VACUITE
Lindifférence
étale un glacis incolore
Sur les êtres et les choses
Et le filtre des sensations
Ne laisse parvenir quun vague écho
Distancié
Dans les brumes du cerveau.
Lhorizon est dun gris infini
Monotone
Même pas perlé.
Dans le flou sans tiédeur
Le cur se dilue
Sans attente et sans espoir
Sans passé, sans avenir.
Sans note dissonante
Latmosphère a le vague à lâme
Et dans la grisaille uniforme
La pensée effleure distraitement
Les pétales du présent.
7 juin 2000
Vacances
La musique envahit
et gonfle les artères
tandis que les volants
gracieux et colorés
virevoltent gaiement
en arabesques fières.
La poitrine moulée
galvanise, provoque
et le danseur répond
en claquant des talons.
Son poids souple évolue,
dans lair brûlant se cambre
et se fige en statue
contractant tous les membres.
Il explose à nouveau
en mouvements fougueux,
elle trace des cerceaux
dun corps voluptueux.
Ses bras minces hâlés
se répandent en courbes,
castagnettes centrées
au coeur des paumes sourdes.
LEspagne offre aux touristes
son puissant flamenco
et jouit sur la piste
des très vibrants bravos.
7 juillet 1997
Retour
Une horloge placide
caquette les secondes
et lépouse impatiente
lattend dans son foyer.
Les aiguilles papotent...
cinq minutes déjà
augmentent le délai
dun retour très précis.
Et lépouse étonnée
regarde la fenêtre
à peine interpellée
par ce léger retard.
Voilà que le tic-tac
égrène le quart dheure
et notre épouse inquiète
arpente la demeure.
Mais la ronde conteuse
prolonge son discours
jusquà lheure complète
en régulier
parcours.
Alors lépouse anxieuse
envisage déjà
un accident brutal
et peut-être fatal.
Lhorloge goguenarde
se moque éperdument
de cet époux qui tarde
à se rendre présent.
Et lépouse affolée
au bout dune heure et demie
se voit veuve laissée
à son chagrin transi.
Lorsqu enfin le temps clos,
il rentre heureux chez lui
cest au bord des sanglots
quelle se confie à lui.
Navré du contretemps,
il la tient en ses bras
caresse doucement
son épouse aux abois.
En une explication
il rassure sa peur
ramène à la raison
lexcessive frayeur.
Il sait quil est aimé
dune épouse sensible
et souvent dominée
par langoisse pénible.
7 juillet 1997
Ballade au
20ème.
Pour certains labondance
Consommation, fortune !
Pour dautres la famine
La terre sèche, ingrate !
Justice ?
Laissez-moi ricaner !
Pour certains la santé
Dun corps alerte et vif !
Pour dautres maladie
Handicap et souffrance !
Justice ?
Laissez-moi ricaner !
Pour certains linnocence
Le cocon doux, ouaté !
Pour dautres labandon
Le viol et les
sévices !
Justice ?
Laissez-moi ricaner !
Pour certains centenaires
La quiétude sereine.
Pour dautres un point brutal
A une vie très brève.
Justice ?
Laissez-moi ricaner !
Je pourrais très longtemps
Illustrer linjustice
Dun siècle de progrès
Combien mal réparti !
Le
constat est amer
Dun très vide concept :
La Justice est un mot
Au son creux désolé.
Si elle est objectif
Pour les idéalistes,
Elle est inaccessible
Et pantin daléas
Hors de notre pouvoir.
Que pèse-t-il dailleurs,
Lidéal de Justice,
En chacun dentre nous ?
Pèserait-il très lourd
Que je demeurerais
Malgré tout pessimiste.
Justice : trois syllabes
Au reflet illusoire !
Le monde forcené
Où domine largent
Étouffe sans complexe
Un vrai besoin de lhomme !
7
décembre 1996
Deuil
Le souffle de la mort
a envahi le corps,
se répand dans les membres
et les rend diaphanes,
expulse de la chair
la chaleur de la vie.
Dans le temps immobile,
la raideur est glaciale
et sinsinue en traître
au creux de ses cellules.
La révolte est en moi,
sourde et renouvelée.
Et langoisse renaît
de ce jour où viendra
ton chagrin épuisé
sur mon enveloppe inerte.
Ta douleur ou la mienne...
et le deuil entre nous,
la fin inéluctable
et annonciatrice
du décès de mes fils
devenus deux aînés.
La faucheuse gloutonne
épie ses réserves :
les pauvres garanties
de son éternité.
Le tumulte du coeur
sétiole en vaines vagues
sur les chaînons brisés
du long collier du temps.
20
février 1997
Léphémère
Le bonheur fuit
bulle légère,
dès quon lattrape
entre les mains.
Coupe dinstants, de jours, de mois,
il éclate on ne sait pourquoi.
Violemment
intensément
dela paroi
il se libère.
Son âme souple et enivrante
séchappe des plaies béantes.
Il reviendra
très sporadique
au creux des ans
de notre vie.
Il ignore certains endroits
ceux où la guerre étreint ses proies.
Il se fait rare
absent parfois
boude le temps
réapparaît.
Le bonheur est dhumeur fantasque
se désagrège en nos bourrasques.
Et nous courons
lapprivoiser
pour quil se plaise
en nos foyers.
Le bonheur ne pèse pas lourd
si nous comptons tous ses détours.
Les moments pleins
galvanisés
nous manqueront
en nos maisons.
Le bonheur est trop fugitif.
De quoi sommes-nous donc fautifs ?
15 octobre 1995
Héroïne
modeste
Molière vous aimait,
jen suis sûre, Henriette,
Dans la douce expression de votre amour confiant.
Jai senti votre humour de femme sensuelle,
Campée à mille lieues des excès
affectés.
Les « Savantes » coupées des terrestres
racines
Méprisaient votre hymen tendrement projeté.
Que proches nous étions, en la pièce,
héroïne,
Quand je plongeais pour vous dans les mots de lauteur !
Oui, mon oeil pétillait de votre sain bonheur !
Votre regard brillant au seul nom de Clitandre
Abritait dans léclat le vrai sens de la vie...
A quoi nous serviraient les trésors de lesprit
Sils navaient pour piliers et la chair et le sang ?
La victoire du coeur, trophée de lêtre
épris,
Se fête sans souci dun savoir trop pédant.
Et les sens réjouis de la féminité
Connaîtront au foyer tendre félicité.
Votre sagesse sait que malgré ses discours
Armande sans nul doute envie votre amour !
Que les vers savoureux de votre dramaturge
Ont rassasié la faim de mon jeu théâtral !
Et je regarde au loin les moutons de Panurge,
Émules vaniteux dun Trissotin banal !
15 mai 1997
UN NEZ MUTIN
Dans des déserts de
solitude
Il avait traversé les ans.
Son âme lavait gardé rude,
Lui, le plus dur de ses enfants.
Sans peur, sans haine et sans pitié,
Sans amour et sans affection,
Le désespoir lavait livré
Aux affres de vraies
émotions.
Le bonheur frappait à la
porte :
Ses traits nétaient pas familiers.
Il fallait que son cur supporte
Lintrusion de jolis souliers.
La belle, coquette, obstinée
Avait jeté son dévolu,
Se présentait auréolée
Dhonnêtes et bonnes vertus.
Et linexplicable survint.
La flèche dEros décochée,
Il succomba un beau matin,
Quittant sa froide destinée.
13 novembre 2000
Retrouvailles
Minuit
est dépassé.
Ton corps apaisé sommeille
Et le mien garde la spirale
De ton cur tout fondu
En une étreinte retrouvée.
Ta patience est totale.
Mes « états dâme »
dilués
Nous ont permis ces retrouvailles.
Et ton amour conjugal
Heureux de ma présence
Me connaît,
Maime unique,
Conscient comme toujours
De ma fidèle fragilité.
Jai peur de te priver.
Ton grand bonheur réexprimé
Me déculpabilise.
A laune du mérite
Ton cur a tous les droits.
26
juillet 2002
Espièglerie
Allongé sur le divan,
Tu te reposes.
Je bondis sur ton corps
Te souffle dans loreille
Te chatouille le cou.
Tu ris. Tu te tortilles.
Nous jouons comme des gosses.
Nos rires se répondent.
Tu as la chair de poule.
Et tes longs poils se courbent
Légèrement dressés.
Si maman nous voyait
Elle nous trouverait cinglés.
Mais cest si bon de vivre,
De jouer, de saimer.
Ton petit neveu tétouffe.
Il dit, fier : « Je tai
eu ! »
Nous le lui laissons croire
Heureux et amoureux
Et reprenons nos places
Après cet intermède.
15 mai 1994
Tristesse
Sur les ailes du vent
Jai fixé mes pensées
Et je vole gaiement
Au clair de mots dansés.
Je les veux aériens,
Inouïs, pleins de bleu
Et je ninnove rien :
Cest aujourdhui quil pleut.
Il pleut des mots tout drus,
Alourdis, noirs de glu.
Il pleut des mots tout nus,
Tels que je nen veux plus.
Je vole lourdement
Au gré de mots pleurés
Même la gaieté ment
Aux doux épis dorés.
21 août 1992
Secrets
Il est des secrets lourds
Comme un pesant fardeau
Et dautres si confiants
Quon les garde en écrins.
Secrets doutre-tombe
Que même la mort ne connaît pas
Et secrets de lamour
Illuminés de joie.
Secrets cachés,
Secrets chuchotés,
Secrets trahis
Et secrets de polichinelle.
La connivence les aime
Et lenvie na pour eux que haine.
La curiosité les guette.
Lintuition les devine
Tandis que lamitié les préserve.
Ils sont vieux comme le monde,
Mais nouveaux comme chacun de nous.
Et sil vit des secrets si doux
Cest parce que rien nest assez noir
Pour susciter au fond de nous
Le rejet dune belle histoire.
14
octobre 2001
Le
sommeil a levé les voiles.
Il est en rade dun autre jour.
Et le soleil cherche sa voie
Entre les interstices parcimonieux
Des lattes verticales.
Dans la maison endormie
Ma plume veille, gourmande,
Suspendue à mon bon vouloir.
Lété chante sa mélodie,
Attend de sengouffrer
Dans le giron de vitres
Généreuses
Pour éclater en fanfare
Dans mon humeur de la journée.
Faire provision de bonheur
Et le fixer en vers-trésors
Pour que dans lhiver gris et terne
Il reste présent à mon cur.
Pianissimo ! La
maison dort !
HALTE
A LA GUERRE !
La
guerre sen va,
Tambour battant,
Soulever les colères,
Distiller plus de haine,
Armer les bras hostiles,
Gonfler lintolérance !
La
guerre sen va,
Tambour battant.
Son ventre est creux,
La faim la guide :
Elle croquera des victimes
Et vaincra des soldats.
La
guerre sen va,
Tambour battant.
Sa bouche se pourlèche
Du sang quon versera.
La triste hémoglobine
Lui ouvre lappétit.
La
guerre sen va,
Tambour battant,
Alimenter les cris,
Soutenir les fanatismes,
Engrosser le racisme
Et ignorer les pleurs.
La
guerre sen va,
Tambour battant,
Trouver tout son espoir
Au milieu des deux camps,
Souffler sur létincelle
Pour enflammer la poudrière.
La
guerre sen va,
Tambour battant,
Pour faire de bonnes affaires,
Senrichir du malheur,
Stimuler lescalade,
Surchauffer les bravades.
Si un brin de raison
Guidait les vrais meneurs
Si lhorreur des blessures
Et de la mort germait
Cest la guerre qui mourrait,
Tambour battu !
QUESTION
De la Terre en colère
Crachent le feu en jets puissants
Hors des cratères rougeoyants,
Quand la lave bouillante
Envahit les villages
Dieu Tout-puissant, où êtes-vous ?
Quand
le ciel pleure à déborder,
Répand ses larmes à profusion
Inonde toutes les maisons
Cache les routes,
Emporte bêtes et moissons,
Dieu Tout-puissant, où êtes-vous ?
Quand
la Terre tremble
Déstabilise lhabitat
Comme châteaux de cartes,
Quand les débris
Couvrent les morts,
Dieu Tout-puissant, où êtes-vous ?
Quand la Tornade sexaspère
Détruit et ruine les espoirs
Ravage sans souci,
Tue et forme un désert,
Dieu Tout-puissant, où êtes-vous ?
Croyants,
comment y croyez-vous ?
Brasier
Si
nous avons été
début aux mille flammes,
feu autosuffisant
au choc de la rencontre,
nous restons à ce jour
charbons incandescents.
Nous saisissons à vif
la chair de lexistence
pour flatter sa saveur,
dévorer sa substance,
accroître ainsi lAmour.
Nous lalimenterons
et le feu couvera,
irradiant la chaleur
au long banquet des ans.
Un jour nous serons braises
si Temps est généreux.
Elles réchaufferont
les soudures de nos curs
et nous remercierons
lallumette de la Vie.
6
mars 1997
Carrefour
Je
suis au point de rupture
Où je pourrais taimer
Tendrement
Passionnément
Éperdument
Ou toublier sans un cri
Sans un regret
Sans un remords
Dans un éclat de rire
Offert à dautres yeux.
Je pourrais oublier ces jours
Où monte irrésistible
Lenvie de déchirer ton cur
De le tordre
Jusquà la dernière goutte
De le lacérer de mes griffes
De le croquer de mes dents.
Fantasmes de vampire
Les jours où tu imposes
Les jours où tu commandes
Les jours où tu te moques
Et ceux où tu me trompes
Ces jours où je te piétinerais
Jusquà te faire crier
Implorer mon pardon.
Ces jours où tu me crains,
Pleins
Lourds
Gonflés
De silences opprimés.
1988
Colin-maillard
Je
te parle
Au creux de mes silences.
Je timagine
Au détour de tes phrases
Comme une toile
Sans cesse tissée,
Filet de funambule
Tendu entre nos rêves.
Est-ce un filet de terre
Dans un océan deau ?
Un gué rapide et sûr
Pour abolir les rives ?
Un salut répété
Au détour des feuillages
Alors que nous courons,
Ruisseaux capricieux, buissonniers
Vers un point de fusion ?
Je crois que cest aussi
La lassitude immense
Dune trop longue attente
Tissée au plaisir vif, ciselé
De découvertes neuves.
Tant
de mots volent
Plumetis légers, aériens
Dans les rondeurs de phrases banales !
Tant de mots sèchent
Longs et courts
Sur la corde des chagrins et des heurts !
Tant de mots se piquent
Polémistes et passionnés
En des joutes larvées !
Tant de mots gais, tristes
Pratiques
Pragmatiques
Pimentent les actes des jours !
Tant de mots inutiles
Bloquent entre cur et lèvres
Les mots de laveu.
Billes dures de pudeur
Craintives dêtre exploitées
Lissées au mensonge de limparfait
Projetées dans le souffle puissant
De colères
Cachées dans les aspérités de ma gorge
Pépites lourdes
Bousculées
Dans le flot de paroles
De consentements rares et brefs.
Elles nont pas franchi depuis des ans
La barrière émaillée de mes dents.
Trois petits mots
Si pleins, lourds et légers
Bloqués, muets
Devant tes yeux :
« Je taime »
trois petits mots que je dirai
ou que joublierai :
« Je taime ».
mai
1989
Espoir
Jai
le cur en dentelle
Et les fuseaux sactivent
A ourler, délicats,
Les perles de lavenir.
Ce soir du bout des yeux
Je te dirai « je taime »,
A la pâleur des mots
Je cisèlerai laveu.
Dans la douceur ouatée
De mes balbutiements
Jimprimerai lespoir
Sur le grain de ta peau.
Échappé à lattente,
Blotti au creux des mains,
Il dessinera le temps
Jusque dans ton regard.
Mon corps contre le tien
Se nourrira de rêve
Et de ta chaleur tendre
Il peuplera les mois
Pour que dans les dérives
De mes nuits solitaires
La barque de lamour
Me ramène vers toi.
Dans
le fond de tes yeux
Se meuvent des pensées
Pour décrypter lamour lové dans tes prunelles.
Lamour ou lamitié,
Où sinscrit la frontière ?,
Quand est né du passé laujourdhui estival.
Dans le flou indécis,
Le fantôme de lespoir
Plonge et dévore le bleu, le gris, le vert ou lor.
Quelle couleur ont tes yeux ?,
Sinon insoupçonnable,
Dans léclat du soleil et celui de mon cur.
Cest vraiment ton mystère
Et tu ignores peut-être
Le brouillard de ton âme et ses reflets changeants.
A lorée nostalgique
Du bonheur conjugal
Se mêlent les passés, présents
enchevêtrés
Et le vague verbal
Dans lequel tu navigues
Y entretient le doute et le grain dun futur.
A cheval sur les mots
Je chevauche le moment
Et ta main sur la mienne pèse le poids du vent.
Si je savais lavenir
Je plongerais sereine
Dans le lac de tes yeux pour y fixer lamarre.
Mais je ne connais rien
Et je doute de moi,
De toi, de nous, de tout sur le bord de lespoir.
27
juillet 1992
Somalie
Parmi
la multitude
Éplorée, décharnée,
Jaillit la certitude
Dun peuple sacrifié.
Filiformes, tremblants,
Ils soffrent au regard,
Misérables mendiants :
Il est déjà trop tard.
La mort sévit, cruelle.
Les cadavres épars
Se ramassent à la pelle
Sans lombre dun retard.
Implacable destin
Où laide humanitaire
Ne cerne pas la fin
Dune froide misère.
Repus et satisfaits,
Nous vivons décemment ;
Ce nest pas limparfait
Qui aujourdhui sétend.
Cest la famine éparse
Aux tentacules noirs.
Et tous ses durs comparses
Se repaissent dhistoire
Écrite au sang épais
Gélifié désormais.
Gel de lindifférence
Aux béances troublantes
Complice des carences
Dune amère épouvante.
Que peut lespoir ténu
Dun lendemain meilleur
Devant lil sec et nu
Dun terrible malheur ?
Vertiges
Une
angoisse diffuse
Me noue lestomac
Comme un rapace énorme
Emprisonne sa proie.
Les serres acérées
Effilochent le foie
Et je me sens exsangue
Au fond du désarroi.
La peur na pas de nom :
Elle se tapit et crie
Et pénètre, profond
Le chemin de la vrille.
Le pourquoi du comment
Me glace et me dévore
Me tronçonne en segments
Gloutons et omnivores.
Toute anxiété tenace
Les découvre, voraces,
Diserts, envahissants,
Entre eux indifférents.
Un nud inextricable
Est né de leur croissance.
La peur est un vocable
Où se traduit lerrance.
Cest le vide absolu
Le gouffre des entrailles
La béance goulue
La naissance des failles.
Certitudes fêlées.
Questions acidulées.
Dominique
Sur
londe de ta voix
Jai caressé le rêve
Débaucher un futur
Où tu serais le roi.
Un royaume très doux
Où je serais la reine
Éclose à lamour fou
Par laube dun regard.
Jai lanxiété diffuse
Des chemins incertains
Et chevillé au cur
Lespoir du mot toujours.
Espérance fragile
Où demain nest pas né,
Grossesse incandescente
Aux appétits de feu.
Le présent me dévore
Et je ne sais pas bien
Où passe la frontière
Entre hier et demain.
Adieux
La
maison tourbillonnait de ta fougue
Et ta vigueur la protégeait.
Je sens au bout des doigts
Les caresses de ta gourmandise avide
Et tes poils sous ma peau
Glissent et diffusent encore ta chaleur.
Notre Oky
notre chien !
Voici que le rivage de ladieu
A séparé nos vies
Et si les larmes perlent à mes paupières,
Mon esprit déroule en silence
Les images de nos bons souvenirs.
Ton fauve charbonné
Et ton beau masque noir
Restent à jamais gravés
Dans nos mémoires aimantes.
Tu es parti doucement
Et la maison orpheline
Garde les empreintes de tes pattes !
Aux échos du silence
Ton nom redit le bonheur passé.
Notre pensée te salue
Et le souvenir veillera sur toi !
Leau
calme reflète le soleil
Et le lac fait la sieste.
Nos pas serpentent de concert :
Le silence épouse notre marche.
Nous guettons à travers le feuillage
Les murs gris du château
Où le lierre triomphant
Sagrippe à la façade
Dans une euphorie prolifique.
Labsence des voiles
Confère à létendue
tranquille
Sa dimension accrue :
Lhorizontale ininterrompue
Sétale sans murmure.
Cest une paix magique,
Un endroit idyllique !
Près du Musée de lEau
La surface aquatique
Semble inviter les promeneurs.
Mais le désert dun jour de semaine
Nous offre ce tableau reposant
Comme une confidence particulière
A labri de tout vent.
2001
Cest
un sommeil léger
Où fleurissent les rêves
Quon peut sans se méfier
Ciseler en orfèvres.
Tour à tour saugrenus,
Horribles ou romantiques,
Ils rédigent un menu
Ou plaisant ou cynique.
Nous navons pas le moindre choix :
Ils envahissent notre nuit,
Nous laissent dans le désarroi
Dès que linconscience finit.
Des souvenirs précis
Ou de vagues terreurs
Nous cernent, démunis,
Quand fuit le déserteur.
Ou des faits disloqués encore
Suspendent le cours de notre sort.
Lobscurité complice
Tisse la toile de linquiétude
Et parfois pleine de délices
Nous offre la " béatitude ." »
Elle est au fait très ignorante
De notre angoisse personnelle :
Nous sommes seuls dans la tourmente
Ou dans livresse exceptionnelle.
Elle reviendra, indifférente,
Prendre relais de la journée.
Cest à lhorloge stupéfiante
Que notre vie sest accrochée.
Au
récipiendaire pantois qui nen peut mais
Je dirais le dérisoire dun écho !
Sur les fils monotones ou accidentés de lexistence
Tissés en dépit de toute orientation
Vient parfois se coller un papillon de bonheur,
Pour lui dailleurs tout relatif !
Et la toile désordonnée de nos vies
Mène partout, mène nulle part,
Tendue et résistante et cependant à la merci
Dun simple coup de poing du destin.
Cest le poème nu enfanté par un rêve
Au creux de cette nuit où pointe minuit dix
Et lurgence me lève de la chaleur du lit
Pour fixer ce contraste à nos futurs unis.
Léveil la transformé.
Mon esprit sévertue à retrouver les mots
Imprimés en un chaîne autrement poétique
Que la conscience a abîmés,
Tronqués de leur substance,
Enfouis à jamais dans quelque coin obscur
Dun inconscient boulimique.
Mais dans ton amour endormi
Je puise ici la certitude
Dun rêve noir issu nul ne sait doù
Ma page en gardera lhistoire
Dans un émoi dévoreur dénergie
Et dont je prie logresse nuit
Dengloutir jusquà la souvenance.
Les
cauchemars répétitifs
Memmènent loin de toi
En des mondes divers
Où la panique accélère
Les battements échevelés
De mon cur.
Et mon esprit veut séveiller
Lutte en son désespoir
Contre ces univers hostiles.
La nuit dévastatrice
Me fatigue les sens
Jusquau moment où enfin
La conscience chancelante
Mextirpe des noirceurs
En progression titubante.
Et les contours sécurisants
De notre chambre où tu dors
Permettent à mon corps
De sapprocher du tien.
Ta chaleur se diffuse
En mes veines glacées
Et peu à peu,
Dans le calme retrouvé,
Je somnole à nouveau,
Si la chance le veut,
Jusquà laube.
14
février 2002
ghislaine.renard@skynet.be
Mesure
d'audience et statistiques
Classement
des meilleurs sites, chat, sondage