Sensations
Le sculpteur
Si tu devais te changer en statue de glace,
Je trouverais comment arrêter les saisons
Pour qu'un hiver éternel te laisse à cette place,
En puisant au plus profond de ma déraison.
Si tu devais te changer en statue de sel,
Je figerais l'été, sans jamais de pluie ;
J'empêcherais qu'aucune eau maudite ne ruisselle
Dans de si beaux yeux tristes aux couleurs de la nuit.
Si les éléments indifférents à cette œuvre
Venaient altérer ton indicible perfection,
Je réparerais les dégâts de leurs manœuvres
En me faisant sculpteur pour ta seule protection.
Explication de texte
La fuite
Les couleurs du coeur
On dit que tous les coeurs ont la même couleur,
Mais j'ai grand peur que ce soit peut-être une erreur.
J'ai rencontré au long de ma vie bien des coeurs :
Des coeurs rouges flamboyant de colère ou d'amour ;
Des coeurs jaunes gonflés par l'égoïsme ou l'orgueil ;
Des coeurs verts battant doucement en harmonie ;
Des coeurs bleus, apaisés, pacifiés et ouverts ;
Des coeurs violets, instruits et prêts au sacrifice ;
Des coeurs noirs, chargés de remords et suppliants ;
Des coeurs blancs, encore purs et rythmés par l'espérance ;
Des coeurs en or, presque parfaits et chargés de lumière.
J'ai rencontré des coeurs de toutes les couleurs.
Mais à mieux y regarder, je crois que les coeurs
Ont tous, chacune de ces couleurs qui font un coeur.
Le bal des anciens
Non, je n'irai pas danser au bal des anciens,
Leurs beaux souvenirs ne ressemblent pas aux miens,
Et si nous avons un peu vécu côte à côte,
Celui qu'ils pensent avoir connu est un autre ;
J'ai moi aussi des regrets, mais sans nostalgie,
Ceux, avant tout, de ne leur avoir jamais dit
Que je n'aime pas leur manière de danser,
Que je n'aime ni leur présent, ni leur passé...
Il est temps...
J'arrive parfois à voir au-delà du mur
Erigé par moi-même pour cloîtrer mes peurs,
Et ce que je vois dans les friches de mon futur,
Me laisse plus que jamais glacé de terreur.
Pourtant, cette terre ne m'est pas inconnue,
Comme si j'en gardais des souvenirs d'après,
Comme si je l'avais mille fois parcourue,
Lancé au cœur de la mêlée contre mon gré,
Pour y livrer des batailles toujours perdues.
Je sais très bien qu'il me faudra un jour quitter
Cette forteresse où je demeure immobile,
Pour retrouver tout ce que je dois affronter
Dans ce triste décor, immuable et hostile.
Je voudrais cependant encore un peu rester,
Juste le temps de me revêtir d'une armure,
De trouver des certitudes pour me lester,
Moi qui suis tellement léger et si peu sûr.
Mais, déjà, je me sens propulsé au dehors,
Poussé dans le dos par une main invisible.
Et une voix, négligeant que je tremble encore,
M'exhorte à remplir une mission impossible.
Viens
Vers le Néant
L'eau est douce et si fraîche, mais sans qu'elle le paraisse,
Elle mène en silence aux chutes de la détresse
Le fragile esquif déserté par ses marins,
Qui avaient pourtant juré de veiller au grain.
Je me sens incapable de mener ma barque
Qui, des mauvais temps traversés, porte les marques.
Je dérive indifférent au but du voyage
Et n'espère même plus aucun amarrage.
Ce cours paisible me semble plus inquiétant,
De loin, que les plus tumultueux des torrents.
Mais aucun danger de céder à la panique,
Il n'y a, depuis longtemps, plus rien de tragique.
A l'approche des vertigineuses cascades,
Je saurai si ce n'était que fanfaronnade
Ou résignation à plonger dans l'océan
Et diluer sans peur ma vie dans le néant.
Une rencontre au bord du Styx
Parano
Le bal des sorcières
Ecrire à l'auteur : kevisa@lagoon.nc
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