GAETAN FAUCER

 

  Horrible silence

Rompre le silence… et ne plus savoir que dire !
Abhorrer cet instant, ce mutisme… et pire.
Quel préambule engendrerait la bonne voie ?
Certes, ce ne peut être celle que je crois.

Un abîme, un désespoir… tout sous mes pieds.
Devant moi s'érigent des montagnes de pitié,
Telles une aide, un mot que l'on veut m'insuffler.

Un Angelo plus joli que Gabriel,
Le visage et les ailes couleur d'arc-en-ciel…
Voici l'inspiration revenant de ma muse,
Dont la sérénité me réjouit, m'amuse.

Le voilà qui s'envole… mission accomplie,
Je n'ai pas eu le temps de lui dire merci ! 


L'onirisme diabolique

Tantôt cheval, tantôt aigle, beau capitaine,
Esclave, bûcheron ou amant d'une reine…
Heureux qui comme moi partage tout cela !
Rêve de tout enfant, jouer les grands soldats.

Je rêve inlassablement, la nuit, le jour.
Urgent est mon sommeil ; ah ! dormir pour toujours,
Perpétuellement vivre dans un monde différent,
Dans un songe en l'oubli de nos maux permanents.

Qui dit vrai et que faire ?…comment m'en extirper ?
Inhumain : se sentir acculé !
Dans l'irréalité, seul, l'on se sent vrai …
Outre-conscience de "l'homme objet"…

Ma soif ne s'étanche pas : j'ai beau boire et boire,
Voilà mon corps rampant dans le fond d'un couloir.
Et, seule alternative, me laisser enfoncer
En souhaitant, pourtant, d'un jour me réveiller ! 


Le bord de mer

La profondeur des falaises lui fait peur,
Sensation d'un bord de mer, de hauteur,
D'une fuite dans l'infini des océans…
Redouter le côté du Dieu levant.

Entouré de pierres tombales à ses pieds,
S'imaginant à leurs côtés,
Du vent et des oiseaux pour compagnie,
Inlassable calme de minuit à midi !

Terminer sa vie sur un bord de mer,
Couché, le regard levé vers le ciel.
Toutes ces images, ces "flashs" le rendent amer,
Comme du déjà vu, des cris qui appellent.

Son corps se pétrifie, ses yeux se fixent ;
Ne sachant se mouvoir, le calme l'englobe.
Fini le désespoir, les rixes…
Le lierre déjà s'en empare et l'enrobe. 


Le magnifique

De multiples facettes ornèrent sa personne :
Puissant banquier ou bien mécène toutes formes,
Un charisme qui fut un exemple en son temps.
Quand l'époque troublée par l'emprise de l'argent
Plaça le Médicis en haut du piédestal,
Il reprit le flambeau d'une famille royale
Amassant sur son trône fortune colossale…

Génie de talent, de cœur plus que d'affaires,
D'autre fut grand poète, sous ses airs austères :
Amoureux de beauté, de lettres et de femmes
Celui-ci à son heure triompha des dames,
Quoique se trouvant laid, visage asymétrique,
Le voilà déployant un charme aux traits magiques...

Vasari, qui peignit la grâce d'un beau prince,
Subit l'enchantement comme s'il était d'un sphinx ;
Faiblesse inavouée et commune aux artistes ? …
(Mais laissons la vipère user de cette piste !)
Une goutte de trop fit déborder son âme
Lors et tel ses aïeux, il n'échappa au drame
Et le sang circulant acide dans ses veines,
En rougit la légende qui devint la sienne.


Simplement pour vous

Une fleur, une fée, un ange !
Uniquement pour vous ces beaux mélanges.
On pourrait tant en rajouter,
Pour ne jamais vous couronner.

Ceux-ci suffiront. C'est pour vous!
Trop amèneraient au dégoût.
Ces derniers vous siéent à merveille,
Font de vous la femme éternelle 



Près de vous

Je suis là, près de vous,
Mais vous ne me sentez.
Je suis là, à genoux,
Et vous ne me voyez.

De nous qui est vivant ?
Comment comprendre cela ?
Tu n'es plus comme avant !
Ton regard s'en ira,
Ta jeunesse partira.

Mon étoile, mon soleil,
Reste avec moi ma belle.
Ne t'éloigne pas de mon cœur,
Ces instants me donnent peur.

La frayeur est constante.
(Ne parlons pas d'attente !
J'ai le cœur en lambeaux,
Mais vous dis à bientôt… 


La fleur du bord d'un lac 

Sentirais-je ton parfum près de ce lac ?
Oserais-je avancer pour te cueillir ?
Le grand soleil t'arrose et te désire.
Même la pure rosée du matin te laque,
Suivie de l'arc-en-ciel et toutes ses couleurs…
La pluie t'évitera, le vent aussi.
Personne ne viendra t'arracher le cœur.
Les dieux te garderont comme leur fille…
Tandis que nul n'osera approcher.
Ton beau parfum, je vais seul le puiser… 


La patience 


Je ne peux me concentrer car je l'attends !
De nombreux visages croisent l'allée sauf le sien.
Tant de sosies apparaissent à chaque instant,
Curieuse illusion pour ces instants bénins.

La soif s'immisce, je n'ose quitter les lieux,
Tel un poisson elle se faufilera !
De très longs moments de solitude en vain…
Je demeure ! Ma soif, elle, patientera.

La foule double son renfort. Que de faces !
Sur l'allée : trois mille âmes grouillent en masse,
Mon cerveau dégage un mal considérable.
Va-t-elle arriver ? Je me sens misérable.

Un sourire, j'aperçois un sourire…
Ce n'est pas à moi qu'il s'adresse, je délire !
Il fait chaud, mon aversion prend le dessus,
J'ai les nerfs à vif, ma soif s'accentue.

Vais-je savoir patienter davantage ?
Pour mon propre bien, je dois prendre le large… 


Le nocturne

Sang se glaçant à la lumière du jour,
Or splendide robe au levé de la lune.
Dès son apparition, le voici de velours
Aux couleurs de rubis dénués de lacune.

Liquide aux remarquables propriétés,
Doux fluide débordant de faculté.
Multiple merveilles en absence de lumière,
Unique défaut d'en aimer la pénombre !

Le soleil absorbe toutes ses chimères,
Tel un vampire, le voici : " être de l'ombre ".
La nuit l'aide, le couve et lui mielle son sang.
Bannit de l'existence diurne, or heureux !

Prodiguant l'amour au peuple du néant,
Maraudant après minuit en divers lieux…
Malgré son sanglant aspect, il prône le bien,
L'être nocturne trouve enfin son chemin


Mes bourreaux

Tâche récursive que l'on m'inflige,
Navrante désolation journalière.
Que faire, comment éviter ce litige,
Quand mes nobles implications indiffèrent ?

L'indigence de mes bourreaux m'effraie,
Leur discourtoisie m'entrouvre les plaies.
Etres vils, sans une once de cervelle,
Simplement cupide par omission !

La servilité attise ma soumission,
Me voici maniable et truffé de merveilles !
Un caméléon unissant toutes formes,
A l'apogée même de sa splendeur.

Sage esclave répondant au son d'une corne
Soufflé de notes erronées, vidé de chaleur,
A laquelle je ne peux me dérober…
Ni même lui désobéir, voire l'éluder.

Me voici amorphe en parfaite apathie,
Aseptisé au plus insondable du blâme !
Je demeure obséquieux, esquivant tout ennui,
Jusqu'à la consommation de mon âme. 


La filière

Quelle est cette chose qui m'aspire ?
Cette force inconnue qui m'attire ?
Où mène cette belle énergie…
Où me conduit-elle ainsi ?

Tout à mon euphorie, je vole…
Mais à l'envers : où est le sol ?
Un tourbillon de couleur bat :
Je ne peux expliquer tout ça !

Le vide… je ne ressens plus rien,
Le spectacle touche à sa fin.
Ici je dois garder le silence
J'absorbe enfin LA connaissance...

Lieu féerique, inexistant,
Musée des plus enivrants
Et devant moi tant de merveilles !
Se trouver devant Raphaël !

"Il quattrocento" renaît pour moi ;
Mais nul ne pourra croire ce que là je vois.
Et j'erre seul dans un dédale de bonheur,
Ici s'effacent mes malheurs… 



Lui seul !

La peur d'échouer dans ce gouffre insondable,
Tomber dans les griffes d'un être innommable.
Finir acculé, dénué d'énergie,
Dans le plus inconcevable état d'inertie.

Sans pouvoir appréhender la réalité,
Sans procès… le trépas peut tout calculer,
Seul à tout décider, seul à tout régir…
Seul à t'accompagner dans le dernier soupir !

Inique décision sans tergiversation.
Peu importe sa volonté, sa raison
Un rendez-vous inéluctable va sonner !
"Lui seul" impose toute fatalité.

La peur d'échouer dans ce gouffre insondable,
Tomber dans les griffes d'un être innommable.
Finir acculé, dénué d'énergie,
Dans le plus inconcevable état d'inertie.

Sans pouvoir appréhender la réalité,
Sans procès… le trépas peut tout calculer,
Seul à tout décider, seul à tout régir…
Seul à t'accompagner dans le dernier soupir !

Inique décision sans tergiversation.
Peu importe sa volonté, sa raison
Un rendez-vous inéluctable va sonner !
"Lui seul" impose toute fatalité.


Adresse de l'auteur : g_faucer@yahoo.fr

  

 

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