CAUCHEMAR

6 juin 44

Enfant de vingt ans, tu ne veux pas périr.
Mère, ton sang se repend à une naissance.
Enfant de vingt ans, de partout, tu tires.
Mère, ton bébé grandit avec patience. 

Enfant de vingt ans, ta peur bleue est latente.
Mère, le sourire de ton garçon chéri te ravie.
Enfant de vingt ans, tu escalades une pente.
Mère, ton adolescent est un beau fruit.

Enfant de vingt ans, ton fusil est ton territoire.
Mère, tu es fière de ton fils, cet étudiant.
Enfant de vingt ans, ton corps se déchire.
Mère, ta vie vient d'éclater, tu pleurs son sang !

 

CAS 

En vérité, Je veux sauver Caïn, Abel et Seth de l’impossible Inceste qui court dans les tribus des esprits athées ! Est-il incroyable que C, A et S se soient, dans l’indicible, Promus chevaliers servants d’une mère de beauté ?Qu’en est-il d’Adam ? Chômeur d’état, naïf de nature, Il est dominé par une femme à la double personnalité Qui le contraint, une première fois, a la douceur mature Féminine, de déguster un fruit qui a déformation de vérité Est devenue pomme au ver du mal de notre humanité !A la seconde fois, Ève s’annonce en mortelle, prend peur, Débourse le pauvre Adam, homme de chair sensible, Qui se pourvoit à la besogne de l’acte charnel à la moiteur D’une attitude d’un va-et-vient où le mot amour est inaudible, Et forge à la première naissance, une acquisition irascible. Qui tuera une deuxième naissance, un berger de fils ! A la troisième fois, il doit accorder à la postérité humaine Un fils à la descendance de Noé devenu après le supplice Du Déluge un vigneron qui savait se tenir nu, sans peine, Saoul dans la tente de son logis aux yeux d’un fils de peine !Adam, on le voit, est un homme qui n’attend rien de la vie, Même si Dieu exige qu’il se fasse respecter par sa femme ! Cette dernière ne veut pas mourir et s’adonne à la boulimie D’enfanter aux à coups d’un premier homme au bon pollen Et ne montre en aucune façon à ses fils son chaud diadème ! Alors, me direz-vous, comment se fesse t il que le monde Se soit peuplé à la lueur d’une seule croupe, c’est immonde !Je réponds, Dieu a crée l’homme de la glaise, à son image !Il est évident que les enfants males de Adam et Ève ont la sage Idée de composer des femmes en cette terre pour assouvir Leur droit de d’immortalité au nom de leur mère qui devait périr !Ainsi, l’humanité est bien en peine un jour de reconquérir sa vie d’hier, Éternelle, car il est dit «Tu es poussière et redeviendra poussière» En vérité ! 

 

Épreuve
 
Dans le regard de cette étoile, j'ai aperçu un transparent chemin !
Il était arrosé des notes de l'océan qui drague les vaguelettes !
Son avenir paisible s'effondra lorsqu'il rencontra un ardent baladin
Qui lui jeta un sort : celui de la lèpre sur ses iris pyrite goélettes!
Son histoire m’a bouleversé ! J'ai pris en main son destin ! J'ai écrit
Une nouvelle histoire pour que demain soit un nouvel horizon,
Celui du mot heureux de rendre brillantes toutes les Ophélie !
Hélas, il m’accusa de délit et me fusilla un matin sur son perron !
 
Moralité :
Occupez-vous de la souffrance de l’autre et ce vigneron
Récolant de malheurs vous tuera sous l’emprise de Néron !
 


Dur dur


Dur de masse, il tourne à la vitesse d’une quadrille
A la messe endiablée d’une mère supérieure espèce
Combinée à un directeur de conscience un gorille
Qui pouilles la totalité des saintes infos d’adresses ! 

Par milles clusters, il s’enhardit à la possibilité d’aimer
Sans perdre la Boole une n’info mane palpitante,
Parsemée de fichiers délirants sur la vie défragmenté 
D’une icône système amante d’une DLL éblouissante !

Dévergondé par les interruptions de sa promise,
Il en oublie sa fonction, court-circuite son démarrage,
S’emballe, écrase son menu d’accès, utilise 
Son droit de veto, efface toute trace de sauvetage,
Et coule à décimale des jours un Boot devenu
Inutile, parano, qui inscrit erreur à toutes les vues !

 


Testament 

Prends ma main, écrases tous les doigts qui ont osé te caresser !
Déshabilles toutes les pages que je t'aie écrites au soir des lignes
Qui s'affolaient de mon encre noire indélébile traçant des signes
A la brûlure des moments restreints, emprisonnés, empoisonnés !
Déverses mes heures soleils comme un liquide acide, incandescent
Sur ma peau qui se pourrit à lueur de ta voix assassine qui s'éteint
Dans le tunnel de haine que tu exploses de tes larmes de sang
Brillantes d'amour et qui survivront à ma mort de pauvre humain !



Ta Mort

Je suis une hydre au masculin qui t’envenime lentement à tes secondes !
Prends garde de ne pas périr ! Tu n'as pas de vaccin ! Je suis la racine
De ton mal ! Je suis la fleur vorace qui empale ta nourriture d'amour, l'onde
Qui te retourne toutes les nuits sur tes draps griffés de mots qui s'alignent
Comme des implacables requiem de sang que jamais tu ne pourras arrêter
Tant la longueur de mon A est phénoménale à l'espace grandissant aux signes
Des étoiles diamantées que tu as su nourrir un Temps, pour ta seule Vérité
D'Aimer, pour ta seule Passion, tu m'as entraîné dans le tourbillon de ta vie
Qui maintenant te vitrifie dans le miroir de ton passé qui restera en toi, saisit !

..........

Aveux

  

Je confesse à vomir, les desseins infâmes

Tramés et exécutés en mon nom, aux ans

Des humains croyants, à la Foi d’une flamme

Chrétienne Judaïque brûlant les imprudents

Hérétiques à ne reconnaître que les Vérités

Qu’énonçaient des Lois à purger les âmes

De la substance réelle de l’existence illimitée

Qu’apportaient de divins héros, polygames !

 

Je confesse que les enfants, des enfants,

Morts pour Ma Foi, hantent ma mémoire !

L’autel n’est que le billot, l’Eglise l’abattoir,

Les vitraux les entrailles de descendants !

La cendre bleue sous le dallage de l’allée

Principale est celle d’artisans de mon œuvre !

Tu marches sur les ossements recroquevillés,

Brisés, des décennies de travail, leurs pieuvres !

 

On ne souffre pas du sang qui coule, mais

De la blessure de perdre ce sang à jamais !

Je suis mort sur un bout de bois et ma chair

N’est qu’une plaie béante sur moi-même, fière !

Elle fut plaisir de douleur aux yeux d’hommes

Et de femmes qui s’abattaient de chagrins !

 

HURLE ta déchirure ! HURLE ton impuissance !

Humain tu es perdu ! La boussole religion d’orient

Ne te répond plus que par les mots de démences,

S’activent à fondre dans son Enfer, d’âmes, terrifiant !

 

Confiteor Judicatum solvi !

In nomine Pater et Filü  Sancti

Et Spiritus, Amen ! Gloria victis !*

*Je confesse que ce qui est jugé soit payé !

Au nom du Père et du Fils et du Saint esprit,

Amen !  Gloire au vaincu 

 

°°°°°°°°°°°

 

Emprise

 

 

La violence acide de Rimbaud plonge son

Encre dans les profondeurs de ses lignes

Crucifiées qui se tétanisent  aux tessons

Infernaux, mots teintés d’airelles, signes

D’un sang fier qui jaillit de ses entrailles

Neuronales noires ! L’immoral Baudelaire,

Offre un rhizome d’ellébore, funérailles

Boréale, désintégration de l’hémisphère

Encéphalique, à son contemporain, ici,

Arthur qui désossé de sa chair primitive

Accepte cet alizé de délivrance, ce rubis

Qui l'invitera au zénith de son ultime rive !

Mais un passionné jaloux, drogué d’amour,

L’implora «  — N’y touche pas ! Touche à

Tout, sauf à ce bulbe dangereux ! Court !

Evade-toi de son emprise, de son aura ! »

Arthur, par faiblesse, agrippa ses maigres

Forces, et tenta, le tout pour le tout, dévia

Sa vie, cette rencontre d’un Charles, aigre,

Revenu d’un étrange voyage de Calcutta !

L’ami Paul, le passionnel, l’envoûteur,

Distribua dans un grand fait-tout, de tendres

Mots à son protégé Arthur, le traducteur

De ses folles émotions qu’il engendre !

 

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Couleurs mortelles


Couleur des coups, sur un corps pâle
Qui s’effondre au pied d’un radiateur,
Brûlant, aspergé d’un rouge conjugal,
D’une chair prisonnière, une fleur !

Couleur des pieds, blanchis des liens !
Membres démantibulés, cris ouverts
Au violet des veines distendues, butin
Du tortionnaire aux yeux du calvaire !

Couleur des pleurs, bleus mer étendue
Sur les joues de plages battues par le plat
Des mains d’un bois vert inconnu, fendu
D’épines en ongles recourbés d’un goujat !

Couleur des nuits, d’une chambre jaune !
Assassinat d’une âme clouée au parquet
Ciré de la douleur des mots, des cyclones
Lettrés, dévastant les derniers bouquets
De vie de cette femme, mon royaume !

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Survivante

Sur la forêt, une brume jaune chrome se dépose !
Le dessus du feuillage se pare d’une fête en or
Pétillant en bulles de champagne où explosent
Les pluies d’insectes avides de ces boutons-d’or !

Les multipattes de toutes obédiences, s’affrontent !
S’abreuvent et provisionnent pour une future saison
Qui s’annonce au confort alimentaire, qui compte
Dans une vie d’insectes vivant d’une seule floraison !

Une maman insecte s’est protégée de ce repas bienfaiteur !
Elle se retranche sous une feuille de chêne, épargnée
Par d’autres sœurs, contaminées de part en part, bonheur
De goûter un suc nouveau qui les enfièvre, illuminées !

Les arthropodes, eux, se gavent de ce miel odoriférant !
Ils s’enivrent à un tel degré qu’ils en oublient de rentrer !
Des colonies entières se vident en une nuit d’orgie, bilan
Horrifiant d’un empoissement en masse, ici illustré !

Des millions de petits corps s’éparpillent, vies envolées,
Sur le sol endeuillé, devenu réceptacle mortuaire, embrasé
Par un souffle d’une usine de produits chimiques brisée,
Fracturée, par l’incompétence d’humains à l’allure désolée !

La maman constate le désastre ! Elle a perdu la totalité
De sa famille et la feuillure des arbres, est mourante !
Elle survole le champ de bataille sans vainqueur, agitée
Des soubresauts de l’impuissance bouillante et riante !

Demain, elle ira s’exiler dans une autre forêt lointaine !
Elle pondra ses œufs sur les nervures d’un autre chêne
Et recommencera un autre destin de terrienne, magicienne
De vie, elle pondra par milliers, sur une autre scène !

Elle sait que les humains ne gagneront jamais à détruire,
Consciemment ou inconsciemment, la planète bleue,
Dont ils sont locataires pour un bail indéterminé, précieux
Pacte scellé pour le meilleur et maintenant pour le pire !

°°°°°°°°°°°

 

Ermite expire

 

 

L’ermite s’étale sur sa vie d’égoïste,

S’empale à ses mots nutritionnels,

S’égosille la nuit à la lueur des peurs,

S’agenouille sur le tapis des émotions,

S’écartele aux prières des vœux tristes,

S’épanche à la croix d’un dieu institutionnel,

S’épouse à ne plus parler de bonheur,

S’endort au matin, les yeux convulsions,

S’énerve de manger le pain de soumission,

S’enflamme à la bougie d’un seul espoir,

S’enracine au délire, compagnon acide,

S’entaille la main droite pour ne plus écrire,

S’ensorcelle d’amour fictif à ce mot potion,

S’enveloppe dans le drap de son Purgatoire

S’ensable à compter le Temps qui se vide,

S’enlève ce cauchemar qui vient de le guérir

De devenir un jour l’anachorète de l'erreur !  

 

°°°°°°°°°°°

 

 

Le square du Pendu 

  

Un soir, un barbu, un vagabond s’est pendu !

Il a fait connaissance avec la branche torsadée

Des souffrances de vivre dans ce milieu fondu
Dans la ville où chacun est un intrus bardés

De ses complexes, de son portable à réputation
Incongrue d’être un lien entre humains synonymes  !

Ce pendu, cet anonyme, ne fait que passer l’émotion,

Sans la retenir au cœur des branchages, victimes,

Des cordes et des poids morts à la sève caillée,

Que le froid d’hiver gèle comme les regards des gens

Qui s’enfoncent aux films violents, aux tueries meublées

D’un langage défenestrant toute qualité aux dépends

D’une réalité, à celle du pendu qui demandait une main,

Un secours, une attention et qui est parti sans un mot,

L’esprit défoncé à coups de crosse de l’indifférence, lien

Qui nous unis en cette société construite pour tragédien !

 

Aujourd’hui ce square rassemble tous les futurs pendus,

Qui hochent la tête, signe de compassion à leur devenir,
Avenir tendu de la dépression, du stress, du non sangsue

Qui absorbe les nuits pourries aux multiples délires à rugir !

Ils ne savent pas, pourtant ce qu’ils les attendent sous

Cette ramure qui constituera une demeure, un six planches

Recouvert du drap blanc de la délivrance dont l’Ankou

Contera avec eux les plus tristes histoires de ses branches !

   

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Silence mortel

 

  

Ce matin là, le port est désert ! A sa pointe, le dessin

D’un phare n’étend plus sa flamme de survivant solitaire

Aux improbables marins égarés par les embruns

Toxiques recouverts sur les mers du monde, fières !

 

Tous sont pulvérisés, navigateurs et terriens, au sommeil

Mortel des industrieux ! Potentats guerriers financiers,

Insatiables argentiers, ils ont détraqué puis détruit la merveille,

La planète bleue, par un pouvoir matérialiste, leur mortier !

 

Le Temps du vivant est arrêté, les quais sont vides !

Seul un petit voilier, aux clapotis musicaux, tangue,

Essaye de sortir, n’avance guère sur les jaunes rides

De cette eau de soufre, l’étouffant comme une cangue !

 

Cette coque de bois, défaite de ses amarres aux coups

De gueule d’un quadrupède rescapé, se dégage, plié de voile ;

S’enfuit de la terre, sa naissance, se soûler de remous,

De tempêtes et mourir un soir sous une éternelle étoile !

 

Une bile humaine pollue une part du ciel des oiseaux,

Absents, gommés de leur espace, invisible aux yeux

De ce chien à la proue de l’embarcation, au museau

Prisonnier d’une seule odeur suffocante ! Il est silencieux !

 

Barreur intrépide et innocent, embarqué pour une destination :

Liberté, son horizon s’ouvrira au matin prochain, miraculé

De la folie d’humains, sur une nouvelle terre d’adoration

Où le chien sera maître et l’humain invisible, dilué !

 

 

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Lie d’enfer

Le calice déborde du sang d’un Dieu !
Je bois la chaleur de sa couleur vermillon !
Mon étole trempe dans sa sueur de feu,
Moi l’homme d’un esprit d’humanisation !

Je m’agenouille ! Mes yeux brillent des prières,
Implorent le pardon de ma conscience passable !
Je me suis perdu un jour de folie meurtrière
Dans un village huguenot aux actions haïssables !

J’en réfère au Tout Puissant, à son fils Christ,
D’inclure ma personne à la souffrance temporelle !
Fracturez mes os ! Lapidez mon âme ! Servez-vous !
J’ai honte des méfaits commis qui brisent ma vie

De tous les instants de culpabilité, écartèlent
Mes entrailles au rire du Diable qui me cloue !

J’ai osé tuer des hommes, des femmes, des enfants,
De mes mots j’ai armé des gens d’épées, de dagues,
Moi le curé de la paroisse des ouailles de l’occident
Chrétien, je bois à ma souffrance, moi le gyrovague

°°°°°°°°°°°

 

Enfer 

Présent sur la terre des Hommes, le nom Lucifer
N’est pas de ce monde ! J’arpente toutes les Tours
Des destins à mes maux, à la sentence, au tambour,
Qui ouvrent les portes gammées des esprits incendiaires !

Mon royaume est parmi vous ! Maintenant, galerie
De mon horreur prosternez-vous à mes signes !
Vos angoisses est ma pluie qui nourrit ma vigne,
Vos cris est cet oxygène qui aux nuits me fleurit !

Levez-vous ! Et toi, la plus virulente, Beauté Bermudes,
Tu as en toi cette parcelle de moi que tu cultives, tenant
Par la main les neurones des cervelles béatitudes !
Toi ma Beauté, tu hurleras ton dernier vœu de vie, gluant,

A mon oreille au soir de mon soleil écorché, fidèle
Compagnon, qui a tracé tes lignes, mortelles !

 
°°°°°°°°°°°

 

Idéaliste assassiné

Fusillé à cet instant, ses yeux en une fraction
De seconde évacue une image déformée,
Fractionnée, dilapidée, tranchée, décapitée,
De l'histoire courte de sa vie d'humiliations !

Il a trahi sa patrie pour l'Idéal d'une Liberté !
Son mur d'exécution, est le premier mur
A dire non par le sang, à s'opposer, à rejeter,
La dictature des lois extrêmes, vomissures !

Il a brandi ses mots et ses écrits, son épée
Et sa dague, ses cris et son amour, au seul
Mot de Liberté pour mourir en son nom inculpé 
D'infidélité à sa natation mère, son linceul !

Fusillé aux yeux de tous, ceux-ci, lâchent,
Baissent la tête au dernier coup mortelle,
Eux les prisonniers d'un système qui hache
Leur vie ne verse pas une larme, fraternelle !

°°°°°°°°°°°

 

Un deuil en E

J'ai rêvé de lui, à mon seuil,
Il est venu, sourire enfantin !
Il m'a pris en estime, accueil
Mesuré pour ce jeune parfum !

Des jours sont devenus, riants !
J'ai ouvert mes volets d'humain
Sur un monde nouveau, exempt
De grisaille et de faits tragédiens !

J'ai cru en lui ! J'ai découvert
L'incroyable pouvoir qu'il détient !
J'ai aimé la vie et je suis fier
Qu'il se soit arrêté en mon moulin !

Aujourd'hui, je suis en deuil !
L'Espoir est parti, ce matin !
Je n'ai pu le retenir, feuille
De route pour un autre chemin !

J'ai mal ! Blessure barbare !
Je ne veux pas crier, attirer
A moi le Désespoir, la tare
Qui envenime une vie, pressée !

Je vais de mon pas incertain,
Couler lentement dans la nuit,
Me retirer sans un souffle, poings
Fermés, les yeux brillants de pluie !


°°°°°°°°°°°

La Plante

Dans la pénombre de mon logement
Une plante verte, vive et grandiose
Prenant ses aises pour la bonne cause
S'étale dans l'armoire à vêtements !

Je reste perplexe sur le phénomène
Et j'appelle de ce pas un homme
D'expérience, qui un soir s'amène
La canne et le chapeau en pomme.

Le personnage jovial est érudit,
S'installe dans le sofa et fait cours.
Il se met dans un drôle de discours
Très spécial et je ne mot dis !

Je ne suis pas plus renseigné
Et je lui demande de partir
Mais l'hominien est ici pour saigner
L' insolite végétal et me sortir
De cette désagréable suite.
Pour moi il doit prendre la fuite
Il me bouscule, sort son couteau
Passe dans la pièce voisine
Une porte, un chahut, le crime
S'accomplit et le voilà mort !

L'armoire grince d'une joie.
Elle est vivante, se balance,
Elle tombe. J'aperçois son toit,
Ouvert, la plante verte lance
Sur moi une sève toute blanche
Je suffoque sous cette avalanche
Je meurs sans savoir la vraie vérité
Sur cette plante d'une autre réalité.

                   °°°°°°°°°°°

Hadès dans le confort de son royaume


Hadès dans le confort de son royaume
Scrute notre beau monde hideux.
Il se réjouit, voilà des arrivants ;
Chaque humain, une paume en calice
Offre son âme impure et de vices.
Hadès se coiffe de son heaume,
Et va de ce pas accueillir en odieux
Sa nouvelle troupe de châtiments.

Hadès ne promet rien, il accomplit.
Son oeuvre dantesque est remplie
D'une sueur de sang, sa survie.
Les âmes errantes sont sa bible,
Il la parcourt par thème, par cible
Sa lecture est un délice, un suc,
Qui retourne d'effroi saint Luc.

                 °°°°°°°°°°°



Je revois ce matin sous le brume

Je revois ce matin sous la brume
D'une campagne éteinte, vide
Ses gens simples de la commune
Partir pour une autre terre aride

Les arbres fruitiers sont morts
La terre est pauvre d'avoir nourri 
Sans récompense et à torts
Tous ces humains au fond pourri

Je te regarde mourir lentement
Et je ne peux rien faire maintenant
Pour toi, Terre, moi le manant
Des temps modernes, le savant !

°°°°°°°°°°°

Le silence

    

Le silence : la mort du Mot ! La variable qui anéantie tout !

C'est le vouloir de s'enterrer à l'incompréhension sans retour !

Touche le silence, il te répond par la page blanche! Il te coud,

Te cloue, te vrille dans ta stupeur de la terreur muette en ta tour

D'humain, tu es sans arme, ton cri n'est que le néant qui te renvoie

Au vide de ta propre substance, dilapide ce que tu es, dans ta Foi !

«  —  Silence » cri le maître d'école

Et la mouche de service s'envole !

Les élèves rient ! L’enseignant colère

Frappe pour les garder en sa sphère !

Le silence ne se rit pas, lui, des mots et pourtant il apprécie

Qu'on le nomme, qu'on lui voue une attention particulière, fidèle !

Il est sur un piédestal comme la Parole, il est fait d'émotion saisit

C'est ce qui fait sa force ou sa défaite, son alchimie intemporelle !  

 

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Coup manqué

Dans la forêt des Sept Vierges, une renarde
Allaite sept renardeaux bleus outre mer !
Le renard, père bienveillant, est de la harde
Des Bleus Lunaires, les maîtres sanguinaires !

De ces naissances fabuleuses, un renardeau
De ses dents nouvelles, veut tâter de la chair !
Celle de son père lui conviendrait, ce lourdaud
Aux babines retroussées à allure incendiaire !

Le petit se jette, un soir de repos, sur son géniteur !
Celui-ci surpris, le repousse d’un coup de gueule,
Fracassant d’un seul élan les vertèbres du rageur,
Qui se meurt sans un cri, aux larmes d’un aïeul !

Morale :
Goliath et David, c’est pour la Bible et les humains
Qui sont croyants de leur foi, pas pour les incertains !

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Déchirure d’âme

Je voudrais me saouler d’écriture,
Tomber, là, ivre mort de mes mots,
Cascades douloureuses, chalumeaux
Dévorants mon âme déchirée, fêlures !
Nourriture démesurée investie du pas
Du crayon commandé d’une main
Sûre, hautaine de son destin festin
De connaître la jouissance du repas
Des phrases triturées, charcutées, tuées,
Kaléidoscopées, reconstruites extrémistes
Au bord du précipice de la page prostituée
Pour une nuit d’angoisse, salie par les kystes
Sanglants des ratures, mots morts nés, vidés
Dans une poubelle recyclable, émergeant
D’un bureau perdu dans une pièce suicidée
Par une présence déshumanisée, se coupant
Du monde des pensants quotidiens, agonisants !
Pourtant, je suis vivant ! Trop vivant ! Presque
A la limite de l’insupportable et mes doigts, pans
De mes frontières, inscrivent sans relâche le visqueux
Paragraphe de mes innombrables poèmes encerclés
Dans de belles pages aux yeux impressionnistes
D’un futur lecteur ou lectrice, curieux touriste
Qui se brûlera les prunelles à mes mots émasculés !

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Désarroi

J'entends le désarroi de l'instant, le mot ROMPU
Entendre le cri des verres brisés se répandre
Dans le creux des oreilles abîmées s'étendre
Aux confins des neurones chavirés et attendre
Le repos du silence, du sommeil pour entendre
Les mots de réconfort qui annoncent, engendrent
La délivrance possible des brûlures à descendre
Dans le puits générateur des turbulences à fendre.

J'entends le désarroi de l'instant, le mot CENDRE !
Elle est magistrale, et s'enlaidit dans les rues,
Infiltrée dans les moindres recoins, telle une crue
Elle recouvre l'humain de l'extravagance, d'une figure
Fantomatique, le renferme dans une coquille d'indifférence
Devient un inconnu parcourant son monde en errance !
Recouvert de cette ombre, il endure de cette sombre parure
Qui s'accomplit dans son acte de souffrance qui dure.

J'entends le désarroi de l'instant, le mot PERDU

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Hanneton rêveur dramatique 

Hanneton, prit un jour son envol
Dans l’espace anémique des fleurs
Feuillues, d’une Terre anéantie par Éole
En colère d’avoir été trompé à l’heure
D’un soleil printanier par une anémone
Gracile qui s’était refermée à ses avances !
Hanneton avait reçu à sa sortie la semence
De cette anecdote par une toute mignonne
Ânesse follement amoureuse d’un cheval !
Ce dernier, par de déraisonnables escapades,
Avait muté curieusement en étalon sentimental
Pour le galbe, anatomiquement beau, de cette naïade
Aux oreilles démesurées et à l’intelligence
Qui était autre que celle de l’Âne de Buridan !
Hanneton, la remercia de cette confidence
Et s’arma de patience pour découvrir un vaillant
Feuillage pour se nourrir avant de tomber
D’anémie au prochain soleil couchant !
Il se hasarda dans une culture, aux feuillées
Ovales, senteur de menthe ! Sonnant
L’heure de son repas, il dégusta ces végétaux
D’un seul élan, gavant son estomac d’une substance
Qui eût l’effet d’une anesthésie partielle, fardeau
D’un rêve érotisant, il devenait acteur de l’exigence
D’une amante, mante religieuse qui le dévora
Réellement, à la hauteur d’une nervure sulfureuse,
Qu’il vomit, mais trop tard, il cria à l’assassinat,
Et ses derniers mots furent : « — Anon, l’odieuse ! »


©M-L MARCETTEAU 2001

Adresse de l'auteur : MAXLOUIS22@wanadoo.fr

 

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