POEMES "CREPUSCULE"
sur un tableau de Gérard NICOLLE

 

Couchant hivernal
 
Forêt
que le ciel flambe,
nudité torturée,
reflets embrasés dans l'eau froide,
Couchant
 
Quitter
cette oppressante solitude,
Sur l'aile de l'oiseau,
fuir l'incendie
glacé.
 
Nicole Hérault

février 2003

Le cinquain a été créé par Adelaide Crapsy (U.S.A. 1909) C'est  une forme brève influencée par les thèmes et les formes de la poésie japonaise.Le cinquain est bref, sans rimes, et comporte 32 syllabes distribuées en 2,4,6,8,2 sur cinq lignes. Le dernier vers se relie au premier de façon à résumer ou à créer une chute dans le poème - le poème a des phrases plus liées que dans le haïku ou le tanka.On peut aussi composer  un  cinquain en miroir : Après la strophe 2-4-6-8-2 on enchaîne un 2-8-6-4-2 sur un  thème en variation. Nicole Hérault.


Brune malicieuse

 Voici le soir venu
Le rossignol s’est tût
Le ciel au loin rougit
A l’approche de la nuit ! 

La brune silencieuse
Fait son œuvre malicieuse
De douce endormeuse


Bientôt la lune paraîtra
Elle nous sourit déjà
Vénus la première venue
Brille d’un ton inattendu

La brune silencieuse
Fait son œuvre malicieuse
De douce endormeuse

 Le crépuscule s’en est allé
Vers des pays enchantés
Le soleil disque orange
Part, vogue vers l’étrange

La brune silencieuse
Fait son œuvre malicieuse
De douce endormeuse 

La ville s’est endormie
Et les enfants dans leur lit
Rêves de contrées féeriques
Et d’aurores magiques 

La brune silencieuse
Fait son œuvre malicieuse
De douce endormeuse

Je pars vers la fortune
Chercher d’autres brunes
Pour clore les jours sans pluie
Et naître des nuits sans soucis

 Véronique Higelin



SURVOL

 

Tout autour de l'étang, pétrifiés par l'éclair,

Des fantômes sans sexe errent parmi les ombres.

Plus rien de si fébrile et l'esprit du désert

Happe en son glissement un peu de la pénombre.

 

Partout ces arbres morts subissent le repos

qui tourmente ce lieu pourchassant son mystère.

Quiétude cousue sur les plissés de l'eau

Tu es l'astre dormant sur le vélin de verre.

 

Ce fragile équilibre en un pacte mouvant

Oscille entre silence et pacifique trêve.

L'unique rescapé, le dernier survivant:

Un tétrapode blanc perpétuant le rêve.

 

Lucille Lavoie

février 2003

 

...........

 

 

Les oiseaux du Lac

 

Dans un ciel sans horizon ils volent deux par deux

Frôlant de leurs ailes agiles l'eau pure de lac.

Dans le calme on entend  leurs souffles amoureux

Qui s'envolent graciles vers des vagues qui claquent.

 

Ils se croisent au << chemin des bonheurs>>,

Malgré l'automne et ses couleurs d'ocres orangés

Cherchant un havre de paix ou poser leurs pleurs,

 Les oiseaux du lac vivent seulement de doux baisers.

 

Dans un ciel de morne solitude la vie trépasse

Les arbres brûlés par la fièvre de l'hiver blanchissent

Pourtant l'amour se décline comme ombre qui passe

Dans l'eau blanche du lac la lumière sur eux glisse.

 

Les arbres dépourvus de leurs toisons de feuilles

S'en vont, nus, vers une saison faite de blancheur

Avant que les neiges froides et grises les accueillent

Dans un silence serein fait de tendres torpeurs!..

 

marine

7/02/2003

 

 


Confidence hivernale 

Les hauts troncs décharnés
Tendent leurs bras vers le ciel
Et dans la lumière rouille
L’oiseau prend son envol. 

L’hiver murmure à l’onde :
« Les arbres sont en deuil
de l’été triomphant
scrutateur orgueilleux
de ton vaste miroir ! » 

Et la surface flattée
De sa prime importance
Répète aux profondeurs
Le secret dévoilé.

Ghislaine Renard
4 février 2003

 

 

LES ARBRES

Invincibles géants, par l'hiver dénudés,
Vous contemplez, sereins, votre reflet ridé
Dans les eaux du grand lac, d'or et d'ambre mêlés,
Tandis que l'oiseau blanc s'amuse à s'envoler

Un petit vent léger sur vos cimes s'emmêle
Le roi soleil s'endort sur vos branches rebelles
Vous êtes les gardiens, insolents mais fidèles
De ce doux paysage, esquisse intemporelle.

Quand votre corps léger oscille tendrement,
Cherchant à caresser la peau plissée des flots
Les couleurs se mélangent à la nuit qui descend,
Majestueux tableau ; le bonheur est éclôt.

Marie-Sambre - 8.03.2003



Les arbres au crépuscule
            
             Ses banches s’étirent dénudées           
             Vers un dernier rayon de soleil            
             Tremblantes et glacées            
             Elles captent une douceur sans pareille     

            D’un automne largement, dépassé             
            Si seulement elles pouvaient parler ?           
            Peut-être n’auraient elles rien à dire …                   
           Je les observe encore émerveillée,
           
            Ce n’est qu’un dessin sur un bout de papier !
            Qui rejoindra les autres sans jamais en sortir.                         

                  Natacha Péneau   03/02/03

 

 

JE SUIS D'UN AUTOMNE

Je suis d'un automne et d'une diaspora
Dans ce peu de paysage auquel s'amarrer
Espace  tramé  d'or, de moire et d'ocre terne
Dans le silence acre des arbres dépouillés
 

Je suis d'un automne et d'une terre d'exil
Dans l'anfractuosité des rêves passés
Assoiffée en ces retours sans cesse amorcés
Vers les berges brûlées de mes souvenirs clos
 

Et parfois il me prend ce mouvement soudain
Comme l'oie sauvage je migre, déliée
Au seuil des vastes mers ombrées d'été vert tendre
Où mon écho s'entend entre hier  et demain.


Angèle Lux
  8 février 2003


La Colombe

 

C'est le cœur de l'hivers dans ce sombre marais,

Les arbres, décharnés, comme des noirs squelettes,

Lèvent les bras aux cieux, et transpercent les rais,

D'un lugubre tableau, comme des baïonnettes.

 

Cette désolation, si pleine de lourdeur,

Graphiquement dépicte un air d'apocalypse,

Où tout le genre humain, de la main du Seigneur,

Choira dans le néant, quand le monde s'éclipse.

 

Mais non, regardez bien, une lueur d'espoir,

Survole ce charnier, au bord de l'hécatombe,

Un petit mouvement se détache du noir,

C'est notre seul salut, c'est la blanche colombe.

 

Christian Cally.

4 Février 2003.


Une âme perdue

 

«  Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! »

Les mots de Lamartine se posent sur cette aquarelle !

 

L’oiseau est cette âme, un jour perdue à la tempête

Tropicale de sa vie de voyageur ! Il survole l’eau

De son enfance, la berge de ses débuts d’oisillon !

Sa vision a changé comme le paysage de sa planète !

Il ne reconnaît que les abords de ces squelettes, joyaux

De feuillages d’autrefois, qui lacèrent le ciel démon !

 

Il voulait revenir se ressourcer ! Reprendre des forces !

S’approprier une énergie dont le fleuve était pourvue !

Son eau est dévisagée !  Les flots écorchés, divorces

A son approche, ses ailes sont salies, corrompues !

 

Le brouillard avance lentement ! Le silence maître

Des lieux est ce tissu qui étouffe toutes les vies

Qui prolongent leur séjour en une onde réparatrice !

Le sang, éclaté, tonne sur les fibres mortifères, pénètre

La toile qui gémit sous les traits souffrants, saisis

Par l’artiste, âme au fruit qui scintille aux cicatrices !

 

«  Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! »

L’oiseau ne pleure pas ! Il tombe inanimé sur l’autel !

 

©Max-Louis MARCETTEAU2003

 

INSOMNIE

 

Bras tendu, ils griffaient le ciel

Encore tout décharnés de l’hiver

Et sous cette voûte couleur miel

Seul une colombe osa prendre l’air

 

Un air pesant brassé dans le silence

Comme pour montrer le choix de la vie

Battement d’aile, insolente présence

Signature blanche de l’insomnie

 

Luc Rose     03/02/2003

 

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