Christian Cally




Spleen

J’ai le vide dans l’âme, il est profond et noir,
J’écoute ses échos du fond du précipice,
Qui font pleurer mon cœur, qui se lamente et glisse,
Dans un immense spleen, à l’approche du soir.

Mon cœur bat la chamade au fond de l’entonnoir,
Une étranglant angoisse, ardente et destructrice,
M’envahit d’une peur sombre et dévastatrice,
Qui hante mon sommeil d’un constant désespoir.

Tout mon être a sombré dans cette incertitude,
Qui m’a laissé tout seul avec ma solitude,
Et prive mon esprit de sa sérénité.

Sans toi tout près de moi dans cette vie ingrate,
Je me sens démuni de toute intimité ;
Ma seule compagnie est ma petite chatte.

16 Juin 2004



L’Ange Gardien


La présence éternelle était en somnolence,
Le Seigneur décida de créer l’univers,
Autour de Lui le noir et l’immense silence,
Emplissaient le néant et les lointains éthers.

D’un geste de sa main la lumière explosive,
Aveugla le néant et le noir disparut,
Une petite esquisse, tout à fait primitive,
Éclaira l’horizon, et ce fut le début.

Pendant Son long sommeil, des visions étranges,
Lui firent un croquis avec précision,
Pour aider ses labeurs, Il créa les archanges,
Premier souffle divin de la création.

Mais la tâche était lourde, au seuil de la Genèse,
Il pointa son index et créa l’horizon,
Le big-bang entama la grande parenthèse,
Et l’univers surgit de cette explosion.

Mais avant de sortir ses humains de la fange,
Il voulut leur donner une protection,
Il decreta que l’homme aurait besoin d’un ange,
Pour le garder pendant son incarnation.

L’archange de Lumière, épris de sa puissance,
A voulu supplanter le pouvoir du Seigneur,
Son acte lui valut l’éternelle sentence,
Aux affres de l’enfer dans toute son horreur.

Il décida, très vite, avec grande arrogance,
De mettre à nu les corps de mère Ève et d’Adam,
Puis éclata de rire, ayant pris sa vengeance ;
Depuis lors nous portons l’originel carcan.

Malgré sa déchéance aux griffes de l’archange,
Le Créateur voulut que l’homme ait un gardien,
Mais Lucifer, aussi, lui fit don de son ange,
Pour faire contrepoids au bon ange du bien.

Nous sommes tiraillés pendant notre existence,
Entre l’ange du bien et le mal du Malin,
Ils luttent pour notre âme et notre conscience,
Le vaiqueur jugera notre parcours humain.

Si c’est l’ange gardien qui gagnera notre âme,
Nous serions assurés de réincarnation,
Mais si nous finissons aux griffes de l’Infâme,
C’est l’éternel oubli de la damnation.

11 Septembre 2003





La Harpe d’Euterpe

Quand le sombre néant explosa en lumière
Le créateur régla son horloge du temps,
Il posa son cachet de matière en matière
Donnant à l’univers des astres flamboyants.

Mais tout cet univers, toutes ces nébuleuses,
Gravitaient dans les cieux sans un bruit, sans un son,
Il voulut leur donner quelques notes moelleuses,
Il créa, pour cela, le « la » du diapason.

Du « la » naquit la voix de l’homme et de la femme,
Des oiseaux et du vent, de l’eau dans le ravin,
Et naquirent, bientôt, tous les sons de la gamme,
Cascadant un à un, de l’esprit du divin.

Euterpe fut créée avec les autres muses,
Pour caresser la lyre au cœur du panthéon
Les plaintes des violons, les pleurs des cornemuses,
Firent de beaux concerts, dès le premier éon.

Euterpe est, très souvent, au dessus des étoiles,
Avec sa harpe en main, jouant dans les éthers,
Les rayons de la lune effleurent ses beaux voiles,
Transmettant jusqu’a nous, ses chants à l’univers.

Rien ne vient déranger ces nuits enchanteresses,
La muse, avec sa harpe, compose ses beaux chœurs,
Le zéphyr, gentiment, la couvre de caresses,
Et le baume divin se répand dans nos cœurs.

10 Février 2004




Liberté
 

Souvent j’admire les oiseaux,
Qui font leurs belles pirouettes,
Et vont de branches en roseaux,
Nous régalant de chansonnettes.

Ils ont l’amour de liberté,
L’art d’entreprendre des voyages,
De traverser l’immensité,
Des océans, des paysages.

Leur liberté me rend jaloux,
Moi, qui suis là, collé sur terre,
Avec ses lois et ses tabous,
Et son carcan héréditaire.

Je peux m’asseoir là, sans bouger,
Pour écouter leurs beaux ramages,
Et regarder se mélanger,
Tout l’arc-en ciel de leurs plumages.

De l’aigle plein de majesté,
Au vol dansant de l’hirondelle,
Ils montrent tous leur liberté,
En s’envolant à tire-d’aile.

Quand le soleil à l’horizon,
Met une fin à ses voyages,
Chacun d’eux rentre à la maison,
Qu’il a construit dans les feuillages.

Si je reviens, peut-être, un jour,
Pour rallumer mon étincelle,
J’aimerai bien que mon séjour,
Soit dans le nid d’une hirondelle.

8 Décembre 2003

          

           Un soir inoubliable !

 

 

 

C’était un soir inoubliable,
Un cocktail party fatigant,
L’ennui partout était palpable,
Dans cet espace suffocant.

Je me sentais très mal à l’aise,
Parmi ce monde obséquieux
J’allais m’esquiver à l’anglaise,
Quand mon regards croisa ses yeux.

Se faufilant comme les chattes,
Parmi la foule d’inconnus,
Ses yeux étaient deux grandes agates,
Et j’admirai ses seins pointus.

Elle arriva toute câline,
Et vint s’asseoir à mon côté,
Je n’étais plus que gélatine,
Tremblant pour ma virilité.

Oh, qu’elle était éblouissante,
Avec ses longs cheveux de jais,
Sa grande bouche appétissante,
Mon cœur me dit que je l’aimais.

Mon regard faisait la navette,
Entre sa bouche et ses beaux seins,
Qui transperçaient sa chemisette,
Pour s’échapper de leurs écrins.
 

On échangea des bavardages,
En se disant de petits riens,
Moi je pensait au vers, peu sages,
Des « Fleurs du Mal « baudelairiens.

Après presque une demi-heure,
Nous décidâmes de quitter,
Mon coeur faisait du cent à l’heure,
En décidant à l’inviter.

Et nous dînâmes en tête-à-tête,
En nous regardant dans les yeux,
Je ne pensait qu’a sa conquête,
Oh, que c’est beau d’être amoureux !

Après dîner nous nous rendîmes,
Dans mon petit appartement,
Où nos ébats furent sublimes,
Jusqu’a l’anéantissement.

On fit l’amour avec panache,
Nous nous aimâmes pour deux ans,
Avec ardeur et sans relâche,
Ce fut un de ces beaux romans.

Souvent, je pense à ce passage,
De ma jeunesse et ses beaux jours,
Ce fut un bel apprentissage,
Qui mit du sel dans mon parcours.
 

 

La Triste Fillette

Oh, mon Dieu qu’elle est triste, avec ce beau visage,
Pour la dernière fois, avant son grand voyage,
Cette petite fille admire son jardin,
Qu’elle devra quitter, pour un pays lointain. 

Ses deux parents sont morts, la petite orpheline,
Ira s’expatrier chez sa tante Pauline,
Pour la dernière fois à travers ces carreaux,
Elle fait ses adieux à ses biens familiaux.

Elle aime son jardin, elle aime sa demeure,
Elle doit tout quitter, dans une demi-heure,
Mais elle veut garder dans son cœur ces instants,
Avant de tout quitter pour des futurs latents.

C’est soixante ans plus tard, depuis ce jour tragique,
La vieille dame est là, son cœur mélancolique,
Elle voit la fillette à travers le vitrage,
Une petite larme, échoit sur son visage.

 

L’étreinte

Quand le soir, solitaire, errant à l’aventure,
Tu vois deux amoureux, bercés par la nature
Dans un recoin fleuri, dans une étreinte pure,

Passe discrètement, pour ne pas déranger
Leur petit nid d’amour qu’ils vont aménager
Pour, peut être, un futur qu’ils veulent se forger.

Sur la pelouse verte, ils se font des promesses,
Leur amour est rempli de baisers, de caresses,
C’est leur temps de jouir, en joignant leurs ivresses.

La sève qui remplit notre sang, notre coeur,
Donne à notre jeunesse un grand élan d’ardeur
Pour remplir les dessins de notre créateur.

C’est dans ses doux moments, que la métamorphose
Accomplit ses dessins d’une vision grandiose,
Que pour la création produit l’apothéose.

Ne dérange donc pas ces moments langoureux,
Passe discrètement devant ces amoureux,
Leur extase promet un futur plantureux.

Sans ces enlacements, impétueux, torrides
Nous vivrions dans un monde aux éspaces arides ;
Pour survivre, semons nos spermatozoïdes !

Septembre 2001


L'Éternelle Pendule

Une bataille immense engloutit l'horizon,
L'astre du jour se bat contre le crépuscule,
Le sang des combattants, se répand et macule,
L'univers qui répand des larmes à foison.

C'est un combat égal entre ces deux géants,
Fils d'une même mère, et pourtant adversaires,
L'un répand sa chaleur au sein des hemisphères,
Tandis que l'autre vêt ses astres pétillants.

Bientôt le crépuscule étend son étendard,
Parsemé de ses feux, en signe de victoire,
Il recouvre les cieux de sa mantille noire ;
Le monde s'assoupit dans un épais brouillard.

Un tout nouveau combat commencera demain,
L'astre du jour vaincra, pour éclairer le monde,
Hiver, printemps, automne et l'été font la ronde,
Égrainant lentement les heures du destin.

Ce combat se poursuit pour regler notre sort,
La nuit succède au jour, et les saisons se suivent,
Inexorablement les minutes s'esquivent,
Et joignent les deux fils de la vie et la mort.

C'est ainsi que la vie aborde l'horizon,
Du crépuscule à l'aube au suivant crépuscule,
Nous suivons, sans arrêt, l'éternelle pendule,
Qui guette nos soupirs, de saison en saison.

Assis sur un coteau, j'observe le carmin,
De cette nouvelle aube engloutissant la plaine,
Je peux encor jouir de ce beau phénomène,
Aujourd'hui je suis là ; le serais-je demain ?

2 Octobre 2003

Oui, nous irons dormir ensemble

Oui, nous irons dormir ensemble,
Sous un ciel noir et lumineux,
Nous serons seuls, nous serons deux,
A nous sentir libidineux,
Mon cœur s’effrite, mon corps tremble !

Hier j’étais seul, plein de tristesse,
Je n’avais d’autres compagnons,
Que désespoir et tourbillons,
J’étais l’ami des vignerons,
Mon verre, ma seule maîtresse.

Tout hébété, devant le vide, 
Je n’étais plus qu’un vieux soûlard,
Je vaguais seul, dans mon brouillard ;
Depuis le jour de son départ,
Je ne pensais qu’au suicide.

Mais ce matin une lumière,
Vint me toucher dans mon malheur,
Une vision comme une fleur,
Vint embaumer mon pauvre cœur,
Et le panser en bandoulière.

Oh, qu’elle est jeune, et qu’elle est belle,
Un ange descendu du ciel,
En cet instant providentiel ;
Adieu mon verre, adieu mon fiel,
Mon cœur meurtri se renouvelle.

Je sens ma sève de jeunesse,
Remplir mon cœur de ses ardeurs,
Elle stimule mes verdeurs,
Détruite par les grands malheurs,
Infligés par une traîtresse.

Tiens-moi tout près, car mon cœur tremble,
Viens effacer tout mon passé,
Faisons un amour insensé,
Je ne suis plus paralysé,
Allons tous deux dormir ensemble !

26 Septembre 2003

Rêverie Pastorale

Un tout petit ruisseau, dans le ravin, glougloute,
Il coule gentiment au pied des grands sapins,
Leurs oscillants sommets, qu’un petit vent froufroute,
S’élèvent du ravin en pastoraux refrains.

Cette belle musique offre à la rêverie,
Des élans qui la font survoler les sommets,
Elle plonge l’esprit dans une griserie,
Qui plane dans l’éther comme des feux follets.

Quand tout autre bruit cesse et que la nuit s’avance,
On entend au lointain la flûte du berger,
Qui mêle ses sanglots, à l’heure du silence,
A ceux de l’angélus, du haut de son clocher.

Les doux chuchotements de cette nuit tombante,
Apaise les esprits au fond de son berceau,
Ils appellent la muse ainsi que la bacchante,
Pour chanter la beauté de son miteux manteau.

Enfin, quand rien ne bouge, au fond de la nuit sombre,
Ce tout petit ruisseau, roucoule dans son lit,
Il s’en va lentement, inaperçu dans l’ombre,
Pour poursuivre, plus loin, son éternel babil.

Un petit vent se lève, les aiguilles s’envolent,
Du sommet des sapins qui chuchotent entre eux,
En de petits ballets, leurs branches batifolent,
Comme des revenants, sous un ciel nuageux.

Bientôt la pluie arrive avec ses gouttelettes,
Et les percussions tam-tament leurs tambours,
On se sent entouré de multiples quartettes,
Rivalisant ensemble en de divins concours.

Mais quand l’orage arrive en grande symphonie,
On dirait que Berlioz dirige du podium,
Cet effrayant tableau, cette théogonie,
De tonnerre et d’éclair, ce pandémonium.

Ce site pastoral, devient une géhenne,
Et la nature s’offre un spectacle effarant,
Les fiers sapins déchus de leur mine hautaine,
Écoutent leur ruisseau rugir comme un torrent.

24 Juillet 2003





Douce France 

Ô France , ô douce mère, ô culturelle flamme,
Ta vie nous est chère, et tu restes sans blâme,
Nous venons pour t’aider et pour te secourir,
Où bien te libérer, où bien, pour toi, mourir.

Ton drapeau fut souillé par des mains défaillantes,
Il arbora, toujours, ses victoires brillantes,
Aux mains de l’ennemi, il fallût qu’ il passât,
Mais il revint encor, sans qu’on l’éclaboussât.

Tu vainquis tes rivaux sous le grand Charlemagne,
L’Europe était ton fief, ton pays de cocagne,
Le roi-soleil t’acquit un beau renom mondial,
L’Aigle te fit le don du cachet impérial.

En dix neuf cent dix huit, tu forgeas la victoire,
Tu surgis de la nuit recouverte de gloire,
En dix neuf cent quarante, on trahit ton honneur,
En te livrant aux mains d’un très vieux radoteur.

Ton joug est dur et lourd, mais de loin on travaille,
Pour libérer ton sort de ces hommes de paille,
Qui te saignent en blanc en te faisant souffrir ; 
On te libérera, on va te secourir.

Tu t’es soumise, hélas, à cette barbarie,
Tes fils à l’étranger, regardent leur patrie,
Qu’à quelques sursauts près, ne fait que s’avachir ;
Sous la Croix de Lorraine ils viendront t’affranchir.

Ô France à tes enfants redonne le courage,
Aux travailleurs souffrants, assure leur ouvrage,
Laisse-nous, tes enfants, avec exultation,
Retourner au bercail pour ta libération.

Nous allons pavoiser tes monuments illustres,
Nous chasserons ensemble, aux portes, tous ces rustres,
Nous allons célébrer des lendemains glorieux,
Et te donner, ô mère, un avenir radieux.

1943-2002
C'est mon tout premier poème, quand j'avais 16 ans ; idéalisme de jeunesse !



Dualité

Suis-je ce somnambule errant dans un grand rêve,
Suis-je ce beau jeune homme, adressant l’avenir,
Le chemin grand ouvert, si sûr de parvenir,
A décrocher la lune, où périr par le glaive ?

Suis-je cet étalon, plein d’amours, de caresses,
A la sève qui coule, aux appâts féminins,
Suis-je, encor ce géant, qui regarde les nains ?
Ah ! ces beaux souvenirs, ces grisantes ivresses.

Par contre l’hologramme esquissé dans la glace,
Qui, ce matin paraît, échevelé, hagard ;
Est-il de ce jeune homme, où bien de ce vieillard ?
Peut-être de tous deux, placés en face-à-face. 

Hélas, je suis le rêve de la double existence,
De l’ humain qui goûta des revers, des excès,
Qui vécu des moments, effleurant le succès,
Mais qui prit des chemins, menant à l’imprudence.

Mais, qui suis-je, vraiment ? Je ne peux pas le dire,
Car je ne suis pas sûr de le savoir, au fond,
Je patauge, souvent, dans un gouffre profond ;
Je suis ce que je suis, pour le mieux où le pire.

Je regarde la glace, elle me rend l’image,
Que je ne connais pas, dans ma dualité,
Suis-je saint, où démon ? Ma sensibilité
Me lance violemment, aux jours de mon jeune âge.

Je voudrais tant franchir le seuil de cette glace,
Peut-être, je verrais l’autre moi qui m’attend,
Mais, je dois m’arrêter car je suis haletant ;
L’autre moi n’est plus là, c’est moi qui le remplace.

Octobre 2002


Nostalgie

Je pense à ma jeunesse,
Avec joie et tendresse,
Je pense à mes amours,
Qui me suivent toujours.
Les filles vagabondent,
Et mes rêves fécondent,
L’amalgame qui fait,
Un bel être parfait.
Je l’imagine espiègle,
Aux longs cheveux de seigle,
Aux yeux d’un bleu de ciel,
Et d’une voix de miel.
La mine d’une sainte,
Par un Da Vinci, peinte,
Les lèvres de carmin,
La peau de parchemin,
Lisse comme une pêche,
Qu’on croque, toute fraîche.
La bouche de gamine,
Si douce et si câline,
Faite pour embrasser,
Sans jamais se lasser.
Les hanches onduleuses,
Aux formes généreuses,
Embrasent tous les cœurs,
De ses admirateurs.
Les petits seins en poire,
Saillant en promontoire,
Surmontés de tétons,
Doux comme des bonbons.
Les jambes de déesses,
Si pleines de promesses,
Pour son matou brûlant,
Qui se pâme en hurlant.
Elle est ma jeune femme,
Elle est mon amalgame,
De mes amours passés,
Ivres et insensés,
Ces rêves de jeunesse,
Me font penser, sans cesse,
A cette perfection,
Objet de ma fiction.

Septembre 2002.





Ode à ma femme

Quand le soleil se lève, il le fait pour te plaire,
Quand la lune parcours le dôme sombre et noir, 
Elle épand ses lueurs, sous la voûte stellaire,
Et berce ton sommeil dans ton lit, chaque soir.

Les roses dans les parcs, s’épanouissent fragrantes,
Pour embaumer tes jours et réjouir ton cœur,
Et sur chaque pétale, aux couleurs fulgurantes,
Est inscrit ton doux nom, dans toute sa splendeur.

J’entends les champs de blé, quand les vents les caressent,
Murmurer tous ensemble un hymne en ton honneur,
Cet hymne se répand quand les oiseaux s’empressent,
A te le rapporter, gazouillant sa douceur.

Tout conspire à t’aimer dans la nature entière,
La lune, le soleil, les fleurs et les oiseaux,
Les dieux, dès ta naissance, ont rempli de lumière,
Ton cœur qui chérit tout, sur la terre et les eaux.

Dès nos premiers amours, je t’ai confié mon âme,
Tu m’inspiras, souvent, quand j’en avais besoin ;
Nous n’avons pas, toujours vécu des jours sans blâme,
Mais grâce à ton support, je suis venu de loin.

Je suis fier que tu sois, depuis cinquante années, 
Ma femme bien aimée, et mère de nos fils,
Ta présence a guidé toutes nos destinées ;
Tu restes le joyau de tous nos petits-fils.

Maintenant que l’automne avance sur nos têtes,
Et que l’âtre n’a plus l’ardeur de nos vieux jours,
Il nous reste pourtant des petites tempêtes,
Qui remettent nos cœurs aux temps de nos amours.

Tu seras, pour toujours, mon étoile et ma lune,
Tu seras mon soleil, quand mes os seront froids,
Nous avons partagé notre bonne fortune;
Ô reine de mon cœur, j’adore tes exploits.

Si je suis le premier à quitter cette terre,
Mon âme t’attendra, pour t’accueillir, un jour,
Au paradis céleste, aux portes de Saint Pierre,
Pour entamer, ensemble, un éternel séjour.

2002



Osmose

La sourde houle,
Qui roucoule,
Dans le ravin,
Calme et serein,
Chaque matin,
Chante et s’enroule,
Aux pieds d’un saule,
Et puis s’envole,
Larmes aux yeux,
Vers d’autres lieux,
Sous d’autres cieux,
Comme une folle.

Triste nomade,
Elle s’évade,
De lit en lit,
Et s’affaiblit,
Se désemplit,
Dans une rade,
Son long voyage,
De stage en stage,
Poursuit son sort,
Menant au port,
Jusqu’a sa mort,
Sur cette plage.

Que c’est tragique!
Pourtant logique,
Que son chemin,
Trouve sa fin,
Dans un destin,
Océanique.
Car tout s’écoule,
Et puis s’écroule,
Rapidement,
Vers le moment,
D’essoufflement,
Comme la houle.


Notre passage,
N’est qu’un mirage,
Naissance et mort,
Sont le support,
De notre sort,
Dans ce voyage.
L’âme immortelle,
Est éternelle,
Car dans la mort,
Elle s’endort,
Et puis ressort,
Sempiternelle.

Juillet 2002



Solitude 

Un seul moment plein de tendresse
Que mon cœur cherche, sans répit,
J’ai tant besoin d’une caresse,
Pour me guérir de mon dépit.

Je suis si plein de lassitude,
J’ai tant cherché de l’amitié,
Mon existence est solitude ;
Monde cruel et sans pitié!

Ou donc, Dieu juste, est ma compagne,
J’ai tant besoin de cet octroi,
Pour adoucir mon triste bagne,
Pour alléger mon désarroi.

Suis-je maudit sur cette terre
Pour parcourir tout mon séjour, 
Comme un paria, célibataire,
Et végéter sans peu d’amour ?

1946-2002



A Mlle H.D.

Tristesse

Quand l’aube au loin se lève,
Quand l’étoile pâlit,
Quand l’onde sur la grève, 
Déborde de son lit,
Quand l’hirondelle chante
Sur le saule pleureur,
Quand le soleil enchante 
L’âme du laboureur.

Quand la rose déverse
Son baume sur les champs,
Quand la nourrice berce
Le bébé par ses chants.

Quand la forge s’allume, 
Ranimant les quartiers,
Quand le jasmin parfume
Les bois et les sentiers,
Quand, enfin, la nature
S’apprête à nous leurrer,
Je suis, là, sur ma dure,*
Accroupi pour pleurer.

1949-2001
* Dure= Lit de peine.


Le cafard

Je suis enfant du Caire,
Pays du dromadaire, 
Et du sphinx légendaire,
Que j’ai quitté pourtant.

J’aimais les belles filles,
Surtout les volatiles,
Semant mes peccadilles 
Comme un jeune mustang.

Pays de ma naissance,
De mon adolescence,
Je ressens ton absence
En cet ultime instant.

Revoir les pyramides,
Les grands déserts arides,
Et les khamsins torrides,
C’est mon rêve constant.

1952-2001




A Mlle H.D.


Le cri du cygne

Comment puis-je rester loin de toi, ma chérie,
N’être qu’un étranger, un quidam qui s’en va,
Puis-je avancer, sans toi, dans cette ingrate vie?
Puis-je laisser mon cœur, dans ta poitrine, là?

Non, te quitter ainsi, je ne puis me résoudre,
Mon cœur est plein d’amour, et partout je te vois,
Ton doux regard m’obsède, en m’en allant, la foudre
Me suivra sur les monts, sur l’onde et dans les bois.

Ne me prive donc plus, de tes yeux, que j’adore,
Toi seule est le bonheur de tout ce que je tiens,
Livres-toi dans mes bras, amour, je t’en implore,
Blottis-toi dans le creux de mon épaule, viens.

Car j’aurai beau m’enfuir, mettre entre nous l’espace,
Aller chercher ailleurs un but à mon amour,
J’aurai beau m’oublier, perdre mon nom, ma race,
Je n’oublierai jamais ton doux baiser d’un jour.

Errant comme un paria, je noierai dans mes larmes,
Mon malheur et mon âme qui, toujours, est en deuil,
Mes cheveux blanchiront, mais je verrai tes charmes,
Jusqu’au dernier soupir, jusque dans mon cercueil.

1946-2002

 


Le grand Pardon

Mon âme est triste et mon cœur saigne,
Mais le printemps, autour de nous,
Dans un brillant soleil, se baigne,
Et porte ses plus beaux bijoux.

Les roses jonchent la nature,
Les oiseaux chantent dans les bois,
C’est un élan à l’aventure
Pour citadins et villageois.

Pour ce réveil, le monde chante,
Car loin de nous l’hiver s’enfuit,
Je reste seul, dans la tourmente
Et je suis triste jour et nuit.

Je voudrais bien sécher mes larmes,
Laisser rentrer dans ce vieux cœur
Un grand rayon rempli des charmes,
De ce soleil si protecteur.

Mais je suis plein de solitude,
Je suis si vide d’amitié,
Autour de moi l’ingratitude
Remplit mon âme de pitié.

Je vois le vol des l’hirondelles,
J’entends la flûte du berger,
Les papillons aux belles ailes,
Ne peuvent pas me soulager.

J’ai le cafard, en permanence,
Il ne me quitte plus jamais,
Car je ressens l’indifférence
De tous les êtres que j’aimais.

Adieu printemps, car c’est l’automne,
Qui gèle, dans mon cœur, le sang
L’hiver s’approche, monotone,
M’enveloppant d’un vent glaçant.

Bientôt je n’aurai plus à craindre
Ce sens aigu de l’abandon,
Car il faudra que j’aille joindre
Le pourvoyeur du grand pardon.

Novembre 2001


Le parfum

Ô ! ce parfum grisant de femme,
Qui nous attire et nous séduit,
Ce doux parfum, qui nous enflamme,
Comme la fleur, belle de nuit.

Cette senteur, que chaque pore,
Exhale sur les draps de lit,
Quand on caresse son amphore
Sublime, accroît notre appétit.

Le mâle, aussi, qui la féconde,
A son parfum et ses odeurs,
Qu’elle soit rousse, brune où blonde,
Il lui dispense ses ardeurs.

Le stimulant qui nous fait naître,
Est le parfum de nos parents.
Et s’il venait à disparaître
Il n’y aurait plus jamais d’enfants!

Mais ces parfums, souvent, effacent,
Quand la nuit chaude, cède au jour,
Les mots d’amour, qui se remplacent
Par un « adieu, merci, bonjour ».

Quelle douleur, ses mots infligent,
A ceux, qui seuls, restent au lit,
Car leurs parfums, encor voltigent,
Sur la tendresse d’une nuit.

Octobre 2002




A Mlle H.D.

Le printemps de ma mie 

A l’aube du printemps, les roses s’épanouissent,
Les victimes du froid soudainement guérissent,
L’oiseau revient chanter, dans les bois recouverts,
Sa joyeuse romance, au cœur des arbres verts. 

Tout vibre et tout renaît, les feuillages susurrent,
Les ruisseaux gaiement sous les ormeaux murmurent,
Follement les amants, dans des bottes de foin,
S’enlacent en s’aimant, dans un secret recoin.

Dans les champs, les épis, comme l’onde ondulée
Mugissent doucement d’une voix modulée,
Écoutant, au lointain, la flûte du berger.

Ce beau tableau tonique exhale ta jeunesse,
Ton teint, tes grands yeux clairs, ta sublime finesse.
Et c’est pour tes printemps que fleurit le verger.

1946-2001

 

La piscine

Sous le soleil brillant, l’eau miroite, limpide,
Sur la belle piscine, ou nagent des sirènes,
Qui, comme des poissons, dans ce monde liquide,
Balancent leurs beaux corps, sous les ondes sereines.

Des chants mélodieux embaument la nature, 
Et dans un grand ballet dansent les néréides,
L’astre du jour scintille, et l’onde fraîche et pure,
Attire ces beaux corps, dans ses antres humides.

Assis au bord de l’eau, les couples se prélassent,
La nature s’éveille, et l’amour plane en roi,
Les filles et garçons, dans l’ombre, s’entrelacent.

Les filles en maillots, bleus et blancs, gris et jaunes,
Plongent dans la piscine, et nagent sans effroi,
En chevauchant les flots, comme des amazones.

1947-2001



L’arbre et les feuilles

Par six petits carreaux, je vois les feuilles vertes,
Qui tombent lentement sur les terres couvertes
De milliers de leurs sœurs, jaunissantes déjà,
L’hiver avec la mort, ont dû passer par là.

L’arbre géant subit, rafales et mitrailles,
Les champs sont recouverts des fruits de ses entrailles,
Du fond de l’horizon, une plainte s’étend,
Qui fait geindre, peureux, le fauve qui l’entend.

Des gros flocons de neige effacent toute trace,
Du lugubre charnier, représentant la race
Du saule, qui penché, pleure ses enfants morts.

Homme, dans ce décor, c’est toi la feuille morte,
L’arbre c’est ton Seigneur, et la neige t’apporte
De tes fautes l’oubli; la plainte est ton remords.

1945-2001



Larmes


Oh, les larmes de joie et les larmes de peine,
Les larmes qui nous font, si souvent, défaillir,
Depuis nos premiers pleurs, jusqu’au dernier soupir,
Elles ont soulagé toute la race humaine.

Elles suivent le cours de nos péripéties, 
Et soulèvent les poids qui pèsent sur nos cœurs,
Chaque goutte qui tombe, allège nos malheurs,
En offrant à l’espoir de belles éclaircies.

Les larmes ne sont pas quelque chose qu’on dompte ;
En les laissant jaillir, nos sentiments humains,
S’expriment librement, parcourant les chemins,
Qui nous sont octroyés, sans regrets et sans honte.

Nous devons accepter nos beaux jours et nos peines, 
En donnant même poids à la vie et la mort,
Nos larmes sont, souvent, notre unique support,
Qu’il faut laisser couler, en limpides fontaines.

Des milliers d’océans couvriraient cette terre,
Si l’on pouvait compter les pleurs de nos aïeux,
Car ils nous ont légué les larmes de leurs yeux ;
Survivants souvenirs de leur itinéraire...

Ne soyons pas ingrats, acceptons l’héritage,
Que ces prédécesseurs ont transmis tendrement,
A tous leurs descendants, car dans leur testament,
Ils nous ont fait le don de ce bel apanage.

Novembre 2002




L’Automne 

Les feuilles mortes de l’automne,
Tapissent rues et trottoirs,
Le monde va du vert au jaune,
Et tout devient très monotone,
Le froid s’avance sur nos soirs.

J’aime les feuilles qui s’entassent,
De-ci de-là dans les recoins,
Je vois les vents qui les pourchassent,
Les petits chiens qui les harassent,
Et puis font leurs petits besoins.

Au mois de Mars, en Australie,
L’automne annonce son retour,
Avec du vent et de la pluie,
De temps en temps une embellie,
Vient éclairer le demi-jour.

On met la montre en marche arrière,
Ce qui nous rend les jours plus courts,
On alimente la chaudière,
Maman retourne à sa soupière,
Et les repas se font plus louds.

Le ciel est gris, triste et morose,
C’est la saison du pull-over,
La terre dort et se repose,
Pour préparer l’apothéose,
D’un beau printemps, après l’hiver.

30 Mars 2003




A Mlle H.D


L’avenir

Comment puis-je t’aimer de plus que je ne t’aime,
Tu sera mon espoir, mon grand amour suprême,
Mais la neige s’empile aux rebords de mon cœur,
Quand tu me rends l’amour avec ton air moqueur. 

Je ne suis qu’un jeune homme aux portes de la vie,
J’ai l’insatiable soif qui doit être assouvie,
D’une belle existence et d’un bel avenir,
Mais sans toi, mon amour, que vais-je devenir ?

Je n’ose pas braver tout seul cette montagne,
Veux-tu bien devenir mon guide, ma compagne,
Ensemble, le parcours sera moins hasardeux,
Nous joindrons le sommet, facilement à deux.

Partage mes projets, soulève mon courage,
Regardons l’avenir, ensemble, sans ombrage,
Nous escaladerons les plus hauts points des monts,
Et nous respirerons l’air pur à pleins poumons. 

Je dois bientôt quitter cette terre féconde,
Et m’en aller, très loin, à l’autre bout du monde,
Ici, dans ce pays, je n’ai plus d’avenir, 
Veux-tu m’accompagner, veux-tu me soutenir ?

Je sais que ta famille ira bientôt en France,
Ton choix est difficile, en pareille occurrence,
Il faut te decider, ou bien d’être avec eux,
Ou bien te joindre à moi, pour un voyage à deux.

Je n’ai rien à t’offrir qu’un coeur plein de tendresse,
Le pays ou j’irais me promet la richesse, 
Avec toi je ferai des efforts surhumains,
Pour assurer les fruits de tous nos lendemains.

Nous bâtirons, ensemble, une belle famille,
Nous aurons des enfants, deux garçons, une fille,
Nos jours seront heureux, nous y mettrons l’effort ;
Je t’offre un horizon d’aisance et de confort.

Maintenant je suis seul, dans le noir de ma chambre,
Il fait si froid dehors en ce mois de novembre,
Mais mon amour pour toi réchauffe tout mon cœur,
Quand je pense au futur, je rêve de bonheur.

Ne me rejette pas, viens chercher l’aventure,
Viens, partage avec moi notre progéniture,
Allons fonder ensemble pour une éternité,
Un foyer plein de joie et de sérénité.

Novembre 1950-Mars 2002.



Le baiser

Quel est le don le plus sublime,
Qui donne, au cœur, ses grands ébats,
Quel est le mot, qui mieux exprime,
L’ardeur des haletants combats,
Entre les femmes et les hommes,
Entre un regard, chaste où hardi,
Quel est le mot si plein d’arômes,
Beaucoup plus doux qu’un fruit candi?
Si l’on cherchait les dictionnaires,
Ce mot pourrait rivaliser,
Les plus beaux mots des millénaires,
Ce mot si doux, c’est le baiser.

Quelle est la clef qui déverrouille,
Les beaux secrets du corps humain,
Quelle est l’action qui nous dépouille,
D’inhibitions, le lendemain ?
Quel est le geste, que les lèvres,
Ose souffler, fougueusement,
Qui fait trembler, donnant des fièvres,
Aux corps et sens, exquisément ?
Quel est, enfin, ce doux message,
Qui nous fait tant agoniser,
Avant d’atteindre le corsage ? 
Assurément, c’est le baiser.

16 Janvier 2003



Joie de Vivre

Chaque matin je me réveille,
Et je bénis ce nouveau jour,
Un beau cadeau; quelle merveille!
De simplement dire bonjour.

C’est une perle précieuse,
Que je découvre à mon réveil;
J’ai fui la faux de la faucheuse,
Qui, toujours, guette mon sommeil.

Je suis en vie et je respire,
Je peux jouir d’être vivant,
Et de revoir le doux sourire,
D’un chaleureux soleil levant.

Car chaque jour est une aubaine,
Que je déguste avec plaisir,
En dépassant la septantaine,
On n’a pas un grand avenir.

Mais j’ai ma femme qui m’infuse ,
De sa chaleur et son amour,
Je couche, aussi, avec ma muse,
Qui m’accompagne chaque jour.

Un jour j’aurai ce dernier songe,
Où l’aube ne pointera pas,
Le grand sommeil et sa rallonge,
Me berceront jusqu’au trépas.

6 Juin 2003

 

 

Christian  Cally


chantily@bigpond.net.au

                                                                             
  

 

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