Histoire
d’ils
Pandémonium
La bascule
La cavale
Vagues
Le jardin
Les mots de
mise
Peau-aime
Un jour je le
dirai
La vitre
pleure à la fenêtre
Derrière tes
paupières
Ballade
Pandémonium
Ah voilà !
L'artiste va écrire un livret de poèmes...
Ils ne sont pas écrits.
Mais ainsi elle va accepter le réinvestissement
de ses sens en des lieux illogiques, des beautés troubles et sombres qui la
bouleversent.
L'œuvre précédente est close; et la fleur
éclose à nouveau, béante pour l'abeille.
Trouver le mot. Juste le mot juste.
Ce serait déjà un bel ouvrage. LE mot. Le
MOT.
L'artiste se plonge dans ses yeux aussi
profond qu'elle peut, s'y noie, s'y meurt, s'y pleut.
Les siens ? lesquels ?
L'écueil.
Ses yeux.
Souillac, et dans le noir, 4 novembre 2003
La bascule
Après des années de rien
Tes pas se sont perdus
Au bout de ce chemin
Où mon cœur t'a reçu
Moi je passais par là
fait toujours ce qu'il veut
ce cœur que je n'ose pas
regarder entre deux yeux
M'a échappé des mains
pour courir à tes côtés
Comme un enfant d'humain
tu l'as apprivoisé
Au bout du long chemin
Je vous ai vu danser
Vous êtes partis au loin
Et m'avez oubliée
Au bout du long chemin
Je vous ai vu danser
Vous êtes partis au loin
Et m'avez oubliée
Si tu retrouves le chemin
Avant de te sauver
regardes dans tes mains
Mon cœur y est caché
Je ne te demande rien
Que de le réchauffer
D'en prendre très grand soin
Et de lui pardonner
Moi je passais par là
fait toujours ce qu'il veut
ce cœur que je n'ose pas
regarder entre deux yeux
Si je n'ai pas su le garder
Il n'a pas su m'aimer
Dans tes bras s'est jeté
mon cœur abandonné
Au bout du long chemin
Je vous ai vu danser
Vous êtes partis au loin
Et m'avez oubliée
Je vous ai vu danser
Vous êtes partis au loin
Et m'avez oubliée
Souillac, octobre 2003
La Cavale
La cavale arrive et je ne l'entends pas
Sautent les chevaux au ciel détonnant
La chevauchée me renverse de son pas
Sous l'ombre brûlante je reste, ô mon amant
!
Mais quel est ce bruit qui réveille l'onde ?
Et l'arbre endormi et le cri des oiseaux ?
J'ai à l'âme une lueur qui m'inonde
Que rien ne trouble que les pas des chevaux
Et le vent des buissons se fait tornade
Et l'envol se fait départ et défaite
J'ai peur des îles comme des manades
Et des chevaux fous qui s'entêtent
Pourquoi leurs sabots passent-ils
En ces chemins tus et bouleversés
J'ai trop d'amour sur ma main, mon île,
et trop de chant pour ne pas traverser
L'empreinte sur mon corps, ô se sait !
Et l'émoi me poursuit comme tatouage
C'est mon cœur que tu caressais
Mon amant, mon amour, les mots trompent la
page
Qu'importe l'amour, qu'importe les mots
Je suis à tes pieds comme oiselle naïve
Et ne veux rien que ton chant sur ma peau
Et ta voix me brûle
comme chaux vive
Souillac, octobre 2003
Vagues
Et comme vingt vagues au-dessus de la mer
Reviennent les chevaux
Source d'ombre et de lumière
Leurs yeux si grands à travers la nuit
Étoiles sur le lit
Vagues sur les vagues
Ils reviennent en bataille aux nuages
Cris nocturnes des rêves bousculés
Silence
la nuit appartient aux chevaux
Même s'ils s'échappent toujours
Caressée par le souffle brûlant de leurs
naseaux
Debout couchée je vole immobile sous
leurs sabots
Assaillent et reviennent et défont et
renouent
Les chevaux de la nuit s'ivres de moiteur
Et s'affaissent repus aux pieds des idoles
Jamais mes pieds ne seront une stèle
Et jamais ils ne s'arrêtent
Mais j'aime l'odeur de leur peau qui me
gifle
L'empreinte de leurs sabots sur mes reins
dénoués
Effacent comme marée la trace des flots
Comme vent sur la dune le sable envolé
En paix les chevaux hument leurs crinières
Et me mangent le cœur
Souillac, le 27 octobre 2003
Le jardin
J'en ai beaucoup des roses, et du lis et du
jasmin
D'étales et d'à peine écloses au bord de
mon chemin
J'ai des feuillus sombres et des buissons
ardents
De la vigne en liesse, du chèvrefeuille
d'argent
Mais ils s'en vont toujours avec la même
Les passants joyeux derrière le grillage
C'est ma rose en bouton, la blanche qu'ils
aiment
Qu'ils cueillent en riant de leurs doigts
volages
Et s'en vont chantant d'avoir dans leur paume
Comme un petit oiseau blanc ce téton mort
d'amour
Et comme s'éloignent et reviennent les
hommes
Je songe à ma rose qui ne verra pas le jour
(Nous ne ferons plus l’amour. Tu n’aimes
pas ce mot.)
Les mots de mise
les mots, c'est ce qui lui reste. Le
territoire qu'elle s'est attribuée.
Quand elle ne peint pas, l'artiste écrit sur l'œuvre des autres.
Pas la sienne, ô non !
Ou bien, elle écrit sur ce vide qui l'étreint.
Mise en mots, démise des maux.
Justement, aujourd'hui, elle est restée
prisonnière.
Des mots.
Hantée de toute part.
Dire "je t'aime".
Ajouter "beaucoup" pour dire qu'on
ne sait pas où l'amour s'arrête, c'est tricher.
"Beaucoup", c'est peu. Ce n'est
rien. Ce n'est plus l'amour.
Est-ce mentir que d'être simple ?
Et on lui écrit qu'elle ne sait pas lire.
L'écrivaine se relit.
L'écrivaine relie ses morceaux.
Les morceaux de sa vie.
D'artiste.
Sans doute qu'elle ne sait pas peindre non
plus.
Peut-être même qu'elle n'existe pas.
La femme cherche ses mots.
L'artiste cherche un sens à sa vie. Quelque
part enfouie sous les strates des mots, les couches de peinture.
Serait-il donc possible qu'un homme soit tout
cela ?
Ne pas tenir compte des autres. Elle ne sait
pas lire. Ouiche !
Elle sait juste écrire...
Peut-être.
Écrire "je t'aime".
Je t'aime beaucoup.
Je t'aime tant. Je t'aime tellement. Je
t'aime ?
Les mots de l'un, les mots de l'autre.
Les mots des autres.
Les mots.
Rabaisser tout son univers à cet appel des
sens.
Le sens de sa vie.
Quelle direction ?
Les mots.
Et c'est intraduisible.
Souillac, et sur la toile, le 29 octobre 2003
Peau-aime
Et hop, un mot de trop.
Mot d'étron.
Mieux vaudrait mentir. Se mentir.
Le "aime" est un mot piège, et son
identité se constitue de chausse-trappes.
C'est ce qui fait son charme,
d'ailleurs, au mot "aime".
Doucement, tendrement ambigu.
C'est dangereux.
Comme dire "je t'aime" à un
enfant.
C'est dangereux. Mais l'amour, c'est entier,
c'est vaste; mais entier, fini et infini.
Comme un océan. Quand on s'y plonge, on en
ignore les rivages.
Se laisser porter.
Des fois, on coule.
Faire la planche, ça permet de voir les étoiles.
Quand l'eau est tiède, quand la peau s'habitue, tout devient osmose.
On est dissout dans l'océan ; on est l'océan.
Sous la Lune, on dérive.
Les bras en croix.
L'espace catastrophique, c'est ainsi que les
scientifiques désignent cette frontière floue entre nous et dehors. Quand nos
99 % de vide rencontrent 99% de vide...
Où s'arrête ma peau ? Où commence l'autre
?
Les molécules se mélangent et c'est la
catastrophe.
Je suis en toi, et tu es en moi.
Nous sommes traversés.
Si je touche la pierre, une partie de moi est
la pierre.
Mais la pierre ne répond pas.
Le mot "aime" est un espace
catastrophique.
Peau-aime.
Un jour, je le dirai
Si j'étais les bras de la nuit
Si j'étais l'eau sous tes pieds
Le ciel de tes rêves
le vent dans les voiles
le sampang solitaire et la foule en marche
Si j'étais les mots sur tes lèvres
le sourire de tes yeux
et la larme qui tombe
Si j'étais le silence
la pluie sur le lac et le chemin de traverse
les pas maladroits de l'enfant
et les caresses de sa main
Si j'étais l'ombre de l'oasis et la datte
tombée
Le sable lent du sablier
Si j'étais les mots silencieux et la chaleur
du feu
L'attente et le mirage du touareg sur la dune
assoupie
Si j'étais la musique des étoiles
et la planète jumelle et la face cachée de
la Lune
Si j'étais l'ivresse de la pirogue
et le rameur épuisé
le lagon percé par le nageur
Si j'étais la toile de l'araignée
la rosée suspendue et le collier du jour
le bruit de l'herbe et la chanson de tes pas
Je le dirais
Souillac, le
20 novembre 2003
La vitre
La vitre pleure à la fenêtre
Mais les larmes se refusent à ta main
Derrière ton reflet
Il y a toujours une île
Il y a toujours une autre histoire devant toi
Derrière ton reflet
Trace son lent chemin de lumière
Le miroir nu des étoiles
Si la nuit ne tombait pas sur le lac
Nul ne te verrait
Derrière ton reflet
Laisse moi cueillir à la surface
Le nénuphar qu'il porte
Derrière ton reflet
Les nuits font le jour
Aux portes des lumières
J'ai ouï d'étranges amours
aux pieds des sirènes
Ô retenir le souffle qui passe
l'invisible araignée brodeuse
me grimpe sur ma main
Je suis enchaînée aux fils de la vierge
Derrière ton reflet
Derrière tes paupières
Derrière
les paupières
Les
étoiles se taisent
Bruissent
leurs robes de feu
Voici
venir les oiseaux de la nuit et leurs ailes mouillées
Et
leurs musiques se confondent
Et
se ferment les velours sur les vents de la nuit
Et
les lacs du ciel étalent leurs eaux calmes
Voiles
et tentures, étendez sur les rivages vos vagues
Laissez-moi
m'enrouler dans vos cheveux
Sur
les montagnes éteintes chuchotent les espérances
Laisses
venir les chants muets des soleils
Les
plumes tombées caressent ta peau et tu cours à la neige
Comme
on attend le jour
La
musique des étoiles s'invente au bout des nuages
Enveloppe
tiède des îles qui se tiennent la main
Courrez
en rond au sommet des rêves
Il
sera toujours temps de reprendre les minutes
Et
les secondes
Les
heures se font précieuses
L'herbe
se couche sous les pas de la nuit
Et
nos corps se dénouent sans crainte sous l'étreinte de ses doigts
Quand
nos souffles se confondent et cavalent vers l'aube
Souillac, et derrière nos paupières,
novembre 2003
Ballade
A son cou je me jette
Il répond d'un air bête :
- Attention je t'arrête,
T'es pas pour moi sœurette
Quand je me précipite
Au fond des bras de l'autre
Celui-là dit : « j’invite
Mais mon cœur n'est pas nôtre. »
Refrain
J’les trouvent beaux comm’ des dieux
Comme des soleils même
je les aime tous les deux
Aucun
des deux ne n'aime
Mais si je vois dans leurs yeux
Quelque raison d’y croire
Le moindre début d'aveux
Fait perdre la mémoire
- Oublions ces mots doux
Ce moment d'égarement
"Je t'aime plus que tout"
Ce sont des mots d'amants...
Tous les deux ils m'ont dit
- Mais surtout n'y crois pas :
Si je refais ma vie
Ce n'sera pas avec toi
A tous les deux j'ai dit
- Surtout ne t'en fais pas :
J'ai déjà un ami
Et je l'aime déjà
J'ai le cœur qui s'emballe
Et au creux de leur bras
Mon cœur crame à chaqu' fois
Qu'est-ce que j'ai sur la gueule
Qu'est-ce j'ai dans le cœur
Qui fait qu'on me voit seule
Qu'on m'aime en p'tite sœur ?
Java pour Bénabar
A son cou je me jette
Il répond d'un air bête :
- Attention je t'arrête,
T'es pas pour moi sœurette
Quand je me précipite
Au fond des bras de l'autre
Celui-là dit : " j'invite
Mais mon cœur n'est pas nôtre. "
- Oublions ces mots doux
Ce moment d'égarement
"Je t'aime plus que tout"
Ce sont des mots d'amants...
Tous les deux ils m'ont dit
- Mais surtout n'y crois pas :
Si je refais ma vie
Ce n'sera pas avec toi
A tous les deux j'ai dit
- Surtout ne t'en fais pas :
J'ai déjà un ami
Et je l'aime déjà
- Oublions ces mots doux
Ce moment d'égarement
"Je t'aime plus que tout"
Ce sont des mots d'amants...
Mais bon dieu quand j'les vois
J'ai le coeur qui s'emballe
Et au creux de leur bras
Mon coeur crame à chaqu' fois
Qu'est-ce que j'ai sur la gueule
Qu'est-ce j'ai dans le cœur
Qui fait qu'on me voit seule
Qu'on m'aime en p'tite sœur ?
- Oublions ces mots doux
Ce moment d'égarement
"Je t'aime plus que tout"
Ce sont des mots d'amants...
J'les trouvent beaux comm' des dieux
Comme des soleils même
je les aime tous les deux
Aucun des deux ne n'aime
Mais si je vois dans leurs yeux
Quelque raison d'y croire
Le moindre début d'aveux
Fait perdre la mémoire
- Oublions ces mots doux
Ce moment d'égarement
"Je t'aime plus que tout"
Ce sont des mots d'amants...
Souillac, le 26 novembre 2003
 
Mesure
d'audience et statistiques
Classement
des meilleurs sites, chat, sondage