérange.
Ce n’est pas en mon cœur un fait d’hiver banal.
C’est la blessure secrète d’un siècle bien étrange.


UN POETE IMBECILE. 

Quatre mots illusoires aux effets indicibles. 
J’ai passé tant de temps à me demander pourquoi. 
Les voyants assassins ont tous changé de cibles. 
Et regardent l’univers avec un air narquois. 
C’est partir où le vent à donné sa réponse. 
Pour glisser sur les vagues insoumises du temps. 
Je voulais te revoir maintenant je renonce. 
Car tu m’as répondu d’un sourire distant. 
C’est l’effort qu’il faut faire pour vivre avec les autres. 
Quatre fois j’ai marché, quatre fois j’ai chuté. 
Il faut dans ce combat bien choisir ces apôtres. 
Au renard trop malin chérir l’âne buté. 
Car l’esprit est un leurre pour les combats de mots. 
La fortune est un luxe pour les frères des justes. 
Si tu doutes de moi, demandes aux animaux. 
De ma statue de bois ils ont gardé le buste. 
C’est dommage que le vent soit contraire à mes pas. 
Des deux mains j’avançais au courant défendu. 
Comme le poisson serein qui ne goutte pas l’appât. 
Et me sens dans le lac paisible et détendu. 
Devinant tous les cris entendus au lointain. 
Et j’ai les mains tendus pour mieux rivaliser. 
Je ne suis pas certain des morsures du destin. 
Mais la vie ne sera jamais banalisée. 
J’ai dormi trop de fois sur la paille des cachots. 
Mes bras lourds et sensibles m’abandonnent trop souvent. 
Mais au ventre des femmes, le repère est si chaud. 
Je courais la luxure jusque dans les couvents. 
Trop souvent j’ai frôlé la mort évanescente. 
Blanche et pure comme l’ivoire, elle m’a léché les joues. 
Je remercie le ciel à chaque aube naissante. 
Et je fonce irréel où la musique se joue. 
Je perçois bien des choses interdit au commun. 
Des mortels et je vois des couleurs inédites. 
J’ai façonné l’histoire des durs cals de mes mains. 
Je blasphème et j’éructe une fois la messe dite. 
Vagabond immobile dans le froid des forêts. 
Voyageur sans limite à l’horizon fragile. 
Je ne demande qu’à perdre ce que demain j’aurais. 
Et renonce bien souvent aux victoires inutiles. 
Devant le doute je suis partagé et conquis. 
Je suis devant le choix comme devant un grand vide. 
Je suis l’exclu de Dieu, le cocu du marquis. 
Et mon oiseau-seigneur carillonne sous mon bide. 
Donnez-moi mille euros je vous fais un état. 
De vos rêves, vos cauchemars je vous tisse une intrigue. 
Je vous arrache la peau et dépose sur le tas. 
Une douleur comme la vague qui grignote la digue. 
Je suis un fou savant, un poète imbécile. 
Vous pensez que mes mots sont des leurres à l’esprit. 
Vous espérer en moi comme Thésée en son fil. 
Mais jamais de mes larmes ne connaîtrez le prix. 
Je suis un dieu multiple qui vous suit pas à pas. 
Ou un usurpateur qui délire sa vengeance. 
Si vous voyez mes yeux, ils se soignent au trépas. 
Pour enfin désormais vivre avec diligence. 


UNE ETRANGE COMPAGNE. 

Qu'elle m'isole de force au moindre problème. 
Elle connaît les failles de mes envies blêmes. 
Elle est près de moi jusqu'aux heures indues. 
Sournoisement vivante même si étendue. 
Dans le lit si froid de nos désaccords. 
Elle connaît les plaies de mon pauvre corps. 
Plus je prends de l'âge, plus elle prend de place. 
Sauvegardant parfois tout ce que j'efface. 
C'est une compagne chaste mais si vicieuse. 
Même quand elle est douce elle est ambitieuse. 
Heureusement pour moi elle est meurtrière. 
Que pour mes erreurs et mes doutes d'hier. 
Si elle est si trouble mais nettement jolie. 
Je ne vous parlais que de ma folie. 

 

J’AI VU.

J’ai vu bien des rivages – A cheval sur mes vers.
J’ai vu des paysages – A l’endroit, à l’envers.
J’ai vu des monstres clairs – Avec de sombres rires.
J’ai pu par quel mystère – De la folie guérir.
J’ai vu vingt mille étoiles – m’appeler Loquinet.
J’ai vu sans aucun voile – Des femmes m’abandonner.
J’ai vu comme un cauchemar – La terre se déchirer.
Et rompre les amarres – D’un bateau d’immigrés.
J’ai vu un ogre ivre – Amoureux d’une fée.
J’ai vu dans tant de livres – La raison étouffer
Et j’ai vu tant de fois – Le mépris des humains.
Devant ceux qui ont froid – Et qui tendent la main.
J’ai vu des ventres ronds – Et tant de joues creusées.
De ceux qui ne verront – Pas la fin de l’été.
J’ai vu par mille poèmes – aux mots si dérisoires.
Quand ternissent les « je t’aime » - Au fond d’un lourd tiroir.
J’ai vu tous les enfants – D’un monde à l’agonie.
Nous demander comment – Nous demander pour qui.
J’ai vu des gens de peu – Dans le petit écran.
Se prendre pour des dieux – En méprisant les gens.
J’ai vu dans la campagne – Un paysan pleurer.
J’ai vu dans la montagne – La colère du berger.
J’ai vu bien trop souvent – Des hommes tristes et noirs.
Nous vendre que du vent – Pour un poste de pouvoir.
J’ai vu comme je vous vois – Ces abeilles dans le ciel.
Hésiter bien des fois – A nous donner leur miel.
J’ai vu avec tristesse – L’homme se dénaturer.
Et scier avec hardiesse – la branche où il est posé.
J’ai vu tellement de choses – et d’êtres sales et pervers.
Que bien souvent je n’ose – Plus relire mes vers.
Mais au-delà de tout – Dans ce monde sans âme.
Je goûte jusqu’au bout – le sourire de ma femme.
Et de mes doux enfants – Le regard attendri.
Pour reprendre les gants – Reprendre mes esprits.
Et j’écris.



INSOMNIE

L’archipel du plaisir peut guérir de la peur.
De la peur de mourir d’une sale maladie.
Maladie ennemie me va tout droit au cœur.
Au cœur même de la vie d’une richesse infinie.

Infinie l’émotion devant la beauté pâle.
Pas l’envie de rêver quand la chaleur vous laisse.
L’essentielle beauté d’un avenir opale.
Oh pas l’ombre d’un doute, ton sourire me blesse.

Blesse mes mains qui te touchent et te caressent le ventre.
Ventre chaud et durci par ta respiration
Ration bien dérisoire quand l’amour est le centre.
Sans tricher de mes jeux, de mes tendres actions.

Actionnaire de tes rêves, tu me trouves bien futile.
Fut-il bien heureux l’homme qui ne regardait pas.
Des pas qui se perdaient en ignorant le style.
Le style énigmatique des charmeuses d’ici-bas.

Si bateau tu prendras pour t’éloigner de moi.
De moitié je perdrais ma vigueur animale.
Ni mal ni bien ni riche, dans ma demeure de roi.
De roitelet vivant serais mourant chacal.

Chaque allergie un jour, devient pouvoir divin.
Dit Vincent quand il peint au flamboyant tableau.
Tableau où les couleurs se mélangent au vin.
Aux vingt toiles épargnées quand le flou paraît beau.

Rai, beauté de lumière sur ton corps endormi.
Hormis les cathédrales, nul splendeur n’est si pure.
Si pur sang je deviens à l’approche de ton lit.
Ton livre à tes côté semble bible c’est sûr.

C’est surtout admirable de te voir encore là.
Corps lassé épargné dans ton sommeil léger.
L’égérie de mes nuits se blottit dans mes bras.
Mais bravant l’insomnie, je suis ton obligé.


Les signes du secret

Les traces d'une existence.
Tant sincères que mystères.
Terriblement tendance.
Dans cet esprit de Terre.
Tes ravages sont écrits.
Cris d'effroi ou sagesse.
Gestes à peine décrits.
Criblés, signes qui laissent.
L'essentiel beauté.
Ténue par l'ineffable.
Fables par la gaieté.
Tes secrets sont aimables.
A blesser mon regard.
Gare aux signes qui vengent.
En jouant on s'égare.
Gardes en nous le mélange.
L'ange qui fit ces signes.
Signe ici son silence.
Lance aussi les sons dignes.
Dignitaire d'aisance.



TRANSITIONS


La vérité est dans l' écrit
Les cris qui sortent du stylo
Style authentique de mon mépris
Mais pris au piège de tant de mots
De moralité excessive
C’est si vrai que mes deux mains
Demain deviendront répressives
Si vous gâchez notre destin
Teinté de noir et de pastel
Passe t’elle vers moi, sur mon chemin
Maintenant seule, ma tendre belle
Belle hypothèse revendiqué
Dix quais plus loin elle me sourit
Sous-rythme d’une gare préfabriquée
Briquet sans flammes je dépéris       

 

INCOHERENCES

Des paroles qui s'envolent et des phrases insoumises.
Par des larmes éblouies, par les mots qui nous grisent.
C'est vers les profondeurs d'un ciel immaculé.
Que je cours sous le vent, par lui même soulevé.
J'ai donné bien des chances au destin pour avoir.
Des raisons d'espérer de pouvoir les revoir.
Les matins sans paroles où la nature caresse.
Sur ma nuque au soleil ma peau claire et épaisse.
Je devine dans l'espace où se trouve ma voie.
Le long de la rivière où chantonnent les oies.
Loin des fumées nocives et des rues encombrées.
Où pour être différent, tu peux être sabré.
Je voudrais tant sentir où les vent me conduisent.
Bousculé mais heureux quand les nues me séduisent.
Je partage avec elles les faveurs de l'été.
Et les jeux innocents comme un enfant gâté.

CORRESPOND'ANGES.

Je suppose.
Qu'ils me tiennent compagnie ou s'envolent vers l'azur.
Qu'ils partagent mes secrets, colorient mes murmures.
Qu'il existe des êtres qui leur ressemblent un peu.
Qu'il existe des sons perceptibles par leurs yeux.
Que le froid est leur source, la chaleur leur haleine.
Que les diables les ignorent ou leur parlent à peine.
Que la science les maudit ou les caricatures
Que les baisers nous brûlent que leurs caresses torturent.
Que les ventres des femmes sont leurs repères douillets.
Qu'ils nous chantent des berceuses, rendent dur nos oreillers.
Que parfois dans le vent, on entend leurs silences.
Dans le fracas des villes, ils hurlent à la démence.
Qu'ils nous guident dans l'erreur, qu'ils nous laissent dans le vrai.
Qu'ils sont partis de nous ou pour l'ardoise la craie.
Qu'ils dominent les montagnes ou ont peur des oiseaux.
Qu'ils nous libèrent des cages ou nous parquent dans des zoos.
Qu'ils se dorent sur la lune ou s'isolent au soleil.
Qu'ils nous offrent des songes comme huitième merveille.
Qu'ils font l'amour debout et s'endorment accroupis.
Qu'ils nous ferment les yeux à la fin de la vie.
Je suppose finalement qu'ils nous ressemblent très peu.


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DANS LES DRAPS FROISSES.

Relation de tendresse - Relation amoureuse.
Dans les lentes caresses - La passion est fougueuse.
Combien de temps passé - Le regard innocent.
Et dans les draps froissés - La chaleur du présent.
Je respire le nectar - De ton cœur désiré.
Car je sais tôt ou tard - Que l'ardeur va passer.
Reprenons l'aventure - Et se perdent mes doigts.
Dans ta belle chevelure - Récompense des rois.
Il est bien nécessaire - Que nos corps soient unis.
Pour que tremble la terre - De l'amour réparti.
J'attacherai mes mains - Au sommet de l'Olympe.
Et par un coup de reins - Les anges au ciel regrimpent.
L'insolence des cris - Au passage les angoisse.
Pourvu que ces petits - Nous portent pas la poisse.
Car je voudrais finir - Voir au fond du regard.
Que ce profond soupir - n'est pas dû au hasard.



GESTES D'AMOUR

Essayez de comprendre, essayez de savoir.
Que la détresse des gens vous dérange dans le noir.
Que les pleurs d'un enfant frappé et humilié.
Vous brisent le cœur par le brouillard voilé.
Si vous fermez les yeux, si vous tournez la tête.
Jamais vous ne pourrez savourer une fête.
Sans oublier les larmes, flots de haine et de peur.
Qui font que le pardon de l'Esprit est un leurre.
L'innocence est rompue, la vengeance est en route.
Et l'instant de bonheur s'évanouit sans le doute.
Prenez-vous par le col, faites en sorte qu'un jour.
La violence soit vaincue par des gestes d'amour.



HYPOTHÈSE D'UN MONDE.

Oh ! Sauvage approche de l'être aimé.
Oh ! Sauvage étal des ans passés.
Camisole insipide de la religion même.
Émotion directrice de nos paroles blêmes.
Attention aux messages que nous souffle le vent.
Aux oreilles enfantines, aux poètes figurants.
Pas de foi, pas de chant que ton visage éclaire.
Dans un temple où Bouddha fit la nique aux mystères.
Tant de joies disparues, tant de peines envolées.
Pour chaque cœur réclamé en mon cœur accosté.
C'est une vie sans partage aux stoïques mensonges.
Où la vie est un rêve et la vérité songe.
Pas de pieds maladroits aux perfides statues.
Car la mort sera où la vie même nous tue.
C'est un gage de fraîcheur d'âme et de circonstance.
Où les paroles fuient mais c'est sans importance.
Votre quête me fait mal comme une épaule démise.
C'est un choix, je regrette, je reprends donc ma mise.
Que de fleurs partagées aux victoires essentielles.
C'est une terre imbibée de violence et sans ciel.
Par la joie qui m'étreint malgré les mots de pleurs.
C'est une larme de force paisiblement fleur.
Si demain à jamais ma raison m'abandonne.
Fasse que, à jamais, ceux que j'aime me pardonnent.
Je donnerai à l'histoire quelques mots ignorés.
Des défaites, des victoires dans des cages dorées.
Si cela est pour vous des paroles terribles.
C'est pour moi un statut dans le monde sensible.
Si les poètes perçoivent mieux que les scientifiques.
Que la réalité n'est peut-être pas unique.
Que l'épi de notre âme et les plis de l'espace.
Sont pareil à l'instant aux fractales de masse.
Et l'espace des jeux où l'esprit s'aventure.
Est infiniment tel que l'esprit s'y épure.
Si des questions persistent, je sais qu'en toutes choses.
Il faut être réceptif aux pétales de roses.
Qui, au vent, batifolent pour rythmer l'évidence.
Oubliant l'attraction de la terre, elles dansent.
Quand le savant demain, oubliera ses calculs.
Quelques minutes enfin, chevauchant une virgule.
Il verra dans mes mots ridicules mais honnêtes.
L'hypothèse d'un monde où son savoir reflète.

VAGABONDAGES.

C'est un rêve, un songe, une idée insolite.
Si demain je partais seul vers d'autres limites.
Je pourrais cependant emporter mon étoile.
Faire de tendres adieux et puis mettre les voiles.
Impatient et prudent j'irai mordre à pleines dents.
Les fruits mûrs de l'oubli et la chair du présent.
Je marcherai lentement à chaque pas calculé.
Un soliste insolite au concert éculé.
Car le bruit, la vitesse m'horripile et me blesse.
Comme un ange éternel je ne crois qu'au caresses.
Marchant libre et sans but mon étoile à la main.
J'éviterai les grandes villes par les petits chemins.
Car l'espace qui se loue aux machines futiles.
Est endroit où les fous vont direct en asile.
Si j'ai perdu raison, si mes mots sont complexes.
C'est que toute ma nature est comme mise à l'index.
Je partirai demain si je veux quelque part.
Où les diables sont riches et les dieux pas bavards.
Je donnerai à mes songes l'ambition d'être utile.
Je jetterai mon stylo et je changerai de style.
Je me ferai voyou pour un regard perdu.
Je me ferai tendresse pour un sourire perçu.
Mais pourtant je sais bien je n' partirai jamais.
Car ma vie est ici sans chaos et auprès.
De ma femme si belle aux rayons du Levant.
Et des éclats de rires de mes sages enfants.


JE SUIS PAREIL.

La caresse du temps sur un sillon de rêves.
La couleur du sang, la pâleur d'une sève.
Miracle inouï d'un soleil éclatant.
J'ai peur la nuit de te connaître autant.
Quand les témoins s'évanouissent dans l'air.
Un jeu stupide qui attise ma colère.
Finalement où est donc le courage.
J'ai partagé tant de doute, tant de rage.
Diminué mes espérances de charme.
Et accentué mon volume de larmes.
Est-il venu le temps des douches froides ?
Quand les navires ont tous quitté la rade.
Et que le port redevient insoumis.
Les vagues lentes font du quai un ami.
L'Espagne est loin mais j'ai froid d'espérer.
Un jour peut-être je pourrais vous narrer.
Ce qui de moi fait cet homme différent.
Un sage, un fou, un poète ignorant.
Combien de vagues se sont brisées en vain ?
Combien de coups ai-je reçu ? Cent vingt ?
Poussez ces cordes qui me retiennent ici.
Je partirai retrouver l'âme aussi.
Le corps tendu par tant d'indifférence.
Et l'esprit libre de nos simples apparences.
Que de folies, que de doutes éprouvés.
Pour admirer la nouvelle arrivée.
Est-il honnête de penser que demain.
Leurs filles vierges recevront de nos mains.
Un catalogue de soupirs inavoués.
Et la chaleur des caresses dévouées.
Combien de femmes inutiles ou rebelles.
Auront perdu le désir d'être belles ?
Pour fabriquer un avenir incertain.
Et ignorer la puissance du destin.
Pareil aux autres aux cerveaux dérangés.
Je suis utile aux saveurs mélangées.
Ce n'est pas l'âme des poètes qui claironne.
Quand vous tremblez et que le cœur résonne.
Pareil au diable intriguant souverain.
Je lâche le câble et fournis de mes reins.
La force même qui me faisait tant peur.
Et fait couler mon inutile sueur.
Ce n'est pas vous qui me donnerez raison.
Ce n'est pas l'âme qui scrute l'horizon.
Mais l'ineffable faiblesse des caresses.
C'est la solitude quand les discours cessent.
Et comme l'espoir de donner une idée.
Devient pour nous l'esprit invalidé.
Il y a des camps où l'on aime sa peur.
Il y a cœurs où l'on aime ses pleurs.
Combien de fois les utiles aigreurs.
Ont fait de nous d'admirables voleurs .
Je suis pareil aux gens doux des collines.
Qui lancent aux ciel des œillades câlines.
Et passent devant ces grands feux menaçants.
Ces feux terribles qui nous brûlent le sang.
Je suis pareil aux paroles interdites.
Je suis paroles et par elles pourtant dîtes.



LA CRÉATION.

Je suis parti de rien, une lumière, un chaos.
J'ai trouvé la matière, situé le bas, le haut.
J'ai aussi donné sens, un avant, un après.
Quand j'étais fatigué, tenir le tout au frais.
J'ai inventé des formes, mis des sourires aux choses.
J'ai malaxé la terre, créé comme on impose.
J'ai broyé des concepts, j'ai plié des colonnes.
J'ai fait à mon image, j'ai pillé comme on donne.
Mais en fin de parcours, j'ai dû faire une erreur.
Oublié l'essentiel pour finir de bonne heure.
Mes sculptures sont inertes, sans mouvement et sans âme.
Je suis un piètre artiste et personne ne me blâme.



LA MUTINE PARTICULE.

Je suis l'électron libre - Qui bouscule l'évidence.
J'aime le déséquilibre - C'est pour lui que je danse.
Ignorez les calculs - Mon esprit est trop dense.
Je voltige et bouscule - Ce trop plein d'abondance.
Quand je suis féminine - En toute indépendance.
Insatiable mutine - Mon corps bouge en cadence.
Quand l'homme en moi se perd - Le membre en décadence.
Il oublie que ses pairs - Comme lui ont eu leurs transes.
Électron de fortune - Plus ou moins attirant.
Poussière qui importune - Les simples et les tyrans.
Voyageuse insoumise - Je vais au gré des ondes.
Peu importe ma mise- Je gagne à la seconde.
De mon corps minuscule - Je crée de l'énergie.
Je n'ai pas de scrupule - Quand le soir le corps gît.
Fille de l'Internet - Et des vagues mourantes.
Je voudrais ma terre nette - De toutes vos eaux courantes.
Porteuse d'une idée - je voyage dans vos têtes.
Et de vos vies ridés - Pendantes de leurs dettes.
Vous m'écoutez enfin - Diablesse particule.
Qui arrive à ses fins - Avant le crépuscule.



A MON PÈRE.

Je crois qu'on " s'est raté ", je crois qu'on s 'est perdu.
Tu étais près de moi pendant toute mon enfance.
Je prenais tes ivresses souvent pour des offenses.
Je ne tolérais pas tous nos malentendus.

Tu étais près de moi et m'avais accepté.
Cette épine dans ton pied, ce rejeton d'un autre.
C'était un faux départ pour cette vie qui est la notre.
J'étais déjà fragile quand vînt la vérité.

Quand tu ne buvais plus, quand tu acceptais la vie.
Ton regard était doux, présent et chaleureux.
Tu rayonnais vraiment par l'envie d'être heureux.
Tu reprenais confiance, devenais beau aussi.

Mais quand tu lâchais prise, hanté par tes chimères.
Quand l'alcool te brûlait le cœur et le cerveau.
Tu étais comme un fou papa, t'étais pas beau.
Et moi, c'était logique, je défendais ma mère.

C'était bien sûr toi qui de nous souffrais le plus.
Tu avais souvent raison dans tes coups de gueule d'ivrogne.
Tu étais comme un lion qui rugit et qui grogne.
Qui se sentait foutu et qui n'en pouvait plus.

Contre l'usine de merde, exploitante et nocive.
Et ta femme figée dans une vie sans envergure.
Toi t'aurais bien aimé un peu plus d'aventures.
Mais l'alcool à ce moment est une amie si vive.

Tu devenais violent oh ! Jamais par le geste.
Mais gueulais tout le temps pour tout, n'importe quoi.
C'était comme l'ouragan qui fait voler les toits.
Redevenant si doux juste après une bonne sieste.

Moi j'avais honte de nous et je ne comprenais pas.
Ce diable titubant, vociférant sa haine.
Contre la société, le travail et ses chaînes.
Mais j'étais trop stupide pour te le dire papa.

Tu me manques tellement maintenant que je suis père.
Je t'aime et j'en suis sûr, ton absence est un gouffre.
Souvent je pense à toi et finalement je souffre.
Car tu aurais été un merveilleux grand-père.

Je t'aime.



SAVEURS DE PRINTEMPS. 

Au milieu des tulipes et des statues de pierre.
La vanité humaine redevient très fragile.
L'homme honteux s'agenouille oubliant d'être fier.
Devant la beauté splendide du ciel inutile.
Combien de femmes ont posé leurs lèvres sur une fleur.
Comme pour sentir en leur cœur la grâce du présent.
Elles ont trouvé en elle une source de bonheur.
Ont caressé de leurs doigts la source du printemps.
Je partage leurs sourires aux délices des roses.
Soulagées, il est vrai, par l'hiver qui s'en va.
Que la Vénus en marbre semble changer de poses.
L'illusion d'un amour est plus forte que le glas.
Le soleil amical a vaincu la tristesse.
Car les passions qui naissent n'ont pas besoin de pluie.
Quand le vent insoumis devient une caresse.
Sous la toile légère, quelques soupirs s'enfuient.
Oh saison merveilleuse où les amours qui naissent.
Donnent à la pie curieuse des couleurs, un parfum.
J'oublie pour un moment les regrets qui me blessent.
Et espère sur la branche les fruits d'or de demain.
Je déposerai alors mes poèmes sur la cime.
De la montagne étrange qui hante mes pensées.
Je vengerai d'un coup les nombreuses victimes.
Que le froid a fait taire devant la lâcheté.
Mais l'instant est au rêve et je vous vois si belles.
Traversant les allées de ma douce folie.
Avant que les nuages ne reviennent plus cruels.
Laissons voir en notre âme notre goût de la vie.

 

Ecrire à l'auteur : Loquinet@aol.com


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