A l'enterrement d'une feuille morte
A l'enterrement d'une feuille morte
il y avait un hérisson
et une bande de cloporte
dont je n'ai jamais su les noms
et tous ces tristes gens marchaient
sur des jonchées de feuilles mortes
tout en parlant mezza voce
de l'automne qui les les emporte.
A l'enterrement d'une feuille morte
mon cœur s'est fendu d'un regret
c'est un peu toi que l' on emporte
au soir d'un été sans après.
Le jour s'écourte devant la porte,
l'automne emporte tes secrets.
QUAND JE SERAI BIEN VIEUX ...
Quand je serai bien vieux prés du calorifère
Avec mon vin chaud et mes journées précaires
J’oublierai et les roses et leurs foutues épines.
A cette heure du temps où l’horloge domine,
Il faut laisser en paix ce que le cœur patine,
Dans l’écume du vent jeter ses souvenirs…
Le présent réducteur avance et se termine
La course qui nous mène au bout de l’avenir.
Quand je serai bien vieux, mais alors qu’y faire
Des bavoirs spongieux aux couches qui débordent,
Vieux bateau assoupi, n’ayant bientôt plus d’erre,
Des plus anciens que moi je laisserai la horde
S’en aller voir là-bas si je n’y suis déjà.
Je ne suis pas pressé d’embrasser la camarde
C’est déjà bien assez qu’elle ait pris tous mes chats,
Mes femmes, mes souvenirs et mon temps qui retarde.
25/11/02
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MON CREDIT CHEZ VENUS
Mon crédit chez Vénus ? Hélas il périclite ,
Eros ne bande plus son arc de bois rond,
Et Cupidon s’en fout, j'file un mauvais coton ,
Je n’ai pas de penchants pour la vie sodomite.
Onan est fatigué et ne me tient plus tête
Et faire le travelo ne serait pas très net.
Adieux donc mes beautés, ainsi en veut le sort
Vous restez dans la vie quand le vieillard en sort.
J’éprouverai encor le plaisir platonique
Qu’on prend de temps en temps, comme un médicament,
D’apercevoir parfois, posant ses vêtements,
Une belle sirène exposant sa plastique
A mes yeux obsédants, sous la froide chandelle
De la lune trop pleine sur son tapis d’argent.
Il me reste ma pipe et mes chats infidèles,
Mes roses éphémères et Bacchus indulgent.
13/02/03
ORAGE
SUR BAGDAD Les antennes découpent les nuages en lanières Qui volent sur les toits, écharpes dans la nuit, La chaleur engourdit les particules d’air Il règne sur la ville un avant goût d’enfer. Le manteau de la nuit, percé de tant de trous Que l’aiguille divine ne sait plus où elle coud Se déchire aux éclairs cabrant ici et là La sauvage lumière aux meurtriers éclats. Une noirceur infâme plus sombre que la nuit S’étend sur l’horizon où de l’argent s’enfuit Et la ville vomit les murs de ses maisons Dans l’opaque fumée des bombes en cargaisons. La liberté arrive, larguée par les B2 Et fauche avec vigueur tous ces calamiteux, Des ans de dictature couronnés par MOAB* C’est la démocratie appliquée aux arabes. Les ruines de Bagdad sont celles de Groznyi Le droit cède à la force une autre tyrannie Essaime ses étoiles au moyen orient. Je vois des kamikazes s’équiper en riant. L’iconoclaste 25/03/03 *Mother of All Bombs LA SECHERESSE La sécheresse est là, qui craquelle la terre plus une goutte d'eau, la récolte est grillée. Le spectre de la faim s'étend sur la poussière qui recouvre les champs, les maisons délabrées. Et les gens se demandent comment passer l'hiver, il y a des enfants sous le soleil de plomb qui creusent des terriers pour retirer du fond les quelques grains de blé amassés sous la terre par les souris, les rats, compagnons de misère qui comme eux crèveront avant d'autres ondées. De leurs lèvres séchées monte cette prière envoyez, s'il vous plaît, envoyez nous du blé par pitié, par amour, par solidarité. Et qu'Allah vous bénisse et vos petits enfants, vous qui nous avez vu, un soir à la télé, creuser pour quelques grains au beau milieu des champs. 23/8/01
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Nous voici Arbre
Sec |
L'IMPALPABLE Elle n’a pas le piquant du chardon Ni la souplesse du saule, Elle n’a pas la blondeur des chaumes Ni le goût des bombons, Elle n’a pas l’éclat des roses Ni la douceur du limon, Elle n’a pas la présence des choses Ni les oublis de l’abandon. Elle est immatérielle, un rêve Qui m’abandonne sur la grève. Elle a la souplesse du vent La profondeur des océans, Elle a la durée de l’espace La transparence des glaces, Elle a la puissance des orages Et l’illusion des mirages, Elle a la beauté du diable Mais elle est impalpable, Je la vois mais elle n’existe pas. Je n’irai pas à ses sabbats. 26/09/02 |
Le silence n'a pas d'écho
...
Le silence est l'envers de la vie,
le silence est monacal,
c'est la parole de Dieu.
Il n'existe que pour mettre en valeur
les battements du cur.
Le silence est danger,
il règne avant l'orage.
Quand tout se tait les horreurs se préparent
( c'est une gazelle qui me l'a dit,
un soir au point d'eau ).
Le silence est solitude,
je l'ai rencontre dans l'atlantique
quand le vent et la mer s'étaient lasses,
je l'ai rencontre dans le désert
quand même les pierres ne voulaient plus parler,
je l'ai rencontre dans les foules
qui hurlaient, m'assourdissant.
Le silence est guenille déchirée par la vie.
Le silence est l'ennemi des fous.
LORSQUE J'AURAI SOUS TERRE PRIS
MA PLACE DANS TES BRAS...
Miroir, mon miroir ne me dis pas que je suis belle,
dis moi tout simplement que je suis encore là
car lorsque mon reflet ne fera plus de zèle
c'est que j'aurai laissé toute ma vie derrière
moi.
Miroir, mon miroir, est ce que tu te rappelles
la fraîcheur de mes joues, le rose de mon teint,
qui aux fards mensongers alors ne devaient rien,
quand l'eau de ton regard me disait Demoiselle,
va, le monde t'attend pour brûler tes vingt ans.
Miroir tu as vu mes yeux noyés de pleurs
plus souvent qu'ils n'étaient rayonnant de bonheur
miroir, tu as vu passer combien d'amants ?
Et puis il est venu, celui que j'attendais
Oh, miroir, tu as vu mes yeux remplis d'été,
mes yeux toujours riants dans la valse du temps
qui nous tenait soudés, amoureux et confiants.
Et puis il est parti, fauché par la camarade,
en me laissant plantée, sur le champs de la mort,
miroir, mon miroir, as tu vu sur mon corps
les cendres de sa vie, qui me servent de hardes ?
Miroir, mon miroir, ne me dis pas que je suis belle,
dis moi tout simplement que je suis encore là
car lorsque mon reflet ne fera plus de zèle
c'est que j'aurai sous la terre, pris ma place en tes bras.
IL
MANQUAIT UNE RIME
Comme le forgeron façonnant une lame,
dans l'eau et dans le feu pour lui donner une âme,
je triture les mots sur l'enclume du vélin,
il me manque une rime pour finir ce quatrain.
Il me manque une rime, quand je l'aurais forgée,
mon poème sera tranchant comme une
épée,
limpide, comme la source des naïades,
léger, comme une bulle qui s'extrade.
Il me manque une rime, quand je l'aurais trouvée
tous ces mots nouveaux nés, vous iront droit au
cour,
comme un trait de lumière réfléchit par l'
acier,
comme un murmure d'eau qui éloigne la peur,
vous n'aurez pas le temps de les lire jusqu'au bout,
vous serez dans la bulle et vous comprendrez tout.
Il manquait une rime pour finir ce poème
mais vous l'aurez trouvé, puisqu'elle rime en M.
Écrire à l'auteur : sg_culturel@france.org.sg
LES FLEURS DE MON
JARDIN
Les fleurs de mon jardin écrivent une romance
d'ou les mots sont bannis au profit des fragances
subtilement mêlées pour conquérir le
coeur
de celle qui ce matin vêtue de sa pudeur,
Descendra le chemin emperlé de rosée.
Les fleurs de mon jardin écrivent une romance
pour celle qui leur ressemble, que j'ai apprivoisées
avec des mots fleurs, enrobés de silence,
Qui éclosent en douceur sous le poids d'un baiser.
Les fleurs de mon jardin ont bien quelques épines
mais au gré de ses pas elle vont les remiser,
Préservant sa blondeur d'une touche sanguine,
elle savent comme moi effleurer en tendresse
cette soeur, cet amour, ce bonheur qui se tresse.
J'ATTENDS ENCORE UN
PEU...
Avant que du clocher s'envole
l'Angélus
la fontaine murmure sous l'éclat de Venus,
chanson de l'onde fraîche ou se mire le matin
faisant une aquarelle de ses pastels sereins.
Les feuilles des platanes égouttent la rosée,
humeur de la lune, au ciel dévoilée,
qui roule vers l'Occident ses rondeurs blanchâtres,
quand la braise rougeoie et fait palpiter l'âtre.
Par un trou du volet glisse un rai de lumière
qui s'allonge sur le lit et vient te caresser
allumant dans le noir les ocres de ta chair.
Tes paupières sont closes sur des cernes bleus
et ton sein se soulève a ton souffle léger.
L'aube est encore quiète, j' attends encore un peu.
PAUVRE PEUPLE DES
RUES
Pauvre peuple des rues, comme je t'aimais mieux
quand tu allais, en haillons, le ventre creux
guettant par ci par la, une bourse a couper
sans tomber dans les bras des soudards du guet.
Pauvre peuple des rues, comme je t'aimais bien
lorsque dans les faubourgs tu flambais pour un rien,
pour une goutte d'eau, qui débordait le vase
du haut des barricad'tu payais ton ardoise.
Pauvre peuple des rues, aujourd'hui je te plains
dans les cages a lapins ou l'on t'a déporte
avec des aumônes, oh ! peuple, on t'a castre.
Une auto, une télé, une salle de bains,
il n'en fallait pas plus, pour que ta rage au ventre
s'évente, se dilue, dans ces médiocres antres
Mais malgré ces ersatz il souffle sur les banlieues
un esprit de révolte, qui joue avec le feu.
JE PASSE DERRIERE
EUX
Je passe derrière eux,
poètes renommes,
qui ont fait la moisson des mots et des idées
pour trousser des poèmes en 2 temps 3 mouv'ments,
des poèmes écrits pour traverser les temps.
Je passe derrière eux, poètes renommes,
qui ont tout raconte sur les passions des hommes
ne laissant derrière eux que la paille et le chaume.
Ils ont pris le bon grain, m'abandonnant l'ivraie.
Je passe derrière eux, poètes renommes,
et je dois me débattre avec ces herbes folles
pour glaner, en mon temps, un p'tit brin de succès,
en écrivant des trucs, que le souffle d'Éole
se fera un plaisir malin de disperser.
Et si ces salopards, mes poèmes décrient,
je leur dirai "Messieurs les fantômes
consacrés,
allez donc chez Ronsard, pour y voir si j'y suis".
© Christian Péqueux
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