Christian Cally

 


La Rose

On dit l’amour est un roseau,
Qu’emporte les eaux du ruisseau,
On dit, l’amour est une lame,
Qui, très souvent, déchire l’ âme,
On dit, l’amour est une faim,
Un douloureux besoin, sans fin,
Je te dis, moi, c’est une rose, 
Qui, sous la neige se repose.

Le coeur qui craint de se briser,
Ne peut jamais savoir aimer,
Il vit un rêve qui sommeille,
Et ne veut pas qu’on le réveille.
Il ne sait pas comment donner,
Et fuit quand on veut l’attraper,
C’est l’âme que l’amour apeure,
Qui vit de larmes, d’heure en heure.

Quand tu te sens seule, le soir,
Sur le chemin du désespoir,
Tu dis l’amour et la romance,
Sont les parents de la souffrance ;
C’est sous la neige des hivers,
Ces froids et lourds manteaux amers,
Que le grain dort et se repose,
Pour qu’au printemps, naisse la rose.

18 Septembre 2003



Mon enfer

Dans le silence de la nuit,
Par ma fenêtre grand ouverte,
J’entends mon coeur qui me déserte,
A petits pas, sans faire un bruit.

En s’en allant elle a détruit
Mon âme qui ressent sa perte,
Mon vide lit me déconcerte,
Et son arôme me poursuit.

Je souffre d’un profond malaise,
Je me sens vide et mal à l’aise,
Pourquoi m’a-t-elle abandonné ?
Mort je t’appelle, prends ma vie,

Dans cet enfer je sui damné ;
Je veux quitter cette agonie.

14 Février 2004




Trente Cinq Ans

Trente cinq ans, entre deux âges,
Dante nous met à mi-chemin,
Entre le soir et le matin,
Nous évitons de voir, en vain,

Nos yeux qui mouillent nos visages.
Je vois mes tempes sous la neige,
Dans ce miroir, qui est ce vieux,
Avec des cercles sous les yeux,

A l’aspect hagard et crayeux ;
Miroir, pourquoi ce sortilège ?
L’homme supporte mal son âge !
Qui suis-je, alors, je ne sais plus

Tous mes printemps sont révolus,
Ces traîts pâteux, ces traîts joufflus
Quelle tristesse, quel ravage.
Je cherche au fond de la mémoire,

Les souvenirs de mes amours
Des compagnons, des beaux vieux jours,
Mais rien ne reste du séjours,
Que solitude évocatoire.

Quand je regarde la nature,
Je m’aperçois que ses couleurs,
Sont une source de douleurs,
Les eaux, les feux sont pleins de pleurs,

Qui coulent sur la pierre dure.
Je sens les mistrals de l’autome,
D’un an à l’autre ils m’ont suivi,
Je viens de perdre un bon ami,

Les oiseaux vont vers le midi,
Quand la nature tourne au jaune.
La mort nous suit dès la naissance,
Elle nous guette à tout moment,

Elle viendra soudainement,
Je ne sais pas quand ni comment,
Pour mettre l’âme en transcendance.


Dédicace.

Ce poème a été inspiré par un poème du grand poète Turc
Cahit Siki Taranci 1910-1954.

27 Février 2004

 

Le Violon

Le violon fait rêver de nuits enchanteresses,
Il chante ses sanglots, ses rires, ses tendresses,
J’aime ses douces voix , liquides trémolos,
Ainsi que ses brios et ses pizzicatos.

D’un côté Menuhin, de l’autre les tsiganes,
Qui font tapper mes pieds aux danses des gitanes,
Mais c’est Paganini qui fait vibrer les cœurs,
Avec ses furiosos et ses solos moqueurs.

J’aime Jascha Heifetz, ses cordes romantiques,
Son archet fait pousser des soupirs extatiques,
Il plonge nos esprits dans un calme divin,
Qui nous fait oublier nos moments de chagrin.

Même les hillbillys font de belles gavottes,
Avec leurs violons et leurs stridentes notes,
N’oublions pas, aussi, Stéphane Grappelli,
Ce grand joueur de jazz, qui l’a tant enrichi.
 

Souvent, le soir venu, quand revient le silence,
Je rejoins mon studio, pour fuir la violence,
Que nous sert la télé, la radio, les journaux ;
J’écoute les violons pour calmer tous mes maux.
 

Le violon a le don, avec ses doux murmures,
De chasser de nos cœurs les terribles lémures,
Qui hantent nos esprits des faits de chaque jour,
Pour remplacer la peur, par la paix et l’amour.

19 Janvier 2004

 

Au Revoir

Au revoir, ce doux mot qu’on se dit chaque jour,
Au revoir mon amie, au revoir mon amour,
C’est un mot si banal, pourtant plein de tendresse,
Pour renouer l’espoir de garder la promesse,
De se revoir bientôt, de se revoir demain,
De se dire bonjour, de se serrer la main,
Où bien de s’embrasser, pour combler une absence,
Et jouir, de nouveau, d’une chère présence.
C’est un mot plein d’espoir au coeur de l’être humain,
Pour s’ouvrir un futur, pour s’ouvrir un demain,
C’est une clef de voûte qui donne l’espérance,
Qu’on verra les bientôts de notre survivance.

21 Janvier 2004

 

 

Transition

La vie est passagère et la mort permanente,
Jouissons chaque instant que notre âme immanente,
Traverse la planète au fil de son parcours,
Car, dès qu’on voit le jour, c’est le compte à rebours.

On remplit nos printemps, nos étés, nos automnes,
De parcours excitants, très souvent monotones,
Mais quand l’hiver arrive on regarde les cieux,
Car la fusée est prête à faire ses adieux.

Malgré le court séjour, notre passage laisse,
Un petit souvenir, un soupçon de caresse,
Un petit lumignon, que notre éternité,
Transmettra à travers notre postérité.

Quand l’hiver éteindra le souffle de notre âme,
Elle escaladera la pente du grand brahme,
Qui l’attendra au seuil du lieux du grand sommeil,
Pour attendre le temps de son prochain réveil.

28 Décembre 2003

 

 


Sagesse

A l’aube, le Seigneur de la création,
Mit au cœur de l’humain un grain de passion,
Mais malgré tous les dons de sa divine adresse,
Il oublia d’y mettre un seul grain de sagesse.

Ce grain de passion a germé dans son cœur,
Il génère toujours, la haine et la rancœur,
Démuni de sagesse, au bord du précipice,
Il se laisse glisser dans sa propre immondice.

Nous sommes devenus des êtres destructeurs,
Nous donnons le pouvoir à des usurpateurs,
Et nous avons atteint le fond de l’indécence,
En fermant nos regards à leur concupiscence.

On cherche, par l’emploi de canons et d’obus,
A subjuguer les gens par nos propres abus,
Les journaux, le matin, nous servent leurs manchettes,
Qu’on lit, aveuglement, dégustant nos baguettes.

Les discours de nos chefs sont pleins de vitriol,
Il font couler le sang, ils acceptent le viol,
Ils piétinent les lois sous leurs cruelles bottes ;
Avec grande fanfare on fête ces despotes !

La sagesse qui manque à l’esprit de l’humain,
Obscure la vision de tous ses lendemains,
En regardant les faits avec désinvolture,
Il risque le bonheur de sa progéniture.

Est-ce le temps de dire, aux armes citoyens !
Reprenons le chemin du Conseil des Anciens? §
Peut-être leur sagesse, et leur mansuétude,
Pourra mettre une fin à notre servitude.

Demandons à Yahvé, Allah et le Seigneur,
De réviser les plans du jeune Créateur,
En oubliant de mettre l’atome de sagesse,
Il depriva l’humain du gène de noblesse.

21 Novembre 2003





La Mer

Je regarde, souvent, les vagues sur les plages,
Qui dansent sur le sable et et les galets bruyants ;
Avec de grands ahans, après leurs longs voyages,
Elles laissent tomber leurs tutus ondoyants.

Elles ont parcouru beaucoup d’étranges terres,
En berçant gentiment barques et voiliers,
Mais souvent rugissant entre les hémisphères,
Elles ont englouti bateaux et bateliers.

Le zéphyr fait chanter ses surfaces soyeuses,
Et caresse son corps rempli de volupté,
Les étoiles, le soir, s’y miroitent, veilleuses,
Répandant sur l’écume une exquise clarté.

Les goélands aussi joignent leurs cris acerbes,
A cette symphonie au mille sons de nuit,
C’est une apothéose aux cymbales superbes,
Qui vient pour expirer sur les plages, sans bruit.

Ô, le son de la mer, qu’il soit doux où terrible,
Envahit nos esprits, éveillés où dormants,
Nous aimons son miroir moutonnant et paisible,
Par contre, nous craignons ses courroux écumants. 

En écoutant la mer qui se meurt sur le sable,
Je pense à mon parcours, si souvent turbulent,
Et je sais, qu’il viendra ce jour inéluctable,
Où mon dernier soupir s’échouera pantelant.

Je regarde venir ces vagues ruisselantes,
Qui meurent à mes pieds, après un long trajet,
Et je pense à ma vie, aux heures déferlantes,
Qui s’éteindra bientôt comme tout feu-follet.

Le flux et le reflux rendent l’onde immortelle,
Après notre reflux serons-nous de retour ? 
Avec une autre vague, une autre ritournelle,
Pourrions-nous regarder l’aube d’un nouveau jour ?

14 Novembre 2003








La fille à la fenêtre

Elle tourne le dos au passé de sa vie,
Elle regarde, au loin, un futur incertain,
Reviendra-t-il ce soir, reviendra-t-il demain,
Pour mettre au diapason son âme inassouvie ?

Elle veut oublier, un passé plein de larmes,
Elle cherche les bras d’un amant protecteur,
Pour assouvir sa faim, apaiser ses alarmes,
Et pour lui rendre un brin de paix et de bonheur.

Mais la terre promise est à travers les ondes,
Dans cette chambre froide, elle attend son amant,
Viendra-t-il arrêter ses courses vagabondes,
Et lui donner, enfin sa bague de diamant ?

Accoudée au rebord de sa grande fenêtre,
Elle attend que son homme, au bord du chalutier,
Vienne lui redonner, de son air familier,
Sans faire des chichis, un doux baiser, peut-être.

La porte du passé, des trottoirs et des ombres
Est pour toujours fermée au tréfonds de son cœur,
L’aube qui pointera bannira la laideur,
Des ses jours et ses nuits vécus dans des décombres.

Dans un petit bistrot, près du débarcadère,
Ils passeront des jours heureux, sans incidents, 
Ils seront les parents de deux petits enfants,
Lui sera le patron, elle la cuisinière.

17 Octobre 2003



Poussière

Oh, souvenirs de ma jeunesse,
Ensevelis dans mon passé,
Au fond de ce lointain fossé,
Que j’époussette avec tendresse.

Malgré les toiles d’araignées,
Qui couvrent ces vieux souvenirs,
Je vois les beaux feux des saphirs,
Sur ces images surannées.

Ces souvenirs sous la dentelle,
Que le temps a si bien tissé,
Pincent mon cœur qui fut blessé,
Par une ingrate demoiselle.

Sous mon plumeau, mes amourettes,
Se manifestent clairement,
Et je déguste avidement,
Blondes, rouquines et brunettes.

J’aimerai voir ces demoiselles,
Qui m’ont donné tant de plaisir,
Et qui, parfois, m’ont fait souffrir,
Sont-elles toujours aussi belles ?

Je revois ma blonde Diane,
Qui fit de moi son matador,
Elle m’offrit sa toison d’or,
Et fut ma première alezane.

Je me croyais invulnérable,
Quand je flottais de fleur en fleur,
Mais une rose emplit mon cœur,
D’une amertume perdurable.

Et maintenant, j’ai la sagesse,
De déguster tous mes plaisirs,
Et d’enterrer mes souvenirs,
Dans le tombeau de ma vieillesse.

14 Octobre 2003



La Nature

Quand je regarde la nature,
C’est son visage souriant,
Qui me présente sa culture,
M’ouvrant son coeur luxuriant.

Elle me tend son abondance,
Tous ses parfums et ses couleurs ;
Ce beau tableau d’exubérance,
Est là pour rajeunir les coeurs.

Sur les sentiers les marguerites,
Se dandinant, me font de l’oeil,
Et sur les murs les clématites,
Me font un souriant accueil.

Les grands parterres de pensées,
Avec leurs beaux minois félins,
Font une cour aux azalées,
Qui bordent les talus voisins.

Dans les jardins, les primevères,
Roses, crocus et liserons,
Font des tableaux spéctaculaires,
Avec oiseaux et papillons.

Couleurs, arômes et musique,
Se joignent pour ces beaux festins,
Ah ! que la vie est magnifique,
Quand on respire les jardins.

Le fol envol de l’ hirondelle,
Et les ramages des pinsons,
Rendent la vie encor plus belle,
La remplissant de leurs chansons.

Plus loin l’étang baille et somnole,
Les nénuphars couvrent ses eaux,
Les poissons d’or en farandole,
S’amusent autour des roseaux.

Notre nature nous étonne,
Par son immense majesté,
Ses feuilles mortes en automne,
Jonchent la terre de beauté.

Lorsque l’hiver couvre la terre,
De ses linceuls étincelants,
Il tonifie et régénère,
Le patrimoine du printemps.

L’été nous offre les vacances,
Et ralenti tous nos labeurs,
C’est la saison des jouissances,
Quand le soleil chauffe nos coeurs.

28 Juin 2003



Toccata et Fugue

C’est la douceur du crépuscule,
Qui fait penser aux doux plaisirs,
Et qui réveille les désirs,
Jusqu’a ce qu’elle capitule. 

Ce sont les jeux du préambule,
Ces baisers doux, ces élixirs,
Ces mots d’amour et ces soupirs,
Qui font monter la canicule.

Quand on atteint la toison d’or,
Et que la porte du trésor,
S’ouvre, c’est une apothéose.

Les corps brûlants, en staccato,
Font une strette grandiose,
Vers une fugue, en crescendo.

21 Juin 2003




Le Renouveau (Ballade)

Quand l’aube pointe, l’oiseau chante,
C’est le signal du renouveau,
Car tout, autour de lui, l’enchante,
En étalant ce beau tableau ;
La brise embrasse le ruisseau,
Dans la vallée, frémissante,
Que la rosée, nourrissante,
Fait scintiller, de mille feux,
Et la nature incandescente,
Lève son voile ténébreux.

Juillet 2002



Le réveil du jour

Quand l’ombre de la nuit s’efface sur les ondes,
Le carmin envahit, le fond de l’horizon,
Qui répand ses lueurs, aux belles plages blondes, 
Et qui donne, à la houle, une rose toison.

L’astre brillant surgit , comme un phénix, de l’ombre,
Couronnant l’univers, de son disque échauffant,
La nuit emporte, enfin, son miteux voile sombre,
Et l’orchestre reprend, son hymne triomphant.

Les arbres majestueux, aux branches accueillantes,
Relâchent les oiseaux, qui s’envolent joyeux,
Chantant et modulant, leurs notes sémillantes,
Et reviennent nourrir, leur oiselets soyeux.

Autour des champs fleuris, voltigent les abeilles,
Les papillons, aussi, parsèment leurs couleurs
Aux parterres brillants, recouverts de merveilles, 
Que le soleil levant, embaume de senteurs.

Lentement, le matin, remplit le paysage,
La flûte du berger, s’élève des vallons,
Pour accueillir le jour, que le fier coq présage,
Du haut de ses ergots, criant à pleins poumons. 

Les pêcheurs, fatigués, s’approchent des rivages,
Ils déchargent, sans hâte, en tirant leur filets,
Ils rangent, avec soin , sur leur blancs étalages,
Les carpes, les saumons, les perches, les mulets.

Le paysan s’affaire, en quittant sa chaumière,
Pour reprendre l’ouvrage avec son vieux tracteur,
Il laboure ses champs, de façon coutumière,
Et trace ses sillons, comme un vrai ciseleur.

La fermière reprend, ses tâches journalières,
Qui commencent toujours, dans son vieux poulailler,
Et s’occupe, plus tard, de ses vaches laitières,
Qu’elle trait, puis se met, à les ravitailler.

Le brouhaha progresse, aux alentours des villes,
Le monde se bouscule, encombrant les trottoirs,
Le bruit assourdissant des klaxons inutiles,
Enveniment la paix, à grands coups de boutoirs.

Tous ces bruits dissonants, même cacophoniques
S’amalgament et font, des hymnes cohérents,
La nature bénit, ces oeuvres symphoniques,
Et répand sa sonate, à tous ses adhérents.

Le marteau sur l’enclume, et la ville qui gronde,
Le soc du laboureur, et le bruit du pêcheur,
Le chant de la fermière, les goélands sur l’onde,
Accueillent le matin, du beau jour, la splendeur.

Après s’être échappé, des boyaux de la terre,
Et chassé la lourdeur, de l’assoupissement,
Le soleil poursuit seul, son séjour de mystère,
Pour atteindre, à midi, son épanouissement.

Puis vers l’ouest, il poursuit sa course fatidique,
Qui se termine au seuil, des pics ultramontains,
Car c’est là, qu’il finit, son règne, qu’il abdique,
Au crépuscule ardent, des horizons lointains.

Un grand feu d’artifice, en grands éclats funèbres,
Illumine les cieux, pour saluer le jour,
Qui s’efface aux bas-fonds, des victorieux ténèbres,
Et redonne, à la nuit, son silencieux séjour.

Le paysan s’arrête, ainsi que la fermière,
Le marchand, le banquier, le forgeron aussi,
Rejoignent leur maison, ou leur humble chaumière,
Pour jouir, en famille, un repas sans souci.

Les pêcheurs, dans les ports, apprêtent leurs flottilles, 
Ils irons parcourir les mers, les océans,
C’est leur tour de quitter, leurs foyers, leurs familles,
Et risquer chaque nuit, écueils et ouragans.

Quand le jour reviendra, pour éclairer leurs barques,
Seront-ils toujours là, pour revoir le matin ?
Ou seront-ils allés, dormir avec les Parques,
Aux sombres profondeurs, d’un océan lointain ?

C’est ainsi que le jour, se lève et puis succombe,
Inexorablement, avec fatalité,
Ainsi nous allons tous, du berceau à la tombe,
Laissant derrière nous, notre immortalité.

Sept 2001



L’extrême onction

Pour la dernière fois, mon Dieu, sur cette terre,
Je vous sentirai là, dans mon cœur indécis,
Soyez le bienvenu, soulagez ma misère,
Accueillez ce pécheur dans votre paradis. 

Bientôt, je vous verrai, car vous serez mon juge,
Votre clémence seule, ô ! Dieu peut me sauver,
Je viens dans votre sein, pour trouver un refuge ;
Maintes fois, en péchant, j’ai voulu vous braver.

J’ai juré, j’ai menti, j’ai commis d’adultères,
Je me suis emporté, j’ai transgressé la loi,
J’ai jugé, j’ai rougi de la foi de mes pères;

Que n’ais-je encore fait…? En cet instant ultime,
Des larmes de regret, ont réveillé ma foi ;
Mon Dieu pardonnez-moi, rendez-moi votre estime.

1949-2001



Libération

Mon cœur meurtri, l’âme en haillons,
L’esprit couvert de brumes,
Mes larmes creusent des sillons
De tristes amertumes.

Ma voix n’est qu’un gémissement,
Mon souffle n’est qu’un râle,
Tout secoué d’un tremblement,
Je suis hagard et pâle.

Je marche d’un pas hésitant,
Échevelé, livide,
Vers la faucheuse qui m’attend,
Là-bas, d’un air avide.

Les bras ouverts et trébuchant,
Je cours vers cette infâme,
Qui d’un seul mouvement, tranchant,
Libérera mon âme.

1947-2001




Neige 

Il neige sur les monts, il neige dans les villes,
Les chemins sont couverts de ce vierge manteau,
Qui décore l’hiver de ses flocons fragiles,
Et donne à nos Noëls, un lyrique cadeau.

Quand il neige, il fait bon de s’asseoir près de l’âtre,
Et boire un petit coup, en croquant des marrons,
En regardant l’enfant s’amuser et s’ébattre,
Aux pieds de son grand père, en suçant des tourons.

La neige fait joli sur les cartes postales,
Recouvrant les sapins et les toits des maisons,
On aime sa blancheur, ses habits de vestales,
Mais sa virginité fond en défloraisons.

Le beau manteau si blanc, quand il devient tout sale,
S’amoncelant au bord des routes et chemins,
N’a plus l’enchantement de l’image murale,
Et devient dangereux pour tous les citadins.

Par contre, pour le ski, les longues pistes blanches
Donnent tant de plaisir aux amoureux du sport,
Qui déclenchent, souvent, de grandes avalanches,
Qui couvrent la poudreuse, d’un suaire de mort.

Et comme toute chose, au cœur de la nature,
La neige sait donner grande joie et grands pleurs;
Dès le premier soupir, de toute créature,
Le parcours est rempli, de plaisirs et malheurs.

Il neige dans mon cœur, il neige sur ma tête,
Mon petit verre est vide, et mon feu délirant,
Dehors, l’hiver soulève une énorme tempête,
L’enfant s’est assoupi, d’un sommeil rassurant.

Octobre 2002




Mourir (Triolet)

Je ne veux pas mourir, ce soir,
Être enterré sous une pierre,
Je veux survivre et prévaloir,
Je ne veux pas mourir, ce soir.

Je n’ai jamais aimé le noir,
J’aime la vie et la lumière,
Je ne veux pas mourir, ce soir,
Être enterré sous une pierre.

Juillet 2002

A Mlle H. D. 

Ignoré 

Vous êtes belle,
Et sensuelle,
Vos cheveux noirs,
Sont tous les soirs,
Dans tous mes rêves,
Minutes brèves,
Instants si courts,
Instants trop lourds,
Mais tout conspire 
A me proscrire
De votre cœur;
Ah ! quel malheur!
Mon cœur est blême, 
Car il vous aime;
Vous m’ignorez,
Vous m’ulcérez,
Vos yeux de flamme,
M’embrase l’âme,
Suis-je audacieux
Cherchant les cieux,
Qui sans ses voiles, 
Remplis d’étoiles,
Reflètent mieux
Vos si beaux yeux?
Pitié, je souffre,
Car ce grand gouffre,
Est si profond,
Il me pourfend.
Adieu mon rêve,
Mon temps s’achève,
En cet instant
La mort m’attend.

1946-2002



La lumière

L’ombre du soir pâlit devant la pourpre aurore,
Un beau soleil surgit du sein des flots obscurs,
La nuit s’enfuit devant les rayons clairs et purs,
Et cède son empire à ce grand météore.

Il répand ses bienfaits sur la nature humaine, 
Que le Seigneur créa, quand il dit au début,
«Que la lumière soit» et la lumière fut;
Nous jouissons, depuis, de ce beau phénomène.

Les flots sont embrasés par la flamme céleste,
Tout chante en unisson, pour accueillir le jour,
Le coq est le premier, à lui faire la cour,
En claironnant son chant d’une voix forte et leste.

Le paysan s’apprête à reprendre sa tâche,
Le four du boulanger émane ses odeurs,
Les rayons du soleil répandent leurs tiédeurs,
Donnant à la planète, un éclatant panache.

1945-2002

L'Angélus

J’entends, qu’au loin, la cloche sonne,
Pour annoncer la fin du jour,
L’astre brillant baille et frissonne,
Et puis termine son séjour.

Le laboureur quitte sa tâche,
Rentre au bistrot voir ses amis,
C’est avec eux qu’il se relâche,
Et se régale d’un anis.

Mais la fermière s’achemine,
Vers son église pour prier,
C’est l’Angélus qui détermine,
La fin du rythme journalier.

Toutes les femmes du village,
Sont là pour dire, un chapelet,
Puis font un brin de babillage,
Aux portes de l’estaminet.

Les réverbères dans les villes,
S’allument progressivement,
De campanile en campanile,
Les cloches sonnent gaiement.

Le ciel étend ses sombres voiles,
Sur la planète doucement,
La lune sème ses étoiles,
Pour arrêter le tintement.

Avec le soir, viendra ma muse,
M’apprendre comment accoucher,
De ce poème qui refuse,
De m’envoyer à me coucher.

25 Février 2003


Miroir Céleste

Quand Dieu créa notre planète,
Il fit de l’onde un point focal,
Depuis, sa surface reflète,
Des jours, des nuits, la silhouette,
Et la beauté du ciel astral.

Ciel bleu, ciel gris, il se dandine,
Se miroitant matin et soir,
Sur l’onde douce où bien saline,
Qui nous enchante et nous fascine
De ses reflets, dans ce miroir.

Placides lacs, mers moutonneuses,
Belles rivières, doux ruisseaux,
Leurs flots composent des berceuses,
Pour inspirer les nuits rêveuses,
Des créateurs de ses tableaux.

L’eau borde villes et villages,
Ses flots s’épandent sur les champs,
Pour féconder les labourages;
Elle s’échoue au bord des plages ,
Pour donner joie à nos enfants.

Souvent le vent et les orages,
Causent, avec impunité,
Beaucoup de tristes sarcophages,
Pour tant de pauvres équipages,
Qui coulent dans l’éternité.

Quand le poète prend sa lyre,
Pour vanter la beauté des flots,
Ses vers, que l’onde lui susurre,
Sont emportés par le zéphire,
Pour apaiser tous les sanglots.

J’aime, le soir, entendre l’onde,
Venir de loin pour chuchoter,
Dans mon oreille qu’elle inonde,
De sa musique moribonde,
Qui sait comment me dorloter.

Quand Dieu créa notre planète,
Il la dota de flots si frais,
Il nous donna cette palette,
Pour miroiter la silhouette,
Des monts, des bois et des forêts.

7 Mars 2003

Rachat

Seigneur, qui me frappez, votre courroux est juste,
Mais regardez mes pleurs, à vos pieds répandus,
De mon cœur ulcéré, que votre main auguste,
Allège la douleur, et tous ses maux ardus. 

Faites tarir mes pleurs, et soulagez mon âme,
Aidez-moi, Dieu puissant , à m’approcher de vous,
Allumez, dans mon cœur, cette divine flamme,
Qui donne à la souffrance, un cachet saint et doux.

Donnez-moi, pour m’aider, la compagne de route,
Que vous avez crée, pour chacun, ici bas.
Je veux près d’un berceau, le soir, casser la croûte,
Et panser mes tourments, quand je rentrerai las.

Je veux voir, mes enfants, sur le sein de leur mère,
Dormir, repus, heureux, avec bonne santé
Je veux les voir grandir, et je veux que la terre
Leur offre un avenir de joie et de bonté. 

Je veux, enfin, Seigneur, quand les ans, les tempêtes,
M’auront fait candidat, pour la faux du faucheur,
Venir prendre ma place, à vos splendides fêtes,
Qui célèbrent toujours, le rachat du pécheur.

1948-2002



Rebondissement

Mourir pour un mortel c’est dur,
La vie est belle,
J’ai vu la mort, un soir obscur,
Âme rebelle.
J’aimais d’amour fort et avide,
Il me trahit,
J’entends la voix de mon cœur vide,
Qui m’ébahit,
Elle me mène vers la mort,
Je l’écoutais,
Je poursuivais mon triste sort
Et me hâtais.
Soudain mes yeux virent les tiens,
Vision bénie,
En plaidoyant te dirent: viens,
Soit mon amie.
Tu vins et me rendis courage,
Mon droit de vivre,
Je suis à toi, mon beau mirage,
Prêt à te suivre.

1946-2001



Recyclage

Nous sommes pèlerins depuis notre naissance,
Nous arrivons, sur terre, avec des dons précieux,
Vite, nous traversons l’âge de l’innocence,
Inévitablement, jusqu’a l’adolescence,
Qui dessille, tout grands, nos yeux.

Le voyage, sur terre, est plein d’incertitudes,
La vie est un dédale, et ces embranchements,
Que nous devons choisir, parmi les multitudes,
De différents chemins, changent nos attitudes,
En d’inconnus débouchements.

Pendant notre séjour, les semences innées,
Qui sont notre cadeau, dès le premier soupir,
Ont le don de germer, pendant beaucoup d’années,
Et guider, par nos choix, toutes nos destinées,
Pour échouer où réussir.

Tout dépend de ces choix, que le hasard nous livre,
Nous parcourons le sort, qui nous mène à nos jours,
Nous ne saurons, jamais, comment nous allions vivre,
Si nous avions choisi , l’autre chemin à suivre,
Pour faire un différent parcours.

Quand nous terminerons, notre trajet sur terre,
Le gardien des enfers, jugera nos actions,
Il nous demandera de faire l’inventaire,
De toute la moisson de notre itinéraire,
De nos bienfaits, nos infractions.

Notre séjour est court, il n’est que transitaire,
Après avoir vécu, nous devons retourner,
D’ou nous sommes venus, car tout est temporaire,
Notre départ annonce un tout nouveau mystère,
Qui nous fera réincarner.

La mort nous donnera, de nouveaux emballages ;
Les dons que nous avons, très bien accentués,
Seront récuperés, pendant ces recyclages,
Ils amélioreront, tous les futurs voyages,
Qui nous seront attribués.

Novembre 2002



Prière Matinale

Quand, au loin, l’ombre s’efface,
Et qu’enfin le noir s’enfuit,
Je contemple cet espace,
Et je vois l’astre qui luit.

Tout s’embrase en la nature,
Tout est rouge, tout est beau,
Cette pauvre créature,
Se jette aux pieds du Très-Haut.

C’est la feuille qui susurre,
C’est l’oiseau qui chante au jour,
C’est la vague qui murmure,
C’est le réveil du labour.

C’est, enfin, l’astre grandiose,
Qui se lève glorieux,
Qui nous dit que Dieu s’impose
Sur la terre et dans les cieux.

Et puis, la nature entière, 
En un grand élan d’amour,
Offre au Maître une prière,
Pour lui consacrer ce jour.

1947-2001



A Mlle H.D.

Tristesse d’amour

Lorsque le jour s’éteint, dans l’ombre de la nuit,
Dans un silence doux, pour quelques heures brèves,
Ne vois-tu pas les feux, d’une flamme qui luit,
Et n’entends-tu jamais, mon appel dans tes rêves ?

Veillant sur ton sommeil, les braises de mon cœur,
Scintillent près de toi, t’adorant en silence,
Mais quelques fois ton nom, dans un souffle d’ardeur,
Vient caresser ta joue, implorant ta clémence.

Songe à mon triste sort, et songe à mon amour,
Car pas même l’adieu, la mort ou les années,
N’éteindront ce brasier, qui brûle comme un four,
Et ne sépareront, jamais, nos destinées.

Quand dans la tombe, enfin, mon corps reposera,
Brisé par la douleur, sous une dalle humide,
Mon immortel esprit, chaque soir, posera,
Un doux baiser d’amour, sur ta bouche timide.

1947-2001

 

 

Christian  Cally


chantily@bigpond.net.au

                                                                             
  

 

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