KEVISA

 


Optimiste extrémiste 

Moi, je veux encore voir
Derrière les nuages noirs
Le ciel bleu de l'espoir;
Malgré les mauvais coups,
Les hurlements des loups,
Quitte à devenir fou

Optimiste extrémiste,
Je tiens bon, je résiste,
Optimiste extrémiste,
Même si, parfois triste,
Optimiste extrémiste,
Je me force, je persiste.

On me dit que j'ai tort
De m'en remettre au sort,
Que je risque la mort
A ce refuser ce monde
Que je vois si immonde;
Je veux, rien qu'une seconde,

Optimiste extrémiste,
Faire que mon rêve existe,
Optimiste extrémiste,
Pousser hors de la piste,
Optimiste extrémiste,
Tous ces clowns bien trop tristes.

C'est peut-être une erreur
De vouloir le bonheur
Sans me soucier de l'heure,
Sans attendre mon tour,
Mais le temps est trop court
Pour garder le cœur lourd.

Optimiste extrémiste,
Je crois que les artistes,
Optimistes extrémistes,
Sont tous des intégristes,
Optimistes extrémistes,
De l'amour terroriste.

Et si la vérité
Soigne ma cécité,
Je ferai tout sauter,
Et puis les fossoyeurs
M'enverront voir ailleurs,
Dans un monde meilleur.

Optimiste extrémiste,
Optimiste intégriste,
Optimiste terroriste,
Mais la vie est une trêve,
Car à la fin du rêve,
Je sais bien que je crève.

(Dérisoire et dérision)




L'âge ingrat 

Je me sens ce matin d'une humeur espiègle ! 
Je scrute autour de moi de mon œil d'aigle… 
Personne à l'horizon, la voie est libre ! 
La malice est dans chacune de mes fibres… 
Je verse du sel dans la grosse cafetière, 
Tout en me méfiant de la cuisinière, 
Mais elle tourne le dos, très affairée 
A déjà préparer le déjeuner… 
Les pensionnaires ne sont pas arrivés, 
Dans le réfectoire je suis le premier… 
Je n'ai pas utilisé toutes mes armes; 
Je poursuis mon sabotage avec calme; 
Je verse dans le lait de la lessive en poudre, 
Guère plus que la valeur d'un dé à coudre, 
-Je n'ai pas pu en prendre davantage, 
Hier, parmi les produits de nettoyage- 
Mais ce sera largement suffisant ! 
Je pourrais m'arrêter dès à présent, 
Mais pour faire bonne mesure j'ajoute du talc 
Sur le pain fariné, ultime attaque ! 

Il était temps, les autres arrivent déjà ! 
Je ris en anticipant les dégâts… 
Je prends mon bol préparé à l'avance, 
Non pollué, cela tombe sous le sens, 
Et je vais m'asseoir d'un air innocent… 
Ce petit déjeuner appétissant 
Va leur rester sur l'estomac, c'est sûr ! 
Cette farce est pour moi une jouissance pure ! 
Une bouchée, une gorgée… C'est dans le sac ! 
Tous ces crétins se sentiront patraques ! 
L'infirmerie sera pleine aujourd'hui ! 
Ils iront soigner leurs petits ennuis : 
Quelques dérangements intestinaux 
Rien de grave, mais c'est tout ce qu'il faut 
Pour faire annuler le sempiternel 
Atelier d'activités manuelles ! 

Même faisant semblant d'être contaminé, 
Je sais bien que je serai soupçonné, 
Car ce n'est pas mon premier tour pendable, 
Tout le monde sait de quoi je suis capable ! 
Je vais encore me faire des ennemis ! 
Je m'en fous ! A mon âge, tout est permis… 
La Directrice me fera un sermon, 
Dira que j'ai en moi le Démon… 
Je prendrai un air repentant, riant sous cape… 
Si elle pouvait savoir comme je m'en tape ! 
Il y a peu de chance pour que je change un jour, 
Reclus dans cette maison de retraite pour toujours, 
Je garderai mes petits plaisirs jusqu'au bout… 
A quatre-vingt-quinze ans, on peut bien rire de tout ! 




Il parait qu'à Bruxelles, pendant toute l'année, au centre de la ville, des haut-parleurs diffuseront trois fois pas jour des chansons de Jacques Brel, pour célébrer le centaire de sa naissance....
J'ai décidé de faire plus fort que les Belges ! ,=) En associant à cet hommage l'Association des Alcooliques Anonymes ;=)

Ne te cuite pas 

Ne te cuite pas 
Il faut arrêter 
Tu peux t'arrêter 
D'avoir ce vice là 
Oublier de boire 
Les petits canons 
A l'heure d'l'apéro 
En dehors aussi 
Oublier l'alcool 
Qui détruit ton foie 
A coups de godets 
Droit vers la cirrhose 

Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 

Moi je t'offrirai 
De l'eau minérale 
Venue du pays 
Des cures thermales 
J'remplirai ton verre 
Jusqu'après plus soif 
Pour guérir ton corps 
De ses p'tits problèmes 
Je ferai un domaine 
D'abstinence totale 
De diète intégrale 
Où la flotte s'ra reine 

Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 

Je t'inventerai 
Des drinks insensés 
Dont tu t'abreuveras 
Je te préparerai 
De ces cocktails-là 
Que tu vomiras 
La toute première fois 
Mais je t'obligerai 
C'est sûr, compte sur moi 
A recommencer
A tout avaler 

Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 

On a pris souvent 
Les vieux alcoolos 
Du café d'en face 
Pour des ramollos 
Il est paraît-il 
Des invétérés 
Qu'on a enterrés 
Avec leur bouteille 
Mais je garde l'espoir 
Que t'arrêtes de boire
De broyer du noir
Qu'tu voies dans l'miroir 

Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 

Je ne vais plus pleurer 
Je ne vais plus parler 
Je me cacherai là 
A te regarder 
Écluser ces verres 
Et à t'écouter 
Gémir et vomir 
Laisse-moi devenir 
Ton meilleur docteur 
Pour soigner tes reins 
Te guérir du vin 

Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 
Ne te cuite pas 

(Pardon Jacques Brel ;=) )



Echec et Mat ! 

Il y a très longtemps, dans une province indienne, 
Une jeune princesse qui ne faisait que des siennes 
Avait pris, sans l'autorisation de son père, 
Un éléphant pour une promenade solitaire. 
Le vieux pachyderme, par son instinct animal, 
Sentait bien que la princesse s'y prenait fort mal 
Pour le diriger là où elle voulait aller. 
Il décida, pour s'amuser, de s'emballer ! 
Un jeune paysan qui passait dans les parages 
Accourut devant la bête pour lui faire barrage. 
Comme il était fameux cornac et très agile, 
Sauter sur le dos de l'animal fut facile. 
Il arrêta la cavalcade de l'éléphant, 
Mettant fin à la terreur de la pauvre enfant, 
Puis la raccompagna chez elle au palais. 


Le Maharadjah des lieux le fit appeler : 
"Mon jeune ami, ton courage a sauvé ma fille ! 
Sache que tout ce qui m'est précieux n'est que vétille 
Comparé à celle que je chéris entre tout ! 
Demande-moi ce que tu veux et je donne tout !" 
Le jeune homme réfléchit un peu, puis répondit : 
"Majesté, sans prendre au sérieux ce que je dis, 
Je voudrais, soit votre trône, soit un peu de blé…" 
Le Maharadjah fut secoué d'un grand rire : 
"De quelqu'un de si drôle, je n'ai pas souvenir ! 
Je garderai mon trône… Combien de blé veux-tu ?" 
L'insolent montra un échiquier non loin d'eux : 
"Un grain sur la première case, sur la deuxième deux, 
Puis sur la troisième case le double, soit quatre grains, 
Ainsi de suite en doublant le nombre de grains 
Jusqu'à la soixante-quatrième case du plateau, 
Je saurai bien me contenter de ce cadeau…" 
Le Maharadjah n'en croyait pas ses oreilles ! 
Il était prêt à lui offrir des merveilles 
Et ce garçon, valeureux mais ô combien bête, 
Avait seulement quelques grains de blé en tête ! 
"Il sera fait selon ton souhait, c'est promis ! 
Pour l'instant, fais ici comme chez toi mon ami !" 


Le Maharadjah donna des ordres en ce sens, 
Mais eut vite le plus grand choc de son existence 
Quand son intendant lui annonça tout penaud 
Qu'il lui faudrait davantage que quelques quintaux 
Pour satisfaire la demande de l'étrange jeune homme : 
La simple bagatelle de mille milliards de tonnes 
Pour plus de dix-huit milliards de milliards de grains ! 
Ce paysan l'avait roulé comme un gamin ! 


L'impossibilité d'honorer sa promesse 
L'obligea à offrir au rusé la princesse 
Et à abandonner son trône et son palais 
Au bénéfice de cet espèce de gringalet ! 
Mais il fit une dernière chose avant de partir : 
Il tint beaucoup à emporter, en souvenir, 
La tête de son professeur de mathématiques 
Qu'il pourrait conserver comme une relique ! 
Et il fit donc décapiter cet empoté 
Incapable de lui avoir appris à compter ! 





Les matins de glace

Ce matin, j'ai découvert
Qu'il a gelé cette nuit.
Les beaux jours se sont enfuis,
La glace a tout recouvert,
Le paysage et mon cœur.
Tu es partie cette nuit.
Cette fois, c'est bien fini,
Mais je n'ai pas de rancœur,
Sauf peut-être contre moi
Et le jour qui s'est levé
En m'ayant tout enlevé,
Sûrement pas contre toi.
Je cherche dans ma mémoire,
Sous la neige, à l'envers,
Le souvenir d'un hiver
Où tout paraissait si noir.
Je ne peux me rappeler
D'avoir jamais eu si froid
Avant aujourd'hui, je crois,
Où je me trouve esseulé.
J'ai l'impression que l'hiver
S'est installé pour toujours,
Puisqu'il n'y a plus d'amour
Pour effacer la misère
D'une éternelle saison.
Et tous les matins de glace
Me trouveront à ma place,
Prisonnier dans ma maison.

Juste quelques mots 

Juste quelques mots,
Jetés dans le désordre,
Pour piquer ou m'amuser,
Pour m'indigner ou délirer,
Pour rêver ou regretter,
Pour m'excuser ou accuser,
Pour sourire ou réfléchir,
Pour rire ou dénoncer,
Pour me moquer ou soutenir,
Pour attendrir ou provoquer,
Pour mentir ou avouer,
Pour pleurer ou admirer,
Pour aimer ou détester
Et bousculer un peu l'ordre,
Pour soulager mes maux.

 

L'amour ou l'amitié

Comment savoir si c'est l'amour ou l'amitié ?
Quelle question qui me torture sans pitié !
Nous avons vécu ensemble depuis toujours,
Et, tout soudainement, aurait surgi l'amour ?

Nous avons grandi tous deux comme frère et soeur,
Deux enfants complices et parfois chamailleurs.
Nous savions deviner les pensées de l'autre ;
Maintenant, j'ai peur de ce que sont les nôtres.

Je vois, dans tes yeux qui me fuient, cette crainte
De te tromper comme moi, la même plainte.
Devons nous prendre le risque de tout détruire,
Ou celui de voir à jamais l'amour s'enfuir ?



L’importun 

Si vous êtes venu par ici, hier au soir, 
Vous promener à la fraîche, au petit square, 
Ce que vous avez vu a dû vous amuser : 
Un vieil homme sur une tribune improvisée, 
Faite d’un vieux cageot qui traînait dans un coin, 
Haranguait la maigre foule en levant le poing. 
Il en appelait à la solidarité, 
Au rejet de la pire des cruautés, 
L’indifférence qui ronge nos cœurs glacés. 
Mais, en souriant, vous n’avez fait que passer… 
C’est déjà bien. Certains ont été agacés, 
Ont cherché vainement un agent de police, 
Pour renvoyer cet illuminé à l’hospice. 
Quoi qu’il en soit, l’orateur fut vite oublié, 
Comme les oiseaux finissant de piailler. 
Volatiles et passants rentrèrent chez eux, 
Sans un seul regard en arrière pour le vieux. 
Si ce soir, par ennui ou par curiosité, 
Il vous prenait l’envie de vraiment l’écouter, 
Ce ne serait hélas qu’un rendez-vous manqué. 
Sa vie était insupportable, il l’a plaquée ! 
Vous pourrez penser qu’il est lâche, qu’il a fui… 
Au portail du square, il s’est pendu cette nuit.



Les modèles

Dans un stade de cent mille personnes,
Devant les briquets allumés,
La pop star chante l'amour, la paix,
Puis remonte dans sa limousine,
Entouré de gardes du corps,
Rentre chez lui et bat sa femme.

Le politicien vertueux
Jure sur sa vie, sur son honneur,
De chasser le crime et le vice
Et téléphone à son dealer
Pour passer une petite commande,
En vue de la fête de ce soir.

La vedette des plateaux télé
Essaie de contenir ses larmes
En présentant ses invités,
Symboles de la misère humaine,
Et pense déjà à ses vacances
Avec ses amis milliardaires.

Le champion salue le drapeau,
Dédie la victoire au pays,
A la foule des admirateurs,
Et par-delà l'amour du sport,
Un fulgurant calcul mental
Évalue la recette du jour.

Pourquoi faut-il des piédestaux
Pour y placer toutes ces idoles ?
Pourquoi faut-il toujours confondre
Ce qu'ils disent avec ce qu'ils font,
Ce qu'ils font avec ce qu'ils sont ?
C'est peut-être en soi seulement
Qu'il faut chercher le bon chemin...



Elle

Avec Elle, j'ai connu l'Enfer et le Paradis.
Je l'ai aimée, puis détestée,
Sans jamais cesser de l'aimer.
Elle était ma source vitale empoisonnée.

J'avais pris mon glaive à l'acier le mieux trempé,
J'étais son chevalier et son esclave.
J'avais tous les courages.
Dans les yeux, l'âme et le cœur, j'avais son image. 

Je savais pourtant le combat sans issue,
Parce qu'il n'y avait pas d'autre ennemi
Que le temps, l'indifférence et l'ennui
Que déjà elle avait de notre vie.

Sentinelle à l'affût de tous les dangers,
Je ne l'ai pas vue me poignarder de son mieux,
Sans rien faire, juste en détournant les yeux,
S'enfuyant vers d'autres lieux sous d'autres cieux.

Mes remords et regrets se confondent aujourd'hui.
Je hais mon amour et j'aime ma détresse.
Par son absence, Elle reste encore la maîtresse
De chacun des instants que je vis par faiblesse.



Nous n'irons pas au bois !

Quelle fatale fête
De la Saint-Valentin !
Qu’avaient-ils donc en tête,
Ces tristes plaisantins ?
 
Ce soir au fond d'un bar,
C'est un vrai pugilat
Dans la foule des fêtards
Entre ces lascars-là.
 
Le citadin destin,
Tragique et sensuel,
D'un mac et sa putain,
S'achève en rituel.
 
Pour un motif futile
D'honneur ou bien d'argent,
Le gars manque de style
Aux yeux de tous ces gens.
 
Devenant comme fou,
La raison qui vacille,
Le type lui serre le cou
Avec un bas résille.
 
A deux ou trois jours près,
Le dur et sa compagne
Devaient se retirer
Tranquilles à la campagne.
 
C'est la fatalité !
Ils seront, n'en déplaise,
Au trou à la Santé,
Au trou au Père Lachaise.

Roméo et Julot

Deux garçons dans la rue qui se prennent la main ;
Peut-être des mythes qui touchent à leur fin :
Paul et Virginie, Roméo et Juliette…
On voit deux filles se conter fleurette…

Le changement de l'ordre que l'on bouscule,
Sera jugé à l'aune du ridicule,
Et pas tant de la vertu ou de la morale.
Alors vivez votre vie, mais sans carnaval.

Soyez naturels et sachez rester dignes.
Vos préférences sont-elles des insignes
Qu'il vous faut arborer pour vous identifier ?
Nous sommes tous des humains, quelque soit le sentier.

Roméo et Julot, Paulette et Virginie…
Et alors ? Pourquoi pas ? Je crois que personne ne rit,
De les voir vivre simples dans leur quotidien...
Mais loin des love parades sans lendemain.



La dictature minoritaire

Nous vivons dans une époque extraordinaire 
Qui a établi la dictature minoritaire. 
La situation est assez paradoxale 
De voir mis à l'index celui qui est normal.


La norme est peut-être une simple vue de l'esprit,
Mais alors pourquoi cet évident parti pris
Pour l'ultra conformisme des anticonformistes ?
Pour se donner l'image d'un gentil progressiste ?

Il est de bon aloi d'avouer, l'air canaille,
Certains de ses penchants marginaux, voire racailles
Et celui qui ne se jette pas dans l'air du temps
Serait bien condamné à des supplices d'antan !

Est-ce une revanche, ce grand mouvement de bascule ?
Une attitude autant que l'ancienne ridicule !
Tous nous ignorer est peut-être la solution ?
J'ai pour ma part, depuis longtemps, pris cette option...

 

Seul

Je ne veux rien savoir de vos motivations
Ni évaluer vos réelles convictions,
Parce qu'une solidarité dans l'action
Ne pourrait jamais résister à ces questions.
Démagogie, opportunisme ou ambition
Justifient, de compromis en compromissions,
De mener tant de combats et révolutions,
Et de connaître amertume ou satisfaction,
Une fois notre cortège à destination,
Chacun ayant pu remplir sa propre mission
Payée de trente deniers ou la crucifixion...



En quête de sens...

Pour ne pas risquer de concevoir des regrets,
Elle a voulu visiter tous les puits secrets
En espérant y découvrir la vérité,
Et refusé une hypocrite cécité.
Elle a cherché à tout voir et à tout savoir,
Faisant fi de l'étroite morale au pouvoir
Érigeant des murs jusque dans son inconscient,
Qu'elle a tous franchis d'un bond insouciant.
De lits en lits, toujours défaits, jamais refaits,
Jouant un jour la sorcière et l'autre la fée,
Au fond d'une bouteille ou le nez dans la poudre,
Sous les voûtes d'églises qui pourraient l'absoudre,
En d'autres lieux où l'on vit sa vie affalée
Juste entre le vice et la vertu affolées,
Elle a poursuivi partout sa quête insolente,
En bousculant les convenances indolentes.
Et elle a compris, à temps pour être sauvée,
Qu'il n'y a que la vie... sans rien d'autre à trouver.


Le coupe-gorge

Mes souvenirs sont des ruelles mal éclairées
Dans lesquelles j'ai renoncé à m'aventurer ;
Il n'existe pas de quartier plus malfamé
Que ces lieux noirs où la lumière n'entre jamais.

Tous ces passants, ces inconnus que j'ai croisés,
Aucun d'eux n'était venu pour s'y reposer ;
Comme moi, ils ont pu trouver ce qu'ils cherchaient :
Du sang, des larmes en flots qu'ils venaient épancher.

De ces places publiques et ces grands magasins,
De ces lieux lumineux qui sont mon quotidien,
Je préfère la rassurante promiscuité
A mon passé et l'angoissante obscurité.

Mais je sens quelquefois des fourmis dans l'esprit,
L'envie de jeter aux orties mon parti pris 
Et de céder à mes vieux démons, par faiblesse,
Pour traîner dans le coupe-gorge de ma jeunesse.

 

Ecrire à l'auteur : kevisa@lagoon.nc

 

 

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