Christian Cally




Veille

Lorsque je partirai dans la nuit éternelle,
Je viendrai, chaque soir, visiter ton chevet,
Tu ne me verras pas car je serai discret,
Je veillerai sur toi comme une sentinelle.

Je te recouvrirai de mon âme en dentelle,
Pour caresser ton corps de mon tendre duvet,
Je passerai la nuit près de ton lit, tout quiet,
Pour parer ton sommeil avec mon étincelle.

Lorsque ta longue nuit n’aura pas de réveil,
Tu me verras, enfin, dans ton profond sommeil,
Car nous serons, ensemble, au pays des lémures.

Pendant l’éternité, le passage du temps, 
N’aura ni sabliers, ni périodes futures,
Et nos âmes jouiront d’un éternel printemps.

9 Juin 2004





Ombre et Lumière

Quand le soleil s'éteint au fond du firmament, 
La pénombre répand son bras crépusculaire,
Elle couvre les cieux de son manteau stellaire,
Que le zéphyr ondule avec ravissement. 

Ce manteau de velours d'un chic étincelant,
Parsemé de diamants d'un âge millénaire,
Enveloppe nos cœurs de son baume lunaire,
Et caresse nos fronts d'un geste rassurant.

Puis, à l'aube, le ciel réveille la nature,
Et la rosée enduit les fleurs et la verdure,
De sa fine dentelle aux gouttelettes d'or.

Le soleil ressurgit des profondeurs de l'onde,
Il éblouit les cieux comme un conquistador,
Et le cadran entame une nouvelle ronde.

25 Avril 2004


Commentaire sur le Poème

"L’odeur du Fumier" par Gaston Couté 


Gaston Couté, c’est magnifique,
Ta langue est riche, aromatique,
Je ne pourrai pas faire autant,
Car ton fumier veut du talent.

Hélas, mes pauvres griffonnages,
Ne sont que simples badinages,
Ton grand pouvoir de bien parler,
Jamais, ne pourra s’égaler.

C’est bien dommage que ta gloire,
Fait, maintenant, part de l’histoire,
Tu disparus, mon cher Couté,
Ce qui me laisse dépité.

Un jour, je viendrai te rejoindre,
Alors, nous pourrons nous étreindre,
Et nous asseoir près d’un fumier,
Casser la croûte, et versifier.

Octobre 2002





Corps Nu

Est-ce un amant trahi, est-ce un mari cornu,*
Qui rêve du passé, regardant ce corps nu,
Flottant dans un marais, s’exposant à sa vue,
Le visage caché dans une épaisse nue ?

Il ne voit que ce corps qui met en feu son cœur,
Ce corps qui l’envahit de toute sa rondeur,
Il est tout seul au lit, rongé de jalousie,
Pourquoi ont-ils brisé ces nuits de frénésie ?

Son sommeil agité par sa lubricité,
Ses songes sont remplis de cette nudité,
Son désir pour ce corps le plonge dans un spasme.
Il veut chasser ce rêve et calmer son sommeil,

Mais bientôt le soleil annonce son réveil,
Ce corps nu le poursuit comme un cruel fantasme.

14 Mars 2003.

*Cornu = Cocu en Italien.





Vivre

Il y a de ceux qui savent vivre,
Et ceux qui ne le savent pas,
Mais comment faire pour survivre
Sans perdre pied sur le verglas ?

Car chaque instant de notre vie,
Ouvre une porte à l’inconnu,
L’instant qui suit cette agonie,
Nous prend, toujours, au dépourvu..

Mais ceux qui savent comment faire,
Font le trajet à petits pas,
Ils savent bien qu’il est précaire,
Et qu’il finit par le trépas.

Soyons de ceux qui savent vivre,
Prenons la vie au jour le jour,
Apprenons vite comment suivre
Le fil d’Ariane sans détour.

Il faut sortir de la carrière,
Qui plonge l’âme dans la nuit,
Pour retrouver dans la clairière,
Cette étincelle qui nous suit.

Depuis le jour de la naissance,
Notre parcours de l’est à l’ouest,
Nous force avec recrudescence
D’être entre le zist et le zest.

Comment choisir la bonne route,
Pour éviter les grands malheurs,
De la cruelle banqueroute,
D’une existence de douleurs.

Peut-être un rire, une caresse,
Un mot d’espoir, un geste doux,
Peut nous ouvrir avec tendresse 
Un long chemin sans grands remous.

La vie est une simple image,
Que nous reflête le miroir,
Sourions, donc, à ce mirage,
Pour abolir le désespoir.

6 Février 2004



ORION

Le soir, les cieux à l’horizon,
Sont recouverts d’étoiles,
La nébuleuse d’Orion,
Met à nu tous ses voiles.

Elle parsème le ciel noir,
De ses feux qui clignotent,
Et donne aux coeurs un peu d’espoir,
Les soirs quand ils sanglottent.

La nébuleuse d’Orion,
Aux couleurs éclatantes,
Enfante dans un tourbillon,
D’étoiles clignotantes,

Dans une pluie au firmament
Comme des lucioles,
Elles étalent lentement
Leurs belles auréoles.

Elles décorent l’horizon,
De grands feux des Pléiades, 
Qui se dérobent d’Orion,
Pour fuir ses embuscades.

Monsieur l’astrophysicien,
Voudrais--tu bien me dire,
Si l’homme, ce lilliputien,
Ce faible et triste sire,

Peut s’élever sur ses talon,
Pour se joindre à Diane,
Et voyager avec Orion,
Dans son monde diaphane ?

Mais dis-moi, donc, toi le savant,
Pourquoi la chasseresse,
A cet effet si captivant,
Qui nous remplit d’ivresse ?

26 Janvier 2004

 

Alternative ?

Je regarde ma feuille aller de porte en porte,
Elle cherche sa sève en cette fin d’automne,
Elle veut voir fleurir ses beaux fleurs d’anémone,
Avant qu’un tourbillon de neige ne l’emporte.

Bientôt l’hiver viendra suivi par son escorte,
Sur son cheval tout blanc, au pas qui tourbillonne,
Chevauché par le vent du nord qui l’éperonne ;
L’hiver enterrera ma jaune feuille morte.

J’ai joui les saisons du printemps à l’hiver,
Il est temps de tester les portes de l’enfer,
Pour voir si le vieux Pierre acceptera mon âme ;

Sinon, je reviendrai faire un nouveau parcours,
En arborant, très haut, la nouvelle oriflamme,
Qui m’ouvrira la porte à de nouveaux amours.


9 Décembre 2003


Dédié à un ami

Tourmente

Ton univers s’effondre et ton cœur est meurtri,
Car tout, autour de toi, parle de solitude,
Je vois dans ta souffrance un cœur endolori ;
Accepte mon soutien et ma sollicitude.

Hier encor, ton amante, était tout près de toi,
Ses parents l’ont bannie à l’autre bout du monde,
Ils vous ont séparés, jetant le désarroi,
Dans vos cœurs, alourdis d’une peine profonde.

Quand, au bord de la mer, tu contemples, muet,
Les flots qui, doucement, se mêlent à tes larmes,
Et qu’un zéphyr leur fait danser le menuet,
Ils t’apportent l’image, accorte, de ses charmes.

Elle dicte pour toi, des messages d’amour,
Ton coeur seul les entends, quand les flots les dévoilent,
Laisse-les te bercer, de son lointain séjour,
Et reçois ses baisers, sous les cieux qui s’étoilent.

Mon solitaire ami, sèche tes pleurs brûlants,
Compose une réponse à sa triste missive, 
Les astres clignotants, sur vos deux cœurs souffrants,
Te la transporteront jusqu’au bord de sa rive.

Vos yeux sont reflétés sur ce miroir brillant,
La marée, montant vers l’astre des ténèbres,
Chante son nom, ton nom, en un chorus tremblant,
Vos regards larmoyants, de loin, joignent vos lèvres.

Je comprends ta souffrance et ton effarement,
Viens, déverse ta peine, expose-moi ton âme,
Je suis là pour t’aider, dans ton isolement,
Nous sommes deux amis, souffrant d’un même drame.

Ma plume est sèche, ami, mais je t’ouvre mon cœur,
Qui lui, regrette aussi la perte d’une amante
Mélangeons nos soupirs, allégeons la douleur,
Qui nous a, tous les deux, plongés dans la tourmente. 

16/12/1946 – 2002.



Chant funêbre

Mon cœur chante ce soir,
Dans les ténèbres,
Mon cœur chante ce soir, 
Des airs funèbres.

Dans le néant je vois,
Un point qui brille,
Dans ce néant je vois,
Une escarbille.

Goutte à goutte mon sang,
Quitte mes veines,
Goutte à goutte mon sang,
Coule et s’égraine.

Mais d’ou vient cet espoir
Qui ressuscite,
D’ou vient donc cet espoir,
Âme tacite?

C’est une ombre qui vient,
Qui me caresse,
L’ombre bénie vient,
Dans ma détresse.

Serais-tu le nocher
De la clémence?
Serais-tu mon nocher,
Ma délivrance?

Je vois, de ton esquif, 
La sombre poupe,
J’aime, de cet esquif, 
L’étrange coupe.

Avec ce spectre noir
Mon coeur s’embarque;
Je suis ce spèctre noir,
Je suis la Parque.

Adieu monde cruel
Plein d’amertumes,
Adieu monde cruel;
Larmes posthumes.

Je m’en vais pour toujours, 
Dans les ténèbres,
J’ai fini les parcours,
Des airs funèbres. 

1947-2002




Critique sur "La mort du loup» de Vigny" 

En choisissant le loup comme animal tragique,
Tu décris cette mort de façon ossianique,
Un décor si poignant, encadre ce récit, 
Si plein de sentiments, vêtu d’un noble habit.

Pourtant je suis blessé par ton noir pessimisme,
Qui couronne le loup pour son grand stoïcisme,
Un malaise puissant, en lisant certains vers,
Envahit tout mon coeur et l’enchaîne de fers.

Depuis l’aube des temps, musiciens et poètes,
Ont fait un hymne aux pleurs des héros et ascètes;
Non, mon ami, gémir n’est pas déshonorant,
Pleurer c’est un honneur qui rend l’homme endurant.

Un loup peut bien mourir en stoïque silence,
Mais un homme a le verbe, une âme et l’éloquence;
Peut-il garder en lui ses fortes émotions,
Sans trahir jusqu’au fond ses intimes passions?

C’est beau « La Mort du loup » c’est grand et c’est sublime,
Mais nous sommes humains, et pas des loups qu’on mime.
Poète, tu trahis ton rôle de meneur,
Tu trompes les esprits, tu te montres sans-cœur.

Jamais je n’admettrai ton credo qui me blesse,
« Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse » 
C’est une absurdité de souffrir sans parler;
Il faut laisser aux pleurs l’honneur de déferler.

Les malheurs ont aigri ton âme magnanime,
Tu rougis, car tes yeux, qu’un fier regard anime,
Ont jadis déversé des pleurs brûlants, amers,
Tu veux durcir nos cœurs par ces stoïques vers?

Cherche dans la nature un endroit qui te berce,
Poète, sois un homme et pas un loup qu’on perce,
Laisse parler ton coeur lorsque ton âme geint
Ecris sous sa dictée, accepte qu’il se plaint. 

Enfermé dans ta tour tu revêt ton armure, 
Le fer te fait trembler et fait trembler ta hure,
Comme Welf, dans son fort, tu retranches tes jours;
Poète, deviens homme et pense à tes amours.

Sous ta plume de maître étale ta souffrance,
Donne à tes larmes l’encre et répand l’espérance
A tous, qui comme toi, ont besoin de tes pleurs,
Pour cette mort du loup, sous les coups des chasseurs.

Comme toi j’ai souffert, j’ai traversé des crises,
Mon cœur en est marri par beaucoup d’heures grises,
Et j’ai pleuré sans honte, et même avec orgueil ;
Mes larmes empliront, jusqu'au bord, mon cercueil.

1946-2001



Déception

Ô ! fille des ténèbres,
Ô ! nuit aux yeux brillants,
Viens, donne-moi tes lèvres, 
Viens dans mes bras tremblants.

L’astre du jour me lasse,
Me remplit de langueur,
Viens, dégeler la glace,
Qui refroidit mon cœur.

Sous ton manteau d’étoiles,
Sous ton règne de paix,
Mon âme, sous tes voiles,
Veut se perdre, à jamais!

Mes rêves de jeunesse,
Étaient si pleins d’espoir
Mais j’ai vécu, sans cesse,
Dans un monde âpre et noir.

J’écoute ton silence,
J’entends la voix des vents,
Débiter en cadence,
Des mots d’amour, ardents.

Mon coeur meurtri se soûle,
Par l’hymne si divin,
De l’onde, qui roucoule,
Là-bas, dans le ravin.

Mon âme est en détresse,
Cherchant le grand amour.
J’ai besoin de tendresse,
Dans mon triste séjour. 

Je cherche, en vain, cette âme,
Qui puisse, enfin, m’aimer,
Qui puisse, par sa flamme,
Mon malheur, consumer.

Hélas ! la nuit est brève,
Le jour revient, brûlant,
Pour étouffer mon rêve,
Me laissant larmoyant.

Adieu, compagne tendre,
Adieu, voiles protecteurs,
Je reviendrai répandre
Dans votre sein, mes pleurs.

1961-2001



Dégoûté

Je veux vivre tout seul , loin des regards jaloux,
Je veux vivre tout seul, comme les vieux hiboux,
Qui sortent, certains soirs, sous une pâle lune,
Respirer librement, tous seuls, sur quelque dune.

Je veux, loin des humains, vivre ma vie à moi,
Etre seul dans un trou, mais vivre comme un roi.
Que me fait la caresse enivrante des femmes,
Si leurs tendres baisers sont vicieux; les infâmes.

Que me fait la jouissance, éphémère bonheur,
Si je chante et je ris, sans y mettre mon coeur.
Oui, je veux être seul, solitude adorée,
Je veux fuir, m’échapper, de la ville abhorée.

Je veux, dans un désert, sous un ciel velouté
Laisser blanchir mes os, car je suis dégoûté.
Je suis un misanthrope ? Eh ! bien! soit, je veux l’être,
Car mon mépris pour toi, monde, est dur comme un hêtre.

Coquet caveau fleuri, mon corps ne viendra pas
Garnir ton étagère, car je serai là-bas,
Dans les sables brûlants, par quelque bête immonde,
Dévoré jusqu’aux os; je t’aurai fui, ô ! monde.

1948-2001


La Cinquantaine.


Les derniers cinquante ans, d’une vie commune,
Ont soudé nos deux cœurs, nos âmes ne font qu’une,
Les flammes du printemps, ne sont que des tisons,
Mais ils réchaufferont nos restantes saisons.

Ensemble, nous avons parcouru notre route;
Sans ton support, amour! je n’aurais pu, sans doute,
Surmonter les périls, sans, parfois, trébucher;
Bras dessus, bras dessous, j’ai pu me raccrocher.

Comme un jeune condor, survolant la montagne,
Tu fus mon premier prix, sur le mât de cocagne;
Dès nos tous premiers jours, nous nous sommes promis,
De rester, pour toujours, grands amants, bons amis.

Mon travail nous a fait, faire de longs voyages,
Nous avons traversé des beaux temps, des orages,
Nous arrivons, enfin, à la baisse du jour,
Au port calme et serein, certains de notre amour.

Novembre 2002



Attente inutile

En passant, le matin, sous ta fenêtre close,
Je m’arrête un instant, et je ferme les yeux;
Je t’imagine là, dormant comme une rose,
Prête, en te réveillant, à parfumer les cieux.

Mais, hélas, je t’attends sans te voir apparaître,
Je souffre et je me tais, car mon mal est trop fort;
Je ne puis l’exprimer, tu ne peux le connaître,
Je suis né pour t’aimer, tu naquis pour ma mort.

Mon coeur est plein d’amour , mais le sort nous sépare,
C’est toi qui l’a voulu ; je suis en désarroi.
Ne m’ignore donc plus, ton absence m’effare.

Ouvre-moi ta fenêtre et regarde ma peine,
Regarde que je suis complètement à toi,
Tu seras, dans mon cœur, toujours la souveraine.

1948-2001



Contemplation amoureuse

Ou vas-tu belle nymphe, ainsi qu’une ombre blanche?
Légère et parfumée en cette sombre nuit,
Ne cours pas, vois plutôt, ton passage déclenche,
Sous chacun de tes pas un astre qui reluit.

Ne sème pas ainsi tes grâces ineffables,
Arrête-toi mignonne, et dis-moi d’ou tu viens,
Dis-moi si, dans le parc, les muses sont affables,
Laisse-moi refléter tes beaux yeux dans les miens.

Regarde cette vague, elle surgît de l’onde,
Regarde ces oiseaux, chantant pour Cupidon,
Regarde la nature épandant sur le monde,
L’amour de tout mon cœur; prends-le, je t’en fais don.

Ne me refuse plus, brune beauté, tes lèvres,
Blottis-toi contre moi, viens écouter mon coeur,
Car l’aube va pointer, pour nous montrer les oeuvres
De Dieu, qui bénira notre éternel bonheur.

1948-2001




De l’aube au crépuscule

La rosée enduit de ses fines gouttelettes,
L’aube qui se réveille, après son court sommeil,
Elle s’étire et baille, enlevant ses voilettes,
Puis, avec la rosée, elle attend le soleil.

C’est son prince charmant, son amant et son maître,
Il revient, chaque jour, pour la faire rougir,
Un doux frémissement, fait trembler tout son être,
Et quand il apparaît, elle fond de plaisir.

L’aube est une maîtresse, aux caresses câlines,
Elle embrasse l’amant, qui surgit glorieux
Du fond de l’océan, aux couleurs corallines,
Et se laisse emporter vers le plus haut des cieux.

Et là, ils font l’amour, pour des heures entières,
Enfin, courbaturés, affaiblis et fumants,
Leurs yeux pleins de sommeil, ils passent les frontières;
Le crépuscule ardent, sépare les amants.

L’aube et le crépuscule, ont une même mère,
L’une chante l’aurore, et les jours capiteux,
Par contre, l’autre vit, dans un monde lunaire,
Et recouvre les cieux d’un canevas miteux.

L’aube présage un jour lumineux et sans voiles
Et sa rosée épand son baume journalier,
Mais frère crépuscule, étale ses étoiles,
Et met au ralenti, le cours du sablier.

Octobre 2002




Crépuscule

J’ai traversé beaucoup de fleuves,
Beaucoup de cieux, beaucoup de mers,
Et j’ai subi beaucoup d’épreuves,
Dans mes parcours, souvent amers.

J’ai survolé de belles villes,
De beaux monts blancs et de déserts,
J’ai navigué parmi des îles,
Et j’ai flâné dans des bois verts.

Après ces durs et longs voyages,
Cette existence de gitan,
Enfin, j’ai dû plier bagages, 
Et devenir un vétéran.

Cueillant les roses, les épines,
Ont trop souvent, meurtri mon cœur,
Et je fus proie à des combines,
Par des collègues, sans pudeur.

En oubliant tous mes déboires,
Ensevelis à tout jamais,
Je me souviens de mes victoires,
Qui mettent mon esprit en paix.

Alors, adieu la polémique,
Les beaux autels à l’ambition,
Bonjour à l’âme poétique,
Muse de mon inspiration.

5 Mai 2003




Décalage 

Sous la voûte des cieux, les étoiles scintillent,
La lune, sur la terre, épanche ses lueurs,
Le soleil a sombré sous les flots bleus qui brillent,
Reflétant des diamants, dans toutes leurs froideurs.

Assis sur le gazon, je contemple la lune,
Je regarde les ours, l’étoile du berger,
Je me demande aussi, si les yeux de ma brune,
Sont fixés sur les cieux, pour me dévisager.

Hélas, ils l’ont bannie, à l’autre bout du monde,
Ses sanglots et les miens s’unissent sous ces cieux,
Je l’appelle, souvent sans qu’elle me réponde,
Car en nous séparant, nous fîmes nos adieux.

Cette séparation n’a pas été voulue,
Elle riche héritière, et moi pauvre aspirant,
Nos rangs étaient divers; tradition dévolue?
J’étais, pour sa famille, un jeune homme encombrant!

Notre amour était fort, il le reste, quand même,
Un immense océan sépare nos deux cœurs,
En regardant la lune, astre d’amour suprême,
On se sent réunis, en mélangeant nos pleurs.

Des vieilles mœurs, hélas, ont creusé ce grand gouffre,
Pour ne plus nous revoir et ne plus nous toucher,
J’ai gardé ma distance, et je sais qu’elle souffre,
Car nous n’avons, jamais, cessé de nous aimer.

Éventuellement, nous quitterons la terre,
Peut-être, alors, les dieux entendront nos sanglots,
En rejoignant nos cœurs, nous pourrons faire taire,
Tous les regrets subis depuis ces vieux complots.

Oh! que j’espère voir de nouveau, cette flamme,
Qui s’embrasait souvent, quand nous étions amants,
Je voudrai tant souder mon âme avec son âme,
Pour renouer les liens de ces divins moments.

1949-2001




Désir 

Comment te l’ exprimer cet amour qui m’enflamme,
Cet amour qui rend fou, qui déchire mon âme,
Dans mes rêves d’ivresse, aux heures de sommeil, 
Je vois dans le brouillard, d’un horizon vermeil,
Ton corps nu, ruisselant d’amour et de tendresse,
Tu fus ma raison d’être, ô! femme enchanteresse.
Lamma sabacthani, femme de mon désir,
Femme qui sus donner la peine et le plaisir,
Ne t’ais-je pas donné tout mon cœur, tout mon être,
Tu m’as tout pris, méchante, avant de disparaître.
C’est triste d’être seul, c’est triste d’avoir peur,
Sans toi, mon cher amour, tout s’envole en vapeur,
Tu m’as volé les heures de folle frénésie,
Tu m’as laissé tout seul, rongé de jalousie;
Souvent, un cauchemar, pervers et infamant,
Me trouble, te voyant avec un autre amant.
Je revois ces moments, quand tu fus ma maîtresse,
Quand nos heures d’amour nous remplissaient d’ivresse,
Quand mon souffle, en passant, te faisait tressaillir,
Quand nos ardents baisers nous faisaient défaillir.
Je suis vide de toi, tu m’as quitté, infâme,
Je ne suis qu’une épave, un amoureux sans âme,
Je vais à la dérive et tu ne comprends pas,
Qu’en me quittant ainsi, tu scellas mon trépas.
Quand l’âme aura quitté ce corps si hâve et grêle,
Elle attendra la- haut, pour son âme jumelle,
Nous passerons, alors, toute l’éternité
A nous aimer, sans fin, dans l’immortalité.

Février 2, 2002





La Destinée 

Je suis le vent, je suis l’orage,
Je suis le duvet du nuage,
Je suis la flamme du soleil,
Et de la lune, je suis l’œil.

Je suis la nuit pleine de voiles,
Où je parsème mes étoiles,
Je suis le chant des vendangeurs,
Et la sueur des laboureurs.

Je suis la feuille triste et jaune,
Qui tombe sous les vents d’automne,
Je suis l’esprit des éléments,
Je suis l’hiver et le printemps.

Je suis le cœur et je suis l’âme,
De l’étincelle et de la flamme,
Je suis Zénith, je suis Nadir,
De tous les siècles à venir.

Je suis les pleurs, je suis les rires,
Ainsi que source des délires,
Je suis berceau, je suis cercueil,
Le suis naissance et je suis deuil.

Je suis l’amour et l’espérance,
La guérison de la souffrance,
Je suis le poing de l’éternel,
Qui rend justice au criminel.

Qui suis-je, enfin, quand je voyage,
Quand je traverse d’âge en âge,
Les existences des humains
Pour leur tracer leurs lendemains?

Je suis semeur des destinées,
Qui réglemente les années,
Dans leurs recoins les plus obscurs ;
Je suis passés, présents, futurs.

20 Avril 2003





Les Rides du Printemps 


J’adore le printemps, et ses beaux arbres verts,
La nature sourit aux parterres couverts
D’arômes et de fleurs qui cachent les merveilles
Que butinent, sans cesse, les glaneuses abeilles.

Le soleil envahit les villes et les champs,
Invitant le retour des oiseaux et leurs chants,
La nature dépeint un grand diorama,
Qui plonge notre cœur dans ce panorama.

On entend gazouiller les oiseaux dans leurs nids,
Les fleuves chantonnant s’écoulent dans leurs lits,
Un kaléidoscope aux teintes chatoyantes,
S’étale devant nous, en vagues ondoyantes.

Nos yeux sont envahis par les mille couleurs,
Des oiseaux, papillons, des arbres et des fleurs,
On ressent notre sève, ardente et volcanique,
Couler abondamment vers un monde érotique.

La sève du printemps aiguise nos désirs,
C’est le temps où l’amour nous offre ses plaisirs,
Et comme des gloutons, qu’un froid hiver affame,
Nous dégustons les plats, de ce qui nous enflamme. 

Les soirs sont embaumés de grisantes odeurs,
Et les souffles des vents sont remplis de tiédeurs;
Les restaurants sont là, portes grandes ouvertes,
Les terrasses dehors, sont de monde, couvertes.

Même les malheureux, prennent un peu d’espoir,
Car la saison leur offre un précaire perchoir,
Le printemps est l’ami, l’amant de la nature,
Il est le renouveau de toute créature.

Le printemps fait germer les graines et les fleurs,
Le pâtre et ses moutons descendent des hauteurs,
La campagne s’anime au travail des faucheuses;
C’est tout un brouhaha de vacances joyeuses.

J’adore le printemps, celui de mes vieux jours,
C’est le rétroviseur de mon très long parcours,
Je d'épluche un à un les fruits de ma jeunesse, 
Qui donnent le sourire aux rides de vieillesse.

25 Avril 2003.

Christian  Cally


chantily@bigpond.net.au

                                                                             
  

 

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