Et la page "perso" de Denis Germain
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Des tréfonds de ton corps arrive la tempête Qui va bouleverser et brûler tes vaisseaux - Des vagues de chaleur vont monter à l'assaut Et envahir ton cur sans tambour ni trompette. Telle une floraison inconnue et secrète Alimentée par quelque souterrain ruisseau - Ne sens-tu pas en toi ces démons abyssaux Te griser d'un poison que ton âme sécrète ? Lentement - sûrement - te voici envahi Tu brûles de partout te voilà asservi Et ce feu brûlera ainsi toute ta vie. C'est pourquoi le désir se doit d'être assouvi : Désir de confiture ou de flâner au lit Quand le monde est en guerre - hérissé de fusils. Désir de solitude et de paix à la ronde Désir de contempler sans cesse la Joconde Désir de son sourire illuminant le monde. Désir de voir pousser des fleurs dans le désert En écoutant - ravi - un merveilleux concert Dans cette immensité que l'infini enserre. Désir de voyager aux confins de la terre De se perdre en pensée dans le bleu des éthers Désir de s'embarquer pour toujours à Cythère. Le désir est multiple et comble nos instants Pour le comprendre il faut le désirer longtemps Vivre c'est désirer - le désir est vivant ! ........... La Lampe à huile - Le Pétrole et la Mer Depuis la lampe à huile de nos grands-parents Nous avons progressé de façon magistrale - Partant du point zéro jusqu'au point zénithal Des milliards d'idées nous sont venues par an. Et la pierre et le feu placés au premier rang Sont dans le magasin des valeurs ancestrales Où viendront se ranger - géant pyramidal - Toutes les inventions de tous les grands savants. Ca vous flanque vraiment le plus grand des vertiges De voir qu'avec le temps tout n'est plus que vestiges Et que telle une rose qui meurt sur sa tige Tout s'en va - se délite - apparaît - disparaît Eclipsant les idées qui pourtant se paraient D'un label éternel que chacun savourait. Des millions d'inventions font des milliards d'ennuis On ne peut pour autant retourner dans la nuit - Il faut s'accommoder de tout ce qui nous nuit. Et Dieu sait si la liste est plus que colossale Un coup bien un coup mal - la science est bicéphale Elle est ici - partout - elle est azimutale. Le problème aujourd'hui ce sont les marées noires - Un pétrolier coulé et c'est autant de mares Que viennent déverser tous ces pétrodollars. Et si cent pétroliers se pètent les amarres Deux cents - trois cents - cinq cents - pourquoi pas un milliard ? Cet " Or noir " comme on dit sera le corbillard Qui traînera notre planète au fond d'enfers Où tous les poissons morts - engloutis sous la mer - Resteront les témoins du défunt univers Cependant le pétrole issu de l'océan Par les machines de forage aux grosses dents Retourne d'où il vient tout en nous corrodant ! Morale Si l'on veut se chauffer et rouler en voiture Il faut en accepter la sacrificature Bénir les pollueurs - leurs rafiots pourriture Qui viendront sur nos mers " Fluctuât et Mergitur ! ...........
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Un Voyage au Moyen
âge ........... |
Ce Poème de Denis Germain sur Paris est un véritable chef-d'uvre. Robert Lauret |
Un agrandissement de ce que fut Lutèce - Ce village entouré de remparts et qui laisse En ses sols abyssaux des tonnes d'ossements. Le premier - d'abord - ce sont les Tuileries - La rue de Rivoli et le Palais du Louvre - Les pavillons Baltard qu'en flânant on découvre : Ces Halles disparues - que Zola décrivit. Le Palais de Justice - immense bâtiment - Et la conciergerie et la Sainte-Chapelle - Et ce fleuve qui coule et sans cesse rappelle Que son cours va ainsi - interminablement. Le second - son voisin - a le Palais Brongniart - Cette salle de jeu où naquirent des ruines - Où s'épanouissent vite et très vite déclinent Des monceaux de valeurs dans un climat criard. Le trois c'est le Marais et le square du Temple - C'est la rue Rambuteau et puis les Francs-Bourgeois - Enfin - le Sébasto et ses filles de joie Dans les petites rues - que le flâneur contemple. Quatrième ma foi - c'est le plateau Beaubourg Le royaume du fer et des cracheurs de flamme Qui fut pour Pompidou comme son oriflamme - Horrible usine à gaz - asphyxiant le faubourg ! Mais pas très loin de là : voici l'Hôtel-de-Ville - Notre-Dame - Hôtel-Dieu et l'Ile-Saint-Louis - Le cur de la Cité - oui - le cur de Paris Dont les encombrements sont le talon d'Achille. Cinquième - voici boulevard Saint-Germain - La Sorbonne - Henri Quatre et puis Polytechnique - Enfin le Panthéon en nécropole unique Abrite nos grands hommes - au génial destin. Le Luxembourg - voici au détour d'une allée Les silhouettes de Marius et Cosette - Javert à Jean Valjean au bout de sa lorgnette " Les Misérables " assis sous les marronniers ! Les pièces d'eau - cernées de chaises curieuses - Ecoutent sagement le babil des enfants Tout en éclaboussant sans cesse les passants. Le soleil brille haut. Quelle journée heureuse ! Sortant - les pas s'en vont vers le vieil Odéon Où de célèbres voix déclamèrent Corneille - Et le reste du jour nous baillons aux corneilles Avant de s'en aller par la rue de Tournon. Tout droit nous arrivons à Saint-Germain-des-Prés Royaume incontesté des existentialistes - Où Juju la Gréco faisait ses tours de piste Entraînée par Béchet et Luter déchaînés. Avant de s'éclipser arrêtons - nous au Flore Où Sartre et de Beauvoir s'installaient si souvent. De quoi parlaient-ils donc ces curieux amants ? Et lui - que confiait-t-il au fidèle Castor ? Encore quelques pas et voici l'Institut Quai de Conti où sont - coiffés de leur bicorne - Nos Immortels armés d'une épée - sans bigorne ! Mais ce look du passé ainsi se perpétue. Le septième arrive et le Palais-Bourbon - Cur de la République - Assemblée Nationale Où se votent les lois - Socle fondamental De la démocratie et de notre Nation. Le Champ de Mars où a grandi la Tour Eiffel Près de La Tour Maubourg - l'Hôtel des Invalides - Et le dôme qui couvre et qui veille - impavide - Sur l'Empereur qui dort du sommeil éternel. Et Sèvres Babylone - et la gare d'Orsay Devenue un Musée aux mil et un tableaux - Palais de la sculpture aussi - de bas en haut - Mayol - Renoir - VanGogh - Pissaro et Manet. Mais voici le huitième et le triangle d'or - Parc Monceau - Hoche - Haussmann - Faubourg Saint-Honoré Et la Reine : Avenue de nos Champs-Elysées D'où l'on voit l'Obélisque amené de Louksor Dominant la Concorde et découvrant les tours Comme une ronde autour de cette si " Grande Arche " Qui allonge la jambe et que l'on croit qui marche Et qui pense jouer à l'Etoile un bon tour ! Car enfin c'est sa sur qu'elle contemple ainsi - Sa jumelle est là-bas et la lorgne - jalouse - L'Arche est plus jeune - elle est plus grande et elle épouse Cette modernité qui regarde Paris. Mais nous nous égarons - revenons au huitième - Palais de l'Elysée et son vaste jardin Convoité par beaucoup : être numéro un C'est la page d'Histoire et comme un " Grand Chelem ". Et puis Saint-Honoré - Malesherbes et Haussmann - Rue de Miromesnil - Avenue de Messine - Alors que de Monceau le grand parc se dessine Avec ses frondaisons d'où la beauté émane. Buissonnons cependant jusqu'à Saint Augustin - Architecte Baltard - mais le fer sous la pierre - Et l'on voit à côté le Cercle Militaire. Cependant que vers nous accourt un sacristain De la célèbre église appelée Madeleine - Erigée en l'honneur - et par Napoléon - De cette " Grande Armée " et fut son Panthéon - Face à cette Assemblée - là-bas - après la Seine. Voici les boulevards - que l'on surnomma Grands - Se dirigeant d'un trait - et par les Capucines Vers Richelieu-Drouot et ses belles voisines Courtisées en chemin par ce Faubourg charmant De Montmartre qui va traverser Châteaudun Et d'un saut par-dessus la Dame de Lorette - Au cur de ce neuvième et sans faire causette Aller vers le village où l'on faisait son vin : Montmartre et duquel on reparlera bientôt Au chapitre dix-huit de ce Paris-sur-Seine. Mais pour l'instant le dix va apparaître en scène Boulevard de Strasbourg station de Château-d-Eau. Gare de l'Est Verdun - voici tout un programme De l'horreur car d'ici partaient tous les poilus Pour la tranchée boueuse où attendait l'obus. Et la pauvre famille aurait un télégramme : " Votre garçon hélas est mort pour la Patrie " " Qui n'oubliera jamais son noble sacrifice. " Reste la croix de bois - ce modeste édifice Au pauvre gars tombé à coup sûr dans l'oubli. Gare du Nord et là on va vers les corons Comme dit la chanson de Pierre Bachelet. Quel hommage au mineur poussant les wagonnets - Blanc matin - noir le soir d'étreindre le charbon. Et tout ça traversé par le grand Magenta - Ville de l'Italie où l'armée - tout de go - Après Montebello - Palestro - Turbigo Battit les Autrichiens avant Villafranca Prétraité que par peur signa " Napoléon " " Le Petit " qui pourtant gagna Solférino. Mais je m'arrête là - de guerre il en est trop Et de sang répandu sur nos pauvres sillons. L'avenue Parmentier - vive la pomme de terre - Et puis la République et puis Richard Lenoir - Mais il nous faut citer de cet endroit la Star : Il s'agit - forcément - du boulevard Voltaire. Nous quittons le onzième et partons vers Nation Où se tient chaque année la plus célèbre Foire. Elle en a eu des heures et des heures de gloire Nation tu dois ton nom à la Révolution. Et puis il faut passer au Palais de Bercy Omnisports - où se jouent même des Opéras - Des sportifs - des chanteurs et aussi des divas L'Art est venu chasser les gros fûts de Pouilly ! En dernier Aïda de Giuseppe Verdi Est venue à l'affiche éclater les arias - Peu de monde appréciait ce genre de sabbat La grande mise en scène a gagné le pari. Ne quittons point le douze avant que de passer Par la gare de Lyon qui s'en va vers le Sud - Où monsieur tégévé - en toute quiétude - Vous emmène au " Vieux Port " le temps de vous moucher ! Nous pouvons par Nation aller Cours de Vincennes - Traverser Saint-Mandé - apercevoir le bois - Pousser jusqu'au Chalet danser une Rumba De la même façon que l'on fait " Chez Gègène ". Car au " Chalet du Lac " il n'est pas de manières Et les fils de bourgeois ont lâché la cravate - Allant à la sortie jusqu'aux coups de savate Si quelque olibrius ennuie les cavalières. Ca sent son bord de Marne et le petit vin blanc Qu'on dégustait jadis enfoui sous les tonnelles En serrant au plus près les belles demoiselles Venues là pour guincher avec quelque galant. Revenons à Paris et gagnons le Treizième : Arago et Blanqui - Maréchal Kellermann - Des noms prestigieux dont une force émane Et nous font admirer ces héros que l'on aime Pour tout ce qu'ils ont fait de brillant et de brave - Leçons non retenues - plus jamais appliquées Sauf dans le mauvais sens - pour surtout se friquer - Peu importe le reste - et la vie se déprave. Mais foin des théories- nul ne s'y intéresse - Allons voir le voisin - Quatorzième de nom - Tour Maine-Montparnasse et de loin nous voyons Cette énorme vigie qui sous le ciel se dresse. Cinquante-six étages et l'on voit tout Paris Dont la Seine est le sang qui traverse la ville. Les tout petits piétons paraissent malhabiles - Et le Bois de Boulogne encercle tout Neuilly. Tout en suivant le fleuve on arrive à Suresnes Et là-haut tout là-haut c'est le Mont-Valérien Dominant de son poids les horizons lointains Et ce filet d'argent - qu'elle est belle la Seine ! Tandis que là - tout près - les tours de la Défense - Droitement élancées flirtent avec les nuages. La Grande Arche ponctue cet ensemble d'ouvrages Et fixant le lointain : les Tuileries s'avancent ! Toujours sur le sommet de cette pyramide Du vingtième siècle - observons l'horizon - Il y a deux cents ans on eut vu les moissons Dans la plaine Monceau - jardin des Hespérides. Alentours nous voyons - comme en cinémascope Les trésors de Paris défiler sous nos yeux Revêtus des habits d'un géant camaïeu Que lui aurait tissé la belle Pénélope. Et les ponts qui relient les deux rives du fleuve Jouent à saute-mouton de leurs immenses pieds. Sous le Pont Mirabeau un poète a parlé : Bien que passe le temps l'émotion reste neuve. Pont d'Arcole et Pont-Neuf - Pont Garigliano - Pont des Arts - Carrousel et Alexandre Trois - Et Pont de la Concorde - Invalides - Iéna : Pour tes doigts - O Paris - pas de plus beaux anneaux ! Au sud on aperçoit la Porte-d'Orléans - L'église d'Alésia - le monument Leclerc - Puis rebroussant chemin nous sommes à Denfert Et saluant le Lion nous allons plus avant. D'un bond quai Louis Blériot - nous sommes à la Seine Puis nous apercevons l'Héliport de Paris Et en se dirigeant à l'ouest - vers Passy - Les frondaisons du Bois où nos yeux se promènent. En passant - admirons le Palais de Chaillot Qui semble en tête à tête avec la Tour Eiffel - Ne bougeant - il est là - colossal et fidèle Retenu aux jardins du Roi Trocadéro. Mes jumelles de marine en main j'aperçois L'Arc-de-Triomphe où dort le soldat inconnu - On distingue l'étoile au fil des avenues. Que Paris est donc beau sous ses milliers de toits. Et le grand Parc-Monceau nous tend ses frondaisons Son parcours si intime aux heures vespérales. On y voit très souvent des photos nuptiales Où les groupes sourient au milieu des gazons. C'est un endroit charmant où l'on aime rêver Et l'on se croit très loin de la vie trépidante Qui pourtant - à deux pas - de ses mains de géante Nous étreints sourdement jusqu'à nous angoisser. Le boulevard Péreire et ses nouveaux jardins Nous emmènent tout droit jusques aux Batignolles. Dans le square une escouade de pigeons s'envole - Virevolte - revient - et s'égaye soudain. D'un élan nous voici devant le Sacré-Coeur Sur la Butte Montmartre où a chanté Bruant - Notamment " Rose Blanche " et " A Ménilmontant " Et tant d'autres refrains que l'on connaît par cur. Et l'on voit les piétons à l'assaut des ruelles Sur la place du Tertre aller se rassembler. Les rapins en légions - d'un pinceau inspiré - Sont une Galerie de tableaux éternelle. En bas - les autocars - attendent en plein Pigalle Le touriste parti visiter le Moulin. Le jet d'eau est bien là et au tabac du coin C'est l'accent parigot qui est la Capitale. On voit sur le trottoir de très hauts escarpins Porter des baladeuses à l'illade assassine - Les messieurs - l'air de rien - reluquent les frangines Et d'un air innocent poursuivent leur chemin. Dans les boîtes le soir on danse et on strip-tease Et devant les seins nus les hommes s'extasient. Quand l'ultime rempart s'envole - ils sont saisis D'un long frisson qui fait grimper leur convoitise. Ca c'est Paris ! Il n'a nulle part son égal Et là dans le sex-shop voisin ou au peep-show On se presse - on s'éponge - il fait chaud : Ces croupes rebondies c'est aussi ça Pigalle ! Au nord-est brumeux sont les Buttes Chaumont Et leur immense parc au profil vallonné - Cascades - lac - et puis un îlot de rochers Accrochent le regard - force l'admiration. La Cité des Sciences au Bassin de la Villette Où la grande Géode attire bien du monde - On dirait un ballon ou une mappemonde. Jadis sur ces terrains on abattait les bêtes. Combien de meuglements - de bêlements de peur Ont retentis ici - nappés d'indifférence - Serrés l'un contre l'autre et en désespérance La tête vers le ciel s'élevaient les clameurs. C'est le vingtième enfin et le Père-Lachaise - Qui confessait Grand Louis - accueille les défunts. D'illustres noms sont là - aux détours du jardin - Où Chopin endormi rêve à sa Polonaise. La tournée de Paris s'achève à Montparnasse Et quittant le building - nous mêlant à la foule - Poussés par le ressac qui va - qui vient - refoule - Nous songeons aux grandeurs qui peuplent les espaces ! |
UNE
TORTUE SAVANTE
.
Une
tortue savante a envahi mes livres
Et taquine la page
et le jour et la nuit.
Son auteur
préféré est Saint-Exupéry -
Folle du Petit
Prince elle lit et s'enivre
Des mots et des
dessins - accro - rien ne délivre
Eugénie -
c'est son nom - de l'amour de l'écrit.
Délaissant
la salade elle bouquine - rit -
Et " Au bonheur
des Dames " est sa raison de vivre !
C'est ainsi ce
matin que je l'ai retrouvée
Les Rougons
jusqu'au cou et la joie sur ses lèvres
Se peignait -
irradiait - une explosion de fièvre ...
Pour elle je vais
prendre un autre abonnement
A la
bibliothèque où je me rends souvent -
Je sais qu'elle y
viendra - intriguée - obstinée
Elle regardera sur
tous les rayonnages
Les
chefs-duvre entassés à travers tous les
âges
Et ses yeux
pleureront devant tant de beauté !
LA JALOUSIE
Un sentiment qui vient du plus lointain des âges -
Qui taraude le cur et qui fausse l'esprit -
Clou rouillé enfoncé dans une âme meurtrie -
Fleur fanée - vin mauvais - exécrable cépage
D'un raisin qui mûrit sous tous les ciels d'orage -
Serpent aux mille dards - c'est de toi jalousie
Dont il est bien question dans cette poésie
Où je veux un instant exposer ton lignage.
En effet- de l'Amour - tu es la sur jumelle -
Lui joyeux Cupidon qui décoche ses flèches
Toi qui attend ton heure en aigre demoiselle.
Mais bientôt tu pourras t'infiltrer dans la brèche
L'Amour à peine chaud que déjà il
dégèle
Et cingle à d'autres vents vers d'autres Caravelles.
Tu installes ton nid comme ceux des rapaces -
Très haut pour surveiller les amants dans l'impasse
Et satisfaire ainsi ton appétit vorace.
Car petit à petit tu vas les posséder
Et ton frère l'Amour sera dépossédé -
Ta victoire complète ils vont tous te céder.
Vois donc cet Othello qui tue sa Desdémone
Elle qui l'aimait tant et déjà lui pardonne
D'avoir cru ce Iago et sa rage félonne.
La chevelure blonde étalée sur le lit
C'est l'Amour qui est mort et Othello pâlit :
Il sait que l'assassin a pour nom Jalousie !
UN JOUR
Un jour peut-être - enfin - les hommes assagis
Renonceront vraiment à se faire la guerre -
Les marchands de canons ne gagneraient plus guère
On peut tout espérer quand de paix il s'agit.
Un jour peut-être - enfin - dans les astrologies
Ne verrons nous vraiment que des lignes légères
Dans un monde à nouveau repeuplé de bergères
Et de contes charmants dans les anthologies.
Hélas toujours sera le vilain " Barbe Bleue " -
Mais le Petit Poucet - en bottes de Sept Lieues
Vaincra toujours la bête au jargon venimeux.
Un jour il faudrait bien pourtant mettre les pouces -
Stopper cette pression qui constamment nous pousse
Vers de sombres ravins où plus rien ne repousse.
Ah ! que vienne ce jour et s'éloigne la nuit
Qu'il n'y ait que gaieté et que tombe l'ennui
Même si - dans le fond - tout ça n'est qu'Utopie.
Empruntons mes amis l'autoroute des rêves
Et dans tous les pays allons briser les glaives -
L'arbre Fraternité a encor de la sève
" Ah ! c'est un beau parleur " diront tous les sceptiques -
Champions incontestés des mauvais pronostics -
Sabreurs impénitents - idiots et frénétiques
!
Un jour peut-être - enfin - verrons nous cette Aurore
Darder à l'horizon ses doux rayons en or -
Et nous remercierons la belle Terpsichore !
Ecrire à l'auteur : DLef217775@aol.com
S O M M E T
Dominant les éthers je scrutais l'horizon -
Le silence alentour pesait bien trois cents tonnes
Point de radio - télé - et point de
téléphone
J'étais seul avec moi - mon cur - et ma raison.
En bas dans la vallée où règne le
béton
Dans les rues encombrées les conducteurs bougonnent -
Le Temps passe et pourtant les carrefours bouchonnent
Et demain et toujours le même marathon.
Au loin le relief fait une ligne bleue -
Les oiseaux - au-dessus - de leur vol gracieux -
Inscrivent Liberté au livre des cieux.
Nul doute que j'étais dans un état de
grâce
Et je me prélassais sur mon petit Parnasse
Quand le jour pénétra par l'étroit vasistas.
Alors en m'éveillant je vis les choses en face :
Les échecs - les chagrins - tous les maux qui s'entassent
Et sont venus squatter mon si modeste espace !
Le Parfum d'un Château
Ancestral
Dans le vaste château aux sinistres couloirs
Circule un air vicié quand passent les fantômes.
Fuyant de leur suaire - un mystérieux arôme
Vient fouiller hardiment le tréfonds des mémoires.
Et les marches grinçantes et les parquets geignards
Font une symphonie qui fait trembler les heaumes
Au fond des galeries - et courir tous les gnomes
Montés des souterrains pour jouer au billard.
Dans la bibliothèque aux multiples volumes
Dès qu'on en saisit un - qu'on l'ouvre et qu'on le hume
Le parfum du passé resurgit et s'allume.
Dans la salle de bal - aux mil et un costumes -
Se danse un menuet à la grâce posthume.
Des perruques poudrées - un lourd parfum s'exhume.
Au salon où marquis et marquises papotent
Dans un coin l'on s'amuse et dans l'autre on complote -
Le parfum de l'intrigue aux pointes parpaillotes .
Aux cuisines ma foi le parfum est le roi
Et tous les marmitons s'affairent sur les plats.
Cependant les foyers depuis longtemps sont froids !
Et le parfum glacé de ces années défuntes
Laisse partout ancrée son implacable étreinte.
Le château endormi fredonne une complainte.
Il est des nuits d'orage où des éclairs de feu
Teintent couleur de sang le dédale des lieux
Et de longs hurlements s'élèvent vers les cieux.
Dans le parc solitaire on voit des linges blancs
Courir éperdument vers l'éternel néant.
Le parfum des enfers les embaume ardemment !
UN PHARE
De son rayon puissant il balaie l'horizon
Transperçant aisément la plus épaisse brume.
Les bateaux égarés - que frappent les écumes
-
Se fient à son halo qui fait la liaison.
Ramenant dans leurs flancs de lourdes cargaisons
Les marins se rallient au géant qui s'allume -
Celui-ci maintenant les guide et les assume
Les voici naviguant au même diapason.
De son il de Cyclope éclatant de lumière
- Sachant qu'on les attend dans une humble chaumière
-
Il veille à éclairer la rade familière.
Et nombre de marins - nombre de capitaines
Sont arrivés au port grâce aux lueurs lointaines
Les sauvant d'un péril à l'issue incertaine
Caprices du Temps.
Le Temps ? Ah ! mon ami c'est une vaste chose
Et personne à ce jour de lui use ou dispose -
Il n'en fait qu'à sa tête et mène son train-train
-
Nulle part ne s'arrête et toujours de l'entrain !
" Fatigue ? connais pas - je suis fort me dit-il "
" Laissez-moi avancer - mon art est difficile "
Voilà tout ce qu'il dit - voilà tout son discours -
Jamais il ne se presse et jamais il ne court.
" J'arriverai toujours de mon pas à mon heure "
" Mon agenda est plein - je suis un arpenteur "
" Un mesureur de Temps et personne n'attend "
" Je me dois à ces gens - un-deux serrez les rangs ! "
Il n'en fait qu'à sa tête et fait le boute-en-train
-
Le temps de s'amuser entre deux ou trois trains -
Mais si le mauvais temps se met de la partie
Il râle après le gel - la tempête et la pluie.
J'ai voulu lui parler très raisonnablement :
" O Temps suspends ton vol " Il m'a dit crânement :
" Je ne suspendrai rien car le monde est en marche "
" Et du monde - sachez- je suis le patriarche ".
" Mon père était le Temps et même mon
grand-père "
" Nous sommes tous le Temps depuis la première ère
"
" Alors vous comprenez : point de suspension ! "
" Les orages - on s'en fout - avançons ! - avançons. !
"
" Nous n'avons que le Temps d'arriver nulle part "
" Mesurez le regret d'arriver en retard ! "
" De quoi aurais-je l'air après cette aventure ? "
" Chacun me maudirait - voyez la sinécure. "
Et ainsi j'avançais - rendu aux arguments -
Le Temps avait raison et malgré mon tourment -
L'hiver qui s'annonçait et les chutes de neige -
Le mauvais temps encor - et toujours son cortège
Je cessais ce caprice à vouloir exiger
Que le Temps et le temps soient - eux mes obligés -
Je devais me ranger aux lois universelles
Et le dîner fini - aller faire ma vaisselle !
LA BELLE
En avançant souriante et les hanches valseuses -
Faisant se retourner des garçons aux aguets -
La belle - la charmante - primesautière et gaie -
Répandait son parfum comme une ensorceleuse.
Elle connaissait bien son pouvoir d'aguicheuse
Et ses yeux se muaient en d'immenses quinquets
Qui aveuglaient la proie entre leurs tourniquets
Et la livrait vaincue aux mains de l'accrocheuse.
C'était avant la lettre - une vraie prédatrice -
Chassant les papillons de ses vastes filets
Et annexant les curs en fine séductrice.
Cependant - un beau jour - elle devint captive
Et sombra à son tour - amoureuse lascive
Dans les bras de l'Amour - prisonnière à jamais !
Nuit de Noces
Un vieux Marquis très riche épousa un beau jour
Une jeune beauté dont le père - à la ruine -
Avait manigancé de marier la gamine
Pour renflouer sa caisse et calmer ses débours.
Las ! le Marquis - usé - par un trop long parcours -
N'ayant pas fréquenté que des
Bénédictines -
Fut en panne à sa noce et laissa la divine
Ignorante - innocente - et ronfla comme un sourd.
Cependant - la cadette - aux lueurs du matin -
Allant pour satisfaire une petite faim -
Au détour d'un couloir rencontra Célestin
Valet de son état et vaillant comme un diable.
Il fit manger Marquise et en quittant la table
L'honora fort longtemps d'un dessert agréable.
Il était séduisant et avait la trentaine -
L'expérience requise - et saisissant l'aubaine :
En place du Marquis il eut la Châtelaine !
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L'Araignée
Elle est grosse - elle est noire - et ses pattes velues
Arpentent lentement le mur blanc de ma chambre -
Juste au-dessus du lit. Tremblant de tous mes membres
Je n'ose plus bouger et crois qu'elle m'a vue.
Cependant elle avance - et semble résolue -
Mais à quoi nom d'un chien ? Pas à faire
antichambre
En tout cas ! mais alors froidure de septembre
Est là - et sur ses pas une horde pattue
Va venir me bouffer et me sucer le sang ?
J'ai comme l'impression qu'elle me dévisage
Et va fondre sur moi - et alors j'envisage
Sérieusement la fuite. Quelle horreur de bestiole
Juste ciel ! Mais que faire ? La voici qui descend
Lentement de son fil - et soudain je m'affole
Car elle s'est posée sur l'oreiller si doux.
Armée de mon chausson et de toutes mes forces
Je frappe et je refrappe alors qu'elle s'efforce
De se mettre à l'abri - mais moi je cogne encore -
Et la bête résiste à cette pluie de coups
Jusqu'à ce qu'au dernier elle replie son corps !
UN MARIN
C'était un grand voilier du port de Camaret
Qui avait résisté à toutes les tempêtes
-
Des côtes de Bretagne aux Rugissants - en tête
Toujours - à la crête des vagues - guilleret.
Capitaine audacieux le Breton qui barrait
Etait seul - mais après mon Dieu quelle conquête
Courait donc ce vaillant ? Un large vol de mouettes
Tournoyant au-dessus patiemment l'observait.
Jour après jour ainsi il fendait l'océan -
D'autres voiliers - très loin - le suivaient vaillamment -
Se ralliant peut-être à sa voile si blanche.
Mais lui fut le vainqueur dans la rade de Brest -
Et l'on fêta longtemps ce grand marin de France
Qui fut - ne vous déplaise amis anglais : " The Best " !
LA GOURMANDE
Les yeux fixés - rivés- scotchés sur la
vitrine
La gourmande ne sait ce qu'elle va choisir -
Tout la tente bien sûr - son rêve est d'engloutir
Sans changer toutefois sa silhouette fine.
Mais soudain son regard alerte ses babines :
Devant elle un moka l'a faite défaillir -
Elle sent la cuiller dans sa bouche abolir
Toute crainte en disant : " La crème est anodine "
" Deux bouchées qu'est-ce donc ? laisse toi donc tenter "
" Tu regretterais fort de t'en être privée
"
" Songe aussi aux douceurs d'une tasse de thé "
Devant ces arguments notre héroïne craque -
Entre en ce lieu béni aux airs paradisiaques
Et instantanément installe son bivouac.
Une table fleurie dans un coin retiré -
Elle installe manteau- paquets - sac à côté
Sur une chaise et puis commande - émerveillée -
Afin de satisfaire au mieux ses convoitises
Les cinq ou six bonheurs que veux sa gourmandise -
Et quand tout est bien là elle se gargarise
Entre moka et thé parfumé au citron
Et une forêt noire et puis des calissons -
Enfin la chantilly pour la décoration.
Quand tout est nettoyé et rangé dans son ventre -
Elle se dit " mon Dieu il est temps que je rentre ! "
Et se levant soudain elle abandonne l'antre
De la gourmandise et d'un péché capital -
Il lui faut rallier le foyer conjugal :
Monsieur n'aimerait point un dîner trop frugal !
L' E A U
L'eau est au robinet - on ouvre et elle coule -
D'où est-elle partie et quel est son parcours ?
Les océans - les lacs - les fleuves au long cours
Ou sont-ce des glaciers les grands pleurs qui s'écoulent ?
Vers les vallées creusées - devenues comme un moule
Où tout s'est installé en des milliards de jours
Les villes - les banlieues - jusqu'au plus petit bourg.
L'eau c'est toute la vie - d'Arras à Istanbul .
Et un milliard de kilomètres cubes emplit
Les océans qui font notre eau de tous les jours
Par l'évaporation qui nous donne la pluie
Qui va grossir la nappe phréatique et puis
Une partie retourne à l'océan - séjour
Abyssal de Dunkerque jusqu'à Singapour -
Depuis Casablanca à la pointe du Cap
De Marseille à Oran voilà de jolies nappes
Et du Havre à New York et de Calais à Douvres
L'eau est au robinet et quand d'un coup on ouvre
C'est l'océan qui coule dans notre baignoire.
Point de murène ou de requin - point de nageoires
Mais on sent l'air du large au creux de nos narines
Quelques bateaux sur l'eau et c'est notre marine -
On peut toujours rêver pour rompre la routine !
UN CERTAIN SOURIRE
Il arpentait les rues - renfermé et maussade -
Et allongeant le pas il rasait les façades.
Léon était pourtant attaché d'ambassade -
Dans ses bottes bien droit et prêt pour la parade.
Cependant son sourire a déserté ce soir -
Il est triste - abattu - perclus de désespoir -
La Dame de son cur a rompu les amarres
Et il ne voit plus rien - avançant au hasard.
Mais son sourire à elle est gravé dans son cur
-
Oh ! pas le tout dernier - il était trop moqueur -
Non - le premier sourire éclos comme une fleur
C'est celui-là qu'il veut - qu'il ne rendra jamais -
Un sourire est un don et point ne se transmet -
Léon va l'enfermer au fond de ses secrets.
Ce sourire est son bien et il le garderait.
Il y songe et soudain redevient guilleret :
Qu'elle le veuille ou non en lui il revivrait !
UN REVE
Un soir en dehors du Temps - un rêve bizarre
Vint soudain animer ma douce somnolence.
Alors qu'autour de moi - tout n'était que silence -
Dans ma tête un orchestre jouait du Mozart.
Un soir en dehors du Temps - voyant par hasard
Dans mon rêve éveillé les musées de
Florence
Et le Quattrocento dans sa magnificence
J'enfermai ces chefs-d'uvre au fond de mon regard.
Puis j'allais jusqu'à Rome admirer la Sixtine
Et ce plafond superbe aux silhouettes divines
Où vraiment la beauté éclate et illumine.
Eh oui ! c'était un soir - soir en dehors du Temps
Où l'esprit et le cur alanguis et tremblants
On croit apercevoir - spectacle éblouissant
Michel-Ange en personne admirant son plafond.
Un soir en dehors du Temps - le corps vagabond
Est partout à la fois et fait une moisson
De merveilleux - de rare et d'unique vision
Plus que n'en fournirait une télévision.
Un soir - en dehors du Temps - changez d'horizon !
De clocher en clocher survolez les villages
Les mers - les océans et tous les paysages -
Un soir - n'hésitez plus et changez de rivages
!
LA PEUR
La peur - en aucun cas - n'évite le danger
Et celui-ci parcourt tranquillement la terre -
Sans cesse accompagné d'un halo de mystère
Il sait que contre lui n'existe aucun berger
Et que l'on est bien seul et désavantagé.
Pourtant - dans certains cas - on sent son phalanstère
Qui nous épie du haut de ses vastes éthers -
Alors notre inconscient cherche à se protéger.
Le regard acéré scrute les horizons -
Dans la tête s'installe un terrible poison
Qui fait battre le cur sans rime ni raison.
Peur d'un licenciement - peur de perdre un amant -
Peur de la sentinelle au moindre craquement
Ou que le percepteur nous mette dix pour cent !
Peur d'un vol - peur d'un viol - peur de tous les instants -
Peur qui assaille l'homme irrationnellement
Et parfois fait trembler si lamentablement.
O peur ton bataillon marche inlassablement -
Tu harcèles sans fin avec raffinement
Les plus faibles de nous qui fuient piteusement.
O peur qui est ce maître auquel étrangement
Tu obéis cruelle et sans discernement ?
O peur libère nous de l'éternel tourment !
Quel est donc ce tyran qui hante les romans -
Fait trembler l'univers - oui qui est ce dément
Qui nous maintient de force en cet aveuglement ?
Libère nous O peur de l'asservissement
Supprime la hantise et le pressentiment -
Fais nous vivre debout et courageusement !
LE DOUTE
Non mais rendez-vous compte - il ne doute de rien -
Il n'en fait qu'à sa guise et se moque du monde !
De quoi parlez-vous donc ? contre qui cette fronde ?
Quel est votre ennemi mon cher concitoyen ?
Je redoute ce doute - et qui va et qui vient -
Et qui nous envahit à toutes les secondes -
Est-on seulement sûr que notre terre est ronde ?
Voyez mon cher ami - quand le doute survient
C'est l'horreur ! croyez-moi on ne sait plus qui croire !
Et sans doute cela nourrit le désespoir
Nul doute - voyez bien - ce syndrome est notoire.
Je doute cependant un jour apercevoir
Le bout de ce tunnel qui hante les mémoires -
Le doute c'est certain exerce le Pouvoir !
A L T I T U D E
Aller plus haut - ma foi - je veux bien mais pourquoi ?
Car même en gravissant tous les Himalaya
Les Alpes - le Mont-Blanc et même le Jura -
Dites-moi - nom d'un chien - ça va servir à quoi ?
Aller plus haut - ma foi - sans regarder en bas -
Comme tout bon tyran qui respire ici-bas -
C'est vouloir dominer - se prendre pour le roi
Et fondre dans l'azur pour dévorer sa proie.
Aller plus haut - parfois - c'est un chemin de croix
Et viser les hauteurs demande du sang froid -
Il ne faut surtout pas risquer un seul faux-pas
Qui peut nous renvoyer d'un coup en contrebas.
Aller plus haut - d'accord - pour voir le Nirvana -
Assis dans un fauteuil - prendre un ocarina -
Accompagner le chant d'une prima donna
Et ainsi au sommet - se croire à l'Opéra !
LA PENSÉE
Quand elle ne veut point - elle tait sa pensée -
" Laissez dormir encor cette matière grise "
" Portez moi des flacons - qu'avec eux je me grise "
" Et que je perde enfin le fil de mon penser ".
Mais que pensera-t-elle de mon vers cadencé ?
Et elle - est-elle blonde ou bien est-ce une brune ?
Sort-elle le matin ou le soir à la brune ?
Elle ne dit plus rien - je la sens rêvasser.
O fleur de notre esprit arrosée de sanglots
Et que cultive un jardinier nommé cerveau
A l'aide parfois d'un transcendantal terreau
O fleur donne nous les meilleurs de tous les mots
Laisse monter en nous ta voix de soprano
Qui envoûte notre âme éclairée " A giorno
".
Sois Reine de la strophe et celle aussi des rimes -
Pense à tout - nous suivrons ta chevauchée
sublime
Qui invente la vie et grimpe vers les cimes !
LE FEU
Je me souviens des feux de camp de mon enfance
Les flammes s'élançaient vers le ciel
étoilé -
Tous assis en un cercle et les jambes croisées
Nous jouions des saynètes ou chantions des romances
Faisant florès alors dans ces camps de vacances
Où l'on nous envoyait savourer les étés.
" Perrine était servante " a été très
chantée
Mais " La Claire Fontaine " avait nos préférences.
Le feu se consumait et l'on baillait un peu
Le nez dressé en l'air et les yeux dans les cieux -
Quelques instants après nous étions tous au
pieux
Le dernier soir au camp c'est " Le Chant du Départ "
Et l'on se jure alors de bientôt se revoir
Tandis que le feu brûle un à un nos espoirs
!
Quand la Tendresse s'Impatiente
Il me souvient des jours - des années de silence
Où les pas s'enfonçaient dans un oubli épais
-
Ce n'était plus la guerre et pas encor la paix
Et chacun cultivait alors sa différence.
Entre nous - séparés vivait cette impatience
Cette tendresse folle où les coeurs
s'étouffaient
Où l'amour baillonné-déchu-insatisfait
-
Luttait pour retrouver sa source de jouvence.
Tu étais loin de moi - le fil était rompu -
Ne subsistaient en nous que des malentendus
Poussés dans le désert de la tendresse
absente.
Tendresse déportée - malade mais vivante
Tendresse ranimée - vivace et impatiente
O tendresse éternelle - O tendresse éclatante
!
- Janvier 2002 -
Saint-Lazare 1900
A bout de souffle - enfin - le train entrait en gare
Tous les pistons hurlant - râlant - les freins
grinçant.
Sous la verrière grise un beau soleil couchant
Venait illuminer les quais de Saint-Lazare.
D'élégants voyageurs quittaient le tortillard
Et remontaient le quai en bavardant gaiement -
C'était dimanche et l'on avait d'un coin charmant
Découvert la beauté en marchant au hasard.
Les femmes - chapeautées - les voilettes coquines -
Riaient divinement de leur voix argentine
Le bonheur éclairant leurs lèvres purpurines.
Les canotiers tanguaient - serrant les demoiselles
Qui minaudaient encor au creux de leurs ombrelles -
Saint-Lazare à l'époque était une aquarelle
!
- Février 2002 -
Dans la boîte à chaussures
(Sonnet)
Qu'avais-je donc enfoui dans la boîte à
chaussures
Lorsque j'étais enfant - là-bas à l'Internat
?
Des bonbons ? des gâteaux ? ou bien du chocolat ?
Rien qui puisse risquer la moindre moisissure.
C'était la guerre et jamais celle-ci ne procure
Des douceurs de ce genre au milieu des fracas -
Non c'était des photos qui étaient cachées
là :
Ma famille enfermée dans cette boîte obscure.
Oh! qui saura jamais l'immense désespoir -
La solitude des jours et celle des soirs
Et les larmes coulant au secret du dortoir ?
La boîte le savait que j'ouvrais chaque jour
Et que je refermais avec autant d'amour -
Unique confidente en ce triste séjour ...
- Mars 2002 -
TABLEAU DE
CHASSE
Lièvres et sangliers - renards -
biches et cerfs
Voilà ce qu'on appelle un beau tableau de chasse.
Et ce pauvre gibier qu'on courre et qu'on pourchasse
Se meurt au son du cor quand la meute l'enserre.
Et les casaques rouges galopent de concert
Cependant que la bête aux abois leur fait face.
L'hallali retentit - c'est comme une préface :
Il va mourir debout - la chasse se resserre.
Tout à l'heure au château - des dépouilles
fumantes -
Des morceaux échoiront à la meute
écumante
Qui grogne et qui aboie de façon
véhémente.
Dans les salons dorés - les gâteaux et le
thé
Sont servis dans les ors avec bien du doigté
Par une théorie de valets en livrée.
Et chacun d'admirer - sur les murs accrochés -
Les bois de tous les cerfs tués et empaillés.
Mais dans les grands yeux morts la souffrance est gravée
!
- Mai 2002 -
JEANNE ET LE FACHO
Pauvre Jeanne honorée par tout un tas de brutes
Tu ne méritais point qu'on te fît telle injure
Toi vaillante et fidèle et généreuse et
pure
Devenir l'effigie de ce gros Belzébuth !
Notre France aujourd'hui dit non tous azimuts
A celui dont la vie n'est qu'une suite obscure
Et comme Hitler vomit qui n'a pas sa figure
En lisant sans répit les pages de " Minute ".
Oriflamme flottant au grand vent de la haine
Ce raciste fait fi de nos valeurs humaines
Et crache son poison sur toutes les antennes.
Que le diable l'emporte en ses sombres enfers
Lui - ses crânes rasés et ses folles rombières
:
Nous sommes pour l'Europe et pour tout l'Univers !
Jeanne nous t'en prions - oui Jeanne s'il te plait -
Empêche ce facho d'arriver au Palais
Tu sais le grand malheur que pour nous ce serait.
Entend notre discours O Pucelle sacrée
Fais que ce renégat ne soit point couronné
Et que dans sa tanière il se fasse oublier !
- 1er Mai 2002 -
LE TEMPS QUI NOUS RASSEMBLE
Le temps passe - écoutez - on l'entend galoper -
Interminablement il traverse le monde
Ne perd aucun instant - pas même une seconde -
Irrémédiablement s'écrit son
équipée.
Et nous suivons le temps dans sa folle
échappée
Sans savoir où conduit cette incessante ronde
Peut-être négative ou peut-être
féconde
Qui dévore nos vies comme on fait d'un souper.
Chevelure blanchie il poursuit ses idées
Toujours bon pied bon il - et le cur point ridé
-
Il avance en chemin sans jamais s'attarder.
Et nous somme le temps - vous et moi - tous ensemble
Toi même qui me lis vois comme on se ressemble :
Le temps nous séparait - voici qu'il nous rassemble
!
- Juin 2002 -
FANATISME et RACISME
Si de faibles esprits habités par la haine
Vénérant des dieux morts au panthéon des
fous
Se prenaient à rêver - au fond des cerveaux mous
De nouvelles folies meurtrières et vaines
Serions nous assez forts pour de façon certaine
Enterrer à jamais au fond d'un vaste trou
Leurs instincts destructeurs aux stupides tabous
Edictant que eux seuls sont de la race humaine ?
Peut-être - mais pas sûr - nous avons nos faiblesses
Nous voudrions le faire et reculons sans cesse
Devant l'épouvantail de ces brutes épaisses.
Alexandre Dumas et tous les mousquetaires -
L'histoire des ferrets partis en Angleterre
Nous ont charmés jadis d'épopées
légendaires
Et nous les imitions de nos épées de bois
Les bons ou les mauvais - pour ou contre le roi -
Mais de racisme point chez notre bon Dumas.
Et nos Gorgones d'aujourd'hui n'ont rien à voir
Avec tous les héros de ces belles histoires -
Eux seraient bien plutôt à classer dans les couards.
Mais qui sont-ils enfin ? direz-vous en songeant
Qu'il ne peut point s'agir de l'un de vos enfants -
Qui sait ? qui peut savoir le pourquoi du comment ?
Ils arrivent au monde et braillent gentiment
Sont l'objet de l'amour d'une jolie maman
Qui réchauffe en son sein un suppôt de Satan !
I D Y L L E
Par un beau jour d'été - boulevard de Courcelles
Ils s'étaient rencontrés tout près du Parc
Monceau.
Grande - belle - élancée - un superbe vaisseau
Pour le garçon guettant l'accorte jouvencelle.
Elle avait ce regard qui d'entrée ensorcelle
Et rendit fou d'amour le tendre jouvenceau -
Affolé comme un cerf qu'aveugle un long faisceau
Et tout interloqué perd le nord et chancelle.
Elle connaissait bien son pouvoir la coquine -
Se laissa aborder - ingénue libertine -
Baissant les yeux et ajustant son col Claudine.
Ils firent connaissance installés sur un banc
Où ils étaient encor lorsque - le soir tombant -
Le vieux garde leur dit : " On ferme les enfants ! "
Se levant lentement - accablés et muets -
Et sentant que leur cur en chagrin se muait
Ils firent le serment de s'aimer à jamais :
Extasiés - enchaînés - l'amour les
possédait !
JOUR " J "
Et quand donc viendrait-il ce satané jour " J ? "
Tout le monde en parlait - certains avec angoisse -
Même les plus costauds et les plus coriaces
N'en dormaient plus les nuits et brûlaient les bougies.
Ce n'était pas - oh !non ! qu'ils manquent
d'énergie
Et ils avaient en plus de sacrés carapaces
Ils étaient entraînés - très durs et
efficaces -
Mais l'attente ça use les plus endurcis.
Enfin l'ordre arriva et chacun embarqua
Et chacun navigua et chacun débarqua
Mais malheureusement tous ne revinrent pas.
Tous ne revinrent pas et des mères pleuraient
Et des femmes aussi qui seules resteraient
Et attendent encor l'homme qu'elles aimaient.
Mais diable que c'est loin direz vous bonnes gens
C'est vrai pardonnez moi tous ces mots dérangeants
Je n'ai jamais voulu être désobligeant
Simplement rappeler à bien des oublieux
Que de jeunes garçons ont libéré Bayeux
Et que beaucoup - jamais - ne sont rentrés chez eux
!
Respectons à jamais ce sacrifice immense
Consenti par ces hommes sous le ciel de France -
Ils nous rendaient enfin la joie et l'espérance
LA DAME à
L'OMBRELLE
Elle était très jolie sous sa petite ombrelle -
Marchant nonchalamment le long du Parc Monceau .
A l'entrée - un bambin - s'amusant d'un cerceau -
Vint maladroitement trébucher devant elle.
Un pigeon apeuré s'enfuit à tire-d'aile
Et la dame d'un bond penchée au caniveau
Releva le gamin effrayé et pâlot
Qui s'accrochait tremblant à sa robe en dentelle.
On eut dit un tableau du divin Raphaël
Ou bien plus près de nous une douce aquarelle :
La mère et son enfant - la peinture éternelle.
Le petit s'en alla retrouver sa maman
Qui le cherchait en vain tout autour de son banc
Et le gronda un peu de son éloignement.
Lui - songeur - aperçut boulevard de Courcelles -
La dame qui de loin - d'un geste solennel -
Envoyait un adieu en agitant l'ombrelle
LA TROTTEUSE
Tandis que nous parlons le temps est déjà loin
Il ne perd point son temps en de vains bavardages -
Nous - nous persévérons - lui trotte davantage -
Sans trêve il nous devance et gagne du terrain.
Madame la trotteuse avance vers demain
Nous laissant les soucis - tous les noirs agiotages -
Si l'on veut se sauver stoppons notre équipage
Et profitons des jours sans peur des lendemains.
Trotte trotte l'aiguille et si tu vois le temps
Dis lui que nous vivons chaque instant en chantant
Et qu'il peut bien courir - essoufflé - haletant -
On s'amuse beaucoup de sa course en avant
Pendant que nous lisons assis sur le divan.
Dis lui aussi : " Autant en emporte le vent ! "
LE DRAGUEUR - LA FEMME - ET
LE MARI
Le garçon regardait avec intensité
Un joli brin de fille à la table voisine.
Elle avait un regard amusé la coquine
Vers celui qui lorgnait avec ténacité.
Cependant cette belle était accompagnée
D'un mari fort jaloux dont l'illade assassine
Qu'il jetait au voisin convoitant son ondine
Inquiétait beaucoup la charmeuse admirée.
Ce qui devait arriver hélas arriva :
Le mari - hors de lui - d'un seul coup se leva
Et agrippant l'intrus violemment le gifla.
L'autre se rebiffant ce fut un pugilat -
Tout l'établissement était fort en émoi
Surtout quand la mignonne ayant saisi un plat
De champignons en sauce elle le renversa
Sur l'époux aveuglé et brûlé qui
hurla -
Tant et si bien que la police rappliqua.
Tout le monde ma foi fut au commissariat
Le mari - le dragueur et bien sûr la nana -
Et ce trio bourgeois dormit sur un grabat
LE NOTAIRE
Tout habillé de noir - air sévère et
hautain -
Derrière son bureau recouvert de poussière
Maître Untel officie tel un vrai somnifère
Avec des mots savants qui parlent de " sous-seing . "
A proprement parler il n'est point boute-en-train !
Foin des plaisanteries on est là pour affaire
Et le client entend souvent " hypothécaire "
Ca l'inquiète vraiment -quel est donc ce machin ?
Mais le Maître poursuit imperturbablement .
C'est un vrai cours de Droit qu'il donne maintenant
A cet homme endormi - un bon vieux paysan
Qui n'était venu là que pour vendre son champ
Et noyé dans les mots comme en un océan
Laissait sourdre d'un coup de petits ronflements.
Résumons nous mon cher tonitrua le Maître -
Mettant fin d'un seul coup au sommeil de l'ancêtre :
" Je vais vous envoyer Dupont le géomètre. "
Et paternellement - quittant son grand fauteuil
Il confia à un clerc le dossier de l'aïeul
Et le reconduisit doctement jusqu'au seuil
Lui prodiguant encor de nombreux mots latins.
Et finissant enfin par lui serrer la main :
" Réfléchissez encor au moins jusqu'à demain
"
" Ne vendez point ce champ sur un seul coup de tête "
" Vous pourriez regretter et ce serait bien bête "
" De vous en séparer pour une simple dette. "
Et le vieux s'en alla en coiffant sa casquette -
Ce notaire ma foi lui semblait bien honnête
Malgré tous les ragots - toutes les
épithètes
Dont l'avaient affublé certains des villageois
N'accordant point confiance à cet homme de loi
Le jugeant âpre au gain et de mauvaise foi.
Rentré en son bureau le Notaire aussitôt
Appela le voisin acquéreur de l'enclos
Le priant de passer à l'étude bientôt
Pour parapher un acte d'achat du terrain
Afin de décider le vieillard peu enclin
D'après lui à ce défaire de ce lopin.
Le scribe ainsi tenait un discours différent
Espérant soutirer à chacun des clients
L'honoraire en rapport avec son grand talent !
LES JARDINS DU
LUXEMBOURG
Si vous avez flâné un jour au Luxembourg
Vous aurez remarqué le coin des balançoires.
Quand j'étais tout gamin - maman venait s'asseoir
Avec tante Lucie qui m'en offrait un tour.
Sous les grands marronniers j'ai vécu de beaux jours -
Ma sur jumelle et moi inventions des histoires
En savourant - gourmands - le bon gâteau aux poires
Que la tante faisait pour ses petits amours.
Ma sur t'en souvient-il de ces jeudis de joie
Passés dans ce jardin entourant le Sénat
Où d'austères barbus élaboraient des lois ?
Des lois que l'on subit lorsque l'on a grandi -
Votées quand nous mangions notre sucre candi !
T'en souvient-il ma sur de ces joyeux jeudis ?
Lentement remontant la rue de Vaugirard
Le soleil déclinait - il était déjà
tard.
Ces journées à jamais sont là dans ma
mémoire
SUICIDE SANS BRUIT
Sans bruit il se leva - alluma la chandelle
L'aube pointait son nez blanchissant les carreaux.
Il avait du travail en retard au bureau -
Les dossiers s'empilaient formant des citadelles.
Un vieux fiacre passa au trot d'une haridelle.
Il alla dans la cour remplir un grand seau d'eau -
Rentra et alluma son antique réchaud
Pour faire sa toilette et aussi la vaisselle.
Point de femme n'était au modeste logis
Aucune ne restait et l'homme était aigri -
Aucune n'avait pu se faire à ce taudis.
En buvant son café il soupira d'angoisse
Comment se pouvait-il qu'il connût tant de poisse ?
Il rangea son fourbi et couvrit sa paillasse.
Car point de lit n'était en cet étroit gourbi
Qui avait fait s'enfuir plus d'une milady
Laissant l'homme défait - sonné - abasourdi.
Sortant de la maison située rue Blondel
Il croisa des milords qui sortaient du bordel
Tandis qu'allaient dormir les jolies demoiselles.
Il arriva enfin avenue Victoria
Et gagna son bureau engourdi par le froid.
Sans bruit - à part celui que fit sa plume d'oie
Courant sur le papier de ses agiles doigts
Il prévint son patron comme faire se doit
Puis courut se jeter dans la Seine à deux pas !
UN ANGE
Au milieu d'un banquet avez vous remarqué
Que bien souvent s'installe un curieux silence
Et que toujours l'on dit en cette circonstance :
" Un ange passe " et vous - l'avez-vous vu passer ?
Le joyeux brouhaha qui s'était arrêté
Ensuite est reparti à la même cadence -
Les desserts - le champagne - et voici que l'on danse
-
Et l'ange dans tout ça où s'est-il
éclipsé ?
Légende tout cela direz-vous braves gens
Et vous ne voyez guère un esprit voltigeant
Venir boire une coupe au milieu des vivants.
Cependant croyez le - certains ont vu leurs ailes
Et sont persuadés que dans certains cocktails
Des anges ont savouré plus d'une mirabelle.
Ils sont là - parmi nous - sachez-le braves gens
-
Nous reviendrons aussi dans deux ou trois cents ans
Boire un verre un beau jour avec nos descendants !
Veillée 1916
Cependant que la nuit assombrit l'atmosphère
S'allume un peu partout la lampe des chaumières.
Dans l'âtre le bois craque et le chat qui s'endort
Rêve d'un bel oiseau qu'il capture et dévore.
Et la Marthe tricote un joli pull-over
Une maille à l'endroit une maille à l'envers.
Elle songe au printemps - aux fleurs qui vont éclore -
A son fils qui au loin attend aussi l'aurore.
Il vit depuis des mois dans une boue infâme
Douaumont et Verdun et le Chemin des Dames.
Quand s'arrêtera donc la torture des âmes ?
Elle songe au printemps et elle prie très fort -
Que cet enfant revienne en ces brumes du Nord.
Et des larmes ont coulé sur le chaton qui dort
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